Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

De la crise financière (18)

Réflexion cent-onze (27 décembre 2018)

2019 sera-t-elle une année de crise financière ?

 

Depuis 2015, j'anticipais à tord la survenue d'une nouvelle crise financière et une plongée des indices boursiers. Je m'étais trompé de près de trois ans, au minimum. La période d'euphorie des marchés boursiers a ainsi perduré trois années de plus, de 2009-2010 jusqu'à 2018. Mes précédents écrits sur la crise financière remontent également à très loin, à ces années 2008-2010 où le monde entier de la finance craignait pour la stabilité des marchés financiers et du système bancaire occidental. En cette fin de mois de décembre 2018, de plus en plus de commentateurs des marchés parlent désormais de la survenue d'une nouvelle crise financière, d'un nouvel effondrement des bourses pour certains. Depuis le début du mois de décembre 2018, les inquiétudes des marchés financiers semblent prendre de plus en plus d’ampleur. Même si quelques spécialistes rattachés à quelques grandes banques continuent de prédire que 2019 sera une belle année boursière ; après tout, les probabilités d'évolution des marchés financiers ne reposent pas sur des sciences exactes, et on peut très bien imaginer que les bourses se reprennent dans les prochains mois.

 

Malgré tout, je trouve que les alertes des gourous de la finance sont arrivés bien tard cette fois-ci. Ce n'est que depuis début décembre que l´inquiétude est devenue perceptible, et depuis la moitié du mois à peine que l'on peut lire des anticipations particulièrement moroses pour l'année 2019. Même le grand spécialiste des marchés boursiers, mon ami réunionnais Loïc Abadie, n'a commencé à faire état de risques baissiers que tout début décembre. D'une certaine façon, j'ai été plus réactif que lui en me tenant à l'écart des marchés boursiers depuis 2015-2016 en anticipant avec beaucoup trop d'avance la possibilité d'une crise financière !

http://www.objectifeco.com/bourse/trading/sentiment-de-marche/2019-et-au-dela-qu-en-attendre-pour-les-marches.html

 

Le CAC 40 a donc atteint son maximum le 28 septembre 2018 en touchant 5.547 points. Et il a clôturé aujourd'hui à 4.598 points, perdant ainsi près de 1.000 points (951 points pour être précis) en l'espace de trois mois, soit une baisse de 17% de cet indice. Le plus haut de ces dernières années avait néanmoins été atteint quelques mois auparavant, le 22 mai 2018, où l'indice CAC 40 avait clôturé à 5.657 points. Il s'agissait du plus haut point atteint depuis l'explosion de la crise financière début août 2007 (où le CAC 40 avait dépassé les 6.000 points).

Evolution 2018 du CAC 40.png
Il faut se rappeler qu'à deux reprises, en mars-avril 2003 et en mars-avril 2009, le CAC 40 avait touché à chaque fois un plus bas proche de 2.400 points, enregistrant ainsi des baisses cumulées de plus ou moins 4.000 à 4.500 points en l'espace d'un peu plus d'un an. Pour avoir vécu ses deux catastrophes boursières (sans oublier celle de 1987 à l'époque où je faisais des études en économie et en gestion), vous comprendrez mieux pourquoi j'ai préféré fuir la bourse avec autant d'anticipation !

 

Pour autant, actuellement, les probabilités de survenue d'une crise ne sont pas si certaines. Apres tout, on peut avoir assisté simplement à une correction des marchés boursiers. Je ne fais que citer le CAC 40 français mais la correction enregistrée ces trois derniers mois touche l'ensemble des places boursières occidentales, et peut être même mondiale.

 

Ainsi, le Nikkei dégringole de 24.400 points fin septembre 2018 à un peu moins de 20.100 points fin décembre 2018, soit une baisse de 4.300 points en trois mois (-17,6%), soit un niveau de baisse très proche de celle du CAC 40 français. Le Dow Jones était passé sur la même période de 26.952 points à 23.138 points hier soir, soit une baisse de -14,2% (avec un plus bas de 21.792 points atteint la veille de Noël). Le DAX allemand s'inscrit en recul pour sa part depuis les mois de mai-juin 2018, et est passé d'un peu plus de 13.000 points à un minimum de 10.382 points hier, soit une baisse de -20,1%. Les bourses chinoises s'inscrivent en recul depuis la fin du mois de janvier 2018, avec un recul qui dépasse -25% à -30%. La bourse de Shanhai est ainsi passée de 3.587 points fin janvier 2018 à 2.483 points fin décembre 2018, soit une baisse de -30,8%. La bourse de Londres est en baisse depuis fin mai 2018 voire début août 2018, avec une accélération à compter de fin septembre 2018. Le FTSE 100 est ainsi passé de 7.800 points début août 2018 à un minimum de 6.585 points hier, soit une baisse de -15,6% (soit pas un niveau pire que le reste des bourses européennes sans lien donc avec les soubresauts du Brexit).

 

Il est cependant tout à fait possible que pour les derniers jours du mois de décembre 2018 et début janvier 2019, les marchés boursiers se stabilisent et reprennent de la hauteur, même si cela me surprendrait néanmoins beaucoup. Wall Street s'est en effet fortement repris dans la nuit, effaçant 5% à 6% de perte.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/27/wall-street-signe-sa-meilleure-seance-depuis-2009_5402443_3234.html

 

Il faut également rappeler que des corrections boursières de l'ordre de 1.000 points en quelques mois ont déjà été observées par le passé, notamment entre décembre 2015 et février 2016, avec le CAC 40 passant de près de 4900-5000 points à 3.900 points en trois mois également (ce qui explique mon sombre diagnostic à l'époque). Sauf qu'à cette époque, fin 2015, les spécialistes que je lisais n'observaient pas de montée d'une aversion aux risques sur les marchés et qu'une crise boursière leur paraissait peu probable.

 

Aujourd'hui il me faut donc désormais parler de psychologie des marchés. Une crise boursière puis une crise économique puis financière devient de plus en plus probable dès lors que de plus en plus d'intervenants l'anticipent sur les marchés puis dans la réalité. Il n'y a crise que si l'ensemble ou une majorité des acteurs y croient. Et c'est parce que la crise boursière touche également les carnets de commandes des entreprises, donc les achats des consommateurs, que la baisse des cours de bourse influe sur la conjoncture économique nationale et internationale. Et lorsque ce ralentissement économique touche le système bancaire et monétaire, on observe alors la survenue d'une crise financière ... et tout ceci en l'espace de quelques trimestres !

 

Actuellement, j'ai l'impression que la psychologie des marchés se dégrade sensiblement et que la crainte d'une forte baisse des cours boursiers puisse avoir un effet auto-réalisateur. Les prochaines semaines nous éclaireront sur l'évolution des marchés boursiers et l'on pourra savoir si oui ou non, on va assister une nouvelle fois à une nouvelle crise boursière puis financière et économique ... ou bien si ce n'est encore qu'une fausse alerte.

 

Au niveau national et international, les sombres prévisions des commentateurs s'appuient sur la guerre économique que se livrent depuis quelques mois les Etats-Unis et la Chine, sur la crise du Brexit et ses conséquences sur le Royaume Uni et la construction Européenne. Sans oublier la fin des politiques de Quantitative Easing des banques centrales occidentales et les remontées des taux directeurs, et les ralentissements de la croissance européenne et mondiale qui en découlent (ou non) ainsi que les fortes croissances des endettements des entreprises et des états. Et au niveau français, cela se conjugue de manière particulièrement surprenante avec le mouvement des gilets jaunes et son impact sur la croissance française. Gageons que dans quelques années, on liera la survenue de cette crise et le mouvement des gilets jaunes (signe avant-coureur ou responsabilité).

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/24/l-economie-mondiale-va-ralentir-en-2019-mais-pas-forcement-s-effondrer_5401708_3234.html

 

Dans cette attente, il me semblerait plus sage de ne pas prendre trop de risques inconsidérés sur les marchés boursiers.

 

  

Saucratès
 

Mes précédents écrits sur la crise financière :
1.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-1
2.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-2
3.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-3
4.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-4
5.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-5
6.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-6

7.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-7

8.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-8

9.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-9

10.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-10

11.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-11

12.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-12
13.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-13

14.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-14

15.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-15

16.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-16

17.https://saucrates.blog4ever.com/de-la-crise-financiere-17



27/12/2018
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 49 autres membres