Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

L’envers de la démocratie

Envers ou enfer de la démocratie ?

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, lundi 29 juillet 2024


Qu’appelle-t-on ‘démocratie’ en France et en Occident ? C’est une question qui m’obsède depuis l’origine (de ce blog au minimum). Comment peut-on appeler ‘démocratie’ un régime politique dans lequel nous n’avons absolument aucune chance d’accéder au gouvernement ou d’être élu député de la République (je ne parle même pas de président) si vous n’appartenez pas à une famille de privilégiés, si vous n’avez pas fait l’ENA ou si vous n’avez pas étudié à Sciences Po et dans un grand lycée parisien ou de province ? 

Evidemment, vous me direz que certains députés encartés à LFI n’ont pas ce profil. Il existe donc quelques exceptions à cette règle générale. Mais il faut aussi avoir la chance et l’opportunité, ou la malchance, de croiser la route de Mélenchon ou quelques autres grands hommes et d’appartenir à une minorité suffisamment visible pour l’intéresser.
 
Il se pourrait également que LFI et le Rassemblement National offrent justement ce changement à notre système politique, sans que l’on puisse savoir si cela constitue un progrès ou non. Le parti Nazi à l’origine a également permis à des profils de voyous de rejoindre le cœur du pouvoir allemand au sein du Reischstag avec les conséquences et les horreurs que l’on connaîtra par la suite. 

 
Qu’appelle-t-on donc démocratie ? Un régime dans lequel des électeurs et citoyens votent librement pour leurs représentants au sein d’une liste dans laquelle ils n’ont aucune chance de pouvoir appartenir, pour des institutions qui leur imposeront des lois et de nouvelles contraintes sans que jamais personne ne leur demande leur avis ?
 
En quoi ce régime politique serait-il pire qu’une junte militaire dans laquelle ce serait des soldats et des officiers qui exerceraient le pouvoir ? Ces soldats et ces officiers auraient bien plus de chance de représenter réellement le peuple que les dirigeants que nous avons le droit pour certains d’élire ? Chez nous, en France, les juges appartiennent pourtant à une forme d’armée, des personnes étant passées par un concours élitiste, nécessitant également de sortir de Sciences Po et des principaux lycées élitistes parisiens ou de province. Aux Etats-Unis au moins, l’ensemble de ces postes sont soumis à élection, multipliant les postes accessibles aux citoyens. Mais ce n’est pas le cas en France.

 
Selon certains, le problème des juntes militaires, des coups d’état militaires, c’est qu’un gouvernement de type junte militaire peut être renversé immédiatement et successivement par un autre coup d’état militaire, potentiellement equipé et entraîné par une puissance étrangère ou privée. Mais il en irait de même dans l’exemple parlementaire français en l’absence de majorité de gouvernement, sans que l’on puisse s’en offusquer. 

Nous sommes sensés vivre en démocratie et dans un régime de liberté d’expression mais seules les opinions acceptables, acceptées et tolérées y sont acceptées. CNews et C8 devaient perdre leur autorisation d’émettre sur la TNT parce qu’une commission parlementaire manipulée par un député LFI cherchait à leur faire retirer leur licence d’émission par l’ARCOM. Leurs crimes ? Représenter les idées et l’opinion de la droite dure catholique et conservatrice et de l’extrême-droite. Je suis un fervent partisan de leur droit d’informer, même si je n’ai jamais eu envie de regarder C8 (mais les séries de NRJ12 oui). Des médias comme Le Monde, comme TF1, comme France 2, comme Quotidien, peuvent se refuser à donner la parole à la droite dure cléricale et à l’extrême-droite, ils peuvent véhiculer et donner une visibilité à l’idéologie LGBTQIA+, sans que personne n’y trouve à redire, mais il est choquant pour l’ARCOM, pour LFI, pour les bien pensants de gauche, de permettre de donner sur une chaîne un écho et une caisse de résonance aux idées de l’extrême droite et de la droite dure sur des sujets qui leur déplaisent : lutte contre l’immigration, les racines chrétiennes de la France ?
 
Comment un tel déséquilibre est-il possible ? Comment la liberté d’opinion peut-elle être à ce point être dévoyée sans que nul n’ait le droit légitime de s’en offusquer. La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 en est un autre exemple. Un modèle d’intégration, de mixité et de sororité ? Comment le disait certains présentateurs sur CNews, il est des religions qu’il est beaucoup plus facile d’offenser que d’autres. On peut ridiculiser la religion catholique sans aucune crainte de se faire décapiter au détour d’un collège ou dans une rédaction ou bien poursuivre pénalement. Allez faire cela avec une autre religion comme l’islam ; cela demande un autre courage. Et là, vous êtes immédiatement condamné par le troupeau des journalistes bien-pensants qui estimeront que ce n’est pas bien d’offenser le prophète ou la religion musulmane. Paris 2024 s’y serait risqué avec des trans et des travestis que des drapeaux français brûleraient en Turquie, en Indonésie, en Iran, en Syrie … Belle France.

 
La liberté d’opinion est également menacée en France sur le sujet du réchauffement climatique. Nier l’impact du réchauffement climatique devient désormais un crime majeur. Cela s’est vu dans certains articles du Monde où il mettait sur le même plan des crimes comme le racisme et l’antisémitisme avec la minimisation de la gravité du réchauffement climatique : «Propos haineux ou discriminatoires, accointances avec la mouvance identitaire, négation de la gravité du réchauffement climatique… Une vingtaine de personnalités aux positions radicales élues sous l’étiquette RN font leur entrée à l’Assemblée nationale».

 

https://www.lemonde.fr/politique/video/2024/07/12/racistes-climatosceptiques-anti-ivg-les-sorties-en-video-des-nouveaux-deputes-elus-sous-la-banniere-rn_6249285_823448.html

 

Comment le questionnement de la gravité ou de l’importance du changement climatique peut-il être considérée comme une position radicale qui devrait conduire les électeurs ou les partis politiques à ne pas les élire ou à ne pas les présenter ? Comment est-ce possible qu’on puisse en arriver à un tel niveau de dogmatisme, dans une supposée démocratie où la liberté d’opinion serait considérée comme l’alpha et l’oméga de nos libertés publiques ? En fait, nous ne sommes libres de nos opinions que dès lors qu’elles sont autorisées par la bien-pensance de nos médias.

 

Ainsi, en juin 2024, l’ARCOM a pour la première fois mis en garde la chaine Sud Radio pour contradiction et minimisation du consensus scientifique sur le réchauffement climatique. L’autorité a fondé sa décision sur le principe d’honnêteté et d’indépendance de l’information, qui implique donc désormais un traitement rigoureux du réchauffement climatique.

 

https://www.arcom.fr/se-documenter/espace-juridique/decisions/emission-bercoff-dans-tous-ses-etats-diffusee-le-7-decembre-2023-sud-radio-et-sud-radio-mises-en-garde

 

Même une simple émission d’une simple radio ne peut donc plus questionner en France le consensus sur le réchauffement climatique ? Est-ce que ce sera demain le tour des blogs ? J’imagine qu’un quelconque gendarme de la presse écrite interdit déjà toute forme de questionnement de la même sorte dans les médias comme Le Monde, Libération ou Le Figaro ? Et on nous dit que l’on vit dans une démocratie ? Une démocratie où le musellement des médias et des pensées contradictoires ne prend pas la forme comme en Russie d’un recours aux services de police secrète et d’un enfermement, mais d’un enfermement sournois, silencieux, à coup de mises en garde et d’amendes financières dont le but de ruiner les contrevenants. Bâillonner les médias en pensant faire disparaître toute visibilité de la contestation et des désaccords, afin que les  contestataires s’imaginent seuls et abandonnent ? 

 

Le gouvernement parle ainsi de planification écologique. Autrefois, l’Etat planifiait la construction de centrales nucléaires, de grands barrages hydroélectriques, la création d’industries comme dans l’aérospatiale ou le train à grande vitesse. C’était la planification stratégique d’autrefois. Aujourd’hui, la planification vise à modifier et influer sur les comportements des agents économiques, des citoyens. En un mot, à manipuler l’opinion publique et à lui imposer un changement de ses choix et de ses habitudes. 

 

1. Comme par exemple en obligeant les médias à faire toujours plus d’information sur les dangers du réchauffement climatique et à faire systématiquement le lien entre les catastrophes météorologiques et le réchauffement climatique. En sachant qu’à l’instar de Sud Radio, toute minimisation de ce lien ou de la réalité de ce lien sera sanctionné par l’ARCOM.

 

2. Comme en développant un argumentaire et une stratégie à sens unique autour de l’auto-partage. Ils ont même inventé un mot : l’autosoliste pour les automobilistes qui voyagent seuls et ne co-voiturent pas. En sachant que toute leur argumentation sur les bienfaits du co-voiturage ignore soigneusement les risques d’agression sexuelle ou physique, ou de vol liés au covoiturage. Surtout ne pas faire peur !

 

Voilà ce qu’est donc la démocratie à la française ou à l’occidentale ? Une dictature de la pensée où tout se passe bien pour vous tant que vous pensez convenablement, doctement, conformément à la doxa autorisée par tous les bien-pensants des médias, du gouvernement et ceux qui font l’opinion publique ? Au fond, nous ne sommes plus très loin du Big Brother de George Orwell ou du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley. 

 
 
Saucratès 

 

 

Post scriptum : Malheureusement, tout ceci ne se limite pas à la démocratie française. L’influence de la bien-pensance s’étend sur tout ce que l’on a l’habitude d’appeler les démocraties occidentales. Ainsi aux Etats-Unis, l’influence des positions conservatrices sur la Cour Suprême américaine est combattue par tous les bien-pensants des médias et les démocrates. Ainsi, avec l’assentiment de tous les bien-pensants, le président américain Biden veut réformer cette Cour suprême fédérale, le bastion défendant les libertés américaines et la Constitution américaine. 
 
https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/29/joe-biden-devoile-son-projet-de-reforme-de-la-cour-supreme_6260989_3210.html

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/03/etats-unis-cour-supreme-versus-democratie_6246431_3232.html

 
Que le projet de Biden est supposément peu de chance de passer le Sénat américain selon Le Monde n’est pas très pertinent. Ce qui pose problème, c’est selon moi l’absence de neutralité des médias. Imaginons que la situation serait inversée. Que ce soit Trump qui veuille réformer une Cour Suprême majoritairement démocrate, qui bloquerait ses réformes et qui, selon lui, serait contre l’opinion majoritaire du peuple américain. Verrait-on le même acquiescement des médias bien-pensants américains et occidentaux, et du Monde ? Valideraient-ils et béniraient-ils de la même manière ce projet de réforme ? Je n’ai bien sûr nul besoin de répondre à ma question. L’art de la manipulation est de vous faire croire que vous n’êtes pas manipulés, que vous êtes libres de vos choix, de vos décisions. 



29/07/2024
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