Agriculture, biodiversité et CPI
J’aborderai deux sujets qui me semblent interessants ce soir. Le premier sujet concerne l’éditorial du Monde qui cherche à défendre le lobby des agences environnementales. Ces dernières, et tout particulièrement l’OFB, sont particulièrement sur la sellette du fait des critiques des associations paysannes reprises par le gouvernement. Et comme ces différentes agences et institutions ont pour rôle La Défense de l’environnement, Le Monde vole à leurs secours.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/03/contre-les-agences-environnementales-une-derive-dangereuse_6529187_3232.html
Lorsque c’était les gilets jaunes qui étaient attaqués, matraqués, Le Monde n’est jamais intervenu pour les défendre. Mais les gilets jaunes détestaient autant les journalistes que les hommes et les femmes politiques, et leur mouvement avait démontré de manière criante la complicité et la porosité existante entre ces deux milieux, le même milieu social issu des mêmes grandes écoles … Mais, pour faire croire à l’existence d’une démocratie, ces deux milieux si proches se présentent comme deux faces antagonistes de deux pouvoirs au sein de l’appareil démocratique. D’un côté, les pouvoirs exécutifs et parlementaires ; de l’autre, le quatrième pouvoir de la presse. Mais les gilets jaunes puis la pandémie du coronavirus nous ont dessillés nos yeux ; nul antagonisme mais une aspiration à rejoindre et à exercer le pouvoir, ce qui implique d’attaquer les victimes qu’on vous désigne et à flatter l’égo des puissants de ce monde si vous voulez que l’on fasse appel à vous.
Au fond, on a eu droit à ce spectacle en France sous Macron mais il en va exactement de même aux Etats-Unis sous Trump. Simplement, en France, c’est vu comme le triomphe des gens brillants et intelligents, et aux Etats-Unis, comme le triomphe des extrémistes et des incompétents de tout crin.
Revenons-en donc aux agences environnementales qui sont présentées comme en révolte contre le rôle de bouc émissaire qui leur est aujourd’hui réservé. A-t-on quelque chose à faire de la défense de l’environnement et de la biodiversité ? L’Europe est-elle allée trop loin en matière de normes, de contraintes, de règles draconiennes, de sanctions potentielles ou réelles ?
La réponse à la première question va de soi. Il est évident que nous sommes tous concernés par la défense de l’environnement et de la biodiversité. On regrette tous de ne plus voir autant d’insectes, de papillons dans la nature, de ne plus vivre ou de ne plus accéder à la nature. On regrette presque de ne plus retrouver sur nos pare-brises automobiles des traces de toutes ces bébêtes qui venaient autrefois s’écraser dessus. Mais les contraintes qui s’appliquent sur chacun d’entre nous par des organismes qui sont devenues des machines à détruire les gens, ces normes draconiennes qui touchent encore plus les agriculteurs comme si le fait de sauver la nature impliquer de faire disparaître l’agriculture et tout ce qui de près ou de loin impacte le milieu naturel, tout ceci va beaucoup trop loin.
La méthode éculée utilisée par Le Monde vise à délégitimiser les actions de ceux qui contestent ces agences, en parlant de minorités isolées. On parle donc ici «d’actions plus ou moins isolées au sein des mouvements agricoles». On parle de «minorité agissante». Et évidemment, on présente aussi comme anecdotique la réalité de ce qui est contesté, des contrôles et des sanctions exagérées. «Cette conflictualité représente une part infinitésimale du quotidien de ces opérateurs.» Et on ne parle que «d’excès de zèle d’agents publics». Lorsque Le Monde traite des violences policières, il ne parle pas d’excès de zèle, mais d’agressions et de violences des forces de l’ordre, de contrôles au faciès systématiques et d’acharnement policier.
Selon la couleur politique des mouvements pouvant récupérer ou défendant les sujets, la vision du Monde sur les contrôles varie. Si c’est l’extrême-droite, Le Monde parlera de violences injustifiées et appellera à la mise à pied et à la condamnation des fonctionnaires incriminés, mais si on parle de courants écologistes ou d’extrême-gauche, ce n’est plus que de l’excès de zèle infinitésimal.
«Légitimées par la parole politique, des actions, de moins en moins isolées au sein des mouvements agricoles, s’affranchissent des limites du tolérable, bien au-delà de ce que permet le droit de manifester ou de contester une réglementation qui complique de fait le travail des agriculteurs. Une minorité agissante met en exergue les excès de zèle des agents publics, accusés de contrôles excessifs et intimidants. Si des abus peuvent exister, et évidemment être sanctionnés, cette conflictualité représente une part infinitésimale du quotidien de ces opérateurs.
En revanche, une spirale dangereuse est en train de se créer. Elus et ministres s’autorisent à reprendre à leur compte les exagérations propagées par certains membres des syndicats agricoles, et n’hésitent pas à construire des généralités à partir de cas isolés. Le but étant de discréditer pour mieux désarmer l’arsenal réglementaire que ces agences sont censées faire respecter.»
Mais il ne faut pas oublier que derrière tout cela, il y a l’excès normatif de l’Union européenne. On a voulu une Europe qui soit unie et empêche la survenue d’une nouvelle seconde guerre mondiale revancharde entre la France et l’Allemagne. On a obtenu une Europe des normes et des sanctions, qui vend nos emplois et notre richesse au plus offrant et qui ouvre nos marchés à la concurrence mondiale. Et il semble impossible d’arrêter la machine destructrice emballée. Les sanctions édictées par l’Europe à l’encontre des principaux constructeurs européens en est un autre exemple frappant, imposant des sanctions de plusieurs milliards d’euros aux principaux constructeurs pour des niveaux d’émission moyen de carbone trop élevés, et qui va les contraindre à verser des milliards d’euros à leurs concurrents chinois ou américains pour mutualiste leurs émissions. L’Europe pousse et avantage les constructeurs de véhicules électriques chinois ou américains au détriment des constructeurs européen et cela est sensée aider l’Europe ?
Le deuxième sujet que je voulais aborder traite des sanctions internationales dont Washington menace la Cour pénale internationale. Celle-ci pourrait disparaitre du fait de la mise en œuvre de ces sanctions. Biden refusait déjà de reconnaître la réalité du génocide subi par les palestiniens de Gaza. Trump va encore plus loin en prenant des sanctions contre les juges, les procureurs de la CPI et toute partie leur apportant leur concours. Cela parait si simple !
J’étais personnellement favorable à l’égalité de traitement entre les différents protagonistes de cette histoire, que ce soit entre l’Ukraine et Gaza, entre les israéliens et les palestiniens dès lors qu’il y avait crimes des deux côtés. Mais cela posait évidemment le problème de la constance historique. Ce que l’on condamne ici chez Israel, dans cette volonté d’exterminer des terroristes et une population contre laquelle Israel est en guerre depuis 1948, ressemble tout à fait à toutes les guerres et à tous les massacres qui ont lieu par le passé, que l’on pense à la conquête de l’Ouest américaine, qui a conduit à l’extermination des tribus amerindiennes d’Amérique du Nord jusqu’à l’extrême nord arctique, à la conquête de l’Amérique du Sud, des colonies africaines, de l’occupation militaire de l’Inde ou de l’Australie, voire en Russie. L’ensemble de tous les conflits de l’histoire étaient des génocides réalisés par les mêmes États européens occidentaux qui veulent désormais interdire et légiférer la guerre.
Peut-on condamner Israël pour vouloir agir comme tous les autres États ont agi pour se construire et pour construire territorialement leurs nations ? Trump a pris une autre optique : faire disparaître la CPI afin que celle-ci ne se mêle pas de ses histoires, si par exemple il devait intervenir militairement au Panama, à Gaza, en Afghanistan où en Ukraine. Et surtout ne touche pas à son allié israélien.
La Cour pénale internationale était-elle allée trop loin dans l’histoire des mandats internationaux émis contre le premier ministre israélien ? Celui-ci peut en tout cas désormais se rendre sans crainte aux Etats-Unis, sans risque d’être traduit devant la justice internationale. Au fond, les réponses prudentes et hésitantes de l’Europe font ressortir leur caractère timoré. La France qui s’interrogeait si le dirigeant d’un État ne reconnaissant pas la CPI devait-il être traduit devant la CPI ? Trump ne se pose pas ce genre de questions timorées. Accessoirement, il devra aussi appliquer les mêmes règles à Poutine et au Hamas. Mais ce dernier est mort.
Saucratès
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