Critiques de notre temps

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Les pires instincts de l’homme dans la colonisation du cosmos


Dans un certain nombre de précédents articles, je me suis posé un certain nombre de questions autour de problèmes d’astrophysiques, m’intéressant notamment à la manière dont ils ont été traités au travers de la littérature. Dans mon premier article sur ce sujet, je m’intéressais notamment à l’existence ou non d’une limite de masse à notre planète Terre, dans le cadre de l’utilisation probable à venir de matériaux issus du système planétaire et du système d’astéroïdes du système solaire. 

 

https://saucrates.blog4ever.com/problemes-dastrophysique-existe-t-il-une-limite-de-masse-de-la-terre

 

Dans un deuxième article, je m’intéressais au concept de forêt sombre développé par l’auteur de science-fiction chinois Liu Cixin dans son livre «Le problème à trois corps» et sa suite.

 

«L'Univers est-il une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil». Si l’univers est une forêt sombre dans laquelle se cachent des civilisations mortes de peur d’être découvertes et anéanties par d’autres civilisations, n’est-il pas dangereux et potentiellement mortel d’émettre des communications radios vers des étoiles ou des galaxies lointaines ? Le concept de forêt sombre de Liu Cixin est ainsi une réponse au paradoxe de Fermi.

 

https://saucrates.blog4ever.com/de-la-foret-sombre-en-astrophysique

 

Aujourd’hui, je vais m’intéresser à un troisième problème, à savoir le potentiel respect des droits des femmes, et donc par extension des droits de l’Homme, dans le futur de l’Aventure spatiale et tout particulièrement dans le cadre de l’implantation d’une nouvelle colonie. L’un des auteurs de science-fiction qui a pris en compte ce questionnement dans le futur proche de l’expansion spatiale est l’auteur de bandes dessinées Léo, à travers ces séries de bandes dessinées «Aldebaran», «Beltegeuse» et «Antarès».

 
Le regard porté par Léo sur l’implantation de colonies spatiales sur des planètes dans des systèmes planétaires éloignés est extrêmement pessimiste. Sur la planète du système Aldebaran, coupée de toute cette communication avec la planète Terre depuis un siècle, c’est un régime militaro-religjeux qui a pris le pouvoir. Ce système est manifestement patriarcal mais il ne rabaisse pas la femme totalement au rang d’objet. 

C’est sa deuxième série sur la planète Beltegeuse qui présente la vision la plus sombre d’une expérience d’implantation d’une colonie humaine abandonnée. Sur cette planète, la Nécessité de mixer le mieux possible le pool génétique des survivants a conduit un groupe d’hommes à considérer les femmes comme du matériel génétique. Pas de couples stables mais un roulement régulier des partenaires sexuels masculins désignés par les dirigeants. L’armée y est composé uniquement des hommes en charge de la chasse, de la sécurité, comme dans les tribus des peuples dans les zones reculées. Les affectations des femmes et des hommes changent régulièrement nuit après nuit pour le brassage des gènes, en fonction des décisions d’un conseil de dirigeants composés uniquement d’hommes. 

 

Enfin, dans la colonisation d’Antares, c’est un groupe religieux ultra-orthodoxe, qui refuse l’appellation de secte, qui prône l’exclusion et l’effacement des femmes, à travers notamment le port de combinaisons gonflantes cachant leur corps féminin (version SF de la bourkha des afghanes). Dans ces deux dernières colonies, à de rares exceptions près, les femmes acceptent le sort qui leur est réservé, soit par respect du dogme religieux, soit par souci de préserver la colonie. 

 

On ne peut bien sûr pas reprocher à Léo de promouvoir ce genre d’idées, puisque les héroïnes de ces bandes dessinées sont toujours de jeunes femmes fortes et courageuses, confrontées à la stupidité masculine bien souvent. Et qui combattent leur pouvoir. Et qui gagnent finalement. Mais on y trouve aussi des hommes courageux aux côtés de ses héroïnes.

 

Il ne s’agit donc que de son regard sur les risques que va entraîner la conquête spatiale. Comment lui donner tord lorsque l’on voit que nombre de sociétés sur notre planète agissent de la même manière vis-à-vis justement des femmes, comme en Afghanistan mais aussi dans certaines sociétés rétrogrades américaines comme les Amishs. Et faut-il oublier la place réservée à la femme dans la religion chrétienne et dans le clergé ?

 

Les histoires racontées par Léo apparaissent ainsi tout à fait réalistes et plausibles, dans le cadre d’implantations de colonies sans lien possible avec l’extérieur. Abandonnée à elle-même, on sait que l’espèce humaine redescend à ses plus bas instincts, et peut aller jusqu’à pratiquer l’anthropophagie lorsque des humains se trouvent sans avoir rien à manger à la suite d’un crash aérien par exemple.

 
Dans le cadre d’une colonie d’implantation lointaine pour laquelle la population de départ serait trop faible, quelle pourrait être la solution retenue par cette population isolée ? Au bout de combien de générations une population peut-elle être gravement affectée par le problème de la consanguinité ? De tels cas se produisent dès lors qu’une population de survivants se retrouve isolée à l’écart de leur société. Cela a pu se produire sur des îles désertes. Cela pourrait se produire en cas d’accident temporel, avec le risque de déclencher un accident temporel si ce groupe de survivants donnaient naissance à une civilisation pérenne ou bien introduisaient accidentellement un végétal ou un animal qui modifiait l’évolution future de la vie, ou bien tuaient accidentellement un ancêtre quelconque de l’humanité.

 

Enfin, cela peut se produire dans le cadre de la colonisation du cosmos. Et la grande question, c’est bien de savoir si les pires instincts de l’homme vis-à-vis de ses relations avec la femme, où des autres espèces qu’ils pourraient découvrir dans leur expansion galactique, vont-ils se reproduire. Et de quelle manière une charte de la colonisation du cosmos doit-elle être rédigée pour nous en préserver. Avec des sanctions qui devront être sans appel, pour que aucun homme ne cherche à violer les règles de cette charte. À moins d’être capable de prévoir des forces susceptibles d’intervenir pour interdire toute mise en place de sociétés enfreignant la charte. 
 
La place laissée à la femme dans les sociétés de Beltegeuse et d’Antarès chez Léo n’est en effet qu’un aspect des pires instinct de l’homme vis-à-vis du milieu sauvage et de la nature. L’homme y est juste un prédateur qui cherche le moyen de s’enrichir et de s’étendre, au détriment de tout le reste, la nature. La femme n’y est qu’un moyen de se reproduire, que ses descendants survivent. Les sociétés humaines en sont un exemple vivant.

 

Comment empêcher dans le processus de colonisation du cosmos la soumission de la femme puisqu’on est incapable de l’empêcher dans le cadre de l’humanité actuelle ? Comment empêcher la destruction des futurs écosystèmes extra-terrestres et les futures potentielles formes de vie extraterrestres que l’on pourrait rencontrer puisque nous sommes déjà incapables d’empêcher les sociétés industrielles occidentales, chinoises ou russes de mettre à sac la planète pour que les hommes s’enrichissent, pour que les sociétés s’enrichissent, se développent, pour que l’humanité consomme ?

 

Et pourtant, je ne suis ni écolo, ni féministe. Mais il fut bien reconnaître que Léo sait dépeindre les pires instincts de l’homme (et non pas de l’humanité) et il me semble très probable ; l’histoire actuelle de l’humanité lui donne raison ; que de tels comportements risquent d’être observés dans le futur de la colonisation de nouveaux mondes extraterrestres, que ce soit sur Mars, sur la Lune ou plus loin dans la Galaxie. 

Je pense que le film Avatar de James Cameron est un autre excellent exemple des pires instincts possibles de l’humanité. Le film Avatar 2 va encore plus loin, et en même temps, ce film est tellement évidemment probable qu’il en devient risible. Sur le monde de Pandora, l’humanité découvre une substance permettant le rajeunissement de ceux qui en consomme, quelques décilitres dans le cerveau de cétacés extraterrestres doués d’intelligence, dans une société rappelant la société polynésienne ou mélanésienne. Et pour cela, l’homme doit détruire et tuer des cétacés d’une taille monstrueuse. Rien de surprenant dans cette histoire ; l’homme a fait la même chose durant près d’un siècle en organisant des chasses à la baleine, à bord de baleiniers, pour en recuperer quelques dizaines de barils d’huile. Et là aussi, les hommes s’attaquaient aux baleines protégeant leur baleineau en se basant sur leur instinct maternel consuisant les mères à protéger leurs petits. Si l’humanité découvre une planète avec une telle race de cétacés offrant une cure de jouvence aux plus riches d’entre nous, il est certain que des sociétés commerciales ou des États s’en empareront et détruiront cette race.

 

L’homme croit que la Nature est faite pour qu’il s’en empare, qu’il s’en serve et qu’il y prenne tout ce qui peut lui servir. On ne peut lâcher une telle espèce dans la galaxie. Il faut espérer qu’il existe dans la galaxie une force capable de réfréner nos pires instincts de destruction, ou bien espérer que notre espèce humaine soit capable d’évoluer et de se réfréner avant qu'on en arrive à coloniser le cosmos. Car ce serait un virus ou un cancer lâché dans le cosmos. Je rejoins ainsi un autre film de science-fiction, que j’adore également, Matrix, où l’humanité y est justement décrit comme un virus.

 

Et je ne me reconnais pourtant ni dans l’écologie telle qu’elle est aujourd’hui mise en œuvre, ni dans le féminisme, sachant que les deux sont désormais très souvent mélangés. 

 

 

Saucratès 



20/07/2024
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