Critiques de notre temps

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Agrégateur de comptes bancaires : qu’est-ce que c’est

Agrégateur de comptes bancaires : qu’est-ce que c’est ?

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 8 février 2025


Contrairement à mon habitude, je ne vais pas vous parler aujourd’hui de sujets de politique, de problèmes de société quelconques, mais d’un sujet factuel et actuel : les agrégateurs de comptes bancaires.

 

What is it ? me direz-vous. L’idée de cet article m’est venue du fait de mon impossibilité à trouver des informations sur les sujets des agrégateurs bancaires dans Google après l’avoir interrogé sur la possibilité de l’ouverture et de l’accès aux comptes bancaires. Sans utiliser le terme d’«agrégateur», on ne trouve rien.

 

Qu’est-ce donc qu’un «agrégateur» de comptes bancaires ? Ce site de «la finance pour tous» l’explique bien.

 

https://www.lafinancepourtous.com/pratique/banque/nouveaux-comptes-et-nouvelles-banques/agregateurs-de-comptes-bancaires/

 

C’est un outil souvent développé par une fintech (autre nom barbare utilisé pour désigner ces nouveaux intervenants sur le marché de la banque que l’on nomme «financière technologique», c’est-à-dire des nouveaux intervenants alliant finance et nouvelles technologies) pour permettre aux clients des banques de regrouper tous leurs comptes bancaires sur une seule et unique application.

 

Attention, ces services peuvent aussi parfois vous être proposés par votre propre banque puisque les grands réseaux bancaires rachètent régulièrement des ‘fintechs’ pour accroître leur gamme de produits (ainsi le rachat il y a quelques années par la Bnp Paribas de la ‘fintech’ Nickel). Les grands réseaux bancaires peuvent également développer en interne ou acheter des produits proposant ces mêmes services à leur clientèle. Dans les articles suivants, ils nous parlent des produits proposés par ‘Bankin’, par ‘Linxo’, par ‘Gérer mes comptes’ et par ‘Budgea’.

 

https://selectra.info/finance/guides/compte-bancaire/comparatif-agregateurs

 
Ces agrégateurs de comptes bancaires peuvent évidemment vous paraître interessants. Vous en êtes peut-être vous-mêmes déjà un utilisateur enthousiaste. Ces outils permettent comme indiqué de faire vos comptes, contrôler et catégoriser vos dépenses et vos recettes. En un mot, ces outils peuvent intéresser certains d’entre nous, et je n’avais pas grand chose à dire contre eux.

Sauf que ces outils ont une face cachée, bien évidemment, comme vous devez vous en douter. Car de la même manière qu’ils se vendent aux particuliers pour que ceux-ci les utilisent et fassent la démarche volontaire de les utiliser, de la même manière, ils se vendent également à tous les commerçants et vendeurs pour leur permettre de bien connaître leurs prospects, leurs clients afin de leur permettre de nous proposer le bon produit, mais aussi et surtout, ils se vendent d’abord aux autres établissements financiers, banques, sociétés de crédit, sociétés de financement, afin de faciliter et de fiabiliser leur processus d’octroi de crédit et d’étude de demande de crédit ! Les aider à combattre les faux renseignements comme les fausses fiches de paie. Et en plus, ils appellent cela nous faciliter, d’améliorer, de fluidifier l’expérience client. 


https://linxoconnect.com/blog/open-banking/comment-lapi-accounts-ameliore-le-parcours-utilisateur-doctroi-de-credit/

 

Tout ceci n’est évidemment pas mis en avant par les agrégateurs de comptes bancaires vis-à-vis de leur clientèle de particuliers. On ne les prévient pas qu’ils permettront aux banques et sociétés de crédit d’accéder plus facilement à leurs comptes et à leurs opérations. En tout cas, pour ma part, je ne le vois pas. L’outil est vendu afin que vous, particuliers, puissiez avoir accès à tous vos comptes, les consulter facilement et avoir des statistiques utiles sur vos dépenses et vos recettes ; en aucun cas je ne vois écrit que les banques auront elles-aussi un accès complet à nos comptes, à nos recettes, à nos emprunts et nos dépenses. 

Big Brother est en marche sous l’appellation de l’Open Banking. Bien sûr, aujourd’hui, vous en entendez peu parler. Vous allez en entendre parler si vous souhaitez bénéficier d’un paiement quatre ou dix fois sans frais, passant par les outils des Fintechs comme ALMA ou consorts. Vous allez aussi en entendre parler si vous demandez un crédit automobile ou à la consommation. Le refus de les laisser accéder à votre agrégateur ou le refus d’y recourir risquera d’ailleurs presque systématiquement d’être considéré comme un signe de volonté de fraude. 
 
Evidemment, le risque demain est de voir un parlementaire quelconque, absolument désintéressé, forcément (ce n’est pas comme si des lobbyistes intervenaient auprès de l’Assemblée nationale, du Sénat ou du parlement européen pour mettre en avant les intérêts de leurs entreprises ou de leurs branches professionnelles et pouvaient grassement rémunérer les parlementaires défendant leurs positions ou faisant passer leurs projets de texte de lois), proposer de rendre obligatoire l’usage des agrégateurs de comptes bancaires ou de permettre d’avoir systématiquement accès aux comptes de tous les individus.

 

Vous pouvez être sûr que cette disposition légale va nous tomber prochainement dessus. Des parlementaires ou la Commission européenne l’ont déjà fait pour obliger toutes les banques à prévoir les canaux informatiques permettant l’Open Banking, des canaux ouvrant potentiellement accès à toutes vos données bancaires. Ces canaux sont évidemment déjà des portes dérobées par lesquelles des hackers peuvent s’engouffrer afin de voler nos informations bancaires directement à la source de l’information, dans les systèmes informatiques des banques. L’existence de ces canaux dérobés imposés à toute la profession bancaire par l’Europe et par la France est déjà une totale aberration. Si vous voulez sécurisez votre domicile, vous n’allez pas accepter de construire des portes d’entrée un peu partout, d’y mettre des serrures et de confier les clefs à des centaines d’autres personnes que vous ne connaissez ni d’Adam ni d’Eve ? On est d’accord ? Pourtant, c’est ce qui a été imposé aux banques pour permettre d’accéder à nos propres comptes bancaires.
 
L’Open Banking, ce n’est pas une protection et une avancée pour le consommateur mais l’ouverture en libre accès de toutes nos informations bancaires, de nos recettes, de nos salaires, de nos dépenses à l’ensemble de la communauté des Fintechs, des banques mais surtout des hackers qui ont désormais l’embarras du choix pour se servir dans nos données bancaires. Et si ils arrivent demain à hacker un agrégateur de comptes bancaires, ce sera le Jack Pot pour eux, pour les pirates informatiques, pour ceux qui nous épient.

 

Alors évidemment, ces mêmes agrégateurs de comptes bancaires peuvent écrire que leurs données sont hautement sécurisées, cryptées, relevant d’obligations imposées par l’EBA (l’Autorité bancaire européenne), l’équivalent de l’ACPR française que presque personne ne connaît d’ailleurs … Qu’il n’existe pas de risques. Ce n’est que de la publicité pour nous faire croire qu’il n’y a aucun danger à recourir aux agrégateurs de comptes bancaires en attendant qu’un parlementaire bien intentionné, ou la Commission europeenne, fasse passer une directive pour rendre obligatoire l’utilisation des agrégateurs de comptes bancaires.

 
Mais on sait tous que de très nombreuses entreprises, fournisseurs, sociétés de crédit, banques probablement, se sont déjà fait hacker. Ce n’est pas quelque chose qu’ils crient sur les toits. On peut se demander par quelle porte dérobée ces hackers passent, d’où ils récupèrent les données qu’ils volent. Je serais bien étonné que ces données et ces portes dérobées que les hackers utilisent ne soient pas liées à l’Open Banking.

 

Voilà ce que je pouvais raconter sur les agrégateurs de comptes bancaires. Un outil dont les banquiers et les sociétés de crédit se félicitent peut-il être une bonne chose ? Moi, j’en doute fortement. Si vous avez des questions non traitées, n’hésitez pas à me les poser.

 

Par exemple … Comment s’en protéger aujourd’hui ? Ne pas y recourir ou en arrêter l’usage. Ne pas utiliser les services de paiement comme ALMA ou consorts s’ils vous demandent l’accès à vos comptes bancaires pour vous octroyer un délai de paiement ou un paiement quatre fois ou dix fois sans frais. Et dans quelques années, il sera peut-être nécessaire de s’enregistrer sur une liste comme la liste anti-démarchage téléphonique. Ceux qui refuseront risqueront alors d’être exclus de plus en plus du fonctionnement de la société, de l’accès à un certain nombre de commodités.
 
Comme je le disais, Big Brother est en marche, sous couvert d’amélioration de l’expérience client ! LOL !

 

 

Saucratès 



08/02/2025
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