Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

La question à laquelle il nous faudrait savoir répondre pour être heureux

Saint-Denis de La Réunion, samedi 16 juin 2019 au soir

 

Si nous savions répondre à la question «que nous manque-t-il pour être heureux», serions-nous heureux ? Parce qu'au fond, quand nous sommes au fond de l'énervement, prêt à nous «fighter» avec la première personne venue, parfois même nos plus propres proches, qu'il y a une sorte de forme de rage qui nous habite (ou selon les personnes, selon notre sexe, une forme de profonde tristesse), qui nous pousse soit à partir pour évacuer cette rage ou cette tristesse, soit à nous réfugier dans les pleurs, existe-t-il véritablement quelque chose, une chose ou un ensemble de choses, qui nous manque, qui serait/seraient à l'origine de notre état d'esprit ? 

 

Autrement dit, y a-t-il quelque chose ou un ensemble de choses qui nous manquent et dont l'obtention, ou le fait de pouvoir en bénéficier, nous rendrait heureux à jamais, nous remplirait de joie et de bonheur ? Ma première tentation serait de répondre que «oui». Il doit y avoir quelque chose qui nous manquerait qui nous remplirait de bonheur en l'obtenant, forcément. Pour les uns, ce serait un conjoint ou une conjointe qui deviendrait brutalement ce que nous souhaitons par dessus tout. Gentil ou gentille, prévenant ou prévenante, sexie et desirable ou bien sexy et désirable ... ou bien fantasque, surprenant-surprenante ... ou mille autre chose ... un autre ou une autre ... Pour d'autres, ce pourrait être d'avoir à manger à sa faim, ou de gagner à la loterie ou au tiercé ... ou mille autres choses que l'on pourrait imaginer manquer à notre bonheur. 

 

Mais tout ceci nous démontre que justement, il n'y a rien que l'on puisse désirer qui nous rendrait heureux. Il y a des gagnants à la loterie qui deviennent malheureux, des gens qui mangent à leur faim qui sont malheureux, des gens qui ont un conjoint ou une conjointe attentionné/attentionnée et qui sont malgré tout malheureux. Le lieu n'importe également pas du tout. Il y a des gens malheureux qui vivent à Paris et qui peuvent rêver de vivre à La Réunion, et inversement ... ou tout à fait ailleurs. Et inversement, il y a peut être des gens sages, heureux de vivre, même s'ils n'ont pas grand chose, vivant à Paris, ou à La Réunion, voire même à Mafate. J'ai justement toujours eu l'impression que je pourrais être parfaitement heureux en vivant dans le cirque de Mafate. Même si au fond, je sais aussi que je n'aurais qu'une envie, m'en échapper pour rejoindre la côte, la civilisation, l'animation des villes. 

 

Au fond, certains d'entre nous, et moi en premier lieu, sommes-nous uniquement fait pour ne jamais être pleinement satisfait de notre vie, de ce que nous avons, de ce que nous sommes ? Alors qu'au fond, nous avons pratiquement tout ce qu'il nous faut pour être heureux, pour pouvoir être heureux, sauf un petit quelque chose dont on a aucune idée, absolument aucune idée, et dont on ne peut même pas être sûr qu'il nous permetttrait d'être heureux, pleinement heureux.

 

Après, il y a les gens qui nous entoure dont on se dit qu'ils semblent parfaitement heureux, satisfaits de leur sort, de leur situation, qui semblent avoir fait et faire ce qui est nécessaire pour être heureux. On en connaît tous autour de nous. Des sages vieux ou jeunes, comme s'ils étaient capables de retenir de la vie ce qui les rend heureux. Vrai ou faux ; le seul fait de l'imaginer ne nous rend pas plus heureux, ne nous donne pas l'espoir qu'on saura apprendre à être heureux. Non, cela nous conduit à nous interroger sur ce qui nous manque pour savoir être heureux, pour être normal. 

 

En conclusion, donc, je ne suis ainsi pas capable de répondre à la question de ce qui me manque pour être heureux ? Je ne pense donc pas en fait qu'il me manque réellement quelque chose pour être heureux, ou plutôt qu'il pourrait y avoir quelque chose qui pourrait suffire à me rendre durablement heureux ? Au fond, je me pense durablement insatisfait, incapable d'être heureux, inaccessible au bonheur ? Sommes-nous nombreux à être comme cela ? Est-ce cela la condition humaine ? Être incapable d'être heureux, de se satisfaire de ce que l'on est, de ce que l'on a, de ceux qui nous entourent ? Oh, évidemment, on traverse parfois, je traverse parfois de petits moments de bonheur, de plénitude, comme lors d'une marche en montagne, à admirer quelques paysages ou le soleil jouant sur les nuages ou sur les versants montagneux, ou simplement sur des brins d'herbe ... ou bien dans des instants comme celui-ci, dans la nuit, dans mon jardin, devant un feu de bois, en écrivant ces lignes ... Est-ce celà le bonheur, ces quelques instants de plénitude ? Est-ce trop demander de vouloir être toujours heureux, de manière permanente ? Ou bien a-t-on besoin (ai-je besoin) d'être parfois malheureux pour se/me sentir pleinement vivant ? Je clôturerais ce post par cette dernière pensée, insatisfaisante.

 

 

Saucratès



15/06/2019
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