Critiques de notre temps

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Les médias, les opinions dissidentes et le sens de l’Histoire (suite)

Les médias, les opinions dissidentes et le sens de l’Histoire (suite)

 

Par Saucratès 

 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 9 juillet 2022

 

J’ai déjà fait état des questions qui me semblaient importantes sur le sens de l’histoire. 

- Ne peut-il y avoir qu’un seul sens au progrès ?

- Qui décide de ce qui est le bon sens, et de ce qui est le mauvais sens ?

- Et enfin, qui est juge de ce qui est progrès, et de ce qui est retour en arrière ?

 

Je pense que l’on peut rajouter deux autres questions sur ce même sujet, non pas exactement sur le sens de l’histoire, mais sur la place des médias dans la fabrique de l’opinion publique sur le sens donné à l’histoire :

 

- Les médias informent-ils sur ce qui se passe dans le monde et décrivent-ils sincèrement la réalité du monde qui nous entoure ?

 

- Ou bien les médias diffusent-ils une vision partisane de la société de l’histoire et manipulent-ils leur lectorat, offrant ainsi une vision partisane et altérée, conforme à leur idéologie, du monde qui nous entoure ? 

Est-il nécessaire de répondre à ces questions ? Ou bien le simple fait de les poser permet-il de connaître leur réponse ? L’opinion publique est une simple caisse de résonance. Les médias sociaux comme FaceBook, TikTok, Instagram et autres ne sont que des outils permettant d’accroître le pouvoir et la force de cette caisse de résonance, au pire des outils permettant d’aggraver les dégâts des rumeurs qui se propagent. Le monde n’a pas évolué depuis la préhistoire ou depuis le moyen-âge européen. L’opinion publique et les rumeurs véhiculées étaient déjà l’outil et les moyens principaux, l’arme principale de ceux qui cherchaient à nuire à leurs ennemis, aux autres, les médias sociaux modernes n’ont fait que généraliser, étendre à la planète entière les méfaits que les rumeurs réussissaient à commettre dans les villages et dans les quartiers du passé ! 

Et les médias écrits sont à la fois des moyens d’informer honnêtement leur lectorat, mais également de diffuser rumeurs et idéologies afin de peser, afin de fabriquer l’opinion publique. D’où la part infime laissée dans les médias écrits à la dissidence, aux opinions dissidentes de la ligne éditoriale, de la ligne médiatique, de l’opinion majoritaire des bien-pensants !

 

Ainsi, que signifie cet article du Monde, cette vision de la Cour Suprême américaine, que le président Donald Trump a réussi à ancrer durablement dans le camp conservateur. Au fond, comment des journaux mainstream pourraient-ils accepter que cette institution toute-puissante, magnifique, s’inscrivent contre leur vision du cours de l’histoire, du cours du progrès démocratique ? 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/05/aux-yeux-des-fondateurs-de-la-republique-americaine-un-si-grand-pouvoir-de-la-cour-supreme-aurait-ete-une-aberration_6133447_3232.html

 

Comment des gens sensés, probablement intelligents, peuvent-ils applaudir une institution lorsqu’elle prend des décisions dans un sens, à ce moment-là probablement impopulaires dans l’opinion publique, que ce soit pour offrir une protection au droit des femmes de pouvoir avorter, ou de défendre le mariage gay, mais inversement peuvent-ils remettre en cause le droit même de cette Cour Suprême d’exister et de prendre des décisions inverses, sous prétexte qu’un tel pouvoir aurait été une aberration aux yeux des rédacteurs de la constitution américaine ? 

Tout ceci n’a aucun sens, si ce n’est celui de permettre aux médias de manipuler l’opinion publique, de fabriquer l’opinion publique majoritaire, de donner de la lumière et de la visibilité aux seules opinions qui les intéressent, celles qui sont conformes à leur idéologie progressiste ! Le progrès ! 

Et de la même manière, les médias progressistes mettent aussi en avant, que ce soit en France ou aux Etats-Unis, les opinions qui cherchent à autoriser, à inciter le gouvernement américain de se débarrasser d’une Cour Suprême qui contrecarre les projets si merveilleux, si magnifiques, de l’élite et des élus démocrates. Nommer de nouveaux juges à la Cour Suprême afin de faire disparaître la majorité dont disposent les juges républicains. Ou bien interdire à cette Cour Suprême toute remise en cause d’un droit qui irait contre le sens de l’histoire. Ou bien changer les règles de majorité au Sénat pour légiférer en toute quiétude. 

Le pire dans tout cela ? C’est que si de telles idées avaient été évoquées par Donald Trump, on l’aurait accusé d’être un tyran et un dictateur. Si demain, sur la base de ce précédent, une nouvelle majorité républicaine et un nouveau président républicain proposaient de recourir aux mêmes artifices, ces mêmes médias les feraient passer pour des tyrans ou des dictateurs ! Ne devrait-on pas se protéger de la dangerosité des médias s’ils sont capables de défendre ou de s’opposer aux mêmes choses, aux mêmes actes, uniquement en fonction de leurs seuls intérêts idéologiques ?

 

Evidemment, me dirait-on, j’ai moi-même contesté violemment des décisions d’une institution proche, le Conseil constitutionnel français, dans la lecture et dans l’interprétation qu’il a faite de certaines décisions gouvernementales en matière de restrictions des libertés. Que ce soit en matière de vaccins, de liberté de déplacement, ou d’obligation vaccinale. Peut-être. Mais on peut également considérer que l’absence d’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif est un manquement grave à son rôle de garant de la Constitution française, ou bien considérer que le fait qu’il enfreigne ses propres décisions, ses propres limites exposées dans de précédentes décisions, est un élément incompréhensible. Et je n’ai jamais remis en cause l’existence du Conseil constitutionnel, juste interrogé son absence d’indépendance vis-à-vis du pouvoir d’une oligarchie au pouvoir, nous contrôlant et nous tuant.

Je trouverais dans un autre article du Monde cette même forme de manipulation de l’opinion publiquel cette même forme de fabrique de l’opinion publique, au sujet du droit à l’avortement, que cette même Cour Suprême américaine a osé remettre partiellement en cause. On va donc avoir droit désormais à toute une série d’articles sur les misres faites un peu partout dans le monde aux femmes sous prétexte de droit à l’avortement. Comme cet article sur une femme condamnée à cinquante ans de prison pour une fausse-couche. 

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/05/au-salvador-une-femme-condamnee-a-cinquante-ans-de-prison-pour-une-fausse-couche_6133343_3210.html

 

En fait, je crois qu’il y a un probleme de fond. Le monde entier n’est pas la France. Le monde entier n’est pas une démocratie aussi imparfaite soit-elle. Il y a des endroits dans ce monde où des femmes n’ont pas le droit de perdre volontairement ou involontairement un enfant, d’autres endroits où l’homosexualité est un crime punissable par les tribunaux, comme par exemple dans la République de Maurice, ou dans l’Etat du Sénégal. Cette réalité est le plus souvent occultée par ces mêmes médias ; il est tellement préférable de chanter les louanges d’états supposément démocratiques, chantres de la négritude ou temple du tourisme. Et où les lois locales frappent si rarement les touristes locaux. 

Il existe des États où le Droit de pratiquer la religion chrétienne est interdit, d’autres où les femmes n’ont pas de droits en dehors de ceux que leur octroient leurs maris. Les grandes institutions françaises n’y désigneront pas de femmes pour diriger leurs antennes locales. Mais il est de si mauvais ton pour les médias mainstream d’avoir un discours qui pourrait être considéré comme anti-musulman par leur lectorat progressiste ou musulman.

 

Il est ainsi plus simple de se taire, de taire cette réalité, sauf, et uniquement sauf si on attaque le droit sacro-saint de la liberté d’avortement. Dans le domaine de la Loi, on appelle cela un conflit de normes. Le progressisme implique de ne jamais attaquer l’idéologie des Etats du tiers-monde, en développement, même s’ils sont en retard par rapport à ce que l’on considère comme le sens du progrès (droits des femmes, droits des homosexuels …).

 

Mais il existe malgré tout quelques principes supérieurs, comme par exemple le fait d’être catalogué comme une dictature ou comme un régime communiste inféodé à la Russie (crime suprême impardonnable), de condamner des femmes à des peines d’emprisonnement pour avoir avortées, ou pour des hommes pour homosexualité. Dans ces cas-là, le journaliste progressiste est autorisé à critiquer exceptionnellement des gens ou des situations, qu’en règle générale, il n’a pas le droit de critiquer ou de mettre en cause. Sinon, s’attaquer à des hommes blancs est plus qu’autorisé. C’est même plus que conseillé. C’est un fonds de commerce médiatique. Etre un homme est un crime. Être blanc est une circonstance aggravante !

 

 

Saucratès 



09/07/2022
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