Critiques de notre temps

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Le pêché originel de l'élection d'Emmanuel Macron

Saint-Denis de La Réunion, samedi 25 mai 2019

 

On en revient toujours à cette élection présidentielle de 2017 et à la victoire invraisemblable du candidat Emmanuel Macron. Invraisemblable a posteriori, mais pas invraisemblable à cette époque là. L'apparition d'Emmanuel Macron apparaissait alors comme la découverte d'un OVNI en politique, si jeune, si intelligent, si brillant, somme toute parfait. Une histoire merveilleuse, celle d'un sur-doué de la politique et de l'économie. C'est le pêché originel. Cette victoire invraisemblable et l'histoire de l'appui, de l'offensive médiatique qui l'a permis, qui l'a accompagné, qui l'a créé ex nihilo à partir de rien du tout ! 

 

Cette victoire usurpée ... parce qu'il s'agit d'une victoire usurpée, volée, d'un mirage médiatique en vue de berner, tromper le vote démocratique ... usurpée au sens où des dizaines de médias appartenant tous à de grandes fortunes françaises ont fabriqué un personnage à partir de rien pour qu'il défendent leurs idées, leurs idées politiques et propose des lois dans leurs intérêts ... cette victoire usurpée risque d'être le signal de fin du régime démocratique français. Je défends ou retrouve en cela le livre et les thèses défendues par Juan Branco dont je viens de présenter une rapide recension dans un précédent post : cela marque le «crépuscule» de notre démocratie et du système macroniste. Le futur nous l'indiquera, les dix prochaines années. L'élection d'Emmanuel Macron conduira-t-elle à sa réélection dans désormais trois ans puis son remplacement cinq ans plus tard par quelque autre supposé démocrate enfant ou objet des médias ou de leurs propriétaires milliardaires (à moins qu'il n'intervertisse son poste avec celui de son premier ministre à l'image de Vladimir Poutine pour mieux se faire réélire après) ? Ou bien cette élection usurpée de 2017 conduira-t-elle à quelque chose d'encore pire que Macron ... Ou pas. Au fond, que savons-nous de la réalité des gouvernements populistes ou d'extrême-droite d'Italie, des Etats-Unis ou d'Hongrie, à part ce que les journaux aux mains de milliardaires nous en disent ?

 

L'histoire politique de la France est remplie de crises et de tentatives d'améliorations. La Troisième République est née en réaction de l'élection d'un aventurier, Louis Napoléon Bonaparte, au cours de la première élection au suffrage direct (censitaire masculin) d'un président de la République en 1848 lors de l'éphémère Deuxième République. Il fut élu par les campagnes parce qu'il était le neveu de l'ex-empereur. En 1875, à la chute du Second Empire, et après l'élimination militaire de la Commune de Paris, les bourgeois et l'aristocratie française mirent en place une nouvelle constitution qui supprimait l'élection au suffrage direct du président de la République, cantonnant ce dernier à l'inauguration des chrysanthèmes, et qui interdisait aux descendants des familles régnantes (rois et empereurs) de pouvoir être élus. La Troisième République sombra avec la capitulation de 1940 et la création de l'Etat de Vichy, mais la Quatrième République qui prit sa place ne changeait pas vraiment. Les bourgeois et les aristocrates avaient encore le pouvoir. La Quatrième République sombra dans les soubresauts de la Guerre d'Algérie. Et le Général de Gaulle fit construire une constitution conforme à ses idées pour éviter les événements comme la défaite de 1940, articulée autour d'un président fort, garant des institutions de la France. Et ce système a survécu au décès de son fondateur. Il fonctionnait apparemment, habité par plusieurs présidents successifs. Accéder à ce poste était alors un parcours du combattant. Le président Mitterrand n'y réussit qu'au troisième essai, de même que le Président Chirac. Lionel Jospin échoua au moins deux fois. Sarkozy et Hollande était de vieux routiers de la politique, comme avant eux Georges Pompidou ou Valéry Giscard d'Estaing. Et puis voilà qu'en 2016-2017, un parfait inconnu décide de se présenter et remporte cette élection, sans jamais avoir brigué un autre mandat avant cela. Moins de cinq ans auparavant, personne ne le connaissait, et il lui a à peine suffit d'un an pour gagner cette élection.

 

Comme en 1875 ou en 1958, on se trouve à nouveau devant un choix  brownien : le système a à nouveau échoué, des milliardaires ont pu faire élire la personne de leur choix pour mettre en oeuvre la politique qu'ils souhaitaient. Et apparemment, la rue ne se laisse pas faire. La manœuvre de ces oligarques risque de mettre la France à feu et à sang. Mais sont-ils capables de voir leur erreur ? Et existe-t-il un groupe capable comme en 1875 ou en 1958 de faire le constat que la Cinquième République a échoué, que l'élection du Président de la République au suffrage universel (et la foule des électeurs) est trop facilement manipulable, et qu'il faut à nouveau tout changer ! Mais encore faudrait-il que les députés ne soient pas seulement des pantins dans les mains d'un (ou de) manipulateurs !

 

Je voudrais clôturer cet article sur deux sujets supplémentaires. En réagissant premièrement succinctement sur les résultats des élections européennes de ce dimanche 26 mai 2019. Le parti du président Macron La République en Marche fait un score particulièrement élevé à mon sens, même si le président Macron a tenté de dramatiser les enjeux de cette élection et s’il a fait naître des attentes d’inflexion de politique interne dans la composition du gouvernement. Il n’est plus vraiment besoin de manipuler l’opinion publique française puisque celle-ci vote désormais aveuglément pour le mirage Macron, sans même savoir les origines, les manipulations et les groupes a l’oeuvre derrière le mirage de cette élection. On attend par exemple un changement de premier ministre sans penser qu’ils sont tous deux, Philippe et Macron, issus du même groupe ayant pris le pouvoir (lire Crépuscule de Juan Branco).

https://www.blog4ever.com/manager/articles/composer/12702960 

 

Mon deuxième et dernier point concernera un premier projet de manipulation de l’élection présidentielle par les médias il y a quelques années. On nous avait proposé un candidat virtuel pour une élection présidentielle française et les médias avaient tenté de mesurer quel profil, quelle image, quelle forme de visage étaient plus susceptible d’attirer les votes des électeurs. Et ce personnage virtuel avait réussi à attirer un pourcentage non négligeable de l’électorat dans les intentions de vote. Évidemment cette supercherie n’était pas allée très loin. La supercherie n’avait pas été découverte de mémoire mais les médias avaient rapidement annoncé la fin de cette expérience. Mais au fond, la manipulation de l’opinion publique ayant conduit à l’élection du parfait et inconnu Emmanuel Macron ne repose-t-elle, ne se base-t-elle pas simplement sur cette expérience ? Une sorte de galop d’essai pour permettre l’élection du candidat parfait mais factice, défendant simplement les intérêts des puissants qui l’ont placé à ce poste, la manipulation parfaite de l’opinion publique, abusée et trahie !

 

Bizarrement, je ne retrouve pas de traces avant 2017 d’une telle candidature d’un candidat virtuel. Et pourtant, je suis presque sûr qu’un tel essai a eu lieu bien avant.

https://www.rtl.fr/actu/politique/qui-est-julien-letailleur-le-candidat-virtuel-a-l-election-presidentielle-7785161006/amp

 

Je sombre dans la paranoïa et le complotisme, me direz-vous. Mais j’aimerais tellement que vous ayez raison. Tout n’est-il que manipulation ?

 

 

Saucratès



25/05/2019
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