Critiques de notre temps

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Quelques pensées éparses sur les résultats des élections législatives de juin 2024

Suis-je hors sol ? Je ne me sens pourtant pas inquiet par les élections législatives qui se déroulent actuellement en France. Cette période est certes électoralement extrêmement interessante par toutes les possibilités ouvertes, qui selon moi tournent essentiellement autour des choix à venir d’Emmanuel Macron. Que fera-t-il le 7 juillet au soir ou le 8 juillet au matin ? 
 
Mais de là à crier au loup avec la meute (de brebis et de louves ?), je n’en vois pas l’intérêt. Onze millions de français votent actuellement pour un candidat du Rassemblement National ; je pense que c’est là le principal enseignement de ces élections législatives. C’est un chiffre énorme. Que feront ces français si on leur vole leur élections, si Macron leur vole leur victoire ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne rejoins pas aujourd’hui l’idée que ce parti politique soit systématiquement un parti de racistes, de xénophobes et d’antisémites. Je ne rejoins pas l’idée que le Rassemblement national, c’est Pétain et Hitler. Qu’on a déjà essayé l’extrême-droite en 1942. C’est une vision simpliste et dénaturée de la réalité et des aspirations du peuple français. 
 

Ces onze millions d’électeurs se trompent peut-être. Ce qui les attendra avec l’extrême-droite sera peut-être catastrophique, la démocratie française disparaîtra peut-être encore plus alors qu’elle n’est que moribonde aujourd’hui ? Nous aurons peut-être l’installation d’une dictature. Ou pas. Le Rassemblement national respectera peut-être nos institutions, les formes démocratiques presqu’autant que Macron, Hollande ou Sarkozy l’ont fait avant eux ! 
 
À vrai dire, la politique et le programme électoral du nouveau front populaire et celui de LFI me font bien plus peur que celui du Rassemblement national. Je n’ai pas de problème avec l’ordre ou avec la remise en cause de la laïcité pour rappeler les racines chrétiennes de la France, fille ainée de l’Eglise catholique. Je n’ai pas de problème avec l’idée de reprendre le contrôle de notre politique migratoire, ou bien le fait de ramener les règles de fonctionnement de la créature technocratique européenne dans certaines limites ; celle-ci n’a pas à légiférer ou réglementer l’ensemble de notre législation. Par contre, au-delà de l’intérêt de pouvoir bénéficier de la retraite à 60 ans, dont le coût financier sera forcément catastrophique pour nous, pour nos enfants et nos descendants, je ne cherche pas à faire de la France ce qu’ils nous promettent ; une France aux frontières ouvertes à l’immigration à outrance, une France où la police sera désarmée et où on ne pourra plus vivre en paix. Autant que l’on puisse encore y vivre en paix. Une France communautaire dont on peut tout aussi bien craindre l’absence de capacité à accepter le libre jeu de l’alternance démocratique.

 
Ce qui est selon moi tout aussi marquant, c’est la partition de la France en deux groupes irréductibles ; une région parisienne qui votent massivement pour LFI et ses pires sbires du Nouveau Front Populaire (Obono, Caron, Rousseau …) et en face, une France des campagnes, du nord, qui vote massivement pour le Rassemblement National. 

Ainsi cette image de la région parisienne, des circonscriptions de Paris, de la Seine-Saint-Denis, et du Val d’Oise, majoritairement rose ou rouge, où on trouve la majorité des élues de LFI et de EELV déjà élues députées à l’issue du premier tour des élections législatives 2024 (j’utilise le féminin puisque ce sont essentiellement des femmes - ou bien faudrait-il dire des louves alpha ?).

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Parmi ces députés déjà élus ou réélus, on trouve 

-          Carlos Bilongo dans le Val d’Oise (8è circonscription) - LFI

-          Eric Coquerel en Seine Saint-Denis (1ère circonscription) – LFI

-          Bastien Lachaud en Seine Saint-Denis (6è circonscription) – LFI

-          Aurélie Trouvé en Seine Saint-Denis (9è circonscription) – LFI

-          Nadège Abomongoli en Seine Saint-Denis (10è circonscription) – LFI

-          Clémentine Autain en Seine Saint-Denis (11è circonscription) – LFI

-          Sophia Chikirou à Paris (6è circonscription) – LFI

-          Rodrigo Arenas à Paris (10è circonscription) – LFI

-          Sarah Legrain à Paris (16è circonscription) – LFI

-          Daniel Obono à Paris (17è circonscription) – LFI

-          Aymeric Caron à Paris (18è circonscription) – LFI

-          Pourria Amirshahi à Paris (5è circonscription) – EELV

-          Eva Sas à Paris (8è circonscription) – EELV

-          Sandrine Rousseau à Paris (9è circonscription) – EELV

-          Fatiha Keloua Hachi en Seine Saint-Denis (8è circonscription) – PS

-          Emmanuel Grégoire à Paris (7è circonscription) – PS

-          Stéphane Peu en Seine Saint-Denis (2è circonscription) – PCF

 

Il est normal que Mélenchon croit avoir un destin national au milieu de cette litanie de noms dans ces circonscriptions de l’Est parisien, où le Rassemblement National ne récupère que quelques poignées de voix. 
 
Il est aussi normal que face à la déferlante des voix des électeurs du Rassemblement National, tout le monde en appelle au cordon sanitaire contre l’extrême droite. Macron se rappelle brutalement que s’il a été élu en 2017, c’était grâce aux voix de la Gauche ! Il n’est jamais trop tard pour se réveiller et se le rappeler. Mais au-delà des voix de la Gauche, il aurait été préférable qu’il mette en œuvre un programme de gauche, qu’il ne détruise pas les instances représentatives du personnel et les syndicats, qu’il ne repousse pas l’âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, qu’il ne pratique pas une politique ultra-libérale pendant les sept dernières années, et les deux années précédentes où il était le ministre des finances de Hollande, dans un gouvernement socialiste. Et enfin, qu’il ne jette pas l’armée contre les gilets jaunes qui osaient représenter la France des exclus de la mondialisation, la France des carrefours, qu’il ne jette pas l’armée contre les manifestants contre la réforme des retraites, et qu’il ne nous enferme pas pendant le confinement puis qu’il nous impose la vaccination sous peine de mort sociale. C’est beaucoup trop tard pour se rappeler qu’il était sensé être un homme de gauche il y a très longtemps. 

 
Il ne manquerait plus que Macron actionne l’article 16 de la Constitution et qu’il s’institue dictateur, s’asseyant sur le vote du peuple français, sous prétexte que le vote du peuple souverain ne lui plairait pas. C’est la France qu’il détruirait. 
 
Les heures qui nous attendent vont être sombres, car je ne crois pas en la capacité des fous d’accepter le verdict des urnes dès lors que le résultat ne leur agréait pas. Le peuple a le droit de s’exprimer tant qu’il vote convenablement. C’est la limite de ce que tous ces fous appellent la démocratie. Après, le futur nous dira qui avaient raison, des fous, macronistes ou LFI ou des aspirants fachos.

 

 

Saucratès



01/07/2024
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