La France et l’Afrique
Je vais parler de la France et de l’Afrique. La France est peu à peu rejetée hors de son pré-carré africain et l’indignité des ce retrait est totalement à mettre au crédit (ou plutôt au débit) de la méthode du président Emmanuel Macron. On avait déjà eu des présidents nullissimes comme François Hollande ou Nicolas Sarkozy, notamment avec son discours de Dakar sur «l’homme africain qui n’était pas rentré dans l’histoire». Catastrophique erreur sur l’homme africain et sur l’Afrique qui a abrité d’immenses civilisations tout au long des âges historiques et préhistoriques. Mais avec Emmanuel Macron, on va beaucoup plus loin. Cette impression d’avoir en face de soi un petit caïd de son quartier, qui veut jouer aux gros bras, mais qui se fait ridiculiser du fait de ses prises de positions affligeantes.
Cette semaine, on a donc appris que les troupes françaises devraient également quitter le Tchad et le Sénégal, deux pays extrêmement importants dans lesquels la France maintenait des forces militaires alors qu’elle y disposait de bases militaires depuis les indépendances. Juste après ou autour d’un déplacement du ministre français des Affaires étrangères dans ces mêmes pays.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/11/29/le-tchad-rompt-ses-accords-de-defense-avec-la-france-un-camouflet-pour-paris_6419906_3212.html
Il y a quelques mois, La France avait déjà dû retirer précipitamment et honteusement ses forces armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, suite à des putschs militaires condamnés par Paris sous prétexte que ces putschs militaires avaient renversé des gouvernements démocratiquement élus. Prises de paroles moralisatrices et condamnations véhémentes de la part du locataire du Palais de l’Elysée, sous prétexte qu’un de ses amis et homologues était renversé par la rue, par l’armée, par des militaires et que celui-ci était assigné à residence par les putschistes. Résultat : une obligation de se retirer de ces pays, malgré des appels diplomatiques lamentables à organiser une opération militaire de libération de ses pays de la part de ses voisins avec l’aide de la France. Et un échec cuisant. Honteux.
Aujourd’hui, lorsque l’armée française aura dû libérer (ou abandonner) ses bases du Sénégal et du Tchad, il ne restera plus en Afrique que deux pays francophones dans lesquels la France abritera encore des bases militaires : la Côte d’Ivoire et le Gabon. Pour combien de temps ; nul ne le sait alors que la France est massivement critiquée et détestée en Afrique, même si les migrants africains cherchent toujours à s’y réfugier pour fuir la misère ou pour rejoindre un pays plus attractif comme le Royaume Uni.
Que faut-il en penser ? J’ai vécu au Sénégal dans les années 1970 dans le cadre de ses opérations de coopération militaire. On y parlait déjà de sénégalisation des postes d’encadrement et c’est parfaitement normal dans le cadre des appels au patriotisme qui traversaient déjà ces pays comme ils traversent aujourd’hui les nôtres. Évidemment, nous n’avons pas un passé de colonisation avec les miltinationales americaines, allemandes ou chinoises qui prennent le contrôle de nos entreprises. Ainsi, le combat pour la sénégalisation des postes d’encadrement dans les entreprises privées ou publiques ne prend pas la même importance qu’elle peut avoir dans nos anciennes colonies françaises.
Le mouvement de rejet de la France de la plupart des pays africains, et son remplacement par le camp américain ou par le camp russe, et par le groupe paramilitaire Wagner, ne tient pas uniquement au rejet des discours et de l’attitude d’Emmanuel Macron. Ce rejet est plus profond. Il ne touche pas qu’aux soldats français, mais également au franc CFA et à la diplomatie française. Il n’existe plus un pré-carré africain. Il n’existe pas d’hommes qui seraient d’ailleurs capables de l’incarner comme pouvait l’incarner de Gaulle, Mitterand ou Chirac. Nous n’avons plus de grands présidents. Juste des nains colériques et suffisants. Ou des flans comme flamby.
Au delà de ces sujets, est-il compréhensible et normal que la France dispose de bases militaires et de soldats basés dans ces différents pays africains ? En terme de patriotisme africain, cette présence n’a aucun sens. C’est à juste titre que les citoyens de ces pays africains, que ce soit les maliens, les sénégalais, les tchadiens, les burkinabais ou les nigériens considèrent cette présence militaire comme un relent de colonialisme. La France n’a aucun droit à disposer de soldats dans ces pays-là, pas plus que ces pays-là n’ont le droit de disposer de bases militaires en France.
En effet, nul État n’a de base militaire étrangère sur son sol sauf à être anciennement colonisé ou vaincu. Ainsi la France comme les Etats-Unis disposaient de bases militaires en Allemagne (Baden-Baden) tout comme les Etats-Unis disposent de bases militaires au Japon. Et les exactions de ces soldats étrangers ne relèvent pas le plus souvent de la justice du pays occupé. Et c’est donc également de la France dans ces ex-colonies malgré l’indépendance survenue entre temps.
Au fond, ce temps a suffisamment duré. Il est temps que la France accepte l’indépendance de ces anciennes colonies. Et qui dit indépendance dit libre choix de ses alliances. La présence de bases dispersées de part le monde facilite évidemment le déploiement de forces armées à peu près partout dans le monde. À moins de disposer de bases flottantes ou de suffisamment de portes-avions et de flottes pour pouvoir intervenir dans le monde entier, presque instantanément. Ce qui n’est pas le cas de la France et de ses petits moyens militaires et financiers.
De la même manière, il est temps d’abandonner cette histoire du franc CFA, ces deux zones CFA qui coûtent malgré tout très cher à la France et qui sont considérées comme des survivances de la colonisation. Il est un temps où il faut arrêter de protéger les personnes ou les pays d’eux-mêmes. Il est un temps où ils devront apprendre à voler de leurs propres ailes.
Et les africains considérant cette protection comme une honte et une survivance d’un ordre résolu dont ils ne veulent plus, il faut arrêter ! Abandonner l’Afrique à elle-même, fermer nos frontières, arrêter l’aide au développement, arrêter de financer et de chercher à sauver l’Afrique de ses démons, et respecter le choix des gouvernants et des peuples africains. Oublier la francophonie si c’est leur objectif de s’éloigner de la France. Peut-être qu’un jour, la France cessera d’être à leurs yeux ce colonisateur profiteur, et en viendront-ils enfin à regretter ce temps où nous les aidions à se protéger des difficultés du terrorisme, du commerce et de la finance internationale ! Il faut bien rêver.
Saucratès
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