Sur les médias et le complotisme
Sur les médias et le complotisme
Par Saucratès
Saint-Denis de La Réunion, jeudi 14 octobre 2021
Où je vous parlerais de l’attribution du prix Nobel (de la paix) à deux journalistes et de la liaison faite par les médias occidentaux avec la difficulté d’informer. Où je vous parlerais du débat actuel autour non pas de la liberté de la presse, mais autour de la propagation des rumeurs et/ou du complotisme. Et où je vous parlerais enfin de la position du Monde, comme de tant de journaux bien-pensants, sur la remise en cause de la Constitution et des idées de la droite et de l’extrême-droite souverainiste.
Je vous parlerais donc en premier lieu de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Maria Ressa et Dmitry Muratov. Mme Maria Ressa est la fondatrice du site d’information philippin indépendant Rappler, tandis que M. Dmitri Mouratov est le rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, dont plusieurs membres de la rédaction ont été tués, dont Anna Politkovskaia.
Selon l’éditorial du Monde, «C’est un appel à l’éveil, un signe bienvenu, contribuant à la prise de conscience des nombreuses menaces qui pèsent sur la liberté d’informer et sur celles et ceux qui incarnent ce combat. Dans de nombreuses régions, ce droit régresse».
Alors certes, l’activité de reporters est un métier à risque dans de nombreux pays au monde, et ce Prix Nobel de la Paix est une belle récompense et un beau symbole. Mais je différencie l’activité journalistique dans ces pays à risque, et en Occident où les journalistes s’érigent en censeurs, en supplétifs du pouvoir !
Prendre des photos et des vidéos des exactions des gilets jaunes ou des contestataires du pass sanitaire, est-ce cela une activité à risques ? Abonder dans le sens du pouvoir en ressassant des éléments de langage sur les plateaux de télévision pour préparer les téléspectateurs aux mesures sanitaires, est-ce un métier à risque ? Mener des croisades religieuses contre un président élu, contre des gouvernants élus parce que leurs positions sont diamétralement opposées aux valeurs libérales affichées par ces médias, est-ce cela un métier à risque ?
Non. Mais cela fait naître un sentiment de haine vis-à-vis des médias et des journalistes, même en Occident. Les gilets jaunes n’ont aucune confiance dans les journalistes qui les fliquent et leur tendent des pièges, et je les comprends. Les républicains aux Etats-Unis n’ont également aucune confiance dans les médias à plus de 90% démocrates et on les comprend.
L’activité de journaliste peut devenir risquée même en Occident mais ce sera la responsabilité des médias occidentaux qui auront cessé d’informer objectivement pour prendre parti pour la classe sociale des prédateurs de l’ultra libéralisme. On n’a pas le droit d’essayer de manipuler les opinions publiques en les aveuglant pour l’intérêt d’une minorité, sans prendre le risque que l’opinion publique se réveille et ne s’en rende compte.
Ce Prix Nobel est en fait une autre manipulation des consciences : essayer de nous faire croire que le journalisme est une belle et une saine chose, et non l’hydre qui nous aveugle et nous manipule pour ses propres croisades et pour l’intérêt d’une minorité de privilégiés !
Le gouvernement Macron n’est pas en reste dans cette manipulation médiatique avec la création de son observatoire du complotisme.
On aime ou on n’aime pas les personnalités (pour ma part, je ne supporte pas les thèses de Rudy Reichstadt, directeur de l'observatoire du complotisme Conspiracy watch, également membre éminent de cette commission) qui sont dans cette «commission Bronner» chargée de «mesurer les dangers du numérique sur la cohésion nationale et nos institutions afin de mieux y faire face», mais on ne peut que s’inquiéter de voir un pouvoir gouvernemental, cherchant à se maintenir à la tête de l’Etat par tous les moyens, user de ce type de moyens pour combattre ses adversaires politiques : le peuple.
Gérald Bronner ne disait pas autre chose en 2015 : «Par théorie du complot, il faut entendre simplement une interprétation des faits qui conteste la version officielle.» (numéro 449 de la revue Pour la science)
Et c’est exactement ce qu’est le complotisme autour de la pandémie de Covid 19 et autour des vaccins : «une interprétation des faits qui conteste la version officielle». Rien d’autre que cela. Et c’est cela qui fait si peur aux puissants et à ce gouvernement.
D’un côté les élites et les sachants, ceux qui sont autorisés à parler, ceux qui disent ce qui est bien de dire, ce qui est autorisé de dire, ceux qui obéissent aveuglément aux ordres qu’on leur a donné, que les autorités, quelques qu’elles soient, leur ont donné, et de l’autre coté, le peuple, ceux qui n’ont pas la légitimité administrative de parler, de s’exprimer, de donner leur opinion dès lors qu’elle contredit le discours officiel. Théorie du complot, complotisme, conspirationnisme.
«Le problème clef pour moi, c'est l'écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales, celle de quelqu'un qui n'est pas spécialiste mais a un avis sur le virus vaut la voix d'un scientifique, alertait le président. C'est ce poison qui nous menace.» Emmanuel Macron, décembre 2020, L’Express
Il y a un autre regard possible sur cette question du complotisme et du conspirationnisme, comme l’indique le journal Marianne.
https://www.marianne.net/agora/commission-bronner-et-si-on-surestimait-limportance-du-complotisme
«Quand certains experts sont enrôlés dans la commission anti-complotisme lancée mercredi 29 septembre par Emmanuel Macron, d’autres chercheurs questionnent la place prise par l’obsession pour ce phénomène qui, selon eux, en dirait plus sur les fantasmes des gouvernants que sur l’ampleur réelle du conspirationnisme.»
Je conclurais sur un dernier sujet, autour des prises de positions du Monde cherchant à rapprocher Droite et Extrême Droite autour des atteintes à la Constitution et aux règles d’un Etat de droit.
Le Monde a donc pris parti dans l’arène politique, comme par le passé, mais c’est son changement d’adversaires qui m’a initialement déboussolé. J’ai toujours pensé que Le Monde était un journal de gauche, par opposition au Figaro qui était le journal de la Droite. Et l'irruption d’Emmanuel Macron, ex-ministre de gauche menant une politique de droite, comme les socialistes qui l’avait précédé, m’a déboussolé. Mais il n’en est rien. Le Monde, comme les autres journaux progressistes ou bien-pensants, est un journal libéral, de tout temps. Son ennemi, d’hier et aujourd’hui, reste non pas la droite, mais la droite souverainiste. Et son combat aujourd’hui est de faire reconnaitre, dépeindre, Macron comme le représentant de la Droite libérale, et de ringardiser Les Républicains en les présentant comme un parti fini de droite souverainiste. Que les alliés du jour soient les socialistes lorsqu’ils sont au pouvoir, ou Macron et la clique d’opportunistes de droite ou de gauche qui l’ont suivi depuis 2017, tout ceci n’est pas important. L’important est de défendre une idée, stupide et dangereuse : vendre la France, dissoudre la France et son histoire dans un melting pot libéral, LGBTQ+, où les sexes, l’origine, la couleur de peau n’existera pas, sans s’apercevoir que le monstre est déjà tapi dans l’ombre, non pas les chemises brunes des souverainistes, mais les djellabas blanches des terroristes islamistes.
J’aime Le Monde parce qu’à une époque, je me reconnaissais dans la manière dont ce journal dépeignait la situation sociale des pauvres, des employés, des fonctionnaires et leurs luttes. Mais c’était il y a longtemps, quand la réflexion sociale au Monde n’avait pas été remplacée par les délires féministes, LGBTQ+, la défense du mariage gay, de la procréation assistée pour tous, la haine des gilets jaunes, la détestation des anti-pass-sanitaires, le mépris du peuple et de la France des campagnes, et l’admiration éperdue vis-à-vis de leur leader et Maitre à penser Emmanuel Macron !
Conclusion de tout ceci, à laquelle vous avez certainement dû arrivé tout.e seul.e : je suis un putain de complotiste !
Saucratès
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