Critiques de notre temps

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Projet pour une alternance de gauche


Reste-t-il un espoir pour la gauche

Reste-t-il un espoir pour la gauche

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Reunion, samedi 3 juin 2023


Existe-t-il encore un espoir pour la gauche, pour le Parti socialiste, de redevenir un Parti de gouvernement ? 

Je lisais dans le magazine ‘Valeurs actuelles’ une analyse d‘un ancien premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, analysant les causes de la marginalisation de son parti. 

 

«Je crois que nous en sommes là pour deux raisons. Nous avons d’abord abandonné la question sociale au profit de la question économique. Refusant de faire de la question du précariat de masse notre sujet. Au sein de la contradiction entre le capital et le travail, nous avons choisi le capital, abandonnant ainsi les classes populaires.

 

Deuxième élément : l’impensé du régalien. Nous avons abandonné les principes républicains au profit d’une pensée démocrate. Il y avait une question nationale, pas juste identitaire, et nous n’y avons pas répondu non plus. Empêtrés dans la gestion quotidienne, nous nous sommes décomposés.»

 

Jean-Christophe Cambadélis, dans «Valeurs actuelles» no 4506

 

Et je ne m’y retrouve pas totalement même si je rejoins pourtant la même première idée de primauté des questions sociales sur les questions économiques. Mais ce programme porte en germes toutes les tendances récentes des socialistes, si tentés de restreindre les droits des uns pour égaliser les droits de tous, comme dans la réforme des rythmes scolaires et la réforme des collèges et la suppression des enseignements du latin, du grec ancien ou des classes bilangues en sixième. Nous avons ainsi ici le même risque. Afin de réduire la précarisation des uns, la tentation des socialistes pourra être de faire disparaître les contrats à durée indéterminée pour que tout le monde connaisse la précarisation.

 

J’ai la même inquiétude concernant son idée du régalien. Si on suit son raisonnement, la Gauche se doit de répondre à la question nationale mais pas à la question identitaire. Mais le socialisme lui-même est traversé par cet entrisme des militants identitaires. Ce n’est pas que les socialistes ne veulent pas y répondre ; c’est plutôt qu’ils en sont les principaux acteurs. Quant au fait qu’ils aient pu être empêtrés dans la gestion quotidienne, il vaudrait mieux dire qu’ils se sont fourvoyés à appliquer une politique économique libérale, de droite et qu’ils y ont perdus leur âme et leur électorat.

 

Je ne pense pas ainsi que ce soit la bonne explication pour la marginalisation de ce parti, parti qui en 2012, avait encore regroupé les votes de plus de 50% des électeurs français face au président sortant Nicolas Sarkozy. Qu’est-ce qui a pu se passer ? Comment peut-on passer de près de 30% des suffrages au premier tour en 2012 à tout juste 1% en 2022 ? 

 

Je pense que la France a totalement changé entre les années 1980 qui voit l’émergence et la première victoire à la Présidentielle du Parti socialiste, sous François Mitterrand, et les années 2020 actuelles. Le monde du travail a été totalement métamorphosé avec la disparition de la majeure partie des ouvriers et des employés et le développement des cadres. Il y a aussi l’influence de quarante d’années d’immigration que l’on ne peut écarter, puisque désormais, l’INSEE estime que 30% des français ont des origines immigrées, avec un impact sur les préférences affinitaires puisque l’INSEE estime aussi que ce n’est qu’à partir de la troisième génération que les immigrés ne se marient pas seulement préférentiellement entre eux, qu’on peut observer des mariages mixtes. 

Pourtant, au début des années 1980, le Front National de Jean-Marie Le Pen se focalisait déjà sur la lutte contre l’immigration et défendait le slogan : «le travail aux français» et la préférence nationale. Mais est-ce vraiment un gros mot lorsque l’on sait que c’est un slogan repris dans l’ensemble des DOM français par les antillais ou les réunionnais eux-mêmes sous le thème de la «préférence régionale»? Pour écarter dans ce cas non pas les étrangers et les extra-européens, mais tout simplement les blancs et les métropolitains. Ceux qu’en d’autres temps, le Sénégal avait déjà foutu dehors au nom de la sénégalisation des emplois. 

La France des annees 1980 et des décennies suivantes était encore une France catholique, une France des clochers. Les électeurs du Parti socialiste n’étaient pas les ouvriers, votant majoritairement pour les communistes. C’était un peuple d’employés, de fonctionnaires, des familles hétérosexuelles normales, des pères et des mères avec de jeunes enfants, allant peut-être encore régulièrement à l’église. Des grands bourgeois peut-être pensant avoir une conscience. 
 
Ce sont tous ces gens que le Parti socialiste a trahi en 2012 et au cours des cinq années suivantes, avec la loi du mariage pour tous, avec cet intérêt pour les seuls LGBTQIA+, pour les droits des familles LGBTQIA+, pour les droits des minorités. Le problème malgré tout, c’est que le Parti socialiste s’est jeté sur cette seule clientèle, a légiféré en faveur de cette seule clientèle, qui était cependant aussi courtisée par l’ensemble des autres partis d’extrême-gauche. Et pour faire cela, le Parti socialiste s’est coupé définitivement de sa base historique, les familles hétérosexuelles d’employés et de fonctionnaires qui ne se reconnaissent plus dans un parti inféodé aux intérêts de minorités. Il s’est coupé des travailleurs avec ces projets de lois travail, avec son idée de réforme des instances représentatives du personnel, reprise finalement par Emmanuel Macron dès après son élection de 2017.

 

Voilà ceux que le Parti socialiste a trahi, ce qui explique son score famélique de 2017 et pire encore de 2022. Ce qui reste de son électorat lorsque les minorités préfèrent voter par les autres partis d’extrême-gauche plutôt que pour un ancien parti de gouvernement qui leur a donné des droits mais dans lequel ils ne se sont jamais reconnus. 

Diagnostic désespéré ? Pas vraiment. Son électorat populaire est toujours là mais celui s’est détourné, s’estimant mieux représenté, soit par un parti comme LREM qui défend surtout les patrons, les riches mais qui déclare vouloir défendre les classes moyennes (tout le monde croit appartenir à la classe moyenne, classe qui n’existe pas), soit par un parti comme le Rassemblement national de Marine Le Pen.

 

Le Parti socialiste devra, s’il veut survivre et ne pas finir comme un parti moribond, comme les radicaux de gauche qui faisaient la pluie et le beau temps sous la Quatrième République, comme l’UDF puis le MoDem qui furent éphémèrement si puissants dans les années 1970, il devra se réinventer, réinventer un projet pour la France et les français, se rechercher un électorat, qui ne pourra pas être seulement constituer d’une union des minorités, même si celle-ci deviennent peu à peu majoritaire dans la population française, grâce à la publicité faite aux évolutions sexuelles, aux changements de genre, à l’idée qu’il est problématique de ne pas s’interroger sur son orientation et sa construction sexuelle.

 

La France des clochers, des familles parentales normales avec un père et une mère, des travailleurs voulant un meilleur partage des richesses, cette France-là existe toujours, mais il faut accepter de recommencer à se battre pour elle, recommencer à remettre en cause les principes édictés par une flopée d’ultra-libéraux grimés en agneaux qui se sont infiltrés dans tous les partis politiques, tous les cercles de réflexion, afin de véhiculer leurs idéaux ultra-libéraux, selon lesquels il n’y a pas d’espoir en dehors du contrôle des dépenses publiques, en dehors de l’inéluctabilité de la libéralisation du marché du travail, de la régression des droits sociaux, du recul de l’âge de départ en retraite, entre autres.

 

En quelque sorte, il faut que ce Parti socialiste renaisse, celui de la Gauche plurielle, celui des trente-cinq heures, qu’il cesse d’etre un parti des divisions, des minorités visibles, qu’il défende à nouveau les travailleurs et uniquement eux, qu’il défende par exemple la semaine de quatre jours, idée qui se répand au niveau européen, en l’imposant par la loi, réglementairement, comme il avait mis en œuvre les trente-cinq heures ou le mariage pour tous, qu’il casse les réformes du droit du travail de ces prédécesseurs, que ce soit Sarkozy, El Konnery, ou Macron, comme le Parti socialiste de Miterrand avait cassé et dénaturé en 1988 les réformes de Chirac.

 

C’était une habitude. La gauche mettait en œuvre des réformes pour les travailleurs et les syndicats. La droite mettait en œuvre des réformes pour le patronat. 2012 fut une première : un Parti socialiste qui mettait en œuvre une réforme pour le patronat. De là date mon mepris pour les faux socialistes qui étaient au pouvoir à ce moment-là. Et la fuite d’une grande partie des députés de ce parti pour prendre l’étiquette LREM est juste venu conforter mon mépris (la plus grande partie des socialistes dionysiens y avait succombé, ce qui n’a pas empêché ces mêmes élus de se faire élire avec l’étiquette Nupes ou PS cinq années plus tard lorsque l’étiquette LREM puait).

 

A défaut d’une telle renaissance, une grande partie de cette France-là votera (et vote déjà) pour le Rassemblement national de Marine Le Pen.

 

 

Saucratès


03/06/2023
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Quel programme fiscal pour la gauche pour 2012

 

Réflexion sept (3 juillet 2013)
Vers une réforme globale de la fiscalité française ... Danger ou opportunité ?

 

Depuis de longs mois, je plaide pour une réforme d'ensemble de la fiscalité française, considérant que les réformes proposées depuis l'élection de François Hollande n'étaient que des replâtrages d'un système fiscal injuste et inique. Les débats qui commencent à poindre au sein des députés socialistes appelant à une réforme globale de notre système fiscal devraient donc me satisfaire !

 

Il se trouve néanmoins que les termes utilisés par ces députés et les diverses mesures déjà prises depuis un an par ce gouvernement m'amènent à douter du bien-fondé et de la justesse de ces projets de réforme.

 

J'ai noté deux réflexions parallèles sur ces sujets de la fiscalité. La première, la plus aboutie et la plus récente, émane de courants situés dans l'aile gauche du parti socialiste, à savoir les courants 'Maintenant la gauche' et 'Un monde d'avance', et les clubs parlementaires de la 'Gauche durable' et de la 'Gauche populaire'.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/01/plusieurs-sensibilites-du-ps-appellent-a-une-grande-reforme-fiscale_3440058_823448.html

 

Ce groupe de parlementaires socialistes souhaitent ainsi «mener une politique qui produise des effets réels en bas de la fiche de paye des couches moyennes et des classes populaires, sous peine de sanction dans les urnes», «rendre la CSG plus progressive pour redonner du pouvoir d'achat aux Français modestes», mettre en place «une fiscalité écologique populaire et efficace via une convergence essence-diesel et la suppression des niches fiscales défavorables à l'environnement», et réactiver «l'idée d'une fusion entre la CGS et l'impôt sur le revenu d'ici à 2017». «Nos propositions permettent à la fois de redistribuer du pouvoir d'achat aux Français et de dégager des sources de financements publics». Selon eux, «la justice sociale passe aussi par la justice fiscale». D'où cette proposition de «contribution commune aux travaux gouvernementaux à l'occasion du prochain projet de loi de finances. Avec un seul mot d'ordre : redistribution».

 

La deuxième réflexion que j'ai noté, émanait d'un groupe de jeunes gauchistes, membre d'un think tank nommé 'Cartes sur table', «composé de jeunes âgés de 25 à 35 ans ... sympathisants PS, Front de gauche ou Europe Ecologie-les Verts» qui revendiquent un rôle de 'poil à gratter' de la Gauche au pouvoir.

http://blogs.mediapart.fr/blog/robert-magnani/280313/hollande-songerait-taxer-les-proprietaires-apres-le-remboursement-de-leur-emprunt

 

Evidemment, ce projet est ancien. Il a été publié le 13 août 2012 et contenait une liste de «100 propositions pour les 100 prochains jours». Mais il m'a été signalé récemment par un ami sur un jeu en ligne. L'idée qui fait le plus réagir et qui fait encore parler d'eux est leur proposition n°83 qui vise à «inclure dans l’assiette de l’impôt sur le revenu les revenus fictifs que le propriétaire tire de sa résidence principale». «Acheter son logement principal rapporte un revenu fictif (le loyer qu’on n’a pas à payer). Et de même que les intérêts des placements, ces loyers fictifs devraient être imposés sur le revenu, après déductions des intérêts d’emprunt». Traduit par certains de mes amis, on va payer un loyer à l'état après avoir fini de rembourser le crédit à la banque.

 

Sur la base de ces deux réflexions, je reste dubitatif sur ce que l'on peut espérer d'un projet de réforme fiscal mené par les socialistes français qui sont actuellement à la tête de notre pays. J'ai l'impression que ce président et son gouvernement haïssent les riches et la classe moyenne/supérieure, et que ces socialistes ne pensent qu'à défendre les plus pauvres, les inactifs, les bénéficiaires de minimas sociaux et tous ceux qui divergent de la normalité. Manque de chance, le gouvernement précédent ne songeait pour sa part qu'à défendre les plus riches, les milliardaires, ceux qui pouvaient prêter un yatch, un avion ou une résidence luxueuse à notre ancien président.

 

Pour moi, notre système fiscal est injuste et disproportionné. Injuste parce qu'un grand nombre de contribuables échappent complètement au paiement de l'impôt, soit parce qu'ils sont très riches et bénéficient de montages fiscaux compliqués ou bien prennent la fuite dans quelques pays fiscalement accueillants (au premier rang desquels nos voisins européens), soit parce qu'ils se déclarent pauvres et profitent de notre système social et de ses 'à-côtés'. Disproportionné parce que ces impôts ne reposent plus que sur une fraction des contribuables, la classe moyenne, qui peut alors avoir à raison l'impression d'être tonsurée par le fisc et principalement touchée par cette réformette.

 

Mettre en place une fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu, chère au coeur de Thomas Piketty, grand économiste français, me semble hélas extrêmement dangereux. Dangereux parce que cette fusion aura vraisemblablement pour principal objectif de faire payer encore plus les classes moyennes de notre société. Dangereux parce qu'elle sera certainement l'occasion pour un gouvernement cupide, anti-religieux et anti-classe moyenne de mettre fin aux déductions fiscales pour charges de famille que le candidat Hollande avait envisagé pendant la campagne électorale. Dangereux parce que cette réforme focalisera de manière encore plus marquée la pression fiscale sur les salariés et avantagera encore plus les bénéficiaires de revenus du capital ou les entrepreneurs individuels. Dangereux enfin parce qu'il nous est impossible d'avoir confiance en l'Etat français et dans les inventions de l'administration fiscale française, qui sera tout à fait capable quelques années ou quelques mois plus tard, de créer une nouvelle taxe sur les revenus qui ressuscitera l'impôt sur les revenus, malgré le fait qu'ils seront également prélevés à la source sur nos fiches de paye !

 

Malgré tout, je reste persuadé qu'il doit être possible de préparer une réforme fiscale qui cesse de permettre à la majeure partie des contribuables français d'être non imposables, qui mettent fin aux multiples niches fiscales chères aux riches millionnaires et milliardaires, et qui cessent de ne toucher qu'une minorité de contribuables appartenant à la seule classe moyenne des salariés. Mais ce n'est pas le chemin que risque de prendre ce gouvernement actuel et le président de la République française ! Faire payer des impôts aux pauvres et aux riches à proportion de ce qu'ils utilisent comme biens publics et comme infrastructures de l'administration !

 

Quelle honte alors qu'il est si simple de taxer la seule classe moyenne pour lui faire financer les prestations sociales des assistés sociaux et les autoroutes et aéroports des plus riches !

 

 

Réflexion six (3 octobre 2012)
Une hausse prévisible de la fiscalité mais une réforme insuffisante ?

 

L'actualité récente fourmille de déclarations des uns, de réactions des autres et de diverses pistes de réflexions, sans que l'on sache exactement où l'on va. Ma première impression au vu des premières décisions (ou projets de décisions) de ce gouvernement socialiste est une impression de brouillard, de brouillon ; je ne sais pas ce que ce gouvernement veut faire. On se rappelle ainsi pendant la campagne présidentielle des remises en cause de l'avantage du quotient familial par le présidentiable Hollande, et du tollé médiatique que cela avait soulevé. Avant l'été, il avait été question de transférer des cotisations sociales patronales vers la contribution sociale généralisée des salariés, dans le but de diminuer les charges pesant sur les entreprises et de permettre de rétablir leur compétitivité par rapport à leurs consoeurs européennes. Cette mesure que je considère comme totalement injuste, frappant les salariés pour bénéficier aux entreprises, a également été contestée dans les médias. La nouvelle TVA sociale de Nicolas Sarkozy, qui était prévue de prendre effet à l'automne 2012, a de son côté été annulée. Je ne suis pas non plus sûr que cette annulation soit une bonne chose, même si elle aurait aussi frappé les ménages et épargné les entreprises, dans la mesure où une hausse de la TVA me semble l'une des pistes les plus indolores et les plus sûres pour rétablir les finances publiques, et que de toute façon, les entreprises augmentent mécaniquement les prix. La hausse de l'inflation qui en aurait résulté interviendra de toute façon.

 

Le collectif budgétaire 2012 et le projet de loi de finances pour 2013 cristallisent également un grand nombre de mécontentements, que cette fois-ci je ne rejoins pas. Ces contestations proviennent avant tout des entreprises et des hommes politiques UMP, qui font l'objet pour 2012 de la remise en cause de l'exonération des heures supplémentaires et de l'augmentation du forfait social notamment sur l'intéressement. En même temps, considérer que ces mesures vont concerner une grande majorité de français me semble une imposture intellectuelle ; peu nombreux sont les salariés percevant le paiement des heures supplémentaires payées et qui seront impactés par cette mesure. Par ailleurs, il faut se rappeler que les heures supplémentaires effectuées par les salariés sont autant de postes salariés non créés par les entreprises, ou des contrats d'intérim non utilisés.

http://travail-emploi.gouv.fr/textes-et-circulaires,1651/annee-2012,2102/lois,2182/loi-de-finances-rectificative-pour,15200.html

 

Pour le projet de loi de finances pour 2013, il me semble aussi exagérer de prétendre que les réformes fiscales engagées vont frapper une très grande majorité des français. Les diverses mesures vont certes impacter légèrement à la marge les impôts et les taxes versées par un certain nombre d'entre nous, mais aucune de ces modifications ne sera révolutionnaire, dès lors que le niveau de nos revenus ne nous soumet pas à la nouvelle tranche d'imposition. Inversement, je ne pense pas non plus (ou plutôt je n'espère pas non plus) que cette réforme permettra une baisse des impôts de 8,5 millions de foyers (dont une grande partie est déjà exonérée du paiement de l'impôt sur le revenu).

http://www.agefi.fr/articles/article.aspx?id=1239453

 

Il me semble ainsi exagéré de prétendre que les entreprises et les entrepreneurs sont les victimes de ces expédients fiscaux. Car si je conçois parfaitement bien que l'ensemble des contribuables français doivent participer, à hauteur de leur richesse, au rétablissement des comptes fiscaux de la France, je regrette qu'il ne soit ici question que de quelques replatrages et utilisation d'expédients, sans réforme d'envergure d'un système fiscal et social devenu injuste et disproportionné.

 

Injuste parce qu'un grand nombre de contribuables échappent complètement au paiement de l'impôt, soit parce qu'ils sont très riches et bénéficient de montages fiscaux compliqués ou bien prennent la fuite dans quelques pays fiscalement accueillants (au premier rang desquels nos voisins européens), soit parce qu'ils se déclarent pauvres et profitent de notre système social et de ses 'à-côtés'. Disproportionné parce que ces impôts ne reposent plus que sur une fraction des contribuables, la classe moyenne, qui peut alors avoir à raison l'impression d'être tonsurés par le fisc et principalement touchés par cette réformette.

 

Un groupe d'internautes, au sein desquels on trouve quelques partisans UMP, se sont auto-intitulés les pigeons (@defensepigeons). Il me semble que ce mouvement de contestation est particulièrement intéressant à analyser en raison de son mode de fonctionnement nébuleux, mais qu'il est aussi particulièrement dangereux en raison des impostures, amalgames et semi-vérités qu'il véhicule sur la situation des entrepreneurs.

http://www.facebook.com/lespigeonsentrepreneurs 

http://www.latribune.fr/opinions/editos/20121001trib000722281/de-quoi-ces-pigeons-sont-ils-le-nom-.html

 

Enfin, il ne faut pas oublier le financement de la sécurité sociale, dont on s'aperçoit qu'elle est fortement inique, qu'elle traite différemment et discriminatoirement les populations cotisantes au bénéfice des populations consommantes. Comment peut-on être moins bien remboursé par la sécurité sociale lorsque l'on cotise pour la financer par rapport à ceux qui ne la finance pas et disposent des dispositifs CMU ?

http://www.directgestion.com/index.php?option=com_content&view=article&id=17569&Itemid=2

 

Et puis surtout, comment comprendre que de nombreux médicaments coûtent beaucoup plus chers en France que chez nos voisins européens, permettant aux grands groupes pharmaceutiques de dégager des profits mirobolants sur le déficit de notre sécurité sociale. Comment comprendre également qu'aucun gouvernement ne se soit attaqué à la principale source de dépenses sociales : les prestations versées aux médecins. Et enfin, ne peut-on pas cesser de surajouter en permanence de nouveaux systèmes d'aide sociale sur les précédents (RMI puis CMU puis CMU complémentaire) à l'origine de la dérive des comptes sociaux français, que l'on équilibre ensuite en réduisant les prestations versées aux rares cotisants d'un système à bout de souffle.

 

 

Réflexion cinq (11 juillet 2012)
La piste du transfert de cotisations sociales vers la contribution sociale généralisée - Ou les salariés considérés comme les dindons d'une farce qui les dépasse ...

 

Nicolas Sarkozy avait mis en place une mesure assez contestée de transfert de cotisations sociales vers une hausse de la TVA appelé TVA sociale. Mais par absence de courage politique, il avait repoussé sa mise en application à l'après-élection présidentielle, au deuxième semestre 2012. François Hollande s'était opposée à cette mesure qui aurait frappé uniformément la consommation de tous les ménages, à hauteur de leur consommation, et il ne semble pas étonnant qu'il en annule la mise en application programmée. Cette mesure avait pourtant un intérêt ; celle de faire supporter aux importations le financement d'une partie de la couverture sociale des français, tout en étant relativement neutre  pour les entreprises, sans prendre en compte l'aspect de transfert de cotisations sociales. Une hausse de TVA n'impacte pas les entreprises ; elle est supportée essentiellement par les ménages consommateurs, et touche tous les biens, qu'ils sont produits localement ou importés.

 

En ce sens, cette mesure dite de TVA sociale était une bonne mesure fiscale pour les entreprises françaises, même si elle allait impacter l'inflation en réchérissant les prix (mais en une période de faible activité, l'inflation ne progresserait pas fortement par ailleurs).

 

Apparemment, le nouveau gouvernement socialiste aurait une toute autre piste de réflexion, constituant en un transfert des cotisations sociales, patronales, vers la contribution sociale généralisée (CSG), qui elle est uniquement payée par les salariés.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/10/jean-marc-ayrault-n-exclut-pas-une-hausse-de-la-csg_1731876_823448.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/09/cout-du-travail-csg-contre-tva-sociale-quelles-differences_1730899_823448.html

 

Je trouve cette idée complètement aberrante. Grosso modo, la proposition de ce gouvernement, qui semble appuyée par quelques syndicats, vise à transférer des cotisations sociales patronales vers des cotisations sociales salariales, avec pour conséquence une forte baisse du salaire net restant aux salariés. Un instant, j'ai cru que cette mesure serait sans effet sur le coût du travail travail brut pour l'entreprise, mais c'était une erreur. Ce transfert des cotisations patronales vers la CSG constitue bien un transfert de cette charge des entreprises vers leurs salariés, avec au passage un gain pour les entreprises. Cette mesure n'est pas seulement une aberration ; c'est un vol et une tromperie.

 

Tant que ce président socialiste et son gouvernement y sont, qu'ils ne se gênent pas et qu'ils autorisent directement les entreprises à diminuer les salaires de leurs salariés pour améliorer la situation des entreprises françaises en matière de coût du travail. Tant qu'ils y sont, ne faudrait-il pas prévoir que les salariés paient leurs employeurs pour avoir le droit de travailler !

 

Evidemment, la CSG a pour avantage de toucher l'ensemble des revenus des ménages ou des entreprises, et notamment les revenus issus du patrimoine, et dispose donc d'une assiette plus large que celles des cotisations sociales. Ainsi, le transfert d'un point de cotisations sociales équivaudra à moins d'un point de CSG. Mais l'effet en est faible ; les revenus du capital ne représentent que 12% du total du produit de la CSG.

 

Si cette mesure était appliquée, l'effet (négatif) en serait immédiat sur nos fiches de paye et donc sur le pouvoir d'achat des ménages ; la baisse de nos salaires (la nouvelle CSG qui nous serait prélevée) compenserait les cotisations sociales patronales que les employeurs ne verseraient plus.

 

Je ne vois pas l'utilité de ce genre de mesures. Il se trouve par ailleurs que je n'aime pas du tout la CSG puisque c'est en plus un impôt qui pour partie se trouve être imposable, comme la contribution au remboursement de la dette sociale (RDS), c'est-à-dire que l'on paye des impôts sur le revenu sur un salaire que l'on n'a pas reçu ... Et on peut être certain qu'une partie de cette nouvelle CSG sera elle-aussi imposable ! Je n'espérais pas grand chose de ce président ni de son gouvernement : je crois que cela risque d'être encore pire que ce que j'imaginais !

http://fressoz.blog.lemonde.fr/2012/07/10/la-csg-limpot-cache-de-francois-hollande/

 

Il semble avoir décidé de tenter de se faire aimer par les entreprises et les capitalistes français ! Et dire que les riches avait peur de lui !

 

Pour mémoire, il existe six (sept) taux de CSG :

- un taux super majoré de 9,5% sur les revenus du jeu

- un taux majoré de 8,2% sur les revenus de placement

- un taux normal de 7,5% sur les revenus d'activité

- un taux allégé de 6,6% sur les pensions de retraite ou d'invalidité

- un taux allégé de 6,2% sur les allocations chômage, indemnités malaide ou accidents du travail

- un taux super-réduit de 3,8% sur les petites pensions de retraite

- une exonération totale pour les plus faibles revenus de remplacement et aides sociales

 

 

Réflexion quatre (19 mars 2012)
Les propositions fiscales de la droite et de la gauche

 

La campagne présidentielle 2012 voit une opposition violente entre les deux ténors des deux principaux partis politiques susceptibles de se rencontrer au second tour de la présidentielle. Je n'avais encore jamais vu un tel ton belliqueux en une telle occasion. En 2007, Nicolas Sarkozy n'était pas acculé par des sondages désastreux, et il avait en face de lui une femme, et il ne devait pas vouloir passer pour un gougeat en l'agressant verbalement. Il devait juste vouloir la ridiculiser en tant que femme. Les précédents candidats à l'investiture suprême, François Miterrand, Lionel Jospin et Jacques Chirac étaient vraisemblablement beaucoup plus policés, beaucoup moins agressifs que notre président actuel, capable de lancer un «Casse-toi sale con» à un quidam qui refusait de lui serrer la main, mais également de porter plainte et de faire condamner un manifestant qui lui renvoyait cette même petite phrase dans un autre de ses déplacements.

 

Dans cette ambiance délétère, il n'est pas inintéressant de revenir à diverses propositions fiscales lancées par François Hollande et par Nicolas Sarkozy. Un grand nombre de gestes du Président de la République ont pu faire croire qu'il était le représentant des intérêts des très riches contribuables français. Certaines de ses amitiés, ses vacances sur le yacht d'un millionnaire français, des interrogations sur quelques séjours touristiques, l'adoption de mesures fiscales favorables aux plus riches ... Tout cela a accrédité l'idée que Nicolas Sarkozy était le président des riches. Pour cette élection présidentielle, il semble vouloir contester cette image qui lui colle à la peau. Sa présidence aurait été extrêmement dure avec les riches ; la France serait même un pays qui taxe énormément ... à son corps défendant ... les plus riches !

 

Pour cette raison, j'ai énormément de peine à le croire lorsqu'il parle de taxer les exilés fiscaux (mais évidemment pas les expatriés travaillant à l'étranger). Bizarrement, je crains que sa promesse de taxer les exilés fiscaux (une exit taxe à l'américaine) ne soit qu'une nouvelle promesse en  l'air qu'il se gardera bien de mettre en oeuvre. De manière incroyable, ces services auraient déjà écrit aux expatriés et exilés fiscaux pour leur faire savoir que cette mesure serait sans incidence sur eux.

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/17/effet-de-sifflet-exit-tax-une-campagne-de-sujets-pointus_1671368_1471069.html

 

A noter par ailleurs qu'une même proposition a déjà présentée par les socialistes pendant cette mandature et qu'elle avait été rejetée sans appel par son gouvernement (Baroin en tant que ministre du budget). Conversion tardive du candidat présidentiable Sarkozy ?

 

En face, j'appuie sans état d'âme les deux principales avancées fiscales proposées par François Hollande. D'un côté, la mise en place d'une exit taxe semblable, mais vraisemblablement plus facile à mettre en oeuvre, de façon à pouvoir imposer en France les revenus et les patrimoines des français exilés.

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/16/taxer-les-exiles-fiscaux-une-idee-venue-de-dsk_1670404_1471069.html

 

D'un autre côté, la mise en oeuvre d'une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu, touchant les très hauts revenus, supérieurs à un million d'euros par an. Evidemment, au même moment, le gouvernement anglais se propose de ramener son taux marginal d'imposition le plus élevé de 50% à 40% pour ne pas faire fuir les hauts revenus. Mais il s'agit d'un gouvernement conservateur qui a pour objectif de défaire tout ce que les gouvernements travaillistes avaient fait antérieurement.

 

Je rejoins surtout les raisons invoquées par François Hollande à cette mesure morale. Il ne s'agit pas pour les socialistes de vouloir faire croire qu'une telle mesure aura un effet important pour le redressement des finances publiques françaises. François Hollande l'a confirmé. Par contre, une telle mesure moralisera le comportement des patrons des grands groupes français, qui dans la période de crise que notre pays traverse, accordent des augmentations salariales limitées ou nulles à leurs salariés, mais se sont auto-octroyés des augmentations substantielles de leurs salaires dans le même temps, qui dépassent 25% en 2011 parmi les entreprises du CAC40. Un tel taux d'impôt confiscatoire aurait l'avantage de rappeler qu'une rémunération d'un million d'euros est la limite morale indépassable des revenus dans notre pays. Rajoutée à une 'exit taxe', un tel taux permettra de moraliser la gestion des entreprises en France ... dans l'attente que les états anglosaxons, Etats-Unis en tête, rétablissent également des taux justes sur les plus riches.

 

 

Réflexion trois (10 janvier 2012)
L'idée de la réforme du quotient familial

 

Cette campagne présidentielle est le championnat des coups sous la ceinture. Et à ce petit jeu, l'UMP est la grande championne. Pas un jour ne passe sans que l'UMP et ses partisans n'attaquent sous un angle ou un autre François Hollande ou son programme politique, tout en l'accusant de ne pas avoir de programme ni de promesses. Il y a quelques jours, l'UMP s'acharnait sur quelques malheureux mots du candidat socialiste vis à vis du président-candidat UMP : un sale mec. Un doux euphémisme selon moi ...

 

Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy et demain, l'UMP tout entier s'acharnera sur une idée du parti socialiste visant à réformer le quotient familial ... Même si je ne suis pas d'accord avec cette mesure, certaines idées qui y sont présentées ne manquent pas de valeurs. Quelques articles du Monde qui traitent de ce sujet :

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/10/reforme-du-quotient-familial-coup-de-massue-ou-justice-fiscale_1627717_1471069.html

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/10/la-droite-tempete-contre-la-proposition-ps-de-supprimer-le-quotient-familial_1627887_1471069.html

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/10/nicolas-sarkozy-s-oppose-a-toute-reforme-du-quotient-familial_1627822_3224.html

 

Les arguments qui me semblent recevables dans cette proposition de réforme concernent l'injustice de cette mesure. Cette mesure semble en effet injuste : 42% des 13,9 milliards d'euros de pertes fiscales dues au quotient familial bénéficie aux 10% des ménages les plus riches, tandis que 50% des ménages français ne bénéficient que de 10% de cette mesure. Par différence, 48% de cette mesure bénéficie aux 40% des ménages restants.

 

En même temps, il y a une certaine raison dans cette injustice : les 50% de ménages les moins riches (avec des enfants) paient forcément peu d'impôts, et le gain de cette mesure est forcément mesuré.

 

Il y aurait ainsi une véritable justice à réformer ce système pour que la fraction des ménages les plus aisés ne bénéficie plus d'un tel cadeau fiscal. Maintenant, la barre doit-elle concerner les ménages dès au-delà de trois Smics, soit 4.200 euros par mois ?

 

On en revient à la même question lancinante : à partir de quel niveau de revenu peut-on être considéré comme riche en France et au Parti socialiste ? L'est-on à 4.200 euros par mois ? Non ! Mais évidemment, chacun considère que l'on est riche au-delà de ces propres revenus. Je suis sûr que si je touchais 1 million d'euros par an, je ne me sentirais encore pas suffisamment riche !

 

Les autres arguments du parti socialiste ne me semblent pas recevables. Favoriser au-delà de l'existant les ménages avec enfants les moins aisés me semblent difficile, et l'idée d'un crédit aberrant me semble encore plus aberrant. Il faut payer des impôts ! Il est aberrant que tant de français soient non imposables et ce serait une faute politique encore plus grave que d'étendre encore plus les ménages non imposables. Evidemment, j'aimerais ne plus payer d'impôt, mais aurais-je alors encore conscience du fait d'être un citoyen français et d'avoir des devoirs envers la France ... et pas seulement des droits ?

 

Il me semble donc qu'il peut être nécessaire de réformer le quotient familial, de telle sorte que le bénéfice en soit plus nettement plafonné et favorise moins les plus riches ... Qui demeureront cependant malgré tout les plus grands bénéficiaires de la mesure.

 

Les arguments de la droite, d'un système ancien qui fonctionne, des ménages qui aujourd'hui ne paient pas d'impôts et qui demain paieront des impôts avec cette réforme ... me semblent totalement ineptes et ne reposent que sur les réactions les plus primaires des électeurs. Sinon, l'UMP n'aurait jamais dû réformer, plafonner et rabotter les niches fiscales comme ces députés l'ont fait ces dernières années, puisque forcément, des ménages non imposables ont vu leurs impôts augmenter ! Arguments ineptes sous la ceinture !

 

 

Réflexion deux (2 septembre 2011)
L'évasion fiscale

 

Ce gouvernement est élu depuis plus de quatre ans, la Droite est au pouvoir sans interruption depuis bientôt dix ans ... Et le gouvernement s'attaque enfin à l'évasion fiscale en repoussant à dix ans le délai de prescription en matière d'évasion fiscale, pour les seuls avoirs détenus à l'étranger non déclarés ... Evidemment, certains me diront que la droite s'est déjà attaquée à l'évasion fiscale en créant notamment une police fiscale et un bureau de régularisation, lorsqu'Eric Woerth avait obtenu une liste de comptes bancaires à l'étranger ... Mais j'ai vraiment cette opinion que les mesures prises aujourd'hui en matière de lutte contre l'évasion fiscale sont liées à l'élection présidentielle de 2012 qui approche, et que l'évasion fiscale aurait pu être attaquée depuis bien longtemps, si ce gouvernement n'avait pas tellement peur de faire fuir ses principaux bailleurs de fonds et ses principaux soutiens ...

http://www.boursorama.com/actualites/evasion-fiscale-l-assemblee-vote-la-prescription-portee-a-10-ans-pour-tous-les-pays-a3cc3b8aa93211dfe7246ce4a6d7b580

 

«Selon l'économiste Gabriel Zucman, quelques 5 000 milliards de dollars, soit 8% des ressources financières mondiales des ménages, seraient dissimulés dans les paradis fiscaux, essentiellement par des Européens.» Cela représente des montants collossaux et donne une mesure de l'ampleur de l'évasion fiscale au niveau de l'Europe.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/14/haro-sur-l-evasion-fiscale_1603281_3232.html

 

Cet article a néanmoins aussi l'intérêt de rappeler que l'évasion fiscale, ce n'est pas que cela, que c'est aussi un comportement généralisé. «Chacun à son échelle essaye de se soustraire à l'impôt, et c'est ainsi que le secteur informel et le travail au noir fleurissent.» Il n'est pas inutile de le rappeler alors qu'il paraît tellement facile justement pour ces personnes ayant choisir de vivre en marge de la société tout en profitant des multiples aides sociales disponibles, de s'attaquer par leurs discours aux seuls riches. C'est d'autant plus vrai dans les départements d'outre-mer français, le département de la Réunion en premier lieu, où les non-imposables sont légions, que 80% de la population est soit-disant éligible aux logements sociaux, et où le secteur informel pullule. Il y est presque impossible d'y trouver une femme de ménage, un travailleur agricole saisonnier ou un maçon acceptant d'être déclaré(e)s.

 

Payer les impôts que l'on doit est un acte civique, et chercher par tous les moyens à diminuer son niveau d'imposition par des montages fiscaux ou patrimoniaux, à tenter de profiter de telles ou telles niches fiscales pour échapper à l'impôt, devrait être considéré comme une faute civique. Mais le plus simple serait d'empêcher que les impôts à payer ne soient inférieurs à un certain seuil ...

 

Pourra-t-on attendre du futur président socialiste de la France des mesures fortes contre l'évasion fiscale ? Limiter drastiquement les niches fiscales pour qu'elles ne permettent plus d'échapper à l'impôt. Arrêter d'exclure du plafonnement certaines niches fiscales comme la défiscalisation outre-mer, essentiellement utilisée par de riches contribuables ... Décourager l'évasion fiscale en portant de trois ans à dix ans les possibilités de poursuite du fisc ... En effet, un certain nombre de contribuables ne déclarent pas volontairement leurs revenus pour échapper au fisc. Ils font en effet le calcul que s'ils arrivent à lui échapper suffisamment longtemps, ils peuvent être gagnant même s'ils sont retrouvés quelques années plus tard. Mais l'idée de se voir réclamer dix années d'impôts majorés pourrait peut-être éliminer tout intérêt à une telle démarche !... Entre autres pistes ...

 

 

Réflexion une (30 août 2011)
«Les riches, nous arrivons»

 

Mais quelle était l'idée de François Hollande en disant cela ? Gauchir son image ? Faire peur aux français pour pousser les électeurs à voter pour Nicolas Sarkozy pour peu qu'ils soient un peu plus riches que la moyenne des français ? J'ai parlé pour ma part d'une nécessité d'une plus grande justice sociale mais en aucun cas je n'ai parlé d'en appeler au Grand Soir cher aux communistes, à la Révolution fiscale et aux décapitations des ignobles riches en place publique.

 

Comme je l'écrivais précédemment, une acceptation du terme de justice sociale doit reposer sur une vision large de cette notion, l'opposant aux années fric, strass et paillettes de la présidence de Nicolas Sarkozy. Il ne faut plus aujourd'hui seulement se focaliser sur les classes déshéritées, exclues, en faisant comme si les classes moyennes étaient automatiquement des nantis, sans problème, sans peur, sans perte de repères. Il ne faut pas oublier la peur du désascenseur social de la majeure partie des classes moyennes et de leurs craintes pour le devenir futur de leurs enfants. Il faut une politique volontariste de rééquilibrage des salaires et des revenus entre très riches et pauvres ou moins pauvres. On ne doit plus voir des patrons touchant plusieurs millions d'euros par an lorsque leurs entreprises font des milliards de perte, licencient par milliers leurs salariés, ou les payent à peine au SMIC, en se plaignant par ailleurs du coût du travail en France. On ne doit plus voir ces patrons délocaliser leur production vers des pays à bas salaire et sans protection sociale, pour continuer à dégager les profits les plus élevés, dans une course au moins-disant social, pour le bénéfice de quelques dirigeants et de quelques actionnaires. On ne doit plus accepter de voir de telles disparités de salaires et de fortune dans la société française, et accepter en plus que la république diminue toujours plus la pression fiscale pour permettre à ces gens-là de s'enrichir toujours plus ...


Le sujet de la justice sociale doit être une véritable occasion de rassembler une majorité de français autour des principes de la république française, autour de l'égalité devant la charge de l'impôt, autour de l'idée que chacun doit participer à l'entretien de la cité, de la société, à hauteur de ses capacités, et de ce que cette société lui a accordé.


Le thème de la justice sociale doit reposer sur une nouvelle politique d'incitation vis-à-vis des entreprises, sur une réflexion autour de la place de l'impôt, autour du niveau souhaité des plus hautes tranches de l'impôt sur le revenu, sur le bouclier fiscal (qui peut éventuellement se comprendre mais à un taux vraisemblablement beaucoup plus élevé, autour de 70% à 80% ... il serait compréhensible de ne pas imposer une personne sur la totalité ou au delà de ses revenus ... et en excluant peut-être de l'assiette de l'IS la valeur de son domicile principal ... il est en effet aberrant que des retraités voient leur retraite être ponctionnée par le paiement d'un impôt sur la fortune reposant sur la valeur de leur appartement hausmannien à Paris, même s'il s'agit d'un luxe ...) et enfin sur le niveau de couverture sociale indispensable dans une démocratie comme la France ...


Dans le cas où la justice sociale ne serait plus vu comme la remise en cause des avantages des classes moyennes, lorsque les plus riches d'entre les français sont royalement épargnés de tout effort financier, il serait possible de sauvegarder les situations des plus précaires, des sans-emplois ... Est-il normal que le chômage soit une descente aux enfers, que le traitement statistique des chiffres où la recherche de la faute, de l'absence de déclaration, de l'oubli de pointage, serve de politique pour faire baisser les taux de chômage ? Est-il normal que tant de jeunes, de chômeurs, soient exclus du régime de l'assurance chômage, tombent en fin de droit ou sans droit ? Il ne faut pas oublier que tous, tant que nous sommes, pouvant facilement tomber dans la trappe du chômage ... Il ne faut pas grand chose pour basculer dans la précarité, dans le non-emploi, dans l'inemployabilité, dans cette zone du marché du travail où l'on n'intéresse plus les employeurs, parce que l'on est trop vieux, trop jeune, trop basané, etc ...


Et cette justice sociale est indissociable d'une réflexion sur le niveau d'imposition, sur l'expatriation fiscale (tous ces riches contribuables français qui fuient la France ... footballeurs, artistes, patrons ... même si cela ne les empêche pas de continuer à vivre des achats des citoyens français, qui eux paient leurs impôts et les financent ...), sur le modèle économique et capitaliste de la société que nous voulons, que nous devons imposer, sur le modèle social que nous souhaitons pour la France ...

 

  

Saucratès

 

 

Précédents écrits sur le même sujet :

1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2185947-projet_pour_une_alternance_de_gauche_en_deux_mille.html

2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2233886-projet_pour_une_alternance_de_gauche_en_deux_mille.html


30/08/2011
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Quel programme de gauche en matière d'enseignement (3)

 

Réflexion seize (25 juin 2013)
Et si le fait de réformer les rythmes scolaires ne devait avoir aucun impact sur l'efficacité de l'enseignement scolaire en France ?

 

Je me baserais sur un article de ce jour sur le monde de l'enseignement.

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/06/25/les-ecoliers-francais-sont-scotches-a-leurs-chaises-8-500-heures_3436093_1473688.html

 

Sur la base d'une comparaison des systèmes éducatifs de 34 pays de l'OCDE (Regards sur l'éducation 2013), l'auteur (Maryline Baumard) indique que les écoliers français suivent déjà 10,43% de temps scolaire de plus que la moyenne des 21 pays de l'Union Européenne, et 11,46% pour les collégiens. «Entre 6 et 16 ans, la différence est très sensible. Dans les pays de l'OCDE, le temps total d'instruction prévu par la réglementation est, en moyenne, de 7 751 heures pour ces deux niveaux mais il varie selon les pays, de 6 054 heures en Hongrie à plus de 8 500 heures en France. En fait ce sont même 8 644 heures que les enfants passent sur un banc entre le CP et la 3e. C'est long.»

 

La principale critique et limite que j'oppose à la position dogmatique gouvernementale sur la réforme des rythmes scolaires, c'est bien l'absence de données précises chiffrées, remplacée par le leit-motif repris en choeur par tous les représentants du gouvernement et leurs séides, selon lesquels «il faut bien faire quelque chose pour combattre les difficultés d'apprentissage des élèves et les mauvais résultats de l'éducation française».

 

«Si on restreint la comparaison aux 21 pays de l'UE qui sont aussi dans l'OCDE, seuls le Portugal et les Pays Bas proposent des années scolaires plus lourdes que nous en primaire». Au moins ce sont des données comparatives précises. Il est néanmoins clair qu'en rajoutant 3 à 4 heures d'enseignement supplémentaire par semaine les mercredi ou samedi matin, en racourcissant les vacances scolaires et en augmentant le nombre de semaines d'école, ces chiffres vont encore croître, hors prise en compte des éventuelles réductions des journées d'école.

 

Ce qui m'énerve aussi dans cette réforme aujourd'hui décidée et applicable par des décideurs dogmatiques et aveugles (au premier rang desquels notre ministre de l'éducation nationale Vincent Peillon), c'est que la conséquence de cette accroissement des journées de présence des enfants à l'école au détriment des jours de vacances et des mercredis et samedis de repos, vont être l'accroissement des plages de récréation et de temps sans surveillance des enfants dans les écoles, et leur transfert entre les mains d'éducateurs sans aucunes compétences, qualités ou qualifications.

 

Combien d'enfants sont victimes de faits de school bullying (ou harcèlement scolaire) de la part de camarades d'école pendant les heures de récréation, sous les yeux de maîtresses, de maîtres d'école ou de surveillants qui n'en ont rien à faire, qui trouvent cela formateur et amusant ? Combien d'enfants victimes ne respirent enfin que lorsqu'ils sont en classe, sans avoir à craindre les railleries et les coups de leurs co-religionnaires/tortionnaires ? Je le sais, j'en ai souffert durant toute ma scolarité, dans pratiquement toutes les écoles que j'ai fréquentées en France (mais bizarrement pas à l'étranger où le respect de la diversité, de l'autre, était beaucoup plus visible que dans nos campagnes ou villes où seule la force et la haine de la différence primait) ! Et ces mêmes enfants victimes de school bullying que des décideurs dogmatiques et aveugles vont jeter encore plus longuement entre les griffes de leurs bourreaux !

 

Je n'étais pas une aberration. Des cas de school bullying sont fréquents dans nos écoles françaises, à des doses différentes selon les quartiers et les écoles ... Et la situation ne s'est pas non plus améliorée par rapport aux années 1970 et 1980, époque de mon enfance et de mon adolescence ... sauf qu'à cette époque, le terme de school bullying n'était pas encore connu, et que ces agressions étaient encore, tout comme aujourd'hui, considérées comme normales.

 

Combien d'enfants également ces mêmes décideurs dogmatiques et aveugles vont-ils jeter dans les griffes de pervers sexuels sous prétexte de les occuper dans des activités culturelles ou sportives ? Combien de scandales de pédophilie faudra-t-il qu'il y ait avant que l'on découvre que cette affligeante décision prise pour le bien des enfants ne conduit qu'à plus de souffrances et de violences à l'égard de ces mêmes enfants, pour les plus fragiles ou simplement les plus mal chanceux ?

 

On nous parle de difficultés d'apprentissage et de choix à prendre pour donner plus de chance aux enfants ? Encore faudrait-il que les faits ne soient pas aussi têtus et que de telles disparités en terme de réussite scolaire ne se cachent pas derrière de données de comparaison exactement semblables.

- Comment peut-on avoir 20% de jeunes ne maîtrisant pas les fondamentaux en fin de primaire en France, lorsque l'on sait que les petits français passent 37% de leur temps scolaire à travailler leur langue maternelle (contre 27% pour les autres pays européens) et 21% de leur temps à faire des mathématiques (17% en Europe) ?

- Comment peut-on avoir 30 % seulement des élèves de 3e capables de calculer des carrés simples ? Ou ne pas arriver à de résoudre une équation, ou ne pas être capables de déplacer la virgule de deux rangs quand ils convertissent des mètres carrés en décimètres carrés ?

- Comment se fait-il que les élèves coréens brillent en mathématiques alors qu'ils n'y consacrent que 14% du temps scolaire, par opposition à la Grèce, l'Irlande ou la Turquie qui y consacrent la même durée ? Ou que la France où les mathématiques occupent 13% du temps scolaire des collégiens ?

 

Je suis persuadé d'une chose. Que les débats sur les durées d'enseignement n'ont aucune validité et que le gouvernement et leurs séides obtus, dogmatiques et aveugles, se trompent totalement sur les causes du décrochage scolaire. Il ne s'agit pas de réformer les rythmes scolaires comme le croit un président ou un ministre de l'éducation mégalomaniaques !

 

Comme tous les parents le savent, ce sont de bons professeurs, de bons enseignants, sérieux et motivés, qu'il faut à nos enfants et un bon encadrement scolaire. Raison pour laquelle tous ceux qui le peuvent fuient les écoles, les collèges et les lycées publics pour rejoindre le monde de l'enseignement privé, et notamment catholique. Tout le reste n'est qu'artifices et faux semblants, et ne fera que creuser l'écart grandissant entre une jeunesse victime et un parti socialiste dogmatique !

 

Mais comment un gouvernement pourrait-il le dire ou faire quelque chose ? On préfère donc réformer les rythmes scolaires, pour faire croire que l'on fait quelque chose, que l'on révolutionne l'école ! Et on va certainement s'attaquer à l'enseignement privé, comme dans les années Mitterand, pour faire disparaître toute cette réussite qui ne fait que mettre en exergue la nullité de l'enseignement public et de la violence qui y prévaut.

 

Pour ceux que cela intéresse, le rapport précédent de l'OCDE sur l'éducation (Regards sur l'éducation 2012)

http://www.oecd.org/fr/edu/EAG2012_e-book_FR_200912.pdf

 

 

Réflexion quinze (24 décembre 2012)
La difficile mobilisation des opposants au projet gouvernemental de réforme des rythmes scolaires

 

Mercredi 19 décembre, un maigre défilé de 600 enseignants parisiens ont manifesté à Paris, entre la Sorbonne et l’Hôtel de Ville de Paris, à l'appel de l’intersyndicale SNUipp-FSU, SNUdi-FO, SE-Unsa, CNT-STE et CGT, pour demander le retrait de la réforme des rythmes scolaires et le retour à la semaine de 4,5 jours à l’école maternelle et primaire.

http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2012/12/19/a-paris-600-enseignants-ne-veulent-pas-aller-en-classe-le-mercredi/

 

Hors de Paris, combien de manifestations se tiennent ? Et pourtant, combien sommes-nous, parents de jeunes enfants scolarisés en primaire ou en maternelle, à voir arriver cette réforme d'un mauvais oeil, sachant la fatigue de nos bambins lorsqu'ils ne pourront plus se reposer le mercredi matin ou le samedi matin ...

 

La difficulté pour se mobiliser s'explique vraisemblablement par l'absence de tout écho donné à ses appels à la manifestation par les médias, comme si les médias obéissaient aveuglement au pouvoir politique socialiste, et à l'asservissement médiatique des beaux parleurs spécialistes des rythmes scolaires, qui semblent avoir réussi à persuader tout un chacun, les médias et le gouvernement, de l'importance de faire travailler plus les enfants, pour améliorer les résultats scolaires de la France. Gageons qu'après s'être attaqués à nos banbins, ils agiront exactement de la même manière pour redresser la compétitivité de l'industrie française, en nous faisant travailler plus pour le même salaire ! Avec la même capacité à envahir et à asphyxier le discours médiatique et politique, et avec l'appui du même patronat et des mêmes beaux penseurs et beaux parleurs ...

 

La difficulté de se mobiliser s'explique aussi vraisemblablement par l'accord tacite des appareils politiques des principaux syndicats de l'éducation nationale (le SNES, le SGEN-CFDT) à cette réforme. Ces appareils politiques veillent à empêcher toute communication des opposants, même si leur base est malgré tout majoritairement contre ... Voir par exemple la prose inepte véhiculée par l'appareil de la CFDT ; ces permanents et détachés syndicaux qui n'ont plus vu une entreprise ou une classe de salle depuis des dizaines d'années mais qui prolifèrent dans l'appareil politique de notre organisation syndicale.

 

Mais il ne faut pas perdre espoir. Entre le mouvement des dindons sur internet et les futurs appels à manifester des syndicats contestataires dont je compte bien me faire l'écho régulièrement, nos enfants arriveront bien à se mobiliser contre cette réforme idiote et inique. Mon petit garçon de 8 ans et demi rêve de pouvoir s'époumoner : «Hollande démission ! Touche pas à mes vacances et touche pas à mon mercredi ! Les enfants auront ta peau !»

 

En tout état de cause, si cette réforme passe, mon petit garçon ne votera sûrement jamais socialiste

 

 

Réflexion quatorze (14 novembre 2012)
Les enseignants dindons se rebiffent contre la réforme des rythmes scolaires

 

Enfin les enseignants bougent sur les projets gouvernementaux de réforme de l'école.

http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2012/11/12/reforme-des-rythmes-scolaires-les-enseignants-ne-veulent-pas-etre-les-dindons-de-la-farce/

 

Un groupe d'enseignants du primaire s'autodésignent ainsi péjorativement du terme de 'dindons' et contestent cette refondation prévue/annoncée. Evidemment, c'est dans l'air du temps. Ils prennent ainsi la suite médiatique des multiples riches pigeons et moutons dénonçants les augmentations socialistes de prélèvements fiscaux ... Mais eux au moins payent leurs impôts en France et ne menacent pas de se délocaliser dans un quelconque paradis fiscal.

 

Leur blog : http://paroleauxdindons.canalblog.com/

«Cette fois-ci, le dindon ouvre son bec, redresse fièrement sa  queue, secoue effrontément sa caroncule et sort de sa basse-cour pour glouglouter haut et fort qu’il ne laissera pas l’école de ses enfants partir en miettes ! Oui, les Dindons veulent une refondation ; mais pas n’importe comment et à n’importe quel prix ! Et surtout pas au détriment de nos enfants !»

 

Dans une pétition qui aurait déjà été paraphée par 4.000 professeurs du premier degré, les enseignants demandent l’abandon de la remise en question des rythmes scolaires, non prioritaire à leurs yeux, tant que d’autres points fondamentaux n’ont pas été revus :

- l’allègement des programmes scolaires du primaire,

- la baisse des effectifs par classe,

- la remise en place des réseaux d’aides aux élèves en difficulté RASED,

- la prise en charge des élèves en situation de handicap,

- la revalorisation du statut de professeur des écoles,

- des journées de décharge pour tous les directeurs et la pérennisation des postes d’aide à la direction.

http://www.petitions24.net/collectifdesdindons 

 

 

Réflexion treize (30 octobre 2012)
La gauche n'a pas modifié le regard porté sur l'école comme lieu de fabrique ?

 

Le discours sur l'école n'a pas véritablement changé avec le changement de majorité gouvernementale. Les socialistes ont peut-être changé de discours vis-à-vis des enseignants qu'ils se sont engagés à écouter, à revaloriser, mais uniquement parce qu'ils représentent la base de leur électorat politique. Les socialistes projettent peut-être également de lancer une grande réflexion sur l'école, sur les apprentissages scolaires, mais le discours de fond n'a pratiquement pas changé. L'école est une fabrique humaine qui prépare les travailleurs de demain de l'industrie française, et c'est en ce sens qu'elle est expertisée. Dans cette approche, les enseignants ne sont rien d'autres que des ouvriers spécialisés (OS) devant formater des cerveaux enfantins pour en faire de futurs bons exécutants.

 

Comme un certain nombre de sociologues l'écrivent, l'état a changé de dimension par rapport aux siècles passés. Organisme de contrôle de la normalité lors des siécles précédents dont les outils étaient l'enfermement des fous et le contrôle des corps (Michel Foucault), l'état était devenu un lieu de contrôle des populations notamment grâce aux statistiques. Il est devenu au cours de la deuxième partie du vingtième siècle un organisme d'adaptation des populations à l'industrie et à la concurrence internationale ... Une main d'oeuvre qualifiée et obéissante. Mais ce n'est pas si nouveau : l'état adaptait également avant lea deuxième moitié du viongtième siècle la population aux demandes de la Nation ; mais il lui fallait alors de bons paysans, de bons ouvriers, de bons soldats pour la guerre des tranchées. C'est simplement cette demande qui a changé de nature !

 

La réflexion portée par Vincent Peillon visant à réformer l'école sur ces socles fondamentaux ne déroge ainsi absolument pas au discours antérieur, et surtout cette antienne de rapprocher l'école et le collège de l'entreprise, en généralisant les stages d'immersion même si ceux-ci ne servent absolument à rien pour la plupart ... Faire plus travailler les enfants à l'école primaire en les privant d'une matinée de repos hebdomadaire n'est-elle pas une aberration sauf à vouloir dès le plus jeune âge mieux les formater pour les besoins des entreprises ? On sait qu'il n'y aura aucune expérimentation de cette nouvelle disposition (notamment de mesure de la fatigue des enfants) parce que des adultes soi-disant mieux informés et extrêmement compétents estiment que les enfants doivent passer plus de temps sur les bancs de l'école pour être moins fatigués. 

 

Nous sommes entrés dans un Etat usant de la manipulation des opinions par le recours à l'expertise auto-présumée, de la même manière que nous sommes manipulés par des publicités, où un soi-disant spécialiste nous vante les soi-disants bienfaits d'un produit quelconque. L'objectif n'est plus d'influencer simplement nos actions (par des slogans ou des ritournelles publicitaires). L'objectif est désormais de manipuler nos opinions pour nous faire croire que telles choses, tels produits sont bons pour nous, pour notre santé, pour le devenir de nos enfants !

 

Il nous faudrait combattre sans relâche ces projets dont l'objectif est l'asservissement de nos enfants et de nos opinions. Le précédent gouvernement visait à privatiser l'école maternelle pour que la garde de nos enfants en bas âge relève soit des parents, soit des systèmes de garde payant, parce que des Bac+5 ne devaient pas avoir à langer des bambins (alors qu'un enfant ne rentre à l'école que lorsqu'il ait propre). Sans remettre en cause cette volonté d'état de long terme qui imposait d'abord de développer les places d'accueil privées pour les enfants de 3 à 5 ans, ce gouvernement poursuit des idées presque aussi dangereuses ou idiotes dont l'objectif est peut-être semblables (libérer tôt dans l'après-midi les enfants écoliers en sachant que cela créera des difficultés invraisemblables de fonctionnement pour les familles de parents salariés et imposera le développement le recours aux services de garde privatisés).

    
 

Saucratès

 

 

Précédents écrits sur le même sujet :

1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2635507-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html

2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-9354844-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html


30/10/2012
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Quel programme en matière de compétitivité des entreprises

 

Réflexion une (8 octobre 2012)
Les entreprises françaises ont-elles un problème de compétitivité des salaires ?

 

Le débat actuel sur la compétitivité des salaires en France tel qu'il est relayé par la presse et les médias me pose problème. Je comprends la position des industriels français sur la question, leur inclinaison à chercher d'autres boucs émissaires aux problèmes économiques que nous traversons. La raison expliquant les difficultés des entreprises françaises serait le coût des salaires des travailleurs français. Qu'ils réussissent à obtenir cela d'un gouvernement socialiste serait particulièrement savoureux pour eux ; le comble de l'ironie pour tous ces patrons qui n'ont jamais voté socialiste ! Mais cela ne les empêchera même pas de continuer à se plaindre des socialistes qui n'aiment pas l'argent et ceux qui réussissent, et à continuer à s'éxiler fiscalement ! Le comble de l'ironie étant que nous électeurs socialistes, nous serons les perdants, les dindons de la farce !

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/07/02/peut-on-encore-produire-des-voitures-en-france_1727758_3234.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/10/07/competitivite-montebourg-contre-une-hausse-de-la-csg_1771395_823448.html

 

Le comble de l'ironie, c'est bien qu'un gouvernement socialiste se propose de transférer des charges patronales pour les faire payer par les salariés. Il n'existe pas de solutions miracles en économie : si les charges prélevées ne diminuent pas mais sont juste transférées sur d'autres formes de prélèvement, si les patrons/les entreprises enregistrent une baisse de leurs charges, c'est forcément que quelqu'un d'autre va payer, qu'il va enregistrer une hausse de ses prélèvements ! Les salariés ! Et le pire, c'est justement que cette évidence n'est même pas avouée/reconnue par les socialistes, par le gouvernement !

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/19/le-rapport-gallois-pronerait-un-choc-de-competitivite-de-30-milliards-d-euros_1778426_3234.html

http://www.boursorama.com/actualites/competitivite-des-ministres-chez-ayrault-pour-evoquer-baisse-des-co-ts-et-strategie-338cd85be22dbaef567f15deb22974ec

 

Alors évidemment, par rapport à des états comme la Chine, l'Europe de l'Est ou du Sud, on a effectivement des coûts salariaux supérieurs. Il pourrait alors peut-être paraître très intelligent de proposer de baisser les salaires en france, de non pas donner un coup de pouce au Smic mais au contraire un (gros) coup de rabot pour aider à restaurer la compétitivité des entreprises françaises ! Ne nous y trompons pas, sous une autre forme, c'est exactement ce que le gouvernement socialiste français prévoit de faire, à la grande satisfaction du patronat !

 

Si je ne suis pas d'accord avec la solution proposée par le gouvernement, suis-je au moins d'accord avec le diagnostic sur le problème de compétitivité ? Je suis d'accord sur un seul fait : le fait que les coûts salariaux soient effectivement élevés en France. Mais pas plus qu'en Allemagne dont les produits ne souffrent pourtant pas d'un manque de compétitivité ! Le problème est donc selon moi ailleurs ! Des problèmes de positionnement des entreprises françaises et de leurs produits ! Les coûts salariaux sont un faux problème, qui n'ont par exemple rien à voir avec les problèmes de Peugeot. Le coût des salaires représentent ainsi une proportion faible du coût de fabrication d'une voiture, et ne pourrait pas être impacté par une baisse minime des salaires français.

 

Mais, quant à proposer de diminuer les coûts salariaux, pourquoi ne pas agir sur les plus gros salaires de ces entreprises affichant des problèmes de compétitivité. Pourquoi ne pas limiter les plus gros salaires des cadres dirigeants en les plafonnant à un certain multiple des plus bas salaires de leurs employés, par exemple entre 5 et 10 fois ? Une telle mesure aurait un impact certain sur leur masse salariale et leur permettrait d'économiser des dizaines de millions d'euros, diminuant d'autant leurs coûts salariaux !

 

Nota : Enfin, il y a une dernière chose qui m'interpelle dans cette réflexion gouvernementale, et notamment dans le rapport Gallois qui est censé nourrir cette réflexion, c'est son incompétence en matière de droit social ... Mais que peut-on attendre d'autre d'un patron de grande entreprise qui a largement dépassé son âge de péremption ? Selon le rapport Gallois en effet, «pour faire accepter ces mesures par les syndicats, Louis Gallois suggérerait de leur donner une voix délibérative dans les conseils d'administration des entreprises» ... Mais il y a déjà des représentants des salariés ... et donc des syndicats ... dans les conseils d'administration de toutes les entreprises de plus de 50 salariés qui ont un comité d'entreprise, avec voix délibérative, même si le patronat fait en sorte de limiter leur droits et leurs pouvoirs pour les cantonner à servir de porte-paroles des salariés ... La proposition de Louis Gallois est donc au mieux vide, au pire sans intérêt. Ce n'est pas cela que j'échangerais mais bien la co-gestion à l'allemande, c'est-à-dire l'octroi aux représentants des syndicats des salariés de la moitié des postes au conseil d'administration, ainsi que le partage des postes de direction des entreprises ... Cela, ce serait une véritable avancée !

 

 

Saucratès


08/10/2012
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Quelques données sur la fiscalité et les classes moyennes

 

Réflexion une (29 juillet 2012)
Quelques définitions ...

 

Quelques articles intéressants traitant de cette notion de classes moyennes. Qu'appelle-t-on classe moyenne ? En existe-t-il plusieurs définitions ?

 

Le Monde retient la définition suivante des classes moyennes : les 50% de la population qui se situent entre les 30% les moins riches (les catégories modestes ou populaires) et les 20% les plus aisés (les catégories aisées).

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/25/derriere-le-grand-flou-des-classes-moyennes_1738014_823448.html

 

Ainsi, selon Le Monde, «la classe moyenne commence à 1.525 euros nets par mois (40% des salariés gagnent moins) et va jusqu'à 2.510 euros nets mensuels (80% gagnent moins).»

 

«Les plus aisés commencent à partir de 3.317 euros par mois (90% des salariés gagnent moins). A 4.286 euros net de salaire, on se situe dans les 5% de salariés les mieux payés. Et au-dessus de 7.654 euros, on appartient à la tranche des 1% les mieux rémunérés de France.»

 

Se basant toujours sur les chiffres de l'observatoire des inégalités, Le Monde présente également une analyse des classees moyennes en tant que foyer ou famille. «Le salaire par individu n'est en effet pas l'indicateur le plus pertinent, puisqu'il ne tient pas compte des revenus de l'ensemble du foyer, ni des impôts payés, ni du coût des enfants éventuel». L'observatoire des inégalités a donc construit trois types de famille (un célibataire, un couple sans enfants et un couple avec deux enfants) dont «ils ont comparé leurs revenus nets mensuels, une fois déduits impôts et prestations sociales éventuels».

 

«Les foyers de 'classe moyenne' se situent en dessous de 4.068 euros nets par mois pour un couple sans enfants, et au dessous de 5.174 euros pour un couple avec deux enfants. Les foyers aisés gagnent donc plus de 5.121 euros pour un couple sans enfants, et plus de 6.637 euros pour un couple avec deux enfants.»

 

En matière de patrimoine, «on constate que la classe moyenne telle que nous l'avons définie (50% entre 30% plus pauvres et 20% plus riches) possède en moyenne entre 115.000 et 310.000 euros, quand les classes supérieures sont, toujours en moyenne, plutôt dans une fourchette entre 440.000 et 1.200.000 euros environ, avec une différenciation marquée entre les déciles.» 

 
Le centre d'analyse stratégique s'est intéressé à la catégorisation des classes moyennes. Il a publié des extraits de la note de veille (assez ancienne) n°54 du 16/04/2007.
 
Il existe selon lui trois types de critères pouvant être retenus. Le premier critère est purement subjectif et «consiste à prendre au sérieux les perceptions des individus quant à leur propre position sociale. (...) aujourd’hui, d’après certains sondages, entre la moitié et les trois quarts des Français se classent spontanément parmi les classes moyennes». L'importance de ce chiffre «s’explique en partie par la sous-déclaration des individus appartenant aux catégories les moins favorisées, qui préfère l’image valorisante des classes moyennes à celle plus ternie attachée aux classes populaires. Les déclarations des groupes les plus favorisés sont victimes d’un biais symétrique. Inconscients de leur aisance, ceux-ci se considèrent en grande majorité comme faisant partie des classes moyennes».
 
Le deuxième critère retenu par le centre d'analyse stratégique se base sur la profession, les valeurs et les modes de vie. Ainsi, «selon la nomenclature française, (...) les classes moyennes regrouperaient les professions intermédiaires, une partie des cadres supérieurs et également des employés». Concernant les modes de vie et les valeurs, les tendances suivantes sont observées : «Dotées de capitaux économiques, mais aussi scolaires et culturels importants, les couches intermédiaires aspireraient à une mobilité sociale ascendante et à une certaine qualité de vie. Elles développeraient un rapport particulier à l’éducation, l’école étant perçue comme un moyen d’ascension sociale efficace. Des pratiques de consommation spécifiques peuvent être également identifiées – notamment l’importance accordée aux biens culturels. Ces couches intermédiaires auraient par ailleurs un rapport à l’espace public et urbain particulier : des stratégies résidentielles conduiraient, par exemple, à des processus de gentrification – soit à l’occupation par les classes moyennes d’espaces urbains jusque-là populaires».
 
Le troisième critère possible est économique,  selon deux perspectives. «La première définit les classes moyennes comme l’ensemble des individus disposant d’un revenu proche du revenu médian : à partir d’une fourchette de revenu fixée a priori, on définit une classe médiane dont l’ampleur dépend de l’intervalle choisi. (...) La seconde perspective assimile les classes moyennes au groupe d’individus situé au coeur de la: distribution des revenus. Elles rassemblent les individus moins riches que les plus favorisés et plus aisés que les moins favorisés. Dans ce cas, le bénéfice retiré par les classes moyennes des divers transferts financiers, publics ou privés, peut être estimé en calculant par exemple la part de la masse salariale, ou des transferts publics qu’elles reçoivent. Cette perspective tend à alimenter le débat sur les classes moyennes sacrifiées».
 
Les tableaux suivants donnent les limites des classes moyennes (par intervalles de déciles)

Lecture : les déciles D2 à D8, soit les 60% de la population situés au milieu de la répartition des revenus, disposent d’un niveau de vie situé entre 924 et 1.906 € par mois. (Source : Insee 2004, enquêtes revenus fiscaux)

 

Lecture : Les déciles D2 à D8, soit les 60% de la population situés au milieu de la répartition des revenus, disposaient d’un revenu situé entre 849 et 1.117 € par mois dans le cas d’une personne seule, entre 1.554 et 3.238 € par mois pour un couple sans enfant et entre 2.180 et 4.308 € par mois dans le cas d’un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.


«Selon les déciles de revenus choisis, l’étendue de la classe moyenne varie alors très nettement. Certains travaux proposent d’utiliser l’intervalle le plus grand – entre le premier et le neuvième décile : si la population englobée paraît considérable (80 %), cette définition a néanmoins une certaine pertinence en France. Elle rassemble la part de population dont les ressources proviennent essentiellement d’un revenu salarié. Elle exclut d’une part les ménages dont près de 40 % des revenus proviennent des prestations sociales (premier décile) et d’autre part, les ménages dont l’essentiel des revenus provient du patrimoine et pour lesquels le taux d’imposition direct moyen est de 25 % (dernier décile). La plupart des études – notamment internationales – retiennent cependant des intervalles plus restreints, en particulier celui constitué par les quatre déciles situés entre le troisième et le septième qui regroupe 40 % de la population. Cette autre convention renvoie alors davantage à la conception anglo-saxonne des middle classes

 

Parmi ses conclusions, on trouvait notamment l'idée suivant laquelle «les sociétés occidentales présentent dorénavant des stratifications plus complexes : au clivage traditionnel défini par l’appartenance sociale s’ajoutent d’autres variables – par exemple, le sexe, la religion, l’ethnie – qui jouent comme autant de marqueurs d’identités sociales. Dans un tel contexte, parler de classes moyennes tend à affirmer la primauté des inégalités liées à l’appartenance sociale.

 

Cette dégradation de situation est parfois lue comme un effet des politiques publiques, en particulier comme la conséquence de la structure des transferts sociaux et fiscaux. D’un côté, les prestations permettent une redistribution verticale : les moins aisés voient leurs revenus augmenter avec les prestations familiales, de logement et des minima sociaux. De l’autre, la fiscalité bénéficie proportionnellement davantage aux plus aisés par les dispositifs d’allègements fiscaux. Les effets cumulés de ces transferts socio-fiscaux sont parfois représentés par une courbe en U. Cette courbe, discutable, permet de mettre en évidence la situation des ménages moyens : à la base du U, ils bénéficient le moins des prestations et des réductions d’impôts, au contraire des moins lotis et des plus aisés situés sur les branches du U».

 

 

Saucratès


26/07/2012
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