Quels enjeux en économie ?
Réflexion une (1er juillet 2012)
La mort du libéralisme ?
Avec la crise des crédits subprimes américains des années 2007-2009, et l'effondrement du système financier occidental qui en avait été la conséquence, et avait obligé les états occidentaux à intervenir massivement pour secourir les banques et les marchés financiers incapables de s'auto-réguler, on nous avait promis la fin des idées ultra-libérales. Les contempteurs du libéralisme si prompts avant la crise à chanter les bienfaits du libéralisme, le recul nécessaire des réglementations économistes et la vertu des marchés, avaient brutalement totalement disparu de la sphère médiatique et leurs idées étaient brutalement devenues inaudibles.
Les états occidentaux étaient intervenus massivement pour suppléer les marchés financiers tétanisés par la peur, incapables de se refinancer sans l'aide des états et des banques centrales étatiques, à coup de milliers de milliards de dollars ou d'euros. Et pour la première fois depuis le triomphe des idées monétaristes dans les années 1980, on avait recommencé à reparler de réglementations des marchés et des établissements financiers, de séparation des activités de banque et de marché, de mise en oeuvre de taxation des activités de banque pour financer la protection des déposants et les aides en dernier recours des états.
A ce moment-là, on pouvait croire que les idées des ultra-libéraux, qui avaient préempté les débats médiatiques au cours des trois dernières décennies, étaient définitivement invalidées. Après tout, la crise financière des années 2007-2009, comme celle des années 1930, avait démontré l'incapacité des marchés financiers à s'auto-réguler et avait prouvé que la recherche effrénée du profit maximum était incompatible avec la satisfaction et la sécurité du plus grand nombre ! On pronostiquait alors le retour des thèses néokeynésiennes autour de l'interventionnisme étatique ou de l'école de la régulation.
Et pourtant, en cette année 2012, le tableau apparaît diamétralement opposé ! La crise des dettes souveraines qui a essentiellement frappé la zone Euro pour l'instant a totalement modifié la situation théoricienne. La presque totalité des états occidentaux, en première ligne dans la réflexion conduite pour une plus grande régulation étatique du fonctionnement des marchés financiers et des établissements financiers, sont sous la menace des agences de notation internationales et dépendent du bon vouloir de ces établissements financiers pour acheter et placer leurs dettes souveraines.
Loin d'une remise au goût du jour d'un plus grand interventionnisme étatique, la majeure partie des états occidentaux conduisent des politiques économiques et fiscales dans la plus pure orthodoxie libérale, de réduction des dépenses publiques et de diminution du rôle de l'état, de flexibilisation du marché du travail et de report de l'âge minimum de départ en retraite.
Sous la pression des marchés financiers, des banques multinationales, des fonds spéculatifs et des agences de notation internationales, on assiste tout simplement au retour en force des idées ultra-libérales et à la mise en pièces des dernières véléités interventionnistes de quelques rares états occidentaux. On ne se rappellera bientôt plus que cette crise financière avait pour point de départ l'incapicité des marchés à s'auto-réguler, et ceux qui le rappelleront encore redeviendront totalement inaudibles. Il ne sera bientôt plus question que de la responsabilité des dettes souveraines des états dans la survenance de la crise de la dette et de la réduction indispensable du poids de l'état dans l'économie pour faciliter la relance économique.
D'un côté, une théorie keynésienne qui semble disparaître malgré le fait qu'elle ait eu raison contre le monétarisme et qu'elle ait réussi à sauver une économie malade de sa financiarisation débridée, au prix d'une croissance excessive des dettes souveraines qui permet le retour des thèses libérales. Une idéologie libérale qui aura vaincu définitivement la théorie keynésienne en abandonnant le champ de bataille au pire de la crise, parce qu'elle ne disposait d'aucune réponse à cette crise mais qu'elle ne saurait le reconnaître ... Une sorte de victoire à la Pirrhus, dont on mesurera les conséquences pour le capitalisme et le libéralisme lors de la survenance du prochain cataclysme financier.
Saucratès
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