Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Le dilemme de l’écologie

Le dilemme de l’écologie

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, mardi 8 novembre 2022
 
 
En parlant d’écologie, je pense écologie politique et militantisme ou extrémisme, écologiste ou collapsologiste. 
Et en parlant de dilemme, je veux penser opposition potentielle entre plusieurs visions concurrentes et adversaires de ce qu’il faut entendre par la lutte pour l’écologie et de ce qu’il faut mener et conduire comme combats.


Il existe ainsi de très nombreux mouvements écologistes dont les plus célèbres sont évidemment «Europe Écologie Les Verts», «Extinction Rébellion» ou Greenpeace, entre des milliers ou des millions. Mais on pourrait aussi parler du GIEC ou de l’ONU. 

Je ne me reconnais pas dans le militantisme écologique ni dans l’écologie politique. Je ne me reconnais pas dans un discours de haine, dans un discours d’exclusion de tous ceux qui pense différemment, même entre écologistes, puisque certains écologistes extrémistes considèrent d’autres écologistes comme trop tièdes ou insuffisamment féministes. Au fond, en regardant EELV, un bon écologiste ne doit pas être trop dragueur, ne pas s’intéresser aux femmes, sinon il risquera de devenir la proie de celles qui se font appeler les louves alpha, de ces groupes informels de féministes écologistes, très vraisemblablement homosexuelles, comme si seule l’homosexualité masculine et féminine était tolérée à EELV.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/04/eelv-la-torpille-sandrine-rousseau-fait-d-autant-plus-mal-qu-elle-percute-un-parti-brutalement-ramene-a-ce-qu-il-est-une-coquille-fragile_6144260_3232.html 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/04/simon-persico-l-histoire-de-l-ecologie-politique-est-marquee-par-la-tension-entre-responsabilite-et-radicalite_6148441_3232.html

 
Quel donc ce dilemme devant lequel se trouve placé l’écologie politique ou militante ? Simon Persico dans une tribune pour Le Monde, indiquait que :

 

—> L’écologie politique était «marquée par la tension entre responsabilité et radicalité». Selon lui, «les écologistes se divisent quant aux répertoires d’actions les plus appropriées pour faire entendre leur cause. 

 

La dernière escarmouche, par graffitis et caméras interposés, entre Yannick Jadot et les opposants les plus radicaux au projet de mégabassines dans les Deux-Sèvres, soutenus à demi-mot par Sandrine Rousseau, illustre ce désaccord. L’ancien candidat à la présidentielle, présent à la manifestation, paye, selon la députée de Paris, la manière dont il présente l’écologie, le choix d’une campagne raisonnable et pragmatique qui finit loin de l’ambition affichée.»


… «Autre exemple de ces divisions sur la méthode, les réserves exprimées par des personnalités écologistes visibles dans l’espace médiatique comme Hugo Clément ou François Gemenne envers les happenings muséaux de Just Stop Oil (
contre un tableau de Van Gogh à Londres) ou Letzte Generation (contre un tableau de Monet à Potsdam). Dans ce cas, c’est au contraire la radicalité symbolique qui est mise en accusation : le goût du buzz de jeunes activistes décrédibiliserait le message aux yeux du grand public.

 

 

Les coups d’éclat médiatiques, mais aussi les blocages, les occupations ou les manifestations ont fait partie de la boîte à outils de l’écologie politique depuis ses origines. On pense aux mobilisations contre le camp militaire au Larzac, aux occupations temporaires de sites nucléaires ou aux fauchages d’OGM. La désobéissance civile, le non-respect de règles légales comme moyen d’action, est vieille comme les mouvements d’émancipation qui ont inspiré les écologistes.

 

L’histoire de l’écologie politique est marquée par la tension entre responsabilité et radicalité. Quand des activistes canadiens décidèrent de fonder Greenpeace en 1971, c’est bien parce qu’ils considéraient que les méthodes utilisées par les grandes ONG de l’époque étaient trop consensuelles pour être efficaces dans la lutte contre les essais nucléaires. De même, c’est parce qu’ils estimaient que les organisations existantes (dont Greenpeace) agissaient trop mollement que des militants britanniques ont fondé Extinction Rebellion en 2018.»

 

Simon Persico, Le Monde

 

Tous les partis politiques ont je le pense un problème d’extrémisme en politique. Très bizarrement, l’extrémisme ne gêne énormément les médias et le gouvernement que lorsque cet extrémisme est d’extrême-droite, touche aux frontières de ce que l’on entend par racisme. Le gouvernement n’aime pas non plus l’extrémisme d’extrême-gauche surtout lorsqu’ils l’apparentent au terrorisme (et aujourd’hui à l’éco-terrorisme). Il suffit de se rappeler de l’affaire du groupe de Tarnac. EELV a évidemment un problème d’extrémisme dans ses rangs, parce que EELV défend un discours pluriforme de combat contre tous les actes supposés renforcés le réchauffement climatique.

 

La cacophonie ambiante et l’impossibilité d’entendre le discours écologiste et de trouver des solutions pérennes ne s’expliquent pas uniquement par la puissance des lobbyistes des industriels, de l’agro-industrie et des chimistes-semenciers, mais aussi et avant tout par les combats tout azimut menés par les mouvements écologistes et qui visent chacun d’entre nous, chaque citoyen du monde entier. Les seuls épargnés sont les citoyens du monde que nos écologistes ne verront jamais, qu’ils parent de toutes les vertus parce qu’ils sont pauvres, étrangers, et privés d’accès aux médias internationaux. Tous les autres citoyens occidentaux sont supposés être responsables des dégradations de l’environnement par leur consommation ou leur inaction, ou simplement l’insuffisance de leurs actions.

Comment adhérer aux thèses d’extrémistes, d’éco-terroristes (même si l’usage de ce mot est considéré comme impropre par les thuriféraires des médias qui n’aiment combattre que les seuls fascistes et populistes … l’éco-terrorisme est si glamour !) lorsque leurs actions visent les véhicules des particuliers (SUV, 4x4, sportives ou diesel), le fait de faire des barbecues ou de manger de la viande bovine, de se déplacer en avion pour ses vacances ou de faire des croisières sur des paquebots, d’accéder aux centre-villes de nos cités, ou d’entartrer ou d’asperger des toiles de maître de sauce tomate ou de peinture ? 

 

Comment adhérer à l’idéologie d’un parti politique qui se revendique de l’écologie lorsque celui-ci attaque la façon de vivre de la très grande majorité des citoyens d’un État. Comment adhérer à une idéologie politique punitive, privative, d’une étroitesse renversante, comme si la préservation et la sauvegarde de la vie sur Terre devait s’accompagner de larmes et de privation ? Comment adhérer à l‘idéologie des dirigeants d’un parti qui font assaut permanent de propositions toute plus punitives les unes que les autres, toutes plus privatives, toutes plus moroses …

 

Evidemment, c’est comme dans une famille, avec des parents qui pourraient toujours trouver une nouvelle punition, une nouvelle chose dont ils pourront priver leur enfant. Mais on sait bien qu’une telle forme d’éducation n’est pas viable, n’est pas acceptable ni promouvable. Et pourtant, voilà l’écologie et ses milliers de combats quotidiens, ses milliers d’idées pour pourrir la vie de ceux qu’elles estiment être des pollueurs. Même lorsqu’il s’agit des propres dirigeants d’EELV trop timorés à leurs goûts. 

Lorsque l’on voit les actions de Sandrine Rousseau, on se rend compte du danger de ce que l’on pourrait appeler une dictature écologique ; une dictature qui régirait chaque parcelle de nos vies privées, de nos actes de consommation, de nos loisirs, de nos achats et investissements, qui pourraient à tout moment nous juger médiatiquement et nous condamner, spolier sous prétexte qu’on mettrait la planète en danger, qu’on consommerait plus que la norme autorisée, ou qu’on aurait un comportement avec les femmes, ou avec les animaux, ou avec les étrangers qui n’irait pas. Avec Sandrine Rousseau et tous les éco-terroristes en herbe, on se trouve aux portes de la dictature écologique. 

Et pourtant, l’écologie a des combats fondamentaux à conduire, à mener, qui au fond, correspond aux débats portés par Jadot au nom de l’écologie. Et ce combat vise l’impact de l’agro-industrie. La lecture du livre de Vandana Shiva, intitulé «Qui nourrit réellement l’humanité?», est éclairant à cet égard. On a facilement l’impression que les grandes exploitations agricoles extensives des Etats-Unis, de la France, d’Amérique du Sud, nourrissent la majeure partie de l’himanité, et que sans elles, on mourrait de faim. Inversement, Vandana Shiva assure que «les petits paysans, les exploitations familiales et les jardiniers ont beau n’utiliser que 30% des ressources mondiales, ils créent 70% de la nourriture de la planète.»

 

Comme elle l’écrivait sous une forme différente :

 

«Bien que le système corporatif de l’agriculture industrielle crée la faim, bien qu’il ne contribue qu’à 25% de la production alimentaire mondiale tout en utilisant 75% des ressources de la planète, et alors même qu’il constitue une force dominante de destruction écologique et de destabilisation des cycles naturels dont dépend la production alimentaire, on perpétue l’idée fausse selon laquelle on ne pourrait nourrir l’humanité sans lui.»

 

Voilà le véritable responsable de la surconsommation de la planète. Voilà l’ennemi que l’on doit renverser pour ralentir le réchauffement climatique. Si l’écologie cessait de s’acharner sur ces cibles immediates, proches, faciles, comme la petite paysannerie, le petit consommateur, le particulier et son véhicule nécessaire pour se déplacer pour travailler, et s’attaquait à nos véritables ennemis, l’écologie serait entendu. 

Si on prend l’exemple du nazisme et du populisme des années 1940 et de ses débordements racistes et antisémites, si on prend l’exemple du communisme et de ses débordements du vingtième siecle, il est à craindre qu’il nous faudra de nombreuses decennies pour supporter la prochaine dictature écologique, ses diktats, ses oukases, son extrémisme, avant que l’on ne comprenne que l’on peut faire autrement, en respectant les libertés publiques sans police des moeurs et des modes de consommation.

 

 

Saucratès



08/11/2022
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 49 autres membres