Critiques de notre temps

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Hamas, terrorisme ou résistance

Les attaques du Hamas contre Israël : actes de terrorisme ou actes de résistance ?

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Reunion, lundi 9 octobre 2023

 

En ce lundi 8 octobre 2023, au sur-lendemain des attaques meurtrières du Hamas palestinien contre des cibles israeliennes, je vais parler des frontières poreuses entre terrorisme et résistance. Je risque évidemment d’être soupçonné ou poursuivi pénalement pour apologie du terrorisme. Après tout, même un parti politique comme LFI ou des hommes politiques comme Mélenchon sont menacés de poursuites pour apologie du terrorisme parce qu’ils ne condamnent pas les attaques du Hezbollah à l’unisson des autres partis politiques. Ce monde est devenu complètement fou ! Le gouvernement est complètement fou. 

Donc, ce week-end, le Hamas a lancé des attaques meurtrières contre des civils et contre des militaires israéliens, sur le territoire israélien confisqué. Il ne s’agit pas de savoir si je condamne ou pas ces attaques meurtrières. Je le refuse. J’ai été marqué par tant de violences et de meurtres commis par l’armée israélienne contre la Palestine et ceux qui contestent la politique israélienne de colonisation et d’occupation des terres palestiniennes. Cela ne fait que rajouter des morts et de la haine dans une histoire séculaire de haine et de violence. 

Non, ce qui est aussi gênant dans cette histoire, c’est évidemment les discours des rescapés israéliens qui décrivent les attaquants palestiniens du Hamas comme des animaux et comme des monstres. Ces israéliens, certes choqués par ces attaques, nient néanmoins toute forme d’humanité à leurs agresseurs. Ils ne voient plus des hommes en face d’eux, mais des animaux et des monstres, auxquels ils dénient toute forme d’humanité. J’imagine ces personnes une arme à la main au sein de Tsahal, et j‘ai peur de leur absence d’humanité. 

Je comprends leur peur. Je comprends leur incompréhension. Mais nier toute forme d’humanité à son ennemi est extrêmement dangereux comme le prouve le conflit israélo-palestinien qui dure depuis près de soixante-dix ans. Ce conflit risque de dépasser l’horreur du conflit de la seconde guerre mondiale, quelque soit son vainqueur, que ce soit les israéliens qui l’emportent ou les palestiniens. Même si cela paraît impossible. 

 
Alors oui, tuer des civils est MAL. Voir des jeunes être assassinés à l’aube de leur vie est terrible, mais ils avaient aussi la chance de pouvoir faire des rave-party, eux. Pas comme les jeunes palestiniens habitant à quelques kilomètres de là. Israel aurait accepté la coexistence tranquille de deux nations sur un même territoire qu’on n’en serait pas là. Il y aurait eu une moitié de jeunes palestiniens et de jeunes israéliens à cette rave-party qu’on n’en serait vraisemblablement pas là. Il n’y a pas de guerre si une solution de paix avait été recherchée et acceptée, si Israël avait cherché la paix et non pas la voie des armes, de la colonisation des terres palestiniennes et des clôtures grillagées. 

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/09/pres-de-gaza-la-rave-party-a-vire-au-cauchemar_6193286_3210.html

 

Pourquoi les attaques du Hamas en Israël ne sont-elles pas présentées comme des actes de résistance ? Pourquoi sont-elles considérées comme des actes terroristes ? Est-ce parce que les Etats-Unis n’ont jamais eu à résister à une invasion de leur territoire ? Est-ce parce que Israël a conquis les territoires palestiniens dès le début du conflit israélo-arabe et que tout le monde a oublié le droit des palestiniens à résister à cette invasion des territoires palestiniens ?

 

On peut ainsi se demander ce qui se serait passé si l’invasion de la France par l’Allemagne nazie n’avait pas duré seulement trois ou quatre ans, entre 1941 et 1945, mais qu’elle avait perduré pendant près de soixante-dix ans ? L’Allemagne nazie victorieuse aurait-elle été considérée comme une grande nation démocratique et les armées de libération françaises, les FFI et les FFL, seraient-elles elle-aussi considérées comme des organisations criminelles terroristes par les pays occidentaux ? 

Un peuple vaincu doit-il disparaître et cesser de se battre et de vivre sous prétexte que son vainqueur a fait reconnaître à la communauté internationale le bien-fondé de son triomphe, de son occupation ? À partir de quel moment un peuple cesse-t-il d’avoir le droit de résister légitimement à son envahisseur et à partir de quel moment les combattants de ce peuple deviennent-ils des terroristes aux yeux de la communauté internationale, et se voient-ils interdire le droit d’être supportés sous peine d’accusations d’apologie du terrorisme ? 

Ce qui se passe en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, dans les colonies juives en Cisjordanie, est abominable. Mais il ne s’agit pas d’une guerre ou de terrorisme. Le terrorisme, c’est quand des attentats causés au nom d’une idéologie mortifère et religieuse visent des cibles dans des États étrangers, européens. Ou africains. Dans le cas du Hamas palestinien, il ne s’agit ni de terrorisme ni de guerre. Parce que la disproportion des forces entre Israël et le Hamas interdit de parler de guerre. «La botte n’est pas en conflit avec la fourmi !» pour plagier Loki dans les Avengers. Dans le cas du Hamas et de la Palestine, il s’agit de résistance à l’encontre d’une armée belligérante, d’un ennemi héréditaire.
 

L’histoire est écrite par les vainqueurs. La frontière entre le terrorisme et la résistance est poreuse et friable. Ce que certains appellent actes de résistance, d’autres les appellent des actes de terrorisme. Et inversement.

 

Je n’ignore cependant pas que les résistants français se sont essentiellement attaqués à des soldats allemands, et que leurs actes terroristes, selon l’occupant allemand, ou de résistance pour le gouvernement français d’après la guerre, ne visaient pas de civils et qu’ils ont fait essentiellement des victimes militaires. A la différence des attaques perpétrées par le Hamas qui ont tué indistinctement femmes, vieillards, hommes, soldats et même des bébés qu’ils ont décapités. Certes, il est plus difficile dans ce cas-là de parler d’actes de résistance. Mais en France, les allemands ne nous avaient pas encore colonisé. Il n’y avait que peu de civils allemands en France pendant la guerre. Mais au bout de quelques décennies, les résistants français auraient-ils continué à ne viser que des cibles militaires ?

 

 
Saucratès

 
 

Post scriptum : 

 

De manière amusante, juste avant ces attaques, plusieurs journaux donnaient une image beaucoup moins sympathique des «vieilles traditions juives» consistant à cracher sur les chrétiens. Israël n’est pas seulement un havre de tolérance et d’acceptation des autres. Bien au contraire. Comme le disait un journaliste israélien, que diraient ces juifs orthodoxes s’ils se faisaient cracher dessus de la même manière en Europe par des chrétiens ?

 

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231006-cracher-sur-des-chrétiens-une-vieille-tradition-juive-qui-passe-mal-en-israël

 

https://www.humanite.fr/monde/benjamin-netanyahou/a-jerusalem-des-chretiens-pris-pour-cibles-par-des-juifs-orthodoxes

 

J’ai aussi apprécié que le président américain Biden ait fait le lien entre les attaques du Hamas et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, même si cela a été pour immédiatement nier leur droit. Selon Biden, le Hamas met en danger les vies palestiniennes. Mais de quelle vie parle-t-on là. Une vie enfermée dans une enclave, derrière des grillages, enfermé avec la haine, avec la rage, alors que juste dehors, des israéliens font la fête, vivent libres ? 



12/01/2025
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