Critiques de notre temps

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Les gilets jaunes acte XXII

Saint-Denis de La Réunion, samedi 13 avril 2019

 

Nous sommes samedi, et les gilets jaunes continuent à défiler dans plusieurs grandes villes françaises, comme les week-ends précédents. Et malgré la mise en œuvre de législations toujours plus contraignantes, malgré la mise en œuvre de la très liberticide loi anti-casseurs, des gilets jaunes continuent de défier ce pouvoir jupitérien. Et ils ont raison. Comme des milliers ou des millions d'autres citoyens français lambda, je les soutiens toujours dans ce combat pour plus de justice, pour plus de considérations, moins de morgue suffisante de cet exécutif. J'entendais aux actualités télévisées que les cortèges des gilets jaunes visaient le président Macron, le président des ultra-riches, le président des managers-dirigeants au pouvoir dans notre pays. 

 

Le parallèle avec ce qui se passe au Venezuela et en Algérie est évident, il saute aux yeux. Dans ses trois pays, la foule manifeste contre le pouvoir en place. Bizarrement, le président Macron soutient le leader des contestataires au Venezuel, sans se rendre compte de l'aberration de sa position. Que ferait-il si des dirigeants d'autres pays reconnaissaient la légitimité d'un éventuel représentant des gilets jaunes si celui-ci s'autoproclamait président légitime des français ? En Algérie, la foule a obtenu d'abord le retrait de la candidature puis le départ du président Bouteflicka. Mais je lisais aussi que les forces de police algériennes fraternisaient avec les foules de manifestants.

 

Et c'est justement la différence entre la situation française et les situations algériennes et vénézuéliennes. Les forces de maintien de l'ordre françaises sont aujourd'hui le seul rempart du macronisme face à la foule des gilets jaunes et des contestataires de ce gouvernement. La police et la gendarmerie françaises ne sont pas du côté des manifestants, aucun mouvement de fraternisation n'est aujourd'hui possible en raison d'un probable sursaut républicain de ces forces de maintien de l'ordre. Elles croient appartenir au même Monde, à la même société, au même groupe social, celui des serviteurs de l'Etat, celui des défenseurs de la laïcité et du pacte social. Les forces de l'ordre n'ont pas compris qu'elles défendent les fossoyeurs de notre État, de notre société, de notre gouvernement. Il vaut mieux pour Macron et pour tous les ultra libéraux de tous les partis politiques qui se sont succédés au pouvoir et au gouvernement depuis des dizaines d'années, que les forces de l'ordre ne s'en rendent pas compte. Ne se rendent pas compte que leur intérêt bien compris serait l'écroulement de ce système factice et factieux dans lequel quelques grands managers profitent du démantèlement, de la destruction de notre système social. Car c'est le grand paradoxe : ceux qui défendent Macron ne sont pas différents de la foule des gilets jaunes qui leur font face et qu'ils font dégager, qu'ils gazent, et qu'ils matraquent. Les membres des forces de l'ordre ont les mêmes difficultés financières, les mêmes difficultés de boucler les fins de mois, ils ont aussi en face d'eux les mêmes hauts managers qui leur imposent coupes budgétaires, restrictions de moyens, non remplacement des départs ... Certes, on ne les licencie pas comme des mal-propres, on ne les fout pas à la porte comme des malotrus. Mais ils ont eux-aussi les mêmes genres de grands petits chefs au-dessus d'eux ...

 

Le gouvernement de Macron ne tient plus que par cette grande incompréhension, cette aberration : la fidélité des forces de l'ordre à la République et à ses chefs, légitimement ou illégitimement élus. Et pourtant, sur quoi peut déboucher le mouvement des gilets jaunes et leurs manifestations hebdomadaires, qui risquent désormais de se focaliser sur le départ d'Emmanuel Macron ? Sur une pénalisation accrue des mouvements des gilets jaunes ? Sur la pénalisation du simple fait de manifester ? Sur la remise en cause de la liberté d'expression et de manifester ? Sur le meurtre et l'assassinat du peuple qui revendique, comme on a pu commencer à le voir à Nice, lorsque les forces de l'ordre ciblent des personnes âgées et fragiles ? C'est vers cela que la surenchère autocratique du gouvernement est en train de nous conduire ? Ou bien vers le renversement de notre république, si les forces du chaos l'emportent.

 

Ce qui me choque, c'est de voir les différences d'interpretation des médias et des influenceurs internationaux fonction de la 'supposée qualité democratique' du pouvoir en place. Lorsque le pouvoir venezuelien combat des manifestants, l'opinion internationale s'offusque et prend faits et causes pour le représentant de la rue. Un régime dit illéberal, comme celui de Hongrie, ou simplement le Rassemblement National, aurait fait le dixième de ce que le gouvernement de Macron a fait face aux Gilets jaunes, que l'ensemble de l'Europe, l'ensemble des partis politiques francais, auraient hurlé à la fin de l'état de droit, à la fin de la démocratie, à la survenue du fascisme ! La politique de répression conduite par le gouvernement d'Emmanuel Macron n'est pas acceptable, n'est pas tolérable. Il n'y a peut-être pas d'issue à ce mouvement, mais cela n'excuse pas la violation des droits constitutionnels de manifester son mécontentement. Je comprends la hargne des gilets jaunes face à ce gouvernement : ils nous ont menti pour se faire élire. Il nous a menti pour être élu !

 

 

Saucratès



13/04/2019
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