Le Vendée Globe
Êtes-vous déjà tombés ces derniers jours sur des articles racontant les exploits hors du commun de ces navigateurs et navigatrices sans peur qui font le tour du monde en voiliers ? Pour ceux que cela intéresse, autant que moi, je vous propose un petit article à mille lieux de mes habituels sujets de prédilection, sur le Vendée Globe Challenge.
Pour ma part, breton et réunionnais de cœur, j’adore regarder la mer lorsqu’elle est déchaînée, même si j’en ai malgré tout une peur bleue. Lorsque je devais monter sur une coque de voilier (coquille de noix devrais-je dire), mon cœur se serrait, se tordait d’appréhension si la mer était légèrement formée, si quelques panaches d’écume se former au-dessus des vagues. J’adore la mer lorsque je n’ai pas à naviguer dessus.
Donc voici quelques informations sur le Vendée Globe Challenge. C’est une course mythique autour du monde qui part des Sables d’Olonne en Vendée. Cette course de voile se coure en solitaire, sans assistance et sans escale, à bord de monocoques de 60 pieds IMOCA (soit mesurant environ 18 mètres de long). La dixième édition de cette course mythique se déroulait cette année et le départ en avait été donné le 10 novembre 2024 de la baie des Sables d’Olonne. Elle vient de voir hier mardi 14 janvier 2025 la victoire du monocoque de Charlie Dalin.
Le principe de cette course est simple : faure le tour du monde en gardant les caps de Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn à bâbord. La distance théorique parcourue par cette route la plus courte possible (dite orthodromie) est de 24 394 milles, soit environ 44 500 à 45 000 kilomètres. Les navigateurs doivent ainsi parcourir les océans Indien et Pacifique à hauteur des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants.
Pour vous faire une idée de cette course mythique, voilà une photographie du voyage qui attend chaque année les concurrents :
Je vous expliquerais plus loin ci-dessous ce que représente cette zone d’exclusion antarctique, qui est relativement récente puisqu’elle n’existait pas lors des premières éditions du Vendée Globe Challenge. Vous verrez aussi ici que des noms mythiques de marins navigateurs se sont alignés sur cette course invraisemblable, même si d’autres noms de vainqueurs vous sont probablement, comme à moi, totalement inconnus.
Au total, il y aura donc eu pour l’instant dix éditions successives de cette course mythique.
A lire le très intéressant article de Libération sur le Vendée Globe.
https://www.liberation.fr/apps/2016/11/vendee-globe/
- La première édition a lieu en 1989-1990. Le départ est donnée le 26 novembre 1989 et treize bateaux s’élancent. Sept bateaux rallieront l’arrivée. C’est Titouan Lamazou qui remporte cette première édition en 109 jours, 8 heures, 48 minutes et 50 secondes. De célèbres navigateurs participaient à cette course comme Loïck Peyron (second), Philippe Poupon ou Philippe Jeantot.
- La deuxième édition a lieu en 1992-1993. Le départ est donné le 22 novembre 1992 et quinze bateaux s’élancent. Une nouvelle fois, seuls sept d’entre eux rallieront l’arrivée. C’est Alain Gautier qui l’emporte le 12 mars 1993 après un parcours de 110 jours, 2 heures, 22 minutes et 35 secondes. Deuxième Jean-Luc Van Den Heede (dit VDH) et troisième Philippe Poupon.
- La troisième édition a lieu en 1996-1997, avec un départ donné le 3 novembre 1996. Quinze bateaux tentent l’aventure et six la termineront. Le vainqueur en est Christophe Auguin qui rejoint les Sables d’Olonne le 17 février 1997 après un parcours de 105 jours, 20 heures et 31 minutes (nouveau record de l'épreuve). L'édition 1996-1997 du Vendée Globe est la dernière dont le parcours consiste simplement à laisser les 3 caps à bâbord sans points de passage. Cette édition verra la disparition en mer d’un des concurrents, Gerry Roufs, lors d’une terrible tempête dans le Pacifique Sud, à quelques miles au Sud du point Némo et le naufrage de plusieurs navires finalement secourus (Raphaël Dinelli, Tony Dubois et Tony Bullimore). La célèbre navigatrice Isabelle Autissier participa à cette édition mais fut contrainte de réparer et fut éliminée.
- La quatrième édition à lieu en 2000-2001, avec un départ donné le jeudi 9 novembre 2000. Vingt-quatre bateaux partent pour cette aventure et quinze rejoindront l’arrivée. Cette quatrième édition est remporté par Michel Desjoyeaux le 10 février 2001 après un parcours de 93 jours, 3 heures et 57 minutes (nouveau record de l'épreuve). Autre célèbre navigatrice, Ellen MacArthur terminera à la seconde place.
- La cinquième édition a lieu en 2004-2005, avec un départ donné le 7 novembre 2004 avec vingt bateaux. Treize bateaux finiront l’épreuve. Cette édition a été remportée par Vincent Riou le 2 février 2005 à 22 h 49 après un parcours de 87 jours, 10 heures, 47 minutes et 55 secondes (nouveau record de l'épreuve) devant le navigateur Jean Le Cam.
- La sixième édition du Vendée Globe a lieu en 2008-2009 avec un départ donné le 9 novembre 2008. Trente marins partent des Sables d’Olonne et onze seulement finiront la course. L’édition est remportée une nouvelle fois par Michel Desjoyeaux le 1er février 2009 en 84 jours, 3 heures et 9 minutes (nouveau record de l'épreuve) devant Armel Le Cléac'h.
- La septième édition se tient en 2012-2013, avec un départ donné le 10 novembre 2012. Onze navigateurs sur vingt au départ finiront la course. Elle est remportée le 27 janvier 2013 à 15 h 19 par François Gabart, après 78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes de course, premier navigateur à descendre sous la barre des 80 jours sur le parcours du Vendée Globe, devançant Armel Le Cléac'h de seulement 3 heures, 17 minutes et 12 secondes.
- La huitième édition du Vendée Globe se déroule en 2016-2017. Vingt-sept concurrents s’élancent des Sables d’Olonne le 6 novembre 2016 et dix-huit d’entre eux le termineront. Jamais autant de concurrents n'avaient franchi la ligne d'arrivée dans un Vendée Globe. Pour sa troisième tentative, Armel Le Cléac'h remporte la course le 19 janvier à 16 h 37, établissant un nouveau record de la circumnavigation dans cette épreuve en 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes, avec 15 heures 59 minutes et 29 secondes d’avance sur le Britannique Alex Thomson. Jean Le Cam (qui termine 6è) et Vincent Riou (abandon) participaient également à cette édition.
- La neuvième édition se déroule en 2020-2021, avec un départ donné le 8 novembre 2020 pour les trente-trois concurrents engagés. Vingt-cinq d’entre eux termineront la course (nouveau record). C’est Yannick Bestaven qui remporte ce Vendée Globe en 80 jours, 3 heures 44 minutes, 46 secondes de temps compensé, devant Charlie Dalin, qui a pourtant été le premier à atteindre les Sables-d'Olonne le 27 janvier à 20 h 35, en 80 jours, 6 heures, 15 minutes et 47 secondes. Mais Yannick Bestaven bénéficiait d’une compensation de temps (10 heures 15) pour s’être dérouté pour participer au sauvetage de Kevin Escoffier. Jean Le Cam participait également une nouvelle fois à cette édition qu’il termine à la quatrième place pour avoir sauvé Kevin Escoffier.
- Et donc la dixième édition se déroulait en 2024-2025 avec un départ donné le 10 novembre 2024, avec quarante concurrents sur la ligne de départ, dont une nouvelle fois Jean Le Cam pour sa sixième participation. Elle vient d’être remportée par Charlie Dalin, second malheureux de la neuvième édition, qui est arrivé le 14 janvier 2025 à 8 heures 24 minutes et 49 secondes, après 64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes de course. Il bat de presque dix jours le précédent record de la circumnavigation en solitaire qui était détenu depuis l'édition 2016-2017 par Armel le Cléac'h. Yoann Richomme termine deuxième, 22 heures et 47 minutes après Charlie Dalin. Il avait le premier doublé le mythique Cap Horn. Parmi les concurrentes encore en course, on trouve la benjamine de l’épreuve, Violette Dorange, âgée de 23 ans, dont j’ai également suivi quelques unes des aventures sur ce Vendée Globe.
Vous trouverez ainsi dans les trois articles suivants du Monde quelques unes des péripéties vécues par la jeune navigatrice Violette Dorange, dans l’une des pires et des plus éprouvantes courses de voile que l’on puisse imaginer. Mais ces navigateurs-là ne sont pas fait comme nous, puisqu’à quinze ans, en mai 2016, Violette Dorange avait traversé la Manche, entre l'île de Wight et Cherbourg, sur un optimist. Pour avoir fait quelques régates de voile autrefois sur une telle petite coque de noix, il faut être fou (ou inconsciente) pour traverser la Manche dans une coquille de noix.
Je devais aussi vous parler de la zone d’exclusion antarctique (ZEA).
Cette zone vise à prendre en compte la position des icebergs et leur dérive liée aux courants profonds. Elle est délimitée par 72 points reliés entre eux, distants d'environ 5° de longitude afin de limiter les risques d'éventuelles rencontres avec des icebergs. Les points peuvent presque tous être déplacés avant et pendant la course en fonction de « montée » ou de « retrait » des glaces. La ZEA est utilisée par le Vendée Globe Challenge et par l’Arkéa Ultim Challenge. Le réchauffement climatique provoque inéluctablement une multiplication des glaces dérivantes, il est probable que la zone d'exclusion Antarctique deviendra de plus en plus étendue, rallongeant le parcours, et limitant les options de routage. Lors de l'Arkéa Ultim Challenge 2024, il s'en est fallu de peu pour que le passage au cap Horn soit rendu trop dangereux par les glaces dérivantes
Il existe ainsi d’autres courses autour du monde, en solitaire ou en équipages. Ainsi, le trophée Jules-Verne est un défi nautique qui récompense le tour du monde à la voile le plus rapide réalisé en équipage, sans escale et sans assistance sur une distance orthodromique de 21.760 milles marins (40 300 km).
Seuls quatre marins pionniers sont parvenus à boucler un tour du monde en multicoque solitaire sans escale et sans assistance : Francis Joyon, Ellen MacArthur (seconde du Vendée Globe 2000-2001), Thomas Coville et François Gabart (vainqueur de la septième édition du Vendée Globe 2012-2013). Ils chevauchent des multicoques de plus en plus grands : 23 m pour Francis Joyon en 2004 et pour Ellen MacArthur en 2005, 27 m pour Francis Joyon en 2008, 27 m, 31 m pour Thomas Coville en 2016 puis 31 m pour François Gabart en 2017
Ainsi en 1968, Éric Tabarly avait également participé à une course autour du monde.
Autre course nouvellement créée, l’Arkéa Ultim Challenge, dont la première édition s’est tenue en janvier 2024. L'Arkéa Ultim Challenge-Brest est un tour du monde en solitaire pour les trimarans géants de la classe Ultim 32/23 organisé par la société OC Sport Pen Duick, filiale du groupe français Télégramme, dont le principal sponsor est donc la banque mutualiste Arkéa. Le parcours est identique à celui du Vendée Globe, à la différence près que le départ est donné de Brest. Le parcours commence à Brest puis passe par le cap de Bonne-Espérance, le cap Leeuwin et le cap Horn, et finit par une remontée vers Brest, pour une distance d'environ 40 000 km. Le vainqueur a été Charles Caudrelier arrivé le 27 février 2024 au bout d’un parcours de 50 jours 19 heures 7 minutes et 42 secondes, devant Thomas Coville et Armel Le Cléac’h. Ils étaient cinq à terminer la course.
https://arkeaultimchallengebrest.com/fr
J’espère vous avoir donné envie de vous intéresser à ces courses mythiques et que vous allez prendre autant de plaisir que moi à écrire et à découvrir toutes ces aventures inénarrables.
Saucratès
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