Critiques de notre temps

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Équation budgétaire insurmontable pour la France

Équation budgétaire insurmontable pour la France
Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, samedi 19 octobre 2024

 

Macron et ses premiers ministres ont laissé la situation budgétaire de la France devenir explosive, avec un déficit budgétaire de l’Etat qui devrait atteindre 6% du produit intérieur brut français contre 4,4% initialement budgété dans la loi de Finances initiales.
 

https://www.slate.fr/economie/budget-2025-difficile-retour-rigueur-derapage-finances-dette-depenses-sale-boulot-gouvernement-michel-barnier

 
Signe d’une démocratie française malade, aux Etats-Unis, une telle situation entraînerait un risque de shutdown et l’absence de rémunération de tous les fonctionnaires fédéraux. En France, rien de cela.

 

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/23/etats-unis-un-accord-permet-d-eviter-un-shutdown-avant-l-election-presidentielle_6328981_3210.html

 
Si aux Etats-Unis, l’absence d’accord ou de majorité presidentielle au congrès sur le relèvement de la dette fédérale entraîne de facto un risque de shutdown, en France, le dépassement de la loi de finances n’entraîne aucune conséquence catastrophique. Les administrations continuent de dépenser et le Trésor de payer et d’émettre des emprunts pour payer les dépenses. Tant que des banques acceptent de placer les OAT (obligations assimilables du Trésor) émises par l’Etat, il ne se passe rien.

 
Sans loi de finances votée par le parlement, y a-t-il le moindre risque de difficultés réelles pour l’Etat ? Ou bien celui-ci peut-il continuer à fonctionner sans ? Les administrations françaises peuvent-elles continuer à fonctionner sans discontinuité même en l’absence de loi de Finances ? On n’en est pas arrivé là pour l’instant : la Loi de Finances 2025 est en train d’être discutée à l’Assemblée Nationale et dans la cacophonie ambiante, on peut tout imaginer. Entre la Gauche qui se refuse à toute coupe dans les dépenses, et la Droite qui se refuse à toute hausse des prélèvements et des impôts, la partie est loin d’être simple à jouer. 

https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/budget-2025-la-france-risque-t-elle-le-shutdown 

 

En un sens, l’échec du parlement de se mettre d’accord sur un projet de budget dédouanerait l’Elysée de sa faute dans la dérive du déficit budgétaire de l’Etat pour 2024. Comment mettre en cause Macron et Darmanin pour les dérives des finances publiques françaises et du déficit budgétaire si leurs propres opposants politiques de Gauche et de Droite n’arrivent pas plus à se mettre d’accord sur un budget de l’Etat pour 2025 ? Il y a donc urgence à trouver un compromis entre des positions antagonistes, ce que le système politique français n’a jamais permis. Ce que les extrémismes politiques actuellement observés en France ne semblent pas permettre …

 

Il faudrait que des élus aussi opposés que ceux de LFI, du macronisme, de la Droite et de l’extrême-droite, arrivent à se mettre d’accord, à trouver un juste milieu entre leurs positions antagonistes. Entre ceux qui veulent ouvrir plus grande la France aux migrations et aux migrants et ceux qui veulent réduire ou faire disparaître l’aide médicale d’urgence. Entre ceux qui veulent accroître le nombre de fonctionnaires et ceux qui veulent réduire l’Etat. Entre ceux qui veulent fiscaliser les hauts revenus et les hauts patrimoines et ceux qui veulent les protéger.

 

Tout l’enjeu de ses discussions tiennent en ce que l’on appelle des hauts revenus ou des hauts patrimoines, ou ce que l’on appelle l’Etat et ses agences ? Pour rappel, pour Hollande et les socialistes, les hauts revenus commençaient à 4.000 euros mensuels, selon un mec qui touchait et qui touche toujours des dizaines de milliers d’euros mensuels de revenus de mandats électoraux ou de retraite. On peut se demander ce qui selon LFI, représente un haut revenu. Plus de 1.500 euros mensuels comme du temps de Lutte Ouvrière ? Tant que la Gauche ne répondra pas aux interrogations légitimes sur son programme et sur son idéologie, nul ne pourra être rassuré sur la politique qu’elle tiendra qrrivée au pouvoir. Dans une ville comme Paris ou Grenoble, ce n’est pas très grave. Un maire ou une maire a peu de pouvoir. Mis à part transformer des routes en pistes cyclables, ou augmenter les impôts locaux pour financer son train de vie dispendieux ou ses investissements pharaoniques, un maire n’est pas très dangereux. Mais un gouvernement ! 

 
Il n’est évidemment ni de mon rôle, ni de ma responsabilité, de proposer un programme de gouvernement et un budget. Simplement, il ne faut pas perdre de vue notre principal problème lié à un déficit budgétaire explosif qui va atteindre 6,1% en 2024 et qui implique des décisions courageuses pour le ramener vers l’équilibre, soit graduellement, soit violemment. 

On entend tout et rien. Y a-t-il trop de fonctionnaires ? Ou bien le poids des dépenses des fonctionnaires n’ont-elles pas augmenté depuis 40 ans ? Peut-on encore augmenter les impôts sur les plus hauts revenus alors que les prélèvements obligatoires français atteignent déjà des sommets mondiaux au sein des économies développées ? Peut-on toucher au nombre de fonctionnaires et en diminuer le nombre, par exemple dans l’Education nationale, ou bien faudrait-il encore en augmenter le nombre ? Mais les résultats de l’école française sont-ils véritablement corrélés au nombre de fonctionnaires dans l’Education nationale ? Dans ce cas-là, ne devrait-on pas avoir des résultats extraordinaires aux tests PISA au lieu de caracoler en queue de peloton avec les plus faibles résultats en matière d’éducation des pays développés, en rétrogradation régulière ? Et enfin, faut-il payer des impôts pour se sentir citoyen français, faut-il reconnaître avoir des devoirs envers la Nation pour se voir reconnaître des droits ? 

 

Selon moi, il est clair que nous devons mieux faire avec moins de moyens financiers, que nous devons réduire les dépenses publiques, que ce soit en faveur des entreprises ou en réduisant le train de vie de l’Etat, en réduisant le nombre de fonctionnaires, en organisant mieux l’Etat, en récupérant éventuellement les missions dévolues à diverses agences déconcentrées de l’Etat, et surtout en supprimant les expertises et le recours aux cabinets privés.

 
Mais peut-on vivre avec moins d’Etat ? Lorsqu’on a besoin de plus de prisons, de plus de forces de l’ordre, de plus de personnels de soins, de plus de personnels hospitaliers ? 

 
[Au fond, le Rassemblement national de Marine Le Pen n’est-il pas le parti le plus gaulliste de l’arc républicain ? N’était-ce pas le général de Gaulle le premier qui appelait du nom de machins tous les trucs qui étaient lancés aux alentours de l’Etat, hors de son contrôle, pour décider de sa propre politique. N’était-ce pas ce même Général de Gaulle qui décida de la politique de la chaise vide européenne pendant plusieurs mois parce qu’il était mécontent de l’orientation politique de la Communauté européenne de son époque ? Qu’aurait-il dit aujourd’hui ? Qu’aurait-il fait aujourd’hui s’il était encore là ? Européaniste certes, mais à n’importe quel prix.

 

Encore faudrait-il s’assurer que la suppression des agences déconcentrées de l’Etat ne va pas avoir pour effet la réintégration de ces agents dans la fonction publique ? Et inversement, comment expliquer aux agents publics de ces agences de l’Etat qu’ils vont être licenciés alors que l’Etat reprend leur activité ? Au-delà de récupérer éventuellement des missions régaliennes, quel pourra être l’impact de cette disparition sur les Finances publiques françaises ?]

 
J’ai par ailleurs beaucoup aimé la tribune de Louis Sarkozy dans Le Figaro sur son analyse de la France. J’imagine qu’il s’agit du fils de Nicolas Sarkozy. Même si celui-ci, au lieu d’en appeler à son père, en appelle apparemment plutôt au souvenir du Général de Gaulle (ou à un grand général). 

 

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/ce-qui-manque-à-la-france-c-est-un-général 

 

Je finirais sur un dernier article permettant de rappeler que la dérive des comptes publics auquel nous assistons en France est une constante mondiale. «La dette mondiale explose et semble hors de contrôle. Elle passera, en 2024, le seuil historique des 100 000 milliards de dollars (92 800 milliards d’euros), soit 93 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. A ce train, elle devrait dépasser 100 % avant la fin de la décennie, soit 10 points de plus qu’en 2019.» Dans le cas de la France, l’article indique que sa dette a dépassé les 110% de son PIB.

 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/10/16/la-dette-mondiale-va-passer-le-seuil-historique-des-100-000-milliards-de-dollars_6353374_3234.html

 

 
Saucratès



19/10/2024
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