L’affaire de la plainte Rokhaya Diallo - ou l’Afrique est-elle un endroit merveilleux où il fait si bon vivre
Saint-Denis de La Réunion, dimanche 14 février 2021
Il ne fait pas bon s’exprimer dans un débat public lorsque l’on ne veut pas se cantonner à exprimer des platitudes et des phrases toutes faites. En octobre 2020, une auditrice de Sud Radio exprime une position, une idée, avec laquelle, malgré l’existence d’une liberté d’expression et une liberté de presse en France, il m‘est impossible et interdit d’être en accord. Il existe des sujets, touchant le féminisme, la trans-sexualité, l’islam, la judéité ou la couleur de peau, où toute forme d’humour ou de débat est impossible. On peut dire à un blanc de retourner dans sa campagne, mais pas l’inverse. On peut se moquer d’un homme blanc, mais pas d’un ou d’une trans-sexuel, ou d’une femme (cf. l’affaire Xavier Gorce) ...
Très chère liberté d’opinion. Voilà donc une scène se déroulant il y a quelques mois, lorsqu’une auditrice de Sud Radio ose s’en prendre à Rokhaya Diallo.
«Dimanche 20 décembre, la réalisatrice et militante antiraciste Rokhaya Diallo a relayé sur Twitter pour s'en indigner un extrait de l'émission "Les Vraies Voix", diffusé deux mois plus tôt sur Sud Radio mais qui lui avait jusqu'alors "échappé". Une auditrice y prend la parole, en réponse à un débat sur les indigénistes et les attentats.
"Attention (la députée LFI) Danièle Obono va vous tomber dessus", ironise alors le magistrat Philippe Bilger, présent en studio aux côtés de l'essayiste Céline Pina, du psychologue Jean Doridot et du présentateur Philippe Rossi, qui répond pour sa part : "il suffit de dire comme vous l'avez dit que Rokhaya Diallo a eu de la chance d'être en France et d'avoir une vraie liberté d'expression".»
Et la réaction sur Twitter de Mme Diallo ...
«Ces propos traduisent un mélange de mépris de «l’Afrique» (comme s’il s’agit d’un pays!) et de négation de la légitimité politique des non Blanc.he.s en France (+grossophobie).»
Un mois et demi plus tard, je ne trouve pas de suite à cette histoire. Mais cela ne fait qu’un mois et demi. Je crains que cette pauvre auditrice de Sud Radio ne soit retrouvée ou dénoncée et que l’on apprenne un jour qu’elle aura été lourdement condamnée, comme une pauvre gilet jaune qu’elle est vraisemblablement.
Je n’ai pour ma part aucune sympathie pour le mouvement qui se fait appeler les indigénistes de la République, et dont la proximité idéologique avec les mouvements islamiques me pose problème. J’estime pour ma part également qué ces indigénistes ont bien de la chance de vivre en France au sein de laquelle on tolère tant de critiques, à la différence de pays beaucoup moins tolérants comme la Chine ou la Russie (pour ne pas parler de pays africains).
Mais comme je ne peux résister à l’envie de vérifier les assertions de cette auditrice de Sud Radio, ou plutôt de corroborer ses affirmations, j’ai simplement noté quelques informations transmises par le journal Le Monde sur la situation sécuritaire de quelques pays africains.
Ainsi on peut parler du Mali, où, on le sait, la France entretient une force d’intervention intitulée Barkhane pour sécuriser cette région et y combattre, au prix du sang, les forces djihadistes. Le Mali où les envoyés spéciaux du Monde nous informent régulièrement des désordres ethniques qui y règnent, entre ethnies ennemies, milices armées ou groupes djihadistes. Et villages rasées et populations assassinées.
Vaut-il mieux par,er du Niger. Le Niger, et sa capitale Niamey, n’est guère plus sûre. Il suffit de se rappeler l’attaque terroriste qui conduisit à la mort de sept employés d’Acted et de leur guide.
Faut-il parler de la Guinée d’Alpha Condé ? Pas de guerre civile pour l’instant, simplement des arrestations et des emprisonnements arbitraires met des élections truquées. Mais après tout, ce n’est guère différent de la situation américaine et de la victoire de Joe Biden, ou de la situation électorale française. Simplement, en France et aux États-Unis, on a parfaitement compris qu’aucune accusation de triche ne peut être portée lorsque tous les médias sont dans la connivence et participent au vol electoral. Même les contestations populaires comme celles des Gilets jaunes ou des défenseurs de Donald Trump pourront être assimilés à des voyous ou à des groupuscules sans enjeu politique.
Peut-être peut-on aussi parler du Sud Soudan ou de l’Ethiope ? Là aussi, des conflits ethniques incessants entraînent meurtres de villageois et des villageoises et destruction de villages. Et contrairement aux apparences, les villages de Maikadra et de Benishangul-Gumuz ne sont pas du tout dans la même zone.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201013-ethiopie-violences-12-morts-region-benishangul-gumuz
http://french.xinhuanet.com/2019-05/23/c_138083744.htm
Mais tout ceci n’est qu’une fraction de la partie visible de l’iceberg, les quelques articles récemment sortis sur des massacres en Afrique. On pourrait aussi parler de la situation en Mauritanie, qui applique si tranquillement la charria, de la Casamance au sein même du si tranquille Sénégal, et de la Gambie qu’il enclave, de toute la zone Sahélienne dont le Mali n’est qu’une petite partie, des pays comme le Nigéria ou le Cameroun où le groupe djihadiste Boko Haram sévit, tue, assassine et enlève des jeunes et des enfants. Sans parler évidemment des massacres et de la guerre en Lybie.
Et au fond, même ce dossier spécial du Monde sur l’éducation des filles souligne l’extrême fragilité de la cause de La Défense des femmes en terre africaine.
Au fond, tout ceci ne sonne-t-il pas raison à cette auditrice de Sud Radio ? Evidemment, il ne faut pas le dire, pas l’exprimer, on a juste le droit de le penser ... il n’est pas encore interdit de penser ... mais surtout ne pas le dire, même quand nos interlocuteurs sont des indigénistes qui se croient persécutés et qui insultent la France et son racisme institutionnel.
Je crois qu’il faut tirer une conclusion de tout cela. Au titre de l’asile politique, on intègre et on protège des millions de personnes de ces pays en guerre, mais eux-mêmes ou leurs enfants nous conchient ou parfois nous assassinent au nom de leur religion ou de notre couleur de peau et de notre supposé racisme. Il y a un peu plus d’une décennie, un économiste américain, William Easterly, avait parlé du fardeau de l’homme blanc. Près de quinze ans plus tard, on ne peut que considérer que nous avons perdu.
Saucratès
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