Critiques de notre temps

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Quelques enseignements des élections municipales du 28 juin 2020

Saint-Denis de la Réunion, mardi 30 juin 2020


De quoi serait-il intéressant de parler ce mardi soir ? Il y a bien sûr d’abord les résultats des élections municipales de ce dimanche 28 juin 2020. Loin de donner une nouvelle légitimité à LREM et à Emmanuel Macron, la longue période de confinement que les français ont vécu n’a apparemment fait que maintenir le divorce entre eux et lui. Ce deuxième tour acte la défaite de nombre de candidats LREM dans plusieurs grandes villes, même lorsqu’ils s’étaient alliés à la droite comme à Bordeaux. À Paris, la liste conduite par Agnès Buzyn a même réussi semblerait-il à perdre des voix, des suffrages entre les deux tours, dans le combat entre les trois candidates parisiennes. 

 

Ce deuxième tour des élections municipales semble démontrer que la trahison et la forfaiture ne rapporte rien. La défaite de l’ancien cacique socialiste lyonnais, supporter de la première heure d’Emmanuel Macron et ancien ministre de l’intérieur LREM, vient en quelque sorte rappeler que le crime ne paie pas, qu’il y a une justice électorale. Evidemment, le premier ministre l’emporte au Havre, indiquant que cette justice immanente n’est pas hélas généralisée. Comme également à Saint-Denis de la Réunion, où les socialistes opportunément ralliés à LREM en 2017 remportent les élections municipales sous une étiquette socialiste, avec le ralliement d’une liste de droite (supposée) ... 

 

Autre enseignement à retirer de ces élections municipales, que penser de la victoire remportée par les listes écologistes ? En remportant plusieurs grandes villes comme Bordeaux ou Lyon, en s’étant alliés aux socialistes, les écologistes se présentent-ils désormais comme un parti politique susceptible de remporter de prochaines élections présidentielles et legislatives ? Ou bien est-ce que, comme certains journalistes semblent le penser, Emmanuel Macron les a-t-il fabriqué volontairement en tant que force d’opposition ? Ainsi, selon le journal Le Monde, «La République en marche a contribué à créer ce nouveau clivage en favorisant dans plusieurs villes des “fronts anti-écolo”. Ils ont de fait placé EELV au centre du jeu politique et l'ont désigné comme le principal opposant». Pour mieux les récupérer au prochain remaniement ministériels ? Les écologistes étaient d’ailleurs déjà les principaux vainqueurs des dernières élections européennes, aux côtés de LREM. 
 

Avec la très faible participation à ces élections municipales, les bons scores des candidats écologistes ne signifie pas forcément grand chose. Mais il n’existe pas beaucoup d‘élections où la participation électorale est plus élevée. Il faut ainsi s’habituer à ce qu’une minorité de 20% de 40% à 50% des électeurs se déplaçant aux urnes choisissent nos gouvernants. L’étiquette des écologistes de gauche ne fait ainsi plus peur aux électeurs. 

 

Néanmoins, l’écologie est un programme politique qui séduit avant tout les jeunes générations, essentiellement urbaines. Je ne suis pas sûr qu’un gouvernement écologiste ne rencontrerait pas les mêmes oppositions que celles vécues par Emmanuel Macron dans les campagnes et dans les classes moyennes. Bonnets rouges et gilets jaunes. Car on ne peut séduire en parlant de vélos, de transports en commun et d’espaces verts que dans des grandes villes, mais en aucun cas dans la campagne profonde, sauf à manipuler l’électorat. La crise générationnelle entre la droite et la gauche n’est pas prête de s’affaiblir ... 

 
Il est aussi toujours fait grand cas de la place des femmes en politique, et du nombre de maires femmes comme s'il y avait forcément une opposition à faire entre hommes et femmes en politique ? On dénombre ainsi 15 à 20% de femmes maires en France, et il se trouve que c’est une proportion proche de celle que nous observons à La Réunion (4/26). Mais déjà, si on mesure ce rapport non pas en terme de nombre de maires, mais en terme d’audience électorale, on approche plutôt de 50% des habitants dirigés par des femmes. Ainsi à La Réunion, les villes dominées par des femmes maires sont parmi les plus grandes de l’ile. Il en va de même en métropole avec Paris.

 

Je n’arrive d’ailleurs pas à voir l’importance de ce critère du nombre de femmes élues ou du nombre de femmes maires. En quoi est-ce si important ? Mais je dis certainement cela parce que je suis un homme. De la même manière que je ne comprends pas tous les débats actuellement en cours autour du concept de ravis ation et de racisme. J’y reviendrais.

 

Je finirais par un autre partie d’un article du Monde : «Tout le monde peut être écologiste, tout dépend ce que l’on met derrière le terme. Mais si l’écologie politique est la pensée qui veut sortir du modèle de la croissance, lutter contre le réchauffement climatique en changeant radicalement de modèle, relocaliser l’économie, sortir de la consommation effrénée, alors il pourrait y avoir une contradiction avec les programmes de certains partis de droite et du centre.»


Je retiendrais de ces élections municipales une seule excellente nouvelle : la défaite de LREM et vraisemblablement l’absence de risque qu’Emmanuel Macron ne se décide à dissoudre l’Assemblée nationale pour se redonner une légitimité. Car malgré tout, je ne vois pas trop comment LREM pourrait être battue à la prochaine présidentielle. De toute façon, n’ont-ils pas tous les mêmes programmes, essentiellement ultra-libéraux et liberticides ?

 
 

Saucratès



30/06/2020
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