Critiques de notre temps

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Pensées d’un samedi soir à une semaine des élections législatives

Se trouve-t-on dans une de ses drôles de périodes de l’Histoire où le monde risque de basculer ou bien se trouve sur le point de basculer irrémédiablement ? 

Personnellement, je n’y crois pas. D’abord, il ne s’agit que d’événements franco-français, qui ne concernent que nous. Vu hors de France, il ne s’agit que d’un épiphénomène minuscule, l’équivalent de ce que nous avons vécu lorsque Mme Meloni a remporté les élections législatives en Italie. 

Deuxièmement, parle passé, on nous a déjà dépeint le même type de situation cataclysmique, probablement à partir de 1965 ou du début des années 1970, au sujet de l’arrivée au pouvoir des communistes en France. Là aussi, l’élection d’un jeune polytechnicien, Valéry Giscard d’Estaing, a semblé constituer la solution pour bloquer l’arrivée au pouvoir des communistes. L’élection présidentielle puis les élections législatives de 1981 ont dû constituer un summum de la montée des périls, avec la nationalisation de toute une série de banques et d’industries dans le programme commun de la Gauche.
 
Et pourtant c’est arrivé. Et pourtant la Gauche, les socialistes et les communistes ont pris le pouvoir, et ils ont appliqué leur programme de congés payés, de généralisation des instances représentatives du personnel, et de nationalisations. Et notre monde actuel est l’héritier de cet événement fondateur, de cette alternance désormais normale de gouvernements de droite et de gouvernements de gauche. 

Nous sommes probablement arrivé aujourd’hui à un nouvel événement fondateur de notre système politique avec la probable arrivée de l’extrême-droite aux portes du pouvoir. De toute facon, si cela ne se réalise pas maintenant, le risque se réalisera à nouveau aux prochaines élections présidentielles en 2027 ou aux prochaines élections législatives. 

La période est donc certes importante, mais elle ne constitue pas cette montée des périls qu’on nous dépeint si complaisamment. Il nous faut réfléchir aujourd’hui en notre âme et conscience des conséquences de notre vote futur,

 

• qu’il concerne le maintien au pouvoir d’une majorité présidentielle qui nous a volé des années de vie et de retraite, qui applique un programme fiscal favorable aux très riches et aux milliardaire, et qui semble représenter une forme de continuité fiscale et sociale

 

• qu’il concerne le retour au pouvoir d’un nouveau front populaire, qui défendra peut-être l’octroi ou le maintien de certains droits sociaux, mais qui porte en germe une haine des riches, une haine des juifs et une vision punitive de l’écologie. Le retour des mêmes personnes qui ont amené dans leurs valises en 2012 le sbire Macron, ainsi que la centaine de députés qui ont trahi la Gauche ensuite pour rejoindre LREM, ceux qui ont voté la loi du mariage pour tous, la semaine scolaire sur six jours, la réforme des rythmes scolaires à l’école et au collège ? Ceux qui ont sur les mains le sang de Samuel Paty et de Dominique Bernard par la complaisance qu’ils manifestent vis-à-vis de l’islam et de l’islamisme ? 

 

• ou qu’il concerne l’arrivée au pouvoir d’un parti situé plutôt à l’extrême-droite de l’échiquier politique, dont on ignore beaucoup de choses : son action future envers la classe moyenne qu’il dit vouloir protéger et défendre, son action vis-à-vis des populations étrangères en France, les idées mêmes des personnes qui arriveront au pouvoir, sa capacité à dialoguer avec les organisations syndicales qui le combattent obstinément depuis des décennies, et enfin sa capacité à accepter les règles du jeu politique, la libre tenue d’élections dans le futur et l’acceptation de futures défaites électorales ?

 

Il s’agit certes d’un moment électoral important. Mais de toute façon, même si l’extrême-droite échoue en juillet 2024 à remporter ses élections législatives, son électorat ne risque-t-il pas  vraisemblablement encore de croître d’ici 2027 et les élections ultérieures ? Sauf à ce que l’on sorte de la politique qui nourrit le sentiment de rejet de toute une fraction de l’électorat français et qui nourrit le vote pour les extrêmes. Ou sauf à ce que le peuple français ne change viscéralement.

 

Ce moment approche à grand pas. Il aura lieu dimanche prochain, dans à peine une semaine pour le premier tour, et le dimanche d’après pour le second tour. Les journaux et les médias n’ont pas fini dans les prochains jours de chercher à nous bourrer la tête et à nous faire peur, pour appeler à voter pour leurs favoris. 

Voter pour les uns ou pour les autres, s’abstenir, c’est un choix crucial qui s’approche pour chacun d’entre nous, en notre âme et conscience. Personnellement, je ne pense pas que l’enjeu de ce scrutin soit aussi terrible que ce qu’on nous présente. Mais autant y réfléchir profondément, sur ce que l’on veut, sur ce que le futur de notre Nation pourra être.

 

 
Saucratès



22/06/2024
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