Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Utopie ou catastrophisme

Je lisais il y a quelques jours une tribune particulièrement pessimiste d’un sociologue, Éric Macé, publiée dans le média Le Monde et cette lecture a amené de ma part des envies de remise en cause de certains des arguments utilisés.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/24/eric-mace-sociologue-l-effondrement-de-notre-mode-de-developpement-est-programme_6608207_3232.html

 

Cette tribune vise à nous démontrer que l’économie mondiale que nous connaissons, que nous observons autour de nous, va s’effondrer inévitablement prochainement. 

… «Un mode de développement non durable ne dure pas : à un moment donné, il s’effondre. Il est maintenant bien établi que le mode de développement moderne déployé depuis plusieurs siècles, fondé sur un rapport extractiviste à la nature et sur un rapport inégalitaire entre les humains, n’est pas durable.

 

Ce mode de développement, qui a structuré la totalité de nos modes de vie, de production et de consommation, est la cause directe du réchauffement climatique, par l’intermédiaire de la production exponentielle de gaz à effet de serre, et d’un premier effondrement en cours, qui est celui de la biodiversité. Les équilibres planétaires connus depuis les 11 000 dernières années au sein de l’holocène sont en train de vriller à un rythme dont la rapidité rend de plus en plus certaines des menaces aux conséquences incalculables.»

 

La manière dont tout ceci est présenté repose sur l’idée qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer, que le bon sens, que l’idéologie, que l’observation du monde qui nous entoure, suffit à démontrer la véracité de ces propos, et en rend inutile toute forme de démonstration, voire suffit à rendre illégitime toute forme de négation ou de contestation. 
 
L’affirmation qui précède est idéologique voire religieuse. Elle n’est scientifique ni sensée. Et cette transformation de la lutte contre le réchauffement climatique en religion d’état est un problème catastrophique. Pour une poignée de leaders des soulèvements de la Terre ou autres ONG environnementalistes qui s’expriment posément dans les médias ou à l’occasion d’événements internationaux, il existe des centaines de fanatiques de leur cause qui s’imaginent tel Don Quichotte combattre des géants cuirassés en agressant des bouchers, ou des particuliers roulant en SUV ou allumant un barbecue dans leur jardin. Bientôt ou déjà, ces fous furieux se sentiront légitimes à agresser des quidams sur la route ou dans leur jardin parce qu’ils contreviendront à leur idée de l’ordre légitime des choses. Des hordes de jeunes fanatisés par ces discours parcourront peut-être un jour les rues de nos villes et les routes de nos campagnes pour mettre fin aux agissements qu’ils estimeront contraires à leur religion et punir les mécréants qui osent désobéir aux saints préceptes de sainte Greta Thunberg. 
 
Il se prépare en effet, il me semble, l’équivalent de l’Inquisition espagnole autour de cette religion du réchauffement climatique. Ce ne sera bientôt plus que chasses aux sorcières â l’encontre de tout ceux qui participeront au réchauffement climatique. Les interventions ahurissantes de Greta Thunberg ou de ses séides et clones, des soulèvements de la Terre et autres inepties, participent à l’irruption de cette pseudo-religion et pseudo-science dans notre réalité. 

 
Et les positions du sociologue Eric Macé participent à cette surenchère aberrante et à cette imposture économique. De toute façon, il n’est pas économiste mais sociologue. Et un sociologue politisé, non pas d’extrême gauche puisque le communisme repose lui aussi sur l’extractivisme à l’égard de la nature, mais d’extrême écologie. 
 
Je ne nie évidemment pas que le capitalisme occidental est dangereusement extractiviste, comme le communisme chinois ou soviétique ou les avatars qui leur ont succédé. Je ne nie pas que le capitalisme occidental est porteur de déséquilibres de richesses et d’inégalités importantes. Je ne nie pas enfin que le système Terre soit en train de sortir d’un cycle d’interactions correspondant aux différentes phases d’équilibre entre périodes glaciaires et périodes interglaciaires du Quaternaire, c’est-à-dire en s’éloignant des évolutions cycliques régulières du climat terrestre observées au cours du dernier million d’années. 
 
Je nie le reste, tout ce qui n’est pas observable ou documentable. Le capitalisme débridé actuel est peut-être à l’origine de ce phénomène de réchauffement climatique, à moins qu’il ne s’explique par l’ensemble des idéologies politiques qui ont tenté de le singer et de le combattre, comme le communisme soviétique ou le collectivisme chinois ou indien. Mais nul ne peut dire si les inégalités de richesse que tous ces systèmes politiques et économiques favorisent n’apporteront pas justement la réponse aux dérèglements climatiques actuels. Les inégalités de richesse sont peut-être la solution. Si le monde était parfaitement égalitaire, nul ne pourrait intervenir autrement que collectivement. Mais l’inégalité crée des agents qui ont un pouvoir économique et qui peuvent potentiellement agir et inventer la solution qui sauvera le monde. Encore faut-il qu’il s’agisse des bonnes personnes !

 
En fait la religion des extrémistes écologistes ne repose sur rien de concret. Comme une religion, elle repose sur des dogmes et des exhortations. La science elle-même devrait pouvoir être discutée, et non pas être simplifiée à l’extrême afin de pouvoir être vulgarisée et prônée au titre de préceptes religieux dont toute déviation serait assimilée à une hérésie. 
 
La science nous a historiquement permis d’échapper aux interdits et aux hérésies religieuses mais celles-ci semblent être une constance de l’esprit humain et de la société humaine. Et quelques siècles plus tard, la science se transforme en religion pour nous imposer ses croyances. Cette science persuadée de son bon droit, des extrémistes religieux membres de l’Eglise des écologistes et des collapsogistes, nous ramènent à l’ère de la religion et de l’anathème. Les scientifiques ont ainsi juste remplacé les croyances non scientifiques des religions pour se transmuter eux-mêmes en paradigmes religieux. 
 
L’homme ne peut se passer de religion. Les extrémistes et fanatiques de toute race et de toute croyance ne peuvent absolument pas se passer de dieux, de gourous et de victimes ou de sorcières à brûler. Peu leur importe le dieu qu’ils prieront et pour lequel ils tueront ! Seul compte pour ces fanatiques d’avoir des personnes à persécuter, des croisades à mener. Cela commence par crever des pneus, condamner des comportements à leurs yeux criminels pour la planète, mais on peut être sûr qu’ils finiront par lancer un djihad butlérien pour éradiquer tout ceux qui ne penseront pas comme eux.

 
Au fond, mon écrit est aussi pessimiste que celui de ce sociologue colapsologiste. Ma croyance en la capacité de la science et du capitalisme à trouver une solution technologique au réchauffement climatique est tout aussi utopique, même si certaines de ces solutions entraineront peut-être l’humanité vers son extinction si ces solutions inversent drastiquement la capture du carbone (certaines formes de géo-ingénierie présentent potentiellement des risques inverses de glaciation de la Terre).

 
Et il demeurera toujours le problème de la croissance exponentielle de l’humanité. Cette Terre qui abritait 1,6 milliard d’habitants au début du vingtième siècle et 2,6 milliards d’habitants au milieu du vingtième siècle peut-elle en abriter et en nourrir 9 ou 10 milliards voire bien plus ? Nous n’étions encore que 6 milliards en 2000, et c’était déjà beaucoup trop. La Terre peut-elle encore absorber les centaines de millions ou milliards d’habitants supplémentaires à naître notamment en Afrique et les guerres et les migrations qui en découlent ? L’exemple de la démographie galopante des comoriens à Mayotte et des mahorais et comoriens à la Réunion et en métropole ne suffit-il pas à nous démontrer l’inapplication ou l’inadéquation de la transition démographique au cas de l’Afrique ? Mais évidemment, ce sujet-là n’est pas audible. Il faut parler d’égalité des niveaux de vie entre nations et nullement du problème de la bombe démographique du dernier continent n’ayant pas encore amorcé sa transition démographique. Surtout pas …

 

 

Saucratès



01/06/2025
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