Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Répression policière en France

Saint-Denis de La Réunion, mardi 23 avril 2019

 

Le gouvernement peut-il s'en sortir par la répression politique et par la remise en cause des libertés publiques vis-à-vis de ceux qui manifestent et de ceux qui les supportent, les défendent ? Comme dans un certain nombre de régimes autoritaires qui tentent de faire taire ceux qui s'opposent à eux (je pense par exemple à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan ou au Vénézuela de Nicolas Maduro, entre autres pays liberticides). 

 

Voilà par exemple ce qu'écrivait Reporters sans frontière au sujet de la Turquie, en décembre 2016 : 

 

«RSF est pour l’heure en mesure de confirmer qu’au moins 41 personnes sont emprisonnées du fait de leurs activités journalistiques. Il faut noter que c’est vraiment un minimum provisoire et que très certainement des dizaines d’autres vont bientôt les rejoindre dans cette catégorie. Les journalistes qui sont emprisonnés à ce jour sont privés d’avocat pendant cinq jours. Lorsqu’ils voient leurs avocats, c’est enregistrés par une caméra et flanqués d’un gardien. Donc c’est vraiment au mépris du droit de la défense et du droit à un procès équitable que les journalistes sont jetés en prison aujourd’hui en Turquie. Plus de 150 médias ont d’ailleurs été fermés par décret et des mesures administratives se multiplient à l’encontre de journalistes critiques : des retraits de passeport, des retraits de cartes de presse.»

 

Comme on le sait, les médias français sont rarement dans un rôle critique. Les journalistes suivant le mouvement des gilets jaunes filment par exemple de manière pratiquement continue les évènements opposant les gilets jaunes et leurs vidéos sont systématiquement transmis aux forces de police et utilisées pour la répression policière et pénale à l'encontre des gilets jaunes. Par contre, fort bizarrement, il n'y a jamais de journalistes lorsque les forces de l'ordre tirent sur des manifestants ou les agressent, même quand il s'agit de vieilles dames jetées à terre. Les journalistes de BFM TV ou de France 24 doivent pudiquement baisser les yeux lorsqu'ils voient des dérapages des forces de l'ordre, à moins qu'il ne s'agisse de respecter des ordres.

 

Mais malgré tout, il y a quelques journalistes en France qui font leur métier de manière éthique ; informer de manière non partisane, non pas uniquement dans le sens des forces de l'ordre et de répression politique. 

 

«Déféré à l’issue de près de quarante-huit heures de garde à vue, lundi 22 avril, le journaliste indépendant Gaspard Glanz a été convoqué devant le tribunal de Paris, le 18 octobre, pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, a fait savoir son avocat, Raphaël Kempf. D’ici la date de son procès, il a interdiction de paraître à Paris les samedis, ainsi que le 1er-Mai, ce qui l’empêchera de couvrir les manifestations parisiennes pendant six mois.»

 

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/04/22/mobilisation-en-soutien-a-gaspard-glanz-defere-apres-une-interpellation-en-manifestation_5453511_1653578.html

 

«En sortant de garde à vue, le journaliste a fait savoir à la presse qu’il se rendrait, malgré l’interdiction, à la manifestation de samedi et à celle du 1er Mai. Parce que je suis journaliste, c’est mon travail, et j’habite à Paris, a précisé le reporter, regrettant ne pas être considéré par les autorités comme un journaliste, alors qu’il est spécialisé dans les mouvements sociaux depuis dix ans. Estimant que son arrestation était le signe d’un point de non-retour très grave dans la gestion du maintien de l’ordre, Gaspard Glanz a précisé qu’il faisait confiance à ses avocats pour lui permettre d’aller librement à la mobilisation. Et d’insister : Avec ou sans autorisation, j’y serai, quelles qu’en soient les conséquences, parce que je suis journaliste en France, dans un pays de liberté.

 

Sur les conditions de sa garde à vue, le journaliste, visage émacié, mine fatiguée, a précisé qu’elle s’était mal passée : J’ai des bleus partout. Quand je me suis fait arrêter, je me suis fait écrabouiller par terre. Je n’ai rien mangé depuis samedi.»

 

Quarante-huit heures de garde à vue, carte de presse retirée, violence et arrestation arbitraire, à l'encontre du fondateur de l'agence Taranis News, je trouve que cette description ressemble fortement à la description faite par RSF pour la Turquie, état liberticide s'il en est !

 

Et il ne s'agit pas seulement de Gaspard Glanz. Selon l'article du Monde, il y a aussi Alexis Kraland ou Clément Lanot. Par ailleurs, «à Paris, un photographe de l’AFP a reçu une grenade lacrymogène dans les jambes et a pris un coup, hors action, de la part d’un policier. Une vidéaste de l’AFP a fait savoir que sa chaussure avait pris feu après le tir d’une grenade de désencerclement.»

 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/04/23/arrestation-de-gaspard-glanz-pourquoi-les-journalistes-independants-sont-ils-plus-vulnerables_5453911_4355770.html

 

La grande question est donc de savoir si la répression à tout crin menée par le gouvernement, par Macron, par Philippe, par Castaner, suffira pour faire disparaître le mouvement des gilets jaunes, et si cette violence étatique, aveugle, pénale, policière, suffira à éliminer toute contestation ? En complément, l'ONU et le haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme accusent la France d'un usage excessif de la force à l'encontre de son peuple et en matière de répression des manifestations, ce que ce gouvernement récuse.

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/24/gilets-jaunes-la-france-rejette-en-bloc-les-critiques-de-l-onu-sur-l-usage-excessif-de-la-force_5454020_3224.html

 

Soyons clair : quand des personnes comme moi, pères de famille, ou des vieilles dames de plus de 70 ans ne peuvent plus participer à des manifestations pour faire entendre leur voix à l'encontre de la politique menée par des hommes et un gouvernement, sans risquer leur vie, sans risquer de se faire tirer dessus par les forces de l'ordre ou sans risquer de se faire agresser, c'est que nous ne sommes plus dans une démocratie ! Et le simple fait qu'un président de la république se pose internationalement comme un défenseur de la démocratie, tout en faisant tirer sur son peuple, ne suffit pas pour faire croire que la France est encore une démocratie !

 

Une victoire par la peur et par la répression a-t-elle la moindre valeur ?

 

 

 Saucratès



23/04/2019
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