Critiques de notre temps

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Genre et agressivité sur la route

Je vais en revenir à l’accident survenu à Paris entre un automobiliste, conduisant un SUV, et un cycliste. Accident ou meurtre selon notre avis sur cet épisode. Évidemment, on peut mettre la responsabilité de cet accident sur la Mairie de Paris et sur ses édiles, qui ont placé l’exclusion des automobiles de Paris au centre de leurs politiques de déplacement et qui ont placé les SUV comme l’ennemi public numéro un à abattre. 

Ce genre de politique tue. Je l’ai déjà écrit. Un automobiliste à peu près humain, à peu près normal, a craqué, et un cycliste à peu près humain, à peu près normal, persuadé de son bon droit, s’est posé en redresseur de tord, et il en est mort.
 
Rien n’est plus agressif qu’un automobiliste qui perd patience. Et rien n’est plus agressif qu’un cycliste qui veut se faire respecter. Les cyclistes agressifs ne respectent pas plus les piétons avec lesquels ils partagent des voies réservées, que les automobilistes agressifs ne respectent les piétons ou les cyclistes qui les ralentissent. 

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/25/violences-routieres-plus-on-adhere-aux-stereotypes-masculins-plus-on-est-enclin-a-prendre-des-risques-sur-la-route_6359530_3224.html

 
En même temps, je suis totalement en accord avec cet article du Monde (une fois n’est pas coutume). Il existe un comportement de genre sur la route en ce qui concerne les automobilistes ou les conducteurs de bus et de camions.  
 
Comme l’écrit Le Monde, l’agressivité «n’est pas un comportement spécifique à l’automobiliste. On peut se montrer agressif également quand on est piéton ou cycliste. Cela survient quand quelque chose ou quelqu’un semble entrer dans notre zone personnelle ou dans l’espace qui nous est assigné par l’aménagement de la voirie. Plus le véhicule conduit est lourd et rapide, plus le comportement peut être dangereux pour les autres».

 

On peut ne pas adhérer au reste de l’article parce qu’on ne peut pas le vérifier par nous-mêmes. Il y est notamment question des normes genrées d’éducation vis-à-vis des femmes. Mais je suis persuadé du fait qu’il y a une grande différence entre une femme au volant et un homme au volant, par mon expérience. En aucun cas, on ne peut dire que l’homme ne conduise mieux que la femme. Stupidité.

 
[Nota : que penser du fait que les coureurs automobiles et les champions automobiles soient presque systématiquement des hommes et que le milieu de la course automobile soit essentiellement un monde masculin ? Voilà pourtant un milieu où la force physique devrait normalement peu compter et où les hommes et les femmes devraient être à égalité. Et pourtant cela ne semble pas être le cas même s’il y a des femmes pilotes. La F1 et le Raid me semblent pourtant peu féminisés. Probablement des stéréotypes de genre qui réservent la vitesse aux jeunes garçons dans l’imaginaire collectif ?]

 
Mais par mon expérience, je pense qu’une femme conduit mille fois plus civiquement, mille fois plus sécuritairement, mille fois moins agressivement. Il y a évidemment des bons et des mauvais conducteurs dans les deux genres, des agressifs et des agressives dans les deux genres. À la marge … Vous tomberez sur un conducteur non agressif parfois. Vous tomberez sur une femme agressive exceptionnellement. Mais soyons précis : je préfère mille fois croiser une femme comme constructrice d’un bus ou d’un camion plutôt qu’un homme. Que je sois piéton, cycliste ou automobiliste.

 

Probablement que la formation que les femmes conductrices de bus ou de camions reçoivent, est différente de celles que leurs homologues masculins ont reçue. Probablement qu’elles boivent moins, qu’elles se dopent moins aux anabolisants, ou bien toute autre raison pour lesquelles elles se trouvent être moins agressives, plus respectueuses des autres usagers de la route, plus civiques. Mais en tout cas, il vaut mieux le plus souvent croiser une femme comme conductrice de bus qu’un homme pour lequel la route lui appartient, et comme le bus ou le camion de l’homme est le plus gros, les autres  usagers ont intérêt à s’arrêter et à le laisser passer. 
 
De la même manière, vous ne dépasserez rarement un mâle qui conduit une Porsche ou un véhicule puissant. Si vous en dépassez une un jour, vous pouvez être pratiquement certain que c’est une femme qui le conduit, c’est-à-dire une personne qui n’a pas un égo sur-dimensionné et des coronès qui traînent par terre, qui ne se sens pas agressée et diminuée parce qu’un plébéien a osé le dépasser. Avec l’électrification du parc automobile, le problème est qu’on généralise des véhicules capables d’accélérations importantes, similaire aux Porsche (je pense aux Tesla et aux Peugeot et Renault électriques) entre les mains de mâles agressifs sans aucune expérience qui se croient être devenus intouchables et indépassables. Nul besoin de se demander pourquoi l’incivilité sur les routes progresse.

 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/10/21/cycliste-tue-a-paris-le-gouvernement-va-lancer-une-mission-contre-la-violence-sur-les-routes_6357738_823448.html

 
Les mêmes réflexions valent pour des automobilistes mais également pour les cyclistes. Croiser un groupe d’un ou deux cyclistes sur une voie partagée ou une femme n’a aucun rapport. D’un côté des mâles agressifs et sûrs de leurs pouvoirs, de leur force, de leur vitesse, et de l’autre un respect et une attention à l’autre. Mais il y a bien sûr des exceptions dans un sens ou dans l’autre. Toutes les femmes ne sont pas des conductrices respectueuses et attentives aux autres !

 
[Il reste le sujet de l’invective en automobile et du sentiment de propriété. La voiture, le cyclisme, sont des endroits où on insulte facilement l’autre, où les noms d’oiseaux (connard, pétasse, vieux con…) sont régulièrement utilisés dès lors que l’autre vous refuse une priorité, ne vous laisse pas passer, manque à une quelconque obligation que vous avez décrété, comme si les règles de circulation variaient en fonction de nos besoins. 
 
Le sentiment de possession, de propriété, influe aussi fortement sur cette agressivité routière. Ce véhicule nous appartient et gare à celui qui le touche, qui nous manque de respect. La voiture, le vélo, est une extension de notre propre personne, une extension de notre corps. Il doit en être de même de notre chez-nous, de notre appartement, de notre maison, d’où l’impression de viol intime que semblent ressentir ceux qui se font cambrioler. Mais sur la route où nous croisons systématiquement d’autres propriétés intimes d’une multitude d’autres conducteurs, d’autres usagers, les conséquences en sont mille fois plus systématiques.]

 
 

Saucratès 



26/10/2024
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