Critiques de notre temps

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L'affaire Bnp Paribas et les vaines promesses socialistes de lutte contre la Finance

Mardi 1er juillet 2014

 

L'affaire de l'amende de la BNP Paribas est l'autre sujet (le troisième) que je souhaitais évoquer. On vient ainsi d'apprendre que la BNP Paribas accepte de plaider coupable auprès des autorités judiciaires américaines dans l'accusation de violation des embargos décrétés contre Cuba, l'Iran et le Soudan. La banque accepte ainsi de payer une amende de 8,9 milliards de dollars, ce qui devrait faire plonger dans le rouge les comptes de l'établissement en 2014.
http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20140629.AFP0789/b...

 

Mais ce qui me fait réagir n'est bien sûr pas cette condamnation, ainsi que les autres éléments visant la Banque (comme l'interdiction de transactions en dollars ou les sanctions à l'encontre de certains de ses dirigeants). Ce qui me fait réagir, ce sont les réactions et le comportement des membres du Gouvernement français ou de la Présidence de la République, qui ont pris fait et cause pour la BNP Paribas et ont tenté, vainement, d'influencer les autorités américaines pour contester et faire baisser le montant de l'amende à laquelle la Banque était exposée.

 

Un gouvernement socialiste, un Président de la République qui s'était auto-proclamé en 2012 grand ennemi de la Finance, défendent becs et ongles l'un des plus grands établissements financiers français, qui a volontairement enfreint les décisions internationales (ou américaines) d'embargo contre un certain nombre de pays (dont l'Iran et le Soudan ... Cuba étant seulement une fixation américaine) ! L'un des plus grands représentants emblématiques du monde de la Finance honnie est justement défendue par les socialistes, par le Président de la République, par le premier ministre ? Et cela ne choque personne ? J'espère au moins que les militants socialistes de base se posent des questions. Comment peut-on être élu pour combattre le monde de la Finance, pour au final, défendre ce même monde de la Finance sur la scène internationale, alors que ce Président ne conduit aucune action pour défendre tous ceux pour lesquels il s'y était engagé, les chômeurs, les pauvres ... Evidemment, il faut lui rendre justice, il n'avait pas non plus oublié par contre les promesses faites aux homosexuels/homosexuelles. Dans un sens, il vaut mieux être homosexuel et/ou dirigeant de banque plutôt que pauvre et/ou chômeur !

 

Il y a une autre chose aberrante dans cette histoire. C'est que le gouvernement socialiste français ait choisi comme moyen de pression la signature du traité transatlantique USA-UE, alors qu'à entendre les socialistes il y a quelques années, ce traité était le diable personnifié. Nous avons donc un Président de la République socialiste qui menace de ne pas ratifier un accord international contre lequel il s'élevait de manière véhémente dans son programme de campagne en 2012 si les sanctions visant la BNP Paribas ne sont pas diminuées ou annulées ... Ce qui veut dire a contrario que ce gouvernement et ce Président serait prêt à ratifier cet accord transatlantique (le diable personnilfié) dans le cas contraire ! C'est justement cela le plus choquant, que pour défendre un très gros établissement bancaire (l'un des plus emblématique représentant de la Finance honnie), les socialistes soient prêts à renier toutes leurs valeurs, toutes les promesses, tous leurs engagements de campagne, comme si la BNP Paribas était une sorte de messie réincarné sur Terre. Cela m'est incompréhensible !

 

Dans cette affaire, il y a quand même des choses un plus légères. Il est amusant de découvrir que le plus grand donneur de leçon en matière financière des années de crise, en 2008-2010, soit aujourd'hui condamné de la sorte, contraint de plaider coupable pour éviter un procès pénal aux Etats-Unis, et condamné à payer 8,9 milliards de dollars pour une telle faute. Rappelons-nous des multiples interventions médiatiques de Michel Pebereau, président de BNP Paribas, dans les années 2008-2010, où on le voyait conseiller le gouvernement et le président Sarkozy pour sauver le système financier français. C'était l'homme qui tirait les ficelles dans le secteur financier français. Il faut relire ses discours de 2008 : «Nous avons naturellement une très grande solidité (...) nous n'avons pas été affectés par cette crise des 'subprimes' donc nous allons continuer notre action», déclarait-il sur BFM. «Le président du géant bancaire français a expliqué que la crise financière, déclenchée l'été dernier par les subprimes, concerne d'abord les banques américaines et un certain nombre d'autres établissements. Parmi les grandes banques internationales, il est jusqu'à présent tout à fait évident que les banques françaises ont été moins affectées que les autres, et effectivement parmi les grandes banques françaises, nous beaucoup moins que les autres.»

 

Heureusement pour lui, Michel Pebereau a quitté la présidence de la BNP Paribas fin décembre 2011, en plein dans la période concernée par les investigations des autorités américaines. Rassurons-nous, son successeur à la tête de la Bnp Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, ne semble pas plus inquiété ; les sanctions étant tombées sur les moins gradés, comme par exemple le directeur général délégué Georges Chodron de Courcel. Agé de 64 ans, celui-ci partira en retraite fin septembre 2014. Il y a pire comme purgatoire. Gageons qu'il ne perdra pas le bénéfice de sa retraite-chapeau de la BNP Paribas, comme le laisse préjuger la position des administrateurs de BNP Paribas citée par Les Echos : «Le conseil d’administration de BNP Paribas a aussi tenu à saluer le parcours et l’action de Georges Chodron de Courcel, qui a été, au travers des différentes fonctions qu’il a exercées, l’un des acteurs clés de la croissance de BNP Paribas et de ses métiers, notamment à l’international».
http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/...

 

 

Saucratès



03/07/2014
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