La situation malgache
Réflexion dix (10 juin 2009)
Menace d'intervention militaire étrangère à Madagascar sous les auspices du Comesa ?
Marc Ravalomanana n'abandonne pas sa politique de contestation internationale de la légitimité de son successeur à la tête de l'état malgache, Andry Rajoelina. Après avoir courtisé et essayé d'obtenir une intervention militaire de la part de l'Union africaine et de la SDAC ('Communauté de développement économique d'Afrique australe'), il participait ce lundi à un sommet du Comesa au Zimbabwe ('Common Market for Eastern and Southern Africa'), sorte de marché commun qui regroupe une vingtaine de pays d'Afrique. Les chefs d'Etat et de gouvernement du Comesa ont souhaité le retour de la démocratie dans l'île et n'ont pas exclu la possibilité d'une intervention militaire pour restaurer l'ordre constitutionnel.
Cette intervention a été rejetée par l'ONU, qui par la voix de son émissaire des Nations unies à Madagascar, Tiebile Drame, a appelé le Comesa à concentrer ses efforts sur le processus politique, et par la France. Celle-ci, qui est accusée par l'ancien président Marc Ravalomanana d'avoir appuyé son opposant Andry Rajoelina, a pour sa part souligné qu'elle préférait la solution d'un dialogue sous l'égide de l'Union africaine.
A noter que l'ancien président de la république malgache, Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud, a été condamné par la justice malgache la semaine dernière à quatre ans de prison pour abus de pouvoir. Les négociations entre les diverses factions politiques malgaches, dont celle de l'ex-président, le TIM, achoppe sur la question des prisonniers politiques ...
http://fr.news.yahoo.com/4/20090609/twl-madagascar-bd5ae06.html
Réflexion neuf (12 avril 2009)
Discussion entre les diverses factions politiques malgaches sous les auspices de l'ONU et de l'UA ...
A Antananarivo se tiennent des discussions entre une délégation de l'ex-président malgache Marc Ravalomanana, dont le porte-parole est Raharinaivo Andrianantoandro, du TIM (parti politique fondé par Marc Ravalomanana), une délégation du nouvel homme fort de Madagascar et président par intérim, Andry Rajoelina, mais également celles des anciens présidents malgaches Didier Ratsiraka (1975-1993 et 1997-2002) et Albert Zafy (1993-1996), sous l'égide de l'ONU et de l'Union Africaine, en présence de l'envoyé spécial de l'ONU Tiébilé Dramé. MM. Ratsiraka et Zafy figuraient en effet parmi les principaux opposants à M. Ravalomanana, mais ne reconnaissent pas le nouveau régime de transition malgache.
La délégation de Marc Ravalomanana a quitté vendredi les négociations en cours, prétextant de la non-satisfaction de leur requête concernant le retour de Marc Ravalomanana. Les discussions vont reprendre mardi après une interruption dimanche et lundi pour le week-end de Pâques.
Des manifestations des partisans de Marc Ravalomanana continuent d'être organisées par ses anciens proches et des membres du parti TIM réclamant son retour, rassemblant plusieurs milliers de participants. Marc Ravalomanana, qui continue de jouer la carte de l'UA et voyage dans les pays africains en quémandant l'intervention de l'UA, réussira-t-il à récupérer le pouvoir politique à Madagascar ?
Il est clair que derrière l'enjeu politique, il y a également un enjeu financier, lié au groupe Tiko de l'ancien président malgache, premier groupe malgache dont le nouveau pouvoir pourrait être tenté de gêner le développement voire de le démanteler, pour le bien du pays (en relation notamment avec les déboires vécus par ses principaux concurrents pendant la présidence de Ravalomanana).
Pendant ce temps-là, alors que le nouveau pouvoir malgaches est accaparé par les négociations politiques, il continue de se dire à Madagascar que l'ensemble des concessions attribuées à des groupes étrangers (ou à des groupes malgaches comme Tiko) sur les ressources ou sur les richesses malgaches (comme les terres données en location à des groupes coréens ou sud-africains) devront être réétudiées ...
Réflexion huit (5 avril 2009)
De nouvelles violences à Madagascar alors que la légitimité d'Andry Rajoelina est toujours contestée ...
... Des assises nationales contestées par des mouvements citoyens ...
... Une manifestation importante (entre 15.000 et 20.000 personnes) de partisans de l'ancien président Marc Ravalomanana, menée par des proches de son parti politique TIMM, violemment dispersée par les forces de l'ordre qui ont fait usage de tirs de grenades lacrymogènes puis de tirs de sommation nourris ... une trentaine de blessés décomptée par les hôpitaux malgaches, la majorité victimes des mouvements de foule mais aussi atteints par des tirs des forces de l'ordre ...
http://www.leparisien.fr/international/madagascar-la-police-tire-sur-les-partisans-de-l-ex-president-28-03-2009-458401.php
... Marc Ravalomanana, ex-président destitué, qui condamne désormais le coup d'état militaire qui l'a contraint à fuir Madagascar, et qui participe au sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) dont Madagascar est l'un des pays membres ... ... Un sommet de la SADC qui s'est tenu à Mbabane, capitale du Swaziland le 30 mars 2009 en présence de Marc Ravalomanana, qui devait décider de sanctions à l'encontre du régime de M. Rajoelina ... et qui appelle au retour de l'ex Président destitué ...
http://www.france24.com/fr/20090330-sadc-retrouve-discuter-madagascar-andry-rajoelina-sanctions-ravalomanana
... Le maire de Fianarantsoa, grande ville malgache dans le centre de Madagascar, à quelques centaines de kilomètres d'Antanarivo, apparemment limogé par Andry Rajoelina lors d'une des ses premières visites sur le terrain dans les provinces malgaches, et remplacé par un ancien prisonnier politique récemment libéré sur décision du nouveau dirigeant malgache ...... Tandis que la suspension des travaux de l'assemblée nationale et du sénat malgache décidée il y a quelques semaines par Andry Rajoelina, fait toujours craindre en un dérapage du nouveau pouvoir malgache vers le despotisme ... même si cette suspension s'était accompagnée par la création d'une Haute Autorité pour la transition (HAT), alors que l'Assemblée nationale et le Sénat étaient largement dominés par les partisans de Marc Ravalomanana ...
http://www.ledevoir.com/2009/03/20/240594.html
... La situation n'est toujours clairement pas simple à Madagascar !!!...
Réflexion sept (23 mars 2009)
Fin du conflit malgache et début de quelques autres difficultés ?...
Voilà c'est fait. Il y a quelques jours, Marc Ravalomanana, lâché par ses principaux soutiens, au premier rang desquels l'armée malgache, quittait le pouvoir à Madagascar, laissant la victoire politique et l'exercice du pouvoir à son jeune opposant Andry Rajoelina. La rue malgache, aidée cette fois-ci par l'armée, a une nouvelle fois parlé. Il aura quand même fallu quelques dizaines de morts pour cela, dont le sang coule encore sur les mains de l'ancien président, et des centaines de blessés.
Ce que l'histoire ne dira jamais, c'est si, sans ces morts du 7 février qui sont mis à l'actif de la garde présidentielle de Ravalomanana, cette armée malgache se serait malgré tout lancée dans cette aventure, au moment où Andry Rajoelina avait pratiquement perdu la partie, ses partisans dispersés et lui-même étant dans l'obligation de se réfugier sous la protection des Nations Unies et de la France ?
Nul ne peut le dire ! On rentre évidemment aujourd'hui dans une autre période difficile, que ce soit pour les fonctionnaires malgaches ou les partisans de l'ancien président, qui risquent de subir la vengeance des foules des supporters du nouveau dirigeant malgache que la rue a porté au pouvoir. On rentre aussi dans une période d'incertitude constitutionnelle, avec un dirigeant de la république malgache trop jeune pour briguer la présidence malgache, qui a choisi de suspendre la constitution malgache pour deux années avant d'organiser de nouvelles élections, en attendant d'avoir l'âge de devenir président de la république.
Et puis, la réussite d'un coup d'état civil crée forcément un risque pour la stabilité politique de Madagascar ... Ce qu'une foule a fait pour un dirigeant politique, une autre foule peut le faire demain pour quelqu'un d'autre. Mais sur le fond, même si l'Europe condamne cette prise illicite du pouvoir politique et le renversement d'un gouvernement, après tout légitime, par le fait des dernières élections qui avaient reconduit Marc Ravalomanana et son clan, à la tête du pays ... il n'en demeure pas moins que selon moi, la victoire d'Andry Rajoelina est une meilleure chose pour Madagascar que ne l'était la mise en couple réglée de Madagascar par Marc Ravalomanana et sa clique. J'ai toujours été mal à l'aise face à des gens qui pensent pouvoir gérer une nation comme une grande entreprise, ce qui était justement l'optique de l'ancien président malgache Marc Ravalomanana ... Madagascar SA ... voilà ce à quoi Madagascar était censée ressembler et devenir. Sa défaite me semble un espoir pour tous les peuples qui luttent contre des dirigeants enrichis et oublieux du peuple et de sa misère ... L'histoire aussi de son avion gouvernemental qu'il venait de faire acheter pour ses déplacements de chef d'état ... quand tant de malgaches vivent à peine avec quelques dollars par jour. Il ne faut pas non plus oublier ces histoires de cession de centaines de milliers d'hectares à des entreprises sud-coréennes, indiennes ou sud-africaines ... pour des durées de 50 à 100 ans ... Il est indispensable que ces cessions soient annulées par le gouvernement et la justice malgache, et que les malgaches retrouvent le contrôle de leurs terres. Mais à une moindre mesure, il y a de très nombreux étrangers, dont des investisseurs français ou réunionnais, qui pourraient être concernés par une telle remise en cause. Sous quel prétexte peut-on remettre en cause de telles cessions ? Qu'est-ce qui fonderaient de telles remises en cause de ces cessions ? Une remise en cause délicate mais indispensable ... au risque sinon de se trouver dans la situation de l'Argentine où des firmes multinationales contrôlent des territoires immenses dont sont expulsés les natifs indiens ? Marc Ravalomanana, l'histoire d'un chef d'état ... un espoir pour les autres états en développement ou pour tous les autres pays dont les dirigeants confondent leurs intérêts personnels et l'intérêt public ...
La prise de pouvoir d'Andry Rajoelina : un espoir pour Madagascar !...
... Même si certaines promesses auxquelles il s'est engagé seront difficiles à appliquer sans désastre économique, tels par exemple les abaissements du prix de l'huile ou de certains aliments de base (pain par exemple). Il est toutefois vraisemblable que le groupe industriel de Marc Ravalomanana, Tiko, particulièrement avantagé sous les années de présidence de Marc Ravalomanana avec les difficultés rencontrées (dues au plus pur hasard) par ses principaux concurrents (dans l'imprimerie, dans les médias ...) ne pâtisse de la situation actuelle et ne soit nationalisé ou saucissonné ... Mais cela fait après tout partie des risques de l'accession au pouvoir suprême ... on ne peut jouer après tout impunément sans risque ... Il faut bien une morale à une histoire ...
Réflexion six (13 mars 2009)
La fin du conflit malgache approche-t-elle ?...
S'approche-t-on d'un dénouement à Madagascar ? Alors que le président Marc Ravalomanana semblait prendre l'ascendant sur son adversaire politique Andry Rajoelina, en récupérant notamment un certain nombre de soutiens de ce dernier, l'armée a pris position semblerait-il contre le gouvernement et contre le président. La situation politique devient de plus en plus compliquée. Un premier ultimatum de 72 heures avait été donné par le chef d'état major des forces armées malgaches, avant que celui-ci ne soit destitué par les soldats mutins. Les militaires malgaches mutins, dont le porte-parole est le colonel Noël Rakotonandrasa, ont désormais positionné des véhicules blindés dans Antanarivo, pour empêcher la présidence de la république de faire appel à des mercenaires étrangers pour écraser la rébellion et réprimer les manifestations des partisans d'Andry Rajoelina, rejoints récemment désormais par des juges. L'armée malgache aurait ainsi très mal réagi aux massacres du 7 février qui avait fait 27 morts et plus de 200 blessés, dont les forces de sécurité de Marc Ravalomanana s'étaient rendues coupables, épaulées par des instructeurs sud-africains ... De son côté, le président malgache Marc Ravalomanana aurait lancé ce vendredi matin un appel au peuple pour que celui-ci s'oppose aux militaires mutins qui ont déployé des chars dans la capitale. "Le président appelle le peuple de Iavoloha [faubourg d'Antananarivo] à s'organiser pour contrarier tous les mouvements de troupes de mutins vers le palais afin de protéger le président et le palais", a annoncé la radio privée du chef de l'Etat. Par ailleurs, la famille de Marc Ravalomanana aurait déjà quitté Madagascar pour la France où est placé une partie de la fortune de l'homme d'affaires millionnaire. Le gouvernement de Marc Ravalomanana est-il en train de vivre ses dernières heures, alors que les soldats mutins rassemblés devant le siège du gouvernement négocieraient pour que soit investi un nouveau Premier ministre désigné par Andry Rajoelina ? En tout cas, il semblerait que Marc Ravalomanana tente de s'accrocher par tous les moyens à son pouvoir, alors que les malgaches ne voient pas d'amélioration à leur situation depuis son arrivée au pouvoir. Lorsque la situation politique malgache se sera calmée, il sera enfin nécessaire de revenir sur les décisions prises par le président Marc Ravalomanana en matière économique et industrielle, les avantages qu'il aura octroyés à son groupe industriel, et les mesures les plus emblématiques qu'il aura prise, comme notamment la vente de millions d'hectares de terres agricoles au groupe sud-coréen Daewoo à à des groupes miniers sud-africains.
De l'espoir ?
Réflexion cinq (9 mars 2009)
Extension et durcissement du conflit malgache ...
Un mois après le massacre du 7 février 2009 qui avait vu la mort de 28 manifestants et fait plus de 200 blessés, trois mois après le début du mouvement de contestation, consécutivement à la fermeture de la télévision privée de son opposant politique Andry Rajoelina (dit TGV) décidée par le gouvernement de Marc Ravalomanana ... la situation se tend inéluctablement à Madagascar et notamment dans sa capitale Antananarivo ... Le gouvernement s'était ainsi décidé la semaine précédente à empêcher les rassemblements populaires des manifestants, et à faire arrêter un certain nombre de manifestants. Son principal opposant Andry Rajoelina est ainsi obligé désormais d'être caché par ses partisans pour échapper au gouvernement et à ses forces policières. La situation s'est encore compliquée hier 8 mars avec la mutinerie d'une partie de l'armée malgache, occupant un camp important (le Corps d'armée des personnels et des services administratifs et technique) proche de la capitale Antananarivo, situé dans le district de Soanierana, à environ six kilomètres du centre la capitale. Quiconque connaît Madagascar et s'est promené dans ces villes, a noté l'importance de l'armée malgache, dont les camps militaires occupent les centres urbains ... Madagascar ne ressemble pas à la France où l'armée vit à l'écart de la vie publique, hors des regards ... A Madagascar, les militaires sont partout, dans les villes et dans les campagnes. Le gouvernement de Marc Ravalomanana pourra-t-il résister à la généralisation d'une mutinerie de l'armée, à l'extension de ce conflit ? Face à une armée qui explique avoir "été formés pour protéger les biens et les personnes, pas pour tirer sur les gens. Nous sommes avec la population." Le début de la fin pour Marc Ravalomanana s'il perd l'appui de l'armée ?
Réflexion quatre (10 février 2009)
Les errements de Marc Ravalomanana - Président contesté de Madagascar ...
Ci-après une analyse d'André Oraison, professeur de droit public, spécialisé dans la décolonisation de l’océan Indien, en réponse au questionnement du Journal de l'Ile.
http://www.clicanoo.com/?page=article&id_article=201710)
« Dans les années 1960, l’île a d’abord connu une relative période de prospérité. Elle semblait promise à un riche avenir. Tout s’est détérioré après la révolution de 1972 qui a amené au pouvoir Didier Ratsiraka. Sous sa dictature, le pays a sombré dans la léthargie pendant que se développaient la corruption et le gaspillage des deniers publics. Les investisseurs et les touristes étrangers se sont détournés du pays pendant plusieurs décennies. L’avènement de Marc Ravalomanana en 2002 a alors suscité un grand espoir. L’homme semblait animé par des intentions libérales et démocratiques. Mais finalement, loin de s’améliorer, la situation du pays a encore empiré. Alors qu’il se présentait comme un modèle d’intégrité et de transparence, Marc Ravalomanana est tombé dans les mêmes errements que son prédécesseur. Il a muselé l’opposition et les médias, gaspillé les fonds publics. Confondant chose publique et chose privée, il a tiré avantage de sa position pour faire prospérer ses propres affaires. Il a laissé se développer dans son pays la corruption, la pauvreté et l’insécurité. Les événements de janvier dernier représentent donc un exutoire, la conséquence inéluctable de tout cela. Ils traduisent un ras-le-bol généralisé. »
Evidemment, Marc Ravalomanana, président en exercice de la République de Madagascar, recevra l'appui de l'Union Africaine et des principaux gouvernements étrangers, notamment ceux les plus intéressés au partage des ressources bradées de Madagascar (vraisemblablement la Corée du Sud et l'Afrique du Sud) pour les entreprises desquels un changement politique à Madagascar pourrait entraîner des pertes financières ou l'annulation de transferts importants des ressources minières ou foncières malgaches ...
Réflexion trois (8 février 2009)
7 février 2009 - Massacre à Madagascar ... plus de 28 morts et 212 blessés parmi les manifestants ...
Samedi 7 février 2009, la garde présidentielle du président Marc Ravalomanana a tiré à balles réelles sur une manifestation de partisans d'Andry Rajoelina à Tananarive, faisant au moins 28 morts et 212 blessés. Le gouvernement malgache, qui s'était pourtant emparé du pouvoir de manière relativement similaire en 2002, avec l'aide de la rue, perd manifestement la main et son sang-froid face aux partisans de l'ex-maire de la capitale malgache ...
Les partisans d'Andry Rajoelina marchaient sur le palais abritant le bureau du président Marc Ravalomanana dans le centre-ville d'Antananarivo. Madagascar est-elle dans un fonctionnement démocratique ? Le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, qui s'était autoproclamé dirigeant de Madagascar, a été destitué de son poste par le ministère de l'intérieur et a été remplacé par un administrateur provisoire, proche du pouvoir et donc du président de l'île, Marc Ravalomanana. M. Rajoelina a rapidement indiqué qu'il contestait cette destitution.
Avant cela, c'était la télévision privée de M. Rajoelina qui avait été victime de la censure du chef du gouvernement, alors que Marc Ravalomanana s'acharnait sur son opposant depuis les élections municipale de Tananarive en décembre 2007 qui avait opposé Andry Rajoelina (dit TGV) à un partisan du maire en place. Comble de l'ironie et signe d'une dictature qui ne dit pas son nom, le motif officiel de la destitution de M. Rajoelina de ma mairie de Tananarive serait, selon la préfecture, "des manquements dans la conduite de la mission de la commune, par exemple en ce qui concerne la gestion des ordures". Madagascar, un pays de non-droit ...
Un président Marc Ravalomanana, chef d'entreprise d'un des principaux groupes industriels malgaches, dont on ignore s'il ne confond pas ses intérêts personnels et le bien public de Madagascar ... un président ayant désormais du sang sur les mains après avoir cautionné l'assassinat (ou la tentative d'assassinat) de centaines de manifestants devant son palais présidentiel ... Madagascar ou la tentation du pouvoir despotique ... Déjà, lors de l'élection municipale de Tananarive en décembre 2007, le pouvoir en place avait usé de toutes les possibilités de pression à sa disposition (économique ou politique) pour barrer à la route à Andry Rajoelina ... sans résultat ...
Réflexion deux (3 février 2009)
Comment Madagascar a-t-elle pu en arriver à ce point de sous-développement ?...
Il est facile de condamner la colonisation lorsque l'on traite des problèmes de sous-développement des états africains, et d'accuser l'ancienne puissance coloniale des différents maux dont souffrent leurs anciennes colonies. On compare souvent défavorablement à ce sujet la France et l'Angleterre pour leur comportement pendant la période coloniale et à la sortie de la période coloniale, au détriment de la première. Madagascar ne fait pas exception.
Ce pays, potentiellement riche en ressources naturelles, constitue l'un des états les plus pauvres du monde. Le salaire moyen d'un travailleur malgache y est particulièrement bas (à peine un peu plus d'un euro par jour). Certaines dates de l'histoire de sa colonisation ont laissé de profondes cicatrices dont la mémoire populaire, telle la révolte de mars 1947 et la répression par l'armée française qui a suivi. Les décomptes officiels parlent de 90.000 morts parmi les insurgés malgaches (Jean Fremigacci, maître de conférences à Paris-I et enseignant à l'université de Tananarive, parle de 30.000 et 40.000 morts, dont 10.000 de mort violente et le reste de faim ou de maladie), alors que l'insurrection aurait coûté la vie à 200 civils européens (planteurs, colons et habitants des villes côtières, abattus au fusil ou à la machette), à 350 militaires européens et à 1.900 supplétifs malgaches (ou soldats de l'armée coloniale ... tirailleurs sénégalais).
La répression donnera lieu à de nombreux crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires de prisonniers ou de militants politiques, regroupements forcés, mises à feu de villages, viols ... Cette date est forte dans l'imaginaire malgache, et témoigne encore de l'horreur colonialiste.
Pourtant, à la fin des années 1970, lors de la déclaration de la république socialiste malgache par Didier Ratsiraka et le rejet de l'influence française pour se rapprocher de l'Union Soviétique, après presque une décennie d'indépendance, Madagascar bénéficie encore d'un haut niveau de développement et d'infrastructures en bon état.
La comparaison avec l'île de la Réunion ou avec l'île Maurice, situées à quelques centaines de kilomètres au large dans l'océan indien, est intéressante. Dans les années 1960 et 1970, Madagascar, et sa capitale Tananarive, est beaucoup plus développée que les îles avoisinantes, et La Réunion et Madagascar appartenant toutes deux à la sphère d'influence française, on venait de La Réunion (pourtant département français depuis 1948) se faire soigner dans les hôpitaux de Tananarive.
Dès les années 1980 et aujourd'hui plus encore, les médecins et les chirurgiens réunionnais montent des opérations humanitaires avec l'armée française pour venir soigner gratuitement les citoyens malgaches dans les villages côtiers ou de l'intérieur. La Réunion, grâce à des financements publics très importants, notamment des fonds POSEIDOM et FEDER de l'Europe, a rejoint le niveau de développement de la France et de l'Europe. La république de Maurice a de même réussi son décollage industriel et économique et bénéficie d'infrastructures de très bons niveaux, grâce toutefois à une immersion réussi dans le commerce mondial, sans aide toutefois d'une métropole européenne ou des programmes européens de subventions.
Comment expliquer l'échec du développement de Madagascar et son appauvrissement et la destruction de ses infrastructures sanitaires ou de ses réseaux de transport ou d'adduction et de voirie ? La faute à des dirigeants corrompus ou incompétents ou à des erreurs politiques ? Une faute inhérente au processus d'indépendance ?
La même situation a aussi été observée dans l'archipel des Comores, avec des niveaux de développement extrêmement divergents entre les îles qui ont choisi la voie de l'indépendance dans les années 1970 (Mohéli, Grande Comore, Anjouan), extrêmement sous-développées et Mayotte, dont les habitants ont souhaité demeurer rattachés à la France, et qui rejoint peu à peu le niveau de développement européen, malgré des spécificités de coutûme qui laissent une partie de la population au marge des évolutions de la société moderne. Pourquoi ces échecs des mouvements d'indépendance en Afrique, même dans les pays qui n'ont pas subi une guerre d'indépendance trop traumatisante ?
Mettre la faute sur le colonialisme me semble par trop réducteur et trop simpliste ...
Réflexion une (1er février 2009)
Madagascar, île continent de l'océan indien, à quelques centaines de kilomètres du continent africain, au large du Mozambique, du Kénya, de la Tanzanie ou de l'Afrique du Sud, situé sous le tropique du Capricorne, qui s'étend sur plus d'un millier de kilomètres de long ...
Ancienne colonie française, autrefois (avant la colonisation) dirigée par une reine issue de l'ethnie des mérinas, qui a accédé à l'indépendance en 1960, Madagascar a déjà connu des épisodes de coup d'état militaire et de renversement par la rue du pouvoir en place.
Madasgascar, bien que bénéficiant d'un sous-sol particulièrement riche du point de vue minier, est économiquement très peu développée et ses habitants sont parmi les plus pauvres du monde, avec un salaire moyen de quelques euros par jour (entre 1 et 3 euros). En 1975, un premier coup d'état avait porté au pouvoir Didier Ratsiraka (précédé de l'assassinat de son prédécesseur Richard Ratsimandrava, colonel de gendarmerie). Didier Ratsiraka sera à l'origine d'une expérience de gestion socialiste de Madagascar, qui échouera toutefois. Il sera renversé en 1991 et une nouvelle constitution est mise en place en 1992, conduisant Albert Zafy à la présidence de la République. Didier Ratsiraka sera réélu par le peuple malgache en 1996 comme président de la république malgache.
2001 verra la victoire autoproclamée d'un des plus riches industriels malgaches (si ce n'est le plus riche, propriétaire du groupe Tiko), Marc Ravalomanana ... Une sorte de Silvio Berlusconi malgache ... Dès 1999, il avait été élu maire de Tananarive, la capitale malgache, en dehors des partis politiques ... Il s'autoproclamera président de la république malgache en 2002, contestant les résultats proclamés du premier tour de l'élection présidentielle, qui conduisaient à un deuxième tour de scrutin ... De larges manifestations de soutien à Marc Ravalomanana seront organisées ... Une médiation de l'Organisation de l'Unita Africaine sera organisée (conduite par le président sénégalais Abdoulaye Wade) mais celle-ci échouera ... la Haute cour constitutionnelle validant l'élection présidentielle au premier tour ... Marc Ravalomanana une fois élu, promettra de gérer Madagascar comme une entreprise, capitalisant sur son succès de capitaine d'industrie pour sortir Madagascar du sous-développement.
Pourtant, depuis 2002, Marc Ravalomanana sera accusé à plusieurs reprises de privilégier son propre groupe industriel, au détriment de certains de ces principaux concurrents (dans le domaine alimentaire, de l'imprimerie ou des médias), qu'il poussera parfois à la liquidation judiciaire. En 2008, Marc Ravalomanana tentera par tous les moyens à sa disposition de bloquer l'accession de Andry Rajoelina (alias Andry TGV) à la mairie de Tananarive, en usant notamment de pression sur les entreprises de son adversaire et de ses soutiens et supporters ... Comme respect des règles de fonctionnement démocratique, on fait mieux ...
La situation actuelle ressemble aux épisodes de 1991 et années 2001 et 2002, avec de larges manifestations de soutien à Andry Rajoelina dans la capitale malgache, et un opposant politique qui s'autoproclame chef du gouvernement et appelle à la démission du gouvernement malgache et du président Marc Ravalomanana ... La fermeture administrative d'office de la télévision privée d'Andry Rajoelina (Viva) par Marc Ravalomanana, pour avoir passé un interview de l'ancien président en exil Didier Ratsiraka, est à l'origine de cet embrasement ...
Mais le maintien de la misère dans laquelle sont plongés de très nombreux électeurs malgaches explique également l'insatisfaction des manifestants ... et le fait que la démocratie malgache demeure encore fragile, avec une manipulation extrêmement facile des masses grâce à quelques promesses ... Par ailleurs, la gestion ultra-libérale impulsée par Marc Ravalomanana est mal perçue par la population malgache, gestion qui s'est notamment traduite par la cession d’immenses terrains au sud-coréen Daewoo (plusieurs centaines de milliers d'hectares de terres arables) et à Rio Tinto ... Vu de l'extérieur comme de l'intérieur pour une partie de l'électorat malgache, le gouvernement de Marc Ravalomanana ressemble beaucoup plus à une dictature, non plus militaire comme par le passé, mais une dictature quand même, avec un mélange des intérêts publics et privés de ses dirigeants ... et des pressions antidémocratiques sur ses opposants et leurs partisans ...
Pour l'instant, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, ainsi que les pillages de magasins, avaient déjà fait 43 morts parmi les contestataires. Les sociétés du groupe Tiko, appartenant au chef de l'état, ont été particulièrement prises pour cible par les émeutiers ... de même que des grandes surfaces alimentaires et des centres commerciaux ...
L'échec de l'ultralibéralisme à Madagascar après l'échec du socialisme ... La vente pour quelques millions de dollars de centaines de milliers d'hectares de terres arables à un groupe privé étranger (coréen) était notamment particulièrement choquant et inquiétant, tout particulièrement parce que ces opérations se déroulent de la même manière un peu partout dans le monde, dans les pays en développement, préludant à une nouvelle forme de colonialisme, qui ne serait même plus mené par les anciennes puissances coloniales mais par les nouvelles puissances commerciales et financières du monde de demain ...
C'est toutefois sans compter avec les difficultés du droit dans ces pays en développement, où des expropriations de propriétaires étrangers ont été régulièrement observées par le passé ...
Saucratès
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