Critique de l'économie
Retour sur la critique de l’économie
Idées pour une critique de l’économie
Par Saucratès
Saint-Denis de La Reunion, samedi 3 décembre 2022
Qu’est-ce que cela signifie de vouloir réfléchir à une critique de l’économie ? Pourquoi est-il nécessaire ou utile de critiquer l’économie ? Ce sont des questions intéressantes. Si je veux vous parler de critique de l’économie, il faut déjà vous expliquer qu’est-ce que cette économie.
L’economie est un ensemble de théories qui modélisent et chercher à expliquer le fonctionnement de nos sociétés occidentales modernes ou archaïques. C’est cet ensemble de théories qui valide l’existence des riches et des pauvres, des très très riches et des très très pauvres, qui trouve un sens à l’existence du chômage, qui donne un sens aux recommandations du FMI pour libéraliser les marchés du travail ou des compartiments ou secteurs économiques de pays sous la férule du FMI. C’est cet ensemble de théories qui organise et donne un sens, une légitimité au monde tel que nous le connaissons. Il n’y aurait pas l’économie, la richesse des uns ne serait qu’une forme d’injustice, de vol, de captation de la richesse de tous par quelques uns.
Mais l’économie et la religion sont venues donner un sens, une légitimité, à tout cela, pour que les accapareurs deviennent des héros nationaux, des chevaliers d’industrie.
L’économie est avant tout une imposture, une caution morale bancale servant à masquer un vol séculaire. D’où la nécessité d’une critique de cette économie, de ce corpus de théories.
D’ailleurs, même les plus zélotes, les plus zélés des admirateurs ou des défenseurs de l’économie détestent une fraction de ce système, et le plus souvent, il s’agit des banques. Les banques qui ne sont qu’un rouage de ces théories, un outil au service du fonctionnement de l’économie, mais c’est aussi ceux qu’il est le plus commode de détester. La haine des juifs trouve son prolongement dans la haine de l’argent et du banquier.
Parmi les critiques de l'économie, il faut rappeler la place centrale de l’auteur du Capital, Karl Marx. Le Capital est l’ouvrage central de la critique de l’économie. Mais on peut aussi rappeler Veblen ou mon auteur préféré : Karl Polanyi et son ouvrage phare, «Trade and Market in the Early Empires, Economies in History and Theory».
1. L’idée du marché régulateur
On le trouve notamment à la fois chez Marx et chez Karl Polanyi. Ainsi le livre I du Capital. «Le premier chapitre [du Capital] détermine déjà la singularité de cette société, dont la structure est essentiellement économique et où l’organisation de la production se réalise à travers des marchés régulateurs, selon l’expression de Polanyi.»
Peut-on dire des marchés qu’ils sont régulateurs ? Ils semblent l’être effectivement, parfois avec l’aide des États ou d’organismes étatiques. Mais le comportement individuel de chaque acteur n’est pas régulateur, notamment lorsque ces acteurs deviennent de plus en plus gros. Ils recherchent la part de marché maximale, le chiffre d’affaires maximal, le bénéfice maximal, comme le démontre les comportements prédateurs de FaceBook, d’Elon Musk ou de Twitter. Si les marchés sont régulateurs, ce n’est pas grâce aux entreprises qui les composent, mais bien malgré eux. Et on peut imaginer que si une entreprise devenait si puissante qu’elle dépassait la puissance des États, l’agrégation de tous ses concurrents, le marché ne serait peut-être plus un lieu de régulation ?
Mais ce concept de marché régulateur éclaire d’un jour nouveau le concept éculé et apparemment indémontrable dans la réalité de la ‘main invisible des marchés’. Ces deux concepts sont au fond interdépendants. Et d’une certaine façon, aussi peu démontrable l’un que l’autre.
Les marchés ont-ils un fonctionnement régulateur ? On retrouve aussi la théorie de l’école néo-marxiste dite de la régulation, de Michel Aglietta. Comment des marchés composés d’entreprises qui recherchent le profit maximum et les normes les plus restreintes pourraient-ils s’avérer régulateurs, c’est-à-dire producteurs de normes et de régulation ? Les marchés financiers les premiers n’ont rien de marchés régulateurs, comme la crise des années 2007-2009 l’avait amplement démontré. Les marchés ne sont régulateurs que tant que d’autres entreprises, d’autres intervenants du marché servent de régulateurs. Tant que d’autres intervenants ne parient pas à l’inverse du reste des intervenants du marché. Mais si l’ensemble des intervenants prennent les memes decisions économiques ou financières, alors le mythe du marché régulateur explose. On se trouve face à une bulle spéculative, qui se nourrit des paris de tous les intervenants, jusqu’à ce que certains commencent à avoir peur, se retirent du marché. Et le marché continue à grimper encore pendant quelques semaines, avant qu’il ne s’effondre, victime de ceux qui font désormais le pari inverse.
Le marché régulateur n’est au fond qu’un mythe supplémentaire visant à légitimer les fortunes gagnées ou perdues pendant ces crises financières. Un mythe visant à renommer l’organisation de l’économie moderne autrement que comme une pure loi de la jungle, où seuls les plus forts l’emportent, les plus forts perdurent et se reproduisent ; concept oh combien choquant pour des économistes qui se disent scientifiques. Le marché régulateur n’est qu’un concept concurrent de la planification administrative, soviétique ou française. Et pourtant, dans certains domaines, il n’existe rien de mieux que la planification lorsque la poursuite de l’enrichissement personnel de nos élites prime sur l’intérêt de la Nation !
On appelle en France planification ce que les américains nomment «Patriot Act».
2. L’économie est-elle une science ?
Ma réponse est NON. Définitivement NON. Parce que l’économie présente sous le vocable de théorie économique de la main invisible, du marché régulateur, de sciences économiques, un fonctionnement qui s’apparente à la loi de la jungle, une lutte où seuls les plus forts l’emportent, les plus forts survivent, les plus riches, les mieux adaptés résistent.
Parce que l’économie a construit tout un corpus de règles, de principes, régissant son fonctionnement supposé à cent mille lieux de la réalité des interactions humaines. Les agents économiques sont sensés tous agir de manière rationnelle, maximiser notre utilité ou notre satisfaction personnelle ou collective, sans que cela n’est le moindre rapport avec la forme ou les raisons de nos propres décisions. L’homo aeconomicus est sensé avoir une calculatrice ou un ordinateur à la place du coeur. Mais ce n’est pas la réalité, en tout cas pour la majeure partie d’entre nous.
Une matière comme l’économie n’est pas une science parce que certains transcrivent certains comportements factices, idéalisés, sous forme de fonctions mathématiques. La simple présence des mathématiques ne suffit pas à faire de l’économie une science, surtout si ces mathématiques reposent sur des préceptes inapplicables de la concurrence pure et parfaite qu’il est parfaitement impossible d’observer dans la réalité.
Cette matière n’est pas non plus une science expérimentale sous prétexte qu’elle organise des expériences comparatives entre populations ou villages selon qu’on leur donne une subvention ou une indemnité mensuelle ou non (cf. les expériences d’Esther Duflo, lauréate du prix Nobel d’économie). On ne parle pas de sciences expérimentales parce qu’on rajoute un peu de sel dans l’eau et puis qu’on vérifie que le point d’ébullition arrive plus rapidement, à une température d’ébullition plus faible. Et surtout, on ne parlerait pas de science expérimentale si dans certains cas, on ne voyait pas de changement, si certaines expériences ne donnaient pas les résultats escomptés sans que l’on puisse l’expliquer. En physique, on penserait à la présence d’autres facteurs explicatifs. En économie supposée expérimentale, on élimine des cas tangents, parce qu’ils vont à rebours des idées préconçues des expérimentateurs qui se prennent pour Dieu le père (ou Dieu la mère dans le cas d’Esther Duflo)l parce qu’il faut éliminer les cas atypiques. Une science expérimentale qui n’est capable que d’expérimenter des cas microscopiques sans intérêt, dont on connaît déjà la réponse (les femmes de tel village s’en sortir ont-elles mieux si on leur verse une prime mensuelle de X euros qui si on ne leur verse rien ?) n’a rien d’expérimentale !
Dire que l’économie est scientifique constitue ainsi une aberration, une exagération. D’où la nécessité de refonder l’économie à rebours de tout dogmatisme mathématique ou expérimental, à rebours de toute la recherche économique de ces cent dernières années.
Saucratès
A lire mes articles précédents
Biens communs et capitalisme
Saint-Denis de la Réunion, dimanche 29 août 2021
Un article du Monde m’a intéressé. Il parlait des communs fonciers. Cette tribune d’un collectif de personnalités écologistes met en avant l’importance et l’apport des biens fonciers communs (ou communaux).
Intéressant parce que les biens communs mondiaux, ou biens publics mondiaux, sont une notion fondamentale en économie du développement. Formation, transports, moyens de communication, électricité, éclairage public, réseaux d’assainissement ou de distribution d’eau, un bien commun ou un bien public est un bien dont la production a nécessité d’être assuré par le secteur public, et qui permet l’accroissement du bien-être général d’une population.
En économie, on parle de non-rivalité et de non-excluabilité. La consommation du bien concerné par un agent n'affecte pas la quantité disponible pour les autres agents (principe de non-rivalité). Et il est impossible d'exclure un agent de l'utilisation de ce bien, même s'il n'a pas participé à son financement (principe de non-excluabilité). A ne pas confondre avec les biens publics purs comme l’eau ou l’air.
Evidemment, le principe d’un bien public ou commun n’est pas général. Au-delà d’un certain usage, la consommation par un usager peut dégrader la qualité disponible pour tous les usagers. Dans le cas d’une route, on voit l’apparition de bouchons et de blocage. Idem pour la distribution d’électricité lorsque le réseau électrique est surchargé par l’afflux de la consommation électrique et que le réseau s’écroule ou que des délestages sont nécessaires.
L’économie libérale a pour objectif d’arriver à libéraliser, privatiser, l’accès à l’ensemble des biens communs et des biens publics. C’est je pense la marque de fabrique du capitalisme. Et ceci est d’autant plus vrai, ce qui rend d’autant plus intéressant cette tribune, c’est qu’à l’origine de toute la théorie économique libérale, de toute pensée capitalisme, de tout le capitalisme, on trouve une controverse qui s’est déroulée en Angleterre et qui porte le nom des «enclosures». Cette controverse a opposé Malthus à Ricardo. Le mouvement des enclosures est à l’origine du capitalisme anglais. A partir du XVIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, les riches propriétaires fonciers anglais convertissent les champs ouverts et les pâturages communs cultivés par les communautés paysannes en pâturages pour des troupeaux de moutons pour le commerce de la laine.
Remettre en avant désormais l’usage et l’importance des biens communs, et leur intérêt en matière de gestion des ressources pour le bien de l’humanité est un magnifique pied de nez réalisé au grand capitalisme mondial. Le forcer à mutualiser, à rendre l’accès public et libre, de tous les biens qu’ils ont confisqués, qu’ils ont accaparés, au fond que nous avons confisqués et accaparés ... Car derrière ce capitalisme, il y a nous, petits bénéficiaires et petits consommateurs.
Une autre notion en lien avec ces biens communs a été ce que l’on a appelé la «tragédie des biens communs», de Garrett Hardin. Que si un bien commun n’appartient à personne, alors personne n’a d’intérêt à l’entretenir et à en réguler l’usage entre les utilisateurs. Se pose aussi et surtout le souci des resquilleurs, des passages clandestins, de ceux qui cherchent à en user sans participer à sa gestion, à sa production ou à son entretien. La théorie de Hardin a été contredite notamment par Elinor Ostrom.
Plus de cinq cent ans après le mouvement des enclosures anglais, que Karl Polanyi ou Karl Marx présentaient comme le moment constitutif de l’apparition du capitalisme, il est intéressant d’observer que le mouvement citoyen et écologiste va enfin s’attaquer à une cause réelle de la suprématie capitalisme, l’accaparemment des ressources communes par le grand capital.
Saucratès
Réchauffement climatique et économie
Saint-Denis de La Réunion, mardi 11 août 2020
Je vais traiter aujourd’hui d’économie et de réchauffement climatique, pour reprendre un dialogue à distance entretenu avec M. Bruno Bourgeon. Avant tout, je tiens à indiquer que je ne suis pas climato-sceptique, je suis en effet persuadé que l’activité de l’homme est en grande partie responsable des émissions croissantes de gaz à effet de serre qui sont elles-mêmes la cause du réchauffement climatique de notre planète Terre. Mais ceci étant dit, je ne suis pas comme ces excités qui exhibent comme preuve du réchauffement climatique tout fait qui corrobore la hausse des températures. Incendies monstrueux en Australie ou en Sibérie, record de température en décembre 2019 à l’Ile de la Réunion ... Je ne me retrouve ainsi pas du tout dans les égéries de la lutte contre le réchauffement climatique comme Greta Thurnberg. Ces jeunes leaders seront peut-être demain de grands leaders politiques et conduiront le monde, la Terre, à un grand changement, mais je crains plutôt qu‘ils ou plutôt elles seront les meneurs d’un fascisme écologique mondial qui pointe peu à peu son nez. Mais je comprends aussi que ces jeunes puissent être considérées par d’autres comme des messies, des leaders éclairés.
Ceci étant précisé, le monde n’étant pas encore ni fasciste ni une dictature écologique, je vais en revenir à mon propos liminaire sur l’économie.
1) Comment le monde économique pourrait-il intégrer les contraintes du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles dans la formation des prix et dans la production des biens et services et leur consommation par les usagers ?
Tel est en effet le but de l’économie. Expliciter et mettre en équation le fonctionnement du monde et des échanges économiques. Et dans le cas présent, comprendre pour quelles raisons les prix du pétrole et des ressources naturelles en voie d’épuisement n’intègrent pas cet épuisement annoncé. Car le fonctionnement normal de l’économie voudrait que face à l’engorgement du monde, à l’épuisement des ressources naturelles et aux émissions croissantes de gaz à effet de serre, les prix de ces différents biens et services devraient exploser en intégrant les effets du réchauffement climatique. Ce renchérissement limiterait peu à peu l’usage de ces biens à une seule élite de super-riches, ce qui aurait pour effet de réduire les émissions de GES et l’épuisement des ressources naturelles liés à la fabrication et à la consommation de ces biens. Ce serait ainsi le cas de l’essence et du pétrole, de la viande de bœuf, des voyages en avion et du tourisme. Face à une essence à plus d’une dizaine d’euros du litre, à de la viande de bœuf ou de poulet à plusieurs centaines d’euros du kilo, à des billets d’avion à plusieurs dizaines de milliers d’euros, les consommateurs normaux n’auraient plus la possibilité d’en consommer ou de s’en offrir, et ils n’émettraient plus autant de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Sans essence, il n’y aurait plus de véhicules automobiles, plus de voyages en avion ... Les prix des matières premières et des produits polluants auraient dû normalement croître peu à peu pour que la transition ne soit pas trop violente, afin que les consommateurs des classes pauvres ou moyennes se restreignent peu à peu.
On peut penser que ce fonctionnement économique normal est monstrueusement injuste et violent, pratiquement fasciste. Tout le monde trouverait-il normal, moral, acceptable, que ces biens mauvais pour la planète continuent d’être produit et consommé, en petite quantité, au bénéfice seulement d’une fraction enrichie de la population ? Pour une seule élite ? Mais il faut aussi noter que produits et consommés en petite quantité, ces biens et services ne sont pas mauvais pour la planète. C’est seulement leur usage et leur production en masse qui est mauvais pour la planète.
Et au fond, dans la réalité, on accepte déjà tous les jours un tel fonctionnement. On accepte l’existence de produits de luxe, plus agréables, plus efficaces, plus beaux, que seuls une poignée de riches peuvent s’offrir. On accepte par exemple l’existence des Ferrari et des Buggati lorsque tout le monde ne peut rouler qu’en Peugeot ou en Renault ...
2) Mais ces mécanismes économiques de régulation par les prix n’ont bizarrement pas fonctionné, et ont conduit au contraire à la production de masse de biens de consommation, aggravant leur impact en terme de pollution ...
De manière très surprenante, ces mécanismes économiques n’ont effectivement pas fonctionné convenablement dans le monde capitaliste occidental, ni ailleurs d’ailleurs ; les prix de tous les biens et services n’intègrent ainsi pas les effets de leur épuisement annoncé et du réchauffement climatique. Bien au contraire, ces biens et services se sont démocratisés et ils ont été produits de plus en plus massivement, jusqu’à rendre flagrant l’impact de leurs émissions de GES. Comment cela s’explique-t-il ?
Face à ce mécanisme économique normal, qui voudrait que les prix reflètent le coût de fabrication réel des biens et services, les positions des extrémistes écologistes et des collapsologues visent à l’interdiction de l’utilisation et de la commercialisation de ces biens et services néfastes pour la planète. Ils ne visent pas à réguler par les prix leur usage et leur commercialisation, mais ils veulent leur interdiction absolue. Interdire les SUV et les 4x4 par exemple parce qu’ils polluent plus que les autres véhicules automobiles. Interdire les voyages en avion. Ecceterra.
Mais en même temps, on pourrait dire que le fait de limiter l’usage de ces biens et services aux seuls plus riches consommateurs n’est guère plus acceptable socialement ni plus juste éthiquement parlant. D’une certaine façon, on voit ainsi s’opposer deux visions du monde : une vision économique, inégalitaire, contre une vision morale ou plutôt moralisante et égalitariste. Régulation par les prix contre interdiction pour tous et jugement ou condamnation moral. D’un côté, on plonge vers encore plus d’inégalités sociales. De l’autre, on donne à une minorité de dictateurs en herbe le droit de décider ce que l’on a le droit de consommer et d’acheter. Et le risque existe que la liste des interdictions s’étendent de plus en plus, selon les goûts de chacun des dictateurs autoproclamés.
3) Peut-on expliquer le fonctionnement imparfait de l’économie mondiale ou bien proposer des solutions ... ou bien comment expliquer cette absence d’une véritable volonté politique mondiale ...
Je ne suis évidemment pas compétent pour expliquer les raisons du fonctionnement imparfait des marchés et des prix. Pour quelles raisons les prix du pétrole ne reflètent-ils pas le niveau de raréfaction de cette ressource naturelle, pas plus que les prix de toutes les autres ressources naturelles ou minérales ? Pour quelles raisons le prix du pétrole a-t-il autant baissé depuis la crise financière de 2007, voire est-il presque devenu négatif pendant la pandémie de coronavirus ? Pour la même raison que le prix du diesel et de l’essence ne peut pas socialement dépassé 1,20 ou 1,50 euro sans violente réaction populaire ou sans mouvement de blocage des transporteurs à La Réunion ou en France. Il y a des raisons politiques et sociales en interne, il y a des raisons de conflits ou d’arbitrage internationaux. Et il y a des raisons liées à la spéculation financière. Et certainement encore d’autres raisons ...
La spéculation permet à des financiers de spéculer et de gagner des milliards sur à peu près tout ce qui se négocie. Les technologies des énergies renouvelables. La baisse des devises internationales. La baisse des cours des marchés en période de crise financière. La baisse de l’immobilier en cas de crise des subprimes. La spéculation sur les masques, les gels et les vaccins en période de pandémie. Et demain sur les ressources en eau en cas de crise écologique.
Le fonctionnement des marchés, donc du capitalisme, est totalement imparfait, contrairement à toutes les théories sur la concurrence pure et parfaite. La bonne allocation des ressources financières, idéal-type du capitalisme est évidemment remise en cause par les ravages de la spéculation financière.
4) Le concept d’externalités négatives et de pollution offre un cadre théorique permettant de comprendre les dysfonctionnements du système capitaliste d'établissement des prix ...
On sait que le capitalisme ne sait pas non plus gérer la pollution, et qu’une instance supérieure, l’Etat, doit obligatoirement imposer des taxes au capitalisme et aux industriels pour prendre en compte le coût de la pollution pour la collectivité et pour les citoyens. Mais si ce principe marchait bien très bien au temps de l’Etat nation, cela ne fonctionne plus dans le cadre de la mondialisation, lorsque les industriels et les financiers peuvent déplacer leur système productif dans les pays les moins-disants en matière de législation et de protection.
Il en va de même pour la composante de raréfaction des ressources naturelles, et d’émission de gaz à effet de serre. Le marché ne peut pas les prendre en compte parce que c’est une forme ressemblant au concept de pollution ou d’externalités négatives. Leur prise en compte par le marché n’est possible que si elle est imposée par un Etat ou par la communauté internationale. Et du fait de la mondialisation, il ne faut pas que ces industriels puissent trouver des états moins disants en terme de normes. Et nous savons évidemment que ce n’est pas le cas. Chaque État cherche à être moins disants que ces voisins, même et surtout dans l’Union européenne. Moins-disants en règles sociales, moins disants fiscalement comme l’Irlande ou les Pays-Bas ...
Aujourd’hui, la seule façon de légiférer sur ce sujet par nos Etats occidentaux dans ce domaine est de cibler les consommateurs. C’est pour cette raison que nous sommes abrutis de taxes. Viser les producteurs ne peut que conduire à la fuite des productions déménageables, même s’il n’en reste pratiquement pas en France. Les États préfèrent ainsi taxer directement les consommateurs, sans toucher aux marges des producteurs. Mais cet excès de taxe à la consommation crée des mouvements sociaux de contestation, que ce soit celui des bonnets rouges en Bretagne ou celui des gilets jaunes.
Il faudrait une législation internationale visant à faire payer le vrai prix pour tout ce qui aide à la mondialisation des échanges, pour tout ce qui émet des gaz à effet de serre. Imposer la prise en compte des coûts économiques et sociaux liés à la gestion des externalités négatives (pollution, émission de gaz à effet de serre, épuisement des ressources, droit des générations suivantes à bénéficier de ces ressources ...). Seraient concernés toutes les activités polluantes ou émettrices de GES : véhicules automobiles des particuliers, déplacements aériens, frets pour les échanges internationaux, bétail pour l’alimentation humaine. Vrai prix du pétrole pour intégrer sa pollution et son épuisement prochain. Mais tout ceci doit se faire au niveau international.
Et tout ceci ne peut pas se faire immédiatement. Nous avons vu pendant ce confinement et cette pandémie les ravages qu’un arrêt du commerce international et des transports aériens peut provoquer. Manque de médicaments, de produits, de matériels. Il faudra des années, voire des décennies, pour relocaliser tous les systèmes de production au plus proche des consommateurs.
Y a-t-il donc un espoir ? Cela me semble très improbable. Mais est-on d’ailleurs prêt à tout payer plus cher, à moins consommer, ne pas changer de téléphone, d’ordinateur, de montre connectée, de voiture, tous les quatre matins ? Et à voir certains, les plus riches, de continuer à pouvoir les acquérir et les utiliser ? Sans en être envieux et haineux ? Et qu’en penseront les intégristes de l’effondrement ?
Saucratès
Critique de l'économie (2)
Réflexion neuf (10 janvier 2013)
De la nécessité d'une refondation de mes réflexions sur les sciences économiques
La crise financière que le monde traverse depuis l'été 2007, qui a donné naissance à ce que l'on a appelé la plus grande crise financière depuis les années 1930, et qui rappelle tant la longue récession qui s'est étendue de 1873 à 1896, rend nécessaire de repenser les soubassements des sciences économiques, telles qu'elles sont pratiquées et enseignées. Des réflexions en ce sens se déroulent au sein des plus grandes écoles d'économie de la planète.
La crise financière a permis de démontrer l'erreur des concepts fondamentaux de l'économie théorique. Les marchés ne sont pas omnipotents et omniscients ; ils ne permettent pas un fonctionnement optimal de l'économie et ne se régulent pas automatiquement. Evidemment, je ne pense pas que les théoriciens du libéralisme vont se rendre très facilement ; je pense même qu'ils ne sont pas étrangers aux problèmes actuels de la crise de l'endettement public. Comment fragiliser suffisamment la branche sur laquelle on est tous assis tout en évitant de la scier totalement ?
Est-il nécessaire de démontrer les erreurs, les fautes, les insuffisances des concepts fondamentaux de la théorie libérale en économie ? Il sera par contre plus difficile de préciser et de démontrer ce qui doit être réformé dans ses concepts. La crise financière a permis de démontrer que les sciences économiques ont été incapables d'empêcher la création puis l'explosion de bulles spéculatives et de bulles d'endettement, puis la propagation de leurs effets sur l'ensemble du système bancaire international puis à l'ensemble de l'économie. Le système bancaire international a été à deux doigt de s'effondrer comme un chateau de cartes (et encore maintenant il n'est toujours pas totalement sorti d'affaire) comme dans les années 1930 et comme tout au long des crises du dix-neuvième siècle. Malgré tous les travaux économiques et toutes les publications sur les crises systémiques, le système bancaire mondial a failli être emporté par une telle crise !
Au plus fort de cette crise, dans les années 2007-2009, on n'entendait plus du tout parler des économistes ultra-libéraux, on ne les entendait plus nous vanter les mérites des marchés, et on ne les entendait plus combattre l'interventionnisme des états. Bien au contraire, toutes les voix qui s'élevaient prônaient le sauvetage par les états des systèmes financiers et le lancement de plans massifs de relance de l'activité économique. Mais peut-être n'était-ce qu'un effet du prisme médiatique. Les médias n'offraient peut-être plus à ce moment-là de visibilité à des théories manifestement plus d'actualité, et préféraient relayer les positions des économistes prônant un rôle accru de l'état dans l'économie par temps de crise ?
Les ultra-libéraux sont revenus en force lors de l'éclatement de ce qu'il faut appeler la crise de la dette publique, à partir de 2010-2011, dans le sillage des annonces successives de dégradation des cotes des états par les agences occidentales (anglo-saxonnes) de notation (Standard & Poor's, Moody's et Fitch). Muets pendant toute la crise, parce qu'ils n'avaient aucune solution concrète à proposer à l'époque, les économistes ultralibéraux sont redevenus donneurs de leçons, pourfendeurs de l'interventionnisme des états, critiques vis-à-vis des politiques publiques. Les états doivent restreindre leurs dépenses, limiter leurs déficits, baisser les impôts pour permettre à l'économie de se relancer. Et c'est un débat qui prend de plus en plus d'ampleur actuellement, qui conduit à l'adoption d'une règle d'or sur les déficits publics en Europe, au maintien de baisse d'impôts massives pour les riches ménages américains. Les ultralibéraux sont-ils directement responsables de la contamination de la crise financière à l'endettement public ? Ou bien est-ce le système financier mondial lui-même qui, après avoir failli s'auto-dévorer, s'est attaqué à la main même de celui qui avait tenté de le secourir pendant la crise, qui s'est attaqué au compartiment gigantesque de la dette des états sur lequel il s'est rendu compte qu'il y avait de gigantesques gains à réaliser ?
Il y a ainsi à mon sens aujourd'hui un débat à tenir sur l'idée de réformer les concepts de base même des sciences économiques, et notamment sur les concepts des théories libérales ou néo-classiques. Il y a à mon avis un conflit en cours entre d'une part les économistes interventionnistes (ou néo-keynésiens) qui estiment que la crise financière de 2007 impose une réforme des concepts libéraux du marché, et d'autre part les économistes libéraux (néo-classiques) ou ultralibéraux qui estiment que la crise de la dette publique démontre l'impuissance des états et impose une diminution de leur poids et la poursuite de la marchéisation de l'économie et des activités régaliennes des états !
Réflexion huit (10 mai 2012)
Rationalité de la science économique et gratuité des ressources naturelles ...
La science économique est-elle rationnelle ? Cela pourrait sembler être une question totalement déplacée, vu qu'elle se targue justement d'être totalement scientifique et de reposer sur des comportements totalement rationnels des agents économiques, analysés comme des membres de l'espèce homo oeconomicus !
Et pourtant, est-ce si certain ? Derrière la rectitude des hypothèses de ses théoriciens sur le comportement des agents économiques et sur le fonctionnement de leurs modèles, n'y a-t-il pas des soubassements de leur analyse totalement déconnectés de la réalité, de la logique, de l'éthique, qui retire à la science économique toute rationalité ?
De tels concepts totalement fallacieux et déconnectés de la réalité, de la logique ou de l'éthique, nous en connaissons vraisemblablement de nombreux. Les fonctionnements pervers actuels des marchés financiers et du capitalisme financier en sont notamment un exemple criant. Ces fonctionnements pervers sont évidemment observés dans notre réalité et ils reposent tristement sur un fonctionnement que l'on peut analyser comme rationnel même s'il n'est pas éthique.
Il n'en va pas de même selon moi du problème de l'épuisement des ressources naturelles, des minerais, des hydrocarbures et autres matières premières indispensables au fonctionnement de l'économie capitaliste, de la société occidentale de consommation en voie de s'exporter dans le monde entier.
J'ai trouvé dans le blog Oil Man (http://petrole.blog.lemonde.fr/) une citation de l'économiste libéral du dix-neuvième siècle Jean-Baptiste Say, l'un des thérociens de l'école classique sur les fondements de laquelle repose toute l'économie libérale néo-classique actuelle. Cette citation avait été initialement indiquée par les auteurs Bihouix et de Guillebon, qui, selon eux, «signe le péché originel de la science économique, telle qu'elle est toujours pratiquée et enseignée aujourd'hui» :
«Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées, ni épuisées, elles ne sont pas l'objet des sciences économiques» - (Jean-Baptiste Say, Cours d'économie politique pratique, 1815).
http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/05/08/rarefaction-des-metaux-demain-le-peak-all/
Il s'agit d'un problème majeur de l'économie capitaliste et de toute l'économie de l'environnement moderne : l'absence de valeur reconnue aux ressources naturelles puisées dans l'environnement. A ce sujet, on note l'influence primordiale des concepts théoriques de la science économique sur la réalité, et non l'inverse (à savoir une influence de la réalité sur les concepts économiques) puisque c'est bien la gratuité théorique des ressources naturelles dans la théorie économique qui fonde leur gratuité actuelle dans le monde capitaliste, ce qui est une aberration absolue.
En effet, nous partageons les ressources naturelles avec les générations qui nous ont précédé et surtout celles qui vont nous succéder, c'est-à-dire celles de nos enfants, de nos petits-enfants et des suivants. Le fait de pouvoir ponctionner dans le sous-sol l'ensemble des ressources naturelles qui nous sont aujourd'hui utiles, qu'il s'agisse du pétrole, du charbon, du gaz, des métaux, des terres rares ou de l'uranium de manière totalement gratuite, si ce n'est les coûts d'extraction, les prive de cette même possibilité.
Cela n'a effectivement aucun sens, à moins que l'on estime théoriquement que leurs gisements sont infinis, que ces ressources naturelles sont inépuisables. Dans ce cas-là, on ne priverait en effet en aucun cas les générations suivantes de la disponibilité de ces ressources, et on pourrait à ce moment-là les ponctionner sans état d'âme. Mais à partir du moment où l'on sait que ces ressources naturelles ne sont pas inépuisables, et que l'on arrivera très rapidement à leur épuisement, on prive à ce moment-là les prochaines générations de ces ressources et on devrait alors les économiser, restreindre notre consommation, changer notre modèle économique et le type de biens que nous fabriquons, et surtout reconnaitre que ces ressources naturelles ne sont pas gratuites mais payantes, au bénéfice des générations qui vont nous suivre.
Les états qui disposent de ces gisements de ressources naturelles n'ont pas uniquement le droit de prélever des taxes et des impôts sur les activités d'extraction sur leurs terres ; elles ont le droit de réglementer ces activités, de demander un prix convenable pour les ressources extraites, quelles qu'elles soient, au bénéfice des générations à venir ou pour les générations actuelles, et de nationaliser les compagnies étrangères ou privées qui exploitent les gisements sur leur territoire.
Au-delà de cela, il faudrait surtout que la science économique intègre le caractère non inépuisable des ressources naturelles et inventent une théorie et des mécanismes de rémunération de ces ressources, afin de guider le monde vers l'épuisement des ressources naturelles. La science économique se doit également d'intégrer le coût des émissions de carbone et de la dette climatique et environnementale née des émissions de gaz à effet de serre, et de l'indemnisation des générations à venir pour la dégradation de leur lieu de vie et de leur qualité de vie.
Saucratès
Note précédente :
1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2009988-critique_de_l_economie_1.html
Critique de l'économie (1)
Réflexion sept (29 août 2010)
La main invisible des marchés ...
S'il est un concept fondamental en économie, c'est bien la main invisible du marché inventée par Adam Smith au dix-huitième siècle ; cette idée qu'une sorte de main invisible arrange automatiquement les choses et guide les actions humaines individuelles égoïstes pour qu'elles tendent vers l'intérêt général de la société dans son ensemble ; cette idée que des actions guidées par notre seul intérêt peuvent contribuer à la richesse et au bien-être commun.
« (...) et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. »
«Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations», Adam Smith, 1776
Ce concept de la main invisible a été revisitée et théorisée par les économistes classiques Vilfredo Pareto et Léon Walras, selon lesquels si chaque consommateur peut choisir librement ses achats et si chaque producteur peut choisir librement les produits qu'il vendra et la façon dont il les produira, alors le marché évoluera vers une situation mutuellement bénéfique pour tous les agents.
On parle depuis lors de l'«optimum de Pareto» ; le fait que la situation atteinte de la sorte est un optimum optimorum, l'allocation des ressources la plus optimale possible, ce qui signifie que toute nouvelle allocation différente des ressources existantes, par exemple liée à l'intervention de l'Etat par le biais d'un impôt ou d'une taxe, ne pourra être que sous-optimale par rapport à la situation précédente, c'est-à-dire diminuera la richesse totale produite dans la société pour l'ensemble des acteurs.
La justification empirique de cette théorie est que le penchant égoïste des individus va conduire chaque individu à se comporter d'une manière qui sera bénéfique pour la société. Les firmes choisiront les méthodes de production les plus efficaces afin de maximiser leur profit. Les prix de vente seront réduits sous l'effet de la concurrence sur les marchés. Les agents investiront dans les industries qui ne parviennent pas à satisfaire la demande et qui fournissent donc les retours sur investissement les plus élevés. Dans les secteurs en surproduction, les agents se retireront sous l'effet de profits nuls ou négatifs. Dans le domaine de l'éducation, les étudiants sont amenés à choisir les carrières qui manquent de travailleurs, les plus rémunératrices.
Tous ces effets auront lieu automatiquement. Néanmoins, cette théorie ne s'appliquera plus lorsque des actions des agents produisent des externalités ; dans ce cas, l'intervention de l'État est alors nécessaire (théorie développée par l'économiste anglais Arthur Cecil Pigou).
Les néo-libéraux d'aujourd'hui continuent toujours de faire reposer leur approche de la réalité économique sur cette vieille idée que la conjugaison des actions individualistes et égoïstes des hommes conduit à la meilleure forme d'organisation sociale et économique possible, dans laquelle l'intervention de l'état doit être la plus minime possible.
Quelle est la justification de cette main invisible sur laquelle les économistes néo-libéraux font reposer leur approche théorique de l'organisation économique et sociale ? Je n'ai pas de réponse à apporter, puisque ces justifications sont essentiellement mathématiques et dépendent surtout des hypothèses utilisées dans le cadre du modèle de la concurrence pure et parfaite, que les néo-libéraux utilisent, mais qui est totalement différent de la réalité économique et sociale. Dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, il serait exact de dire que la main invisible des marchés existerait.
Mais hors de ses hypothèses (atomicité du marché, homogénéité des produits, transparence du marché, libre entrée et libre sortie, libre circulation des facteurs de production), et hors du présupposé d'une rationalité parfaite des acteurs économiques, il demeure à prouver que le concept même de main invisible du marché, cette idée que les actions guidées par notre seul intérêt peuvent contribuer à la plus grande richesse et plus grand bien-être commun possible, est bien vraie, vérifiée ... et que toutes interventions étatiques sont à bannir, puisqu'elles ne pourraient que dégrader, que rendre sous-optimale la situation économique (et sociale) mondiale.
Hors de la théorie, hors des hypothèses des sciences économiques, il demeure selon moi à démontrer que la main invisible des marchés existe, que le libéralisme fonctionne, que l'action de l'Etat conduit à des situations sous-optimales économiquement et socialement ... Et pourtant cela n'empêche pas les néo-libéraux de prôner leurs méthodes de gouvernement et leurs réformes des règles économiques ... Comme cela n'empêche pas les politiques d'appliquer leurs recettes économiques et politiques malgré leurs coûts sociaux pour les plus démunis ...
Réflexion six (26 août 2010)
Retour à l'économie et à la critique économique ...
Il me semble désormais nécessaire d'en revenir aux sciences économiques en laissant tomber les polémiques de l'actualité politique, pour un temps. Retour donc aux concepts économiques ! L'économie est devenue une science à partir du moment où elle a abandonné les sciences humaines pour fonder sa théorie sur les concepts de la rationalité parfaite des agents économiques, qu'ils soient consommateurs ou producteurs, et de leurs actes, et sur la mathématisation des relations économiques.
La transformation de sciences molles en sciences dures est une tendance qui a touché toutes les sciences humaines et sociales. De la philosophie à partir de l'époque de Emmanuel Kant jusqu'à l'anthropologie à l'époque de Claude Levi-Strauss (et sa théorie de l'anthropologie structurale). L'objectif poursuivi : apporter une justification basée sur la rigueur mathématique à un corpus théorique riche mais foisonnant d'explications possibles et de théories opposées. Cette idée que la froideur du raisonnement mathématique permettrait de classer et séparer le bon grain de l'ivraie. Mais ne pas voir l'apauvrissement extrême que cette mathématisation entraîne sur une théorie, sur les explications possibles des phénomènes observés, l'apauvrissement extrême des explications elles-mêmes.
Le concept même de la rationalité des agents économiques est un concept repris à la philosophie allemande, à Kant et à Weber. Il ne faut pas oublier qu'au dix-neuvième siècle, jusqu'à Marx mais également Ricardo, la théorie économique ne repose pas sur ce concept de rationalité des agents économiques, mais sur la théorie de la valeur travail comme fondement de la valeur, à la base de la pensée économique. Le concept de la micro-économie, de la mathématisation des relations économiques (la révolution marginaliste) , nécessitant l'hypothèse que les actes des agents économiques sont parfaitement prévisibles et logiques, répétitifs, n'apparaît qu'à partir du milieu du dix-neuvième siècle et ne l'emportera définitivement qu'à la charnière avec le vingtième siècle, avec les travaux de l'anglais William Stanley Jevons, du français Léon Walras, de l'autrichien Karl Menger et de l'italien Vilfredo Pareto.
Sans rationalité des agents économiques, il ne peut y avoir de sciences économiques telle que l'on l'entend aujourd'hui. Evidemment, ce concept de rationalité parfaite des agents a été revisitée régulièrement depuis l'école marginaliste, et modifiée pour intégrer les théories du jeu et autres variations, permettant de prouver que même si individuellement, les comportements des acteurs pris individuellement ne paraissent pas rationels, ils obéissent néanmoins à des modèles comportementaux modélisables, prévisibles et agrégeables.
Néanmoins, le concept même de comportement rationnel en économie me heurte, car au fond, on peut faire dire tout et son contraire au concept de rationalité, jusqu'à son contraire : l'irrationalité, comme les comportements observés en matière financière nous le prouvent ... Même si l'irrationalité peut être modélisée bien rationnellement, l'idée même que l'on puisse modéliser mathématiquement mes comportements et ceux d'une foule, d'une population, me heurte profondément.
Réflexion cinq (16 décembre 2008)
Le fonctionnement réel des marchés en oligopoles ... signification et dérives ...
Selon les canons de l'économie libérale (et non pas de la beauté), la concurrence pure et parfaite (multitude d'offreurs et de demandeurs, incapables d'influer sur les prix et sur les équilibres des marchés) devrait prévaloir dans la réalité telle qu'elle existe pour obtenir un fonctionnement le plus 'efficient' des marchés en économie.
Dans la réalité, si les canons de la concurrence pure et parfaite sont le plus souvent respectés pour les consommateurs (même si la capacité de ces derniers à se regrouper au sein des associations de consommateurs est une faille dans cette théorie), il n'en va pas de même pour les offreurs, qui se trouvent en fait le plus souvent dans une situation d'oligopoles.
Une situation d'oligopole (source wikipedia) se rencontre lorsque sur un marché il y a un nombre très faible d'offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients). On parle aussi de situation de marché oligopolistique. Il s'agit en fait du type de marché le plus répandu.
Il s'agit d'une situation de marché imparfait : dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, les offreurs sont indépendants, alors que dans le cas d'un oligopole le profit de chaque producteur dépend de l'attitude des autres offreurs. Lorsque les rendements sont constants ou croissants, les producteurs sont naturellement incités à grossir afin de réaliser des économies d'échelle, ce qui tend à la concentration, et l'équilibre d'un tel système est une situation de monopole où il ne reste plus qu'un producteur. Néanmoins, dans le but de protéger le consommateur des abus, les institutions politiques s'opposent à la constitution de monopoles. Ces marchés tendent alors désormais naturellement vers un équilibre oligopolistique.
Une fois cet équilibre atteint, les producteurs peuvent se livrer une concurrence féroce (cas d'Intel et AMD sur le marché des microprocesseurs), mais peuvent aussi s'entendre de manière plus ou moins formelle et constituer un cartel. De même qu'elles interdisent l'abus de position dominante, les institutions politiques s'opposent aux ententes abusives. Certains secteurs d'activité sont des secteurs « naturellement oligopolistiques » : les rendements d'échelle sont tellement grands qu'il est plus rentable pour l'économie que le nombre d'acteurs soit limité.
Dans la réalité, les services européens (ou américains) de la concurrence doivent régulièrement condamner des groupes industriels ou commerciaux pour des faits d'entente ; les oligopoles ayant très souvent tendance à tenter de biaiser le fonctionnement des marchés pour maintenir les marges bénéficiaires les plus importantes possibles. Il est d'ailleurs pratiquement impossible pour un consommateur d'être certain de ne pas faire l'objet de pratiques d'entente, notamment dans les grandes surfaces alimentaires ou d'ameublement ...
Quelles sont les conséquences d'une concurrence imparfaite, puisque c'est la véritable réalité en économie ... sans compter les divers monopoles qui existent partout ... Les conclusions du libéralisme économique, fondées sur l'existence d'une concurrence pure et parfaite, peuvent-elles encore être appliquées ?
Mais lorsque l'on voit les déboires enregistrés sur les marchés financiers de capitaux mondiaux, les faillites retentissantes observées, les besoins réguliers d'appui financier de la part des autorités monétaires et publiques, que ce soit en France, en Allemagne, pays apôtres d'un interventionnisme étatique, ou en Angleterre ou aux Etats-Unis, défendeurs d'un pur libéralisme ... marchés qui se trouvent ressembler de la manière la plus approchée aux préceptes de la concurrence pure ou parfaite ... où quelque soit la puissance d'un intervenant, même collossale, elle est infinitésimale par rapport aux capitaux en circulation ... Il devient difficile de croire dans la pertinence des leçons libérales et de la nécessité de la concurrence pure et parfaite ... et du fait qu'elle permet d'atteindre un équilibre le plus efficace possible ... ou alors nous n'avons pas tous la même définition pour efficace !
La crise financière mondiale a donc au moins un intérêt ... Démontrer la fausseté des proclamations du libéralisme et des lendemains chantants qu'il promettait ... Le fonctionnement libre et pratiquement sans entrave de marchés fonctionnant selon le principe de la concurrence pure et parfaite ne permet pas un fonctionnement efficace, mais la création de déséquilibres majeurs, de désordres et de chimères incroyables, qui mettent en danger la perpétuation de ces mêmes marchés. La concurrence pure et parfaite est ainsi une aberration, comme les oligopoles, en ce qu'elle nécessite forcément un contrôle démocratique et légitime pour réguler son fonctionnement. Cette régulation a vraisemblablement un coût en terme d'efficacité à court terme, mais les crises qui secouent ces marchés rendent absolument nécessaire une régulation ... en espérant que les contrôleurs sauront empêcher la survenance d'une nouvelle crise de même ampleur, même dans un siècle.
Réflexion quatre (14 décembre 2008)
Le concept de comportement moyen des agents économiques et le problème de ses écarts avec la réalité ... Et l'invention de la publicité ...
Un autre principe de l'économie pure est l'atomicité des intervenants sur le marché, pour caractériser le paradigme de concurrence pure et parfaite. Par atomicité, il faut entendre leur taille infinitésimale en regard du marché leur interdisant d'influer sur la formation des prix, sur la demande et sur l'offre. Evidemment, la majeure partie des consommateurs respectent ce principe d'atomicité, notamment dans la grande distribution alimentaire. Mais pas les entreprises du côté de l'offre, et notamment les grandes surfaces en produits alimentaires.
La concurrence pure et parfaite n'est ainsi respectée que du côté des acheteurs, qui sont trop 'petits' pour influer sur la formation des prix, mais pas du côté de l'offre, qui se trouve organisée dans le cadre d'un oligopole. Ce qui n'interdit pourtant pas aux économistes libéraux d'appliquer leurs recettes économiques libérales, alors que les hypothèses de leurs modèles théoriques ne sont pourtant pas respectées dans la réalité.
Pourtant, la demande atomisée qui s'adresse aux différents produits proposés à la vente dans ces grands magasins présente la particularité d'être extrêmement différente, pour chaque consommateur. Ils affectent tous des valeurs et des préférences différentes aux biens qui leur sont proposés, et accordent également des valeurs différentes à l'argent, au temps, à la consommation, à la pollution environnante, à leur solitude ou à la fête. Ces modèles mathématiques complexes qui sont censés rendre compte de la réalité en économie, qui sont censés prendre en compte des variations de certains paramètres pour en déterminer les conséquences, reposent en fait sur des approximations des comportements moyens de millions de consommateurs et de centaines de milliers d'entreprises, d'industries et de commerce ...
La science économique, ainsi, n'est qu'une immense approximation de la réalité des échanges économiques. Approximation des comportements différents des millions de consommateurs de la réalité ... Approximation de la capacité d'influer sur les prix de la part des grandes entreprises, à mille lieux des hypothèses d'atomicité des modèles économiques ... Approximation des lois économiques retenues pour reproduire le fonctionnement des sociétés humaines réelles, comme celle concernant la rationalité des consommateurs poursuivant la maximisation de leur satisfaction ...
La publicité ... Solution retenue par l'industrie de la grande distribution et par les industriels pour influencer le comportement des consommateurs et créer des demandes factices et programmées. La publicité permet ainsi de limiter, de réduire les comportements différents des millions de consommateurs, en homogénéisant leur demande et leur comportement, de façon à ce qu'ils se rapprochent du comportement moyen utilisé dans les modèles.
Ainsi, la publicité, bien qu'étant une invention de l'économie réelle pour contrôler et accroître la demande adressée à une entreprises et à un produit, permet en même temps de rapprocher les comportements divergents des millions de consommateurs, en une demande moyenne modélisable.
Mais la publicité est peut-être aussi une tentative d'accorder une valeur réelle aux biens, dans une théorie qui ne reconnaît que des échelles subjectives de valeur pour les biens. Une demande factice et provoquée pour un bien particulier, mais une valeur affirmée reposant sur une demande grossie et amplifiée.
Réflexion trois (30 novembre 2008)
De la théorie de la valeur et de l'usage des comportements moyens du consommateur en économie
Le principe, en économie néoclassique, c'est que la valeur d'un bien ne dépend pas de son coût de fabrication, mais de l'utilité que les consommateurs lui trouvent ou lui trouveront. Dans l'absolu, ce n'est pas faux. Mais dans la réalité, les millions (ou milliards) de consommateurs n'accordent pas tous la même valeur aux mêmes biens. Une entreprise pourra donc le plus souvent trouver suffisamment de consommateurs pour acheter les produits qu'elle fabrique au prix qu'elle déterminera. En effet, face aux goûts différents de millions de consommateurs potentiels, chaque bien produit peut réussir à trouver des consommateurs intéressés, quelque soit le prix demandé. Seule la quantité vendue dépendra du prix demandé. Concernant leur prix de vente, les entreprises ont tendance à utiliser leur coût de production, augmenté d'une marge, pour fixer le prix de leurs produits. Et il est rare qu'elles descendent véritablement en dessous de ce prix minimum de revient. A la rigueur, elles tenteront d'abaisser leur coût de revient si elles ont des problèmes de débouchés, ou augmenteront leur marge si au contraire la demande venant des consommateurs excède leur offre.
Je n'ai évidemment pas remis en cause les préceptes de l'économie néoclassiques avec ces quelques lignes. Je n'ai pas démontré d'erreurs dans la théorie néoclassique de la valeur-utilité. Bien au contraire, je n'ai fait qu'exposer quelques problèmes de la formation des prix, auxquels la théorie néoclassique répond parfaitement.
Mais ces quelques lignes me permettent d'interroger cet élément fondamental de la théorie économique néoclassique, de cette absence de valeur des biens, des choses et des marchandises ... Ce manque explique selon moi que l'économie réelle elle-même soit creuse, qu'il puisse exister des bulles spéculatives et à d'autres moments à l'inverse des creux spéculatifs, puisqu'il n'y existe plus aucune notion ni possibilité de mesure de la valeur, que la valeur y est purement subjective, et qu'elle peut donc aussi bien disparaître. Il y a autant de valeur-utilité que de consommateurs, car chacun d'entre nous donnerait une valeur différente à un même bien, et si cela ne tenait qu'à nous, si nous en avions conscience, nous en offririons le prix minimum.
La théorie néoclassique essaie de modéliser, de rendre compte, d'un monde réel où il n'y a plus aucune notion de valeur fixe, du fait de l'existence de multitudes de consommateurs aux goûts différents, et de la variation des prix que ceux-ci seraient prêts à dépenser pour un bien en fonction des moments et des circonstances (comme à l'extrême dans le cas de l'eau pour un consommateur assoiffé dans le désert). La théorie néoclassique réussit ainsi à rendre parfaitement compte de cette réalité, mais elle met en oeuvre un système philosophique totalement creux, totalement replié sur lui-même ... sur un système de valeurs totalement privé de consistance et de réalité ...
Et pourtant, les entreprises dans la réalité de tous les jours continuent de s'appuyer sur des prix réels, stables le plus souvent, correspondant à peu près à l'ancienne valeur-travail des anciens classiques (même si certains formes de coûts, notamment publicitaires, échappent quelque peu à cette détermination) ...
En choisissant de fonder son analyse sur une définition fluctuante de la valeur des choses et des biens, la théorie néoclassique et ses explications théoriques de la réalité, des mouvements économiques, monétaires et financiers, en généralisent ainsi une explication fluctuante et floue. La nature spéculative du capitalisme, et sa capacité de désordre y trouve peut-être ainsi un début d'explication. Le simple choix d'un jeu d'hypothèses n'est ainsi pas neutre sur le devenir de l'ensemble.
Réflexion deux (23 novembre 2008)
De la théorie de la valeur
Il était d'usage, autrefois, de commencer un ouvrage d'économie en discourant sur la mesure de la valeur. Quelle est la valeur des biens ou des marchandises ? Comment la mesure-t-on ? Comment la détermine-t-on ? On trouve une telle introduction chez Ricardo, Marx, Sraffa, parmi d'autres. Ainsi le premier point du chapitre premier de la première section du livre premier du 'Capital' de Marx commence par la phrase suivante : « Les deux facteurs de la marchandise : valeur d'usage et valeur d'échange ou valeur proprement dite (substance de la valeur, grandeur de la valeur) ».
Il est donc naturel que ma première réflexion critique sur l'économie commence sur ce point théorique.
Evidemment, l'économie moderne, depuis l'avènement des théories néo-classiques, ne s'intéresse plus véritablement à la valeur des biens. Même si les livres modernes d'économie s'ouvrent malgré tout sur le concept d'utilité, ou valeur-utilité (c'est ainsi le cas de 'Introduction à la microéconomie' de Hal. R. Varian).
L'idée néo-classique, c'est que la valeur d'un bien ne dépend pas de son coût de fabrication, mais de l'utilité que les consommateurs lui trouvent. Elle repose sur ce que l'on appelle la 'conception subjective de la valeur'. La 'conception subjective de la valeur' est une conception de la valeur en économie qui postule que, pour avoir de la valeur, un objet doit être utile et rare. Elle reconnait également qu'un objet peut répondre aux besoins d'un individu et non d'un autre. Autrement dit, la valeur des choses est une qualité qui leur est attribuée par chaque observateur de façon subjective, et donc variable dans le temps et entre observateurs différents.
Elle s'oppose à la 'conception objective de la valeur', selon laquelle la valeur d'un objet peut être déterminée indépendamment des préférences des acteurs. Selon cette conception opposée, la valeur des choses aurait un fondement objectif indépendant de l'observateur. La variante la plus connue est la théorie de la valeur travail, selon laquelle la valeur d'un bien est formée par le travail qu'il a fallu dépenser pour produire ce bien. Cette thèse a été défendue par les classiques anglais (Adam Smith, David Ricardo), et reprise par Marx. Ricardo écrit ainsi dans 'Des principes de l'économie politique et de l'impôt' : « Ce n’est donc pas l’utilité qui est la mesure de la valeur échangeable, quoiqu’elle lui soit absolument essentielle. [..] Les choses, une fois qu’elles sont reconnues utiles par elles-mêmes, tirent leur valeur échangeable de deux sources, de leur rareté, et de la quantité de travail nécessaire pour les acquérir ».
Pour illustrer la thèse néoclassique de l'utilité marginale, on peut prendre l'exemple de l'eau et du diamant. L'eau a une valeur moindre que le diamant, ce dernier étant plus rare et plus dur à extraire. Cependant, comme l'illustre Condillac dans 'Le Commerce et le Gouvernement considérés l'un relativement à l'autre', un homme assoiffé dans le désert payera une somme très importante pour un verre d'eau (et le préférera à un diamant). La valeur résulte ainsi de la disponibilité d'un bien en un endroit donné. Toutefois une fois le premier verre d'eau consommé, et un second voire un troisième, l'utilité marginale, très importante au premier verre, décroît nettement si bien que le dernier verre (avant l'état de satiété où la consommation n'entraîne plus de satisfaction supplémentaire) n'a presque plus de valeur.
Réflexion une (23 novembre 2008)
Introduction
En quoi la science économique nous ment-elle et nous trompe-t-elle ? A côté de mes réflexions sur l'économie, il me semble intéressant de cibler plus précisément mon analyse sur quelques erreurs de la science économique et sur leurs conséquences sur le fonctionnement et le développement du capitalisme et plus généralement de l'économie.
J'étudierais en premier lieu le concept de valeur en économie, à la fois l'ancienne forme de la valeur-travail, qui donnait un véritable fondement à la notion de valeur des choses, et à la fois la forme actuelle de valeur-utilité, dont je soulignerais l'absolue inanité ...
Dans le même ordre d'idée, je m'intéresserais aussi aux concepts de production, de richesses produites, de consommation, de monnaie, en m'intéressant aux biais que ces concepts, ces notions créent dans l'organisation de notre société. Je reviendrais particulièrement sur la notion même de 'moyenne' que toutes ces notions sous-entendent ou sur laquelle elles reposent.
Je m'intéresserais aussi au fondement même du capitalisme et des sciences économiques, à savoir la notion de concurrence pure et parfaite, concept cher à l'économie. Cette notion de concurrence pure et parfaite qui est la bible du capitalisme et du fonctionnement des marchés, mais n'existe justement en aucune manière. Cette pierre de rosette du capitalisme sur laquelle se repose toutes les politiques économiques libérales proposées, mais dont il n'est pas certain qu'elles puissent être démontrées hors de ce modèle ...
En quelques mots ci-après, une critique de certains concepts de l'économie, du fonctionnement rêvé du capitalisme ... Pour des prolégomènes à une critique aboutie du capitalisme et du monde de l'économie ...
Saucratès