Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Critique de l'économie


Fatigue économique

Thomas Piketty me fatigue. C’est évidemment un très grand et très connu économiste, auteur d’un livre magistral dont la lecture m’a été conseillée, mais que je n’ai toujours pas réussir à lire, ou plutôt, dont la lecture n’a pas réussi à m’intéresser : «Le capital au 21ème siècle».

https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/14/thomas-piketty-ce-qui-frappe-parmi-les-opposants-a-l-impot-sur-les-ultrariches-c-est-leur-absence-totale-de-perspective-historique_6612972_3232.html

 

Le Sénat français a donc refusé le vote d’une taxe de 2% sur les plus hauts patrimoines. Certes c’est problématique et cela s’oppose aux idées que suggère ou véhicule Thomas Piketty. Mais c’est conforme à la doxa de la Droite et des macronistes : cette opposition à toute forme d’imposition sur la fortune. 
 
Ce qui me gêne sous la plume de Thomas Piketty, c’est qu’il puisse présenter ses idées et ses préconisations d’intellectuel comme un acquis, comme une réalité. L’idée que les expatriés fiscaux qui choisiraient de s’installer et de se déclarer contribuables d’un autre pays se verront astreints à continuer à payer leurs impôts en France. Le problème, c’est que ce n’est pas le cas. On ne peut pas se présenter comme un économiste et faire de la politique fiction. Si on propose des idées, ces idées doivent pouvoir être déclinées dans le monde réel, et non dans le monde de politique-fiction de l’auteur.

 
Pour ma part, évidemment, je serais favorable à ce que les règles fiscales américaines soient déclinées en France et plus largement en Europe (mais quelle importance pour l’Europe, puisque chaque pays y défend son propre intérêt et que l’Irlande a pu combattre les jugements qui lui imposaient de percevoir des impôts des majors américaines. Je suis favorable à l’idée que tout expatrié français doivent continuer à payer ses impôts sur le revenu et sur la fortune en France quelque soit le pays où il s’est installé. La généralisation des règles fiscales américaines qui font de tous citoyens américains, même ceux qui l’ignorent et qui n’y ont jamais vécu, des contribuables à vie devant payer et déclarer leurs impôts aux Etats-Unis. Il faut imaginer que chaque banque dans le monde est sensée recenser les ‘US persons‘ pour pouvoir remonter les informations les concernant au fisc américain.

 
La question posée par le Sénat français, ainsi que par Thomas Piketty et la Gauche française, c’est évidemment de se demander comme faire face à la dégradation des comptes publics francais, à l’explosion des dépenses publiques et de la dette publique. Comment peut-on concilier la réduction des déficits publics, une meilleure couverture des besoins sociaux des citoyens français, tout en conservant une pression fiscale supportable pour les contribuables que nous sommes ? Vaste débat.
 
Mais de là à faire comme si les propositions de Thomas Piketty étaient déjà des faits avérés, des vérités indiscutables, sur lesquelles on pouvait se baser pour extrapoler toujours plus loin, il y a un monde, il y a un détroit, il y a un océan !

 
Les certitudes inébranlables de Thomas Piketty (de sa propre grandeur) ne sont pas les seules aberrations économiques de notre actualité. Il y avait également les prises de position du patron du MEDEF autour des pistes d’économie pour la Sécurité sociale postées en avril 2025. Son idée de priver de remboursement ou de prise en charge les personnes refusant de se faire vacciner me semble évidemment problématique. Sans savoir exactement de quelle vaccination il parle (grippe ? Chikungunya ? Coronavirus ?), je pense qu’il est dangereux d’user de cet expédient, justement parce qu’il est probable qu’il existe des vaccins contre à peu près tout et que si on prive de remboursement et de couverture sociale tous ceux qui n’auront pas utilisé tels ou tels vaccins expérimentaux, on risque de ne plus avoir aucune couverture pour personne, mis à part ceux auxquels on ne peut refuser la prise en charge (les sans-papiers). 

 
https://actu.capital.fr/economie-politique/trou-de-la-secu-le-patron-du-medef-met-en-cause-ceux-qui-refusent-de-se-faire-vacciner-1512741

 
Non, ce qui, je pense, est une aberration, est l’idée (à laquelle il semble d’ailleurs opposé) de priver de couverture sociale les contribuables les plus riches ou les plus aisés. Évidemment, cela semble normal qu’il y soit opposé. Il représente tous ceux qui en seraient exclus. Mais il est indéniable que la Sécurité sociale a été créée au sortir de la seconde guerre mondiale pour couvrir tout le monde, sans exception. Par souci de principe éthique, on ne peut pas commencer aujourd’hui à exclure certaines personnes parce qu’elles sont riches, alors qu’on trouve normal d’en faire bénéficier ceux qui n’y ont jamais cotisé, comme les sans-papiers ou les exclus. Les plus riches contribuables ont éthiquement autant droit que les autres d’en bénéficier. 

 
Cette idée, à laquelle il devrait d’ailleurs être favorable, si on réfléchit bien, porte en germe la fin du régime de la Sécurité sociale tél qu’on le connaît. Cette idéologie porte en germe la possibilité de choisir, pour les plus riches contribuables, un régime privé de sécurité sociale en lieu et place du régime public et unique. Cette ideologie porte en germe la fin de notre sécurité sociale dès lors que les salariés les plus riches pourraient décider de rejoindre un système privé. Soyons clair, la Sécurité sociale traite également tous les patients, sans s’intéresser à leur capacité contributive.
 
Si les contributeurs les plus riches pouvaient choisir le régime privé de leur choix, parce qu’ils en seraient exclus, ils pourraient faire d’énormes économies en échange de prestations bien plus intéressantes, même si le modèle américain nous démontre qu’il est problématique de laisser des mutuelles décider des traitements médicamenteux auxquels nous aurons le droit. Mais éliminons ce problème. À la base, il y a évidemment des niveaux de salaire à partir desquels il sera plus avantageux de rejoindre un régime privé, qui n’aura à payer pour aucun sans-papiers ou sans-revenus. Parce que les cotisations salariales et patronales qu’ils payent excèdent largement le coût immédiat de leurs dépenses de santé. Et chacune de ces sorties de contribuables ou salariés aisés vers un régime privé appauvrira encore un peu plus le régime de la sécurité sociale publique. Jusqu’à son effondrement financier ou du moins jusqu’à la réduction au modèle américain ou anglais. 
 
Que ce genre d’idées ou d’idéologies puissent être réfléchies et véhiculées pose problème. Soit ceux qui nous dirigent cherchent à faire le jeu d’une idéologie mortifère et non démocratique, soit ils sont stupides. Soit les deux à la fois …

 

 

Saucratès

 


17/06/2025
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Pour continuer dans ma critique de l’écologie

J’apprécie énormément les commentaires et les articles publiés par le médecin et écologiste Bruno Bourgeon, qui me fait parfois l’honneur et le plaisir de me répondre sur ce blog. Par rapport à moi, il a l’avantage de croire en ce qu’il défend, l’écologie, et dans les arguments qu’il développe. Pour ma part, je ne crois plus en l’écologie, minée par le féminisme et par ce que je considère comme le combat contre le patriarcat.

 

Pour ma part, je ne crois pas en l’existence du patriarcat. Il y a des femmes de pouvoir dans toutes nos organisations et elles sont bien souvent aussi pires, aussi carriéristes, aussi violentes que les dirigeants masculins. Le patriarcat n’existe pas en soi. Il existe une confiscation des postes au sein des élites par un nomenklatura issue d’un certain nombre d’écoles, de cercles d’influence sans que cela n’est rien à voir avec le patriarcat. Remplacez et éliminez les hommes de pouvoir et vous aurez à la place des femmes de pouvoir issues des mêmes cercles, défendant les mêmes idées, avec les mêmes méthodes. Et elles agresseront peut-être même tout autant les jeunes et jolies stagiaires … mais on ne pourra peut-être rien dire au nom de la lutte supérieure contre l’homophobie. Au fond, la lutte des féministes contre le patriarcat n’est qu’un combat politique pour prendre le pouvoir, pour renverser l’ordre. Elles ont juste investi le parti écologiste et LFI. 

 

Selon Bruno Bourgeon, l’écologie serait donc une science visant la recherche d’un équilibre durable pour notre planète et pour l’espèce humaine ainsi que toutes les autres espèces avec lesquelles nous vivons en symbiose ou en équilibre. En un moment quelconque de l’histoire de l’Humanité, quelque part entre aujourd’hui et il y a une dizaine de millénaires avant notre ère, l’Humanité a été capable de modifier l’ensemble des équilibres terrestres existant. À la différence des autres espèces animales ou végétales qui ne vivent en symbiose qu’avec un nombre restreint d’autres espèces, l’Humanité s’est révélée capable d’influer sur le cycle de vie et les symbioses entre tous les êtres vivants sur Terre. Quand ce moment est-il survenu ? Est-ce lorsque des peuples humains ont été capables d’anéantir la mégafaune des continents sur lesquels ils s’étaient implantés ? On suppose que cela s’est passé au cours des cinquante derniers milliers d’années en Australie après l’arrivée des humains, mais on suppose également que cela peut expliquer la disparition de la mégafaune américaine des mastodontes ou celles des mammouths de Sibérie et d’Europe du Nord. A moins que l’explication ne soit à chercher dans des changements climatiques extrêmes et violents sans que l’homme n’y soit pour rien.

 
Mais à un moment quelconque de notre passé, l’homme s’est révélé capable d’influer sur l’ensemble du cycle de la vie, changeant et domestiquant les espèces, et les répandant sur l’ensemble des continents et des terres émergées, changeant massivement les écosystèmes. Et aujourd’hui, l’homme est devenu potentiellement capable d’annihiler pratiquement toute vie sur notre Terre. 
 
L’écologie serait donc une science. Dans les années 1990, il y eut une guerre des sciences, où certains relativistes cognitifs remettaient en cause la prétention du scientifisme à tout expliquer, à tout déduire, à tout réduire. Toute explication scientifique des choses n’est valable que jusqu’à ce qu’une nouvelle explication scientifique émerge et explique mieux les faits que la précédente explication scientifique. C’est vrai en physique théorique, en paléo-anthropologie ou archéologie, en sciences de la vie ou en sciences humaines. Et pourtant, en attendant qu‘une nouvelle théorie apparaisse, la précédente théorie a force de dogmes, alors que, étant fausse, elle ne devrait pas pouvoir prétendre à ce dogmatisme. 
 

Rapporté au relativisme cognitif, les affirmations de l’écologie sur le réchauffement climatique devrait pouvoir être interrogées. Et ce n’est pas le cas. Sous l’argument que c’est démontré scientifiquement, le milieu scientifique rejette toute forme de critiques en le ravalant au stade de conspirationnisme et d’obscurantisme. Depuis ce conflit des sciences de 1990, la science a compris qu’elle devrait contrôler les médias et le politique. Toute remise en cause actuellement des dogmes scientifiques sont ainsi impossibles dans les médias. Et la collusion des scientifiques et du politique leur permet ainsi de bloquer toute autre explication des faits dans le champ médiatique, grâce à l’intervention des gendarmes des médias comme l’Arcep en France. 
 
Dans la période actuelle, les recherches de Jankelevitch sur les explications orbitales de l’évolution du climat n’auraient pas pu voir le jour ni avoir la moindre possibilité d’émergence dans la science actuelle. Sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique et de combat contre ceux que les scientifiques appellent des climato-sceptiques et des conspirationnistes, ils interdisent toute autre explication ou réflexion sur l’origine et les explications du réchauffement climatique, en imposant un même discours afin d’écraser toute contestation de toute manifestation contre les mesures impopulaires et liberticides que les écologistes, les politiques et les scientifiques du consensus appellent de leurs vœux et veulent promouvoir. Un conflit médiatique actuel se déroule entre les élites rassemblées et nos cerveaux. Ils ont toutes les armes, tous les médias, ils nous assomment de leurs certitudes, et pourtant nos cerveaux résistent. Et parfois ils se révoltent comme lors des épisodes des gilets jaunes ou la remise en cause des ZFE urbaines.

 
Cet épisode est intéressant parce qu‘une alliance de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche a eu raison des ZFE à l’hémicycle parlementaire. On ignore si la loi est définitivement passée ou si elle sera invalidée par le Conseil constitutionnel parce que celui-ci a une très surprenante définition de la constitutionnalité des lois. Il défend tout ce que le gouvernement veut et rejette tout ce qu’il ne veut pas. C’est un bon soldat obéissant à mille lieux de ce que le Général de Gaulle avait imaginé en le créant. Les ZFE, ces zones urbaines à faible émission de gaz à effet de serre qui restreignent les droits de circulation des véhicules un peu anciens polluant, sont bien évidemment des zones punissant les ménages pauvres incapables d’acheter les véhicules les plus récents et les moins polluants. Les ZFE sont pensées pour interdire aux prolétaires des banlieues de se rendre dans les grandes villes et dans les grands centres urbains, permettant un système généralisé de flicage des véhicules et des personnes. Les bonnes âmes se lamenteront parce que les ZFE étaient semblerait-il une proposition des Assemblées citoyennes sur le climat. Cette catégorie qui avait vu quelques dizaines de citoyens supposément tirés au sort être manipulés et noyautés par des spécialistes, des scientifiques, et des écologistes qui avaient réussi à faire promouvoir les idées les plus baroques et les plus extrémistes de l’idéologie écologiste. La fin des ZFE est une décision de justice sociale ; il est en effet inutile de faire porter une nouvelle crainte à tous ceux qui habitent loin des centre-villes mais qui ont besoin d’y venir pour des démarches administratives ou pour s’y faire soigner. Ils n’ont pas besoin de craintes ou d’inquiétudes supplémentaires.

 
Cette question est intéressante. On y retrouve le principe du passager clandestin. La transformation du parc automobile actuel avec la commercialisation croissante de véhicules électriques et hybrides permet de faire décroître l’inconfort de tous les usagers et de tous les riverains des axes routiers, qu’ils aient changé leurs véhicules automobiles ou non. Tout le monde bénéficie de la moindre pollution de l’air, même s’il ne participe pas à l’effort collectif, même s’il se comporte comme un passager clandestin. Sur la route, il vaut mieux suivre un véhicule électrique moderne qu’un vieux véhicule diesel relâchant un panache de fumée noire, bien évidemment.
 
Le problème est évidemment de vouloir aller plus vite que le rythme normal d’évolution des mentalités. Les écologistes pourraient attendre que le parc automobile mute avec un nombre plus important de véhicules électrique. Mais ils cherchent surtout à contraindre le plus vite possible tout le monde de jeter les vieux diesels et les vieilles voitures en les rendant impropre à circuler. L’argument du climat est d’ailleurs un faux argument parce que les vieux véhicules continueront à circuler sur Terre, ils continueront à rouler et à émettre des fumées polluantes, non plus en France, mais dans les pays en développement, en Afrique ou ailleurs. Cela ne change rien en fait pour le climat mais les extrémistes écologistes ont l’impression de faire quelque chose, ils ont l’impression d’agir et de contraindre, de gêner et d’empêcher les gens de vivre, ceux qui ne partagent pas leurs obsessions, leurs manières de vivre.

 

En un sens, on passe ici du combat autour du relativisme cognitif au relativisme moral. Ceux qui combattent au nom du climat ne peuvent accepter que d’autres citoyens ne se privent pas aussi des mêmes choses qu’eux, ne partagent pas leur obsession, ne se contraignent pas si eux-même se contraignent de respecter tel et tel principe ou idée. Nul relativisme moral chez les extrémistes écologistes ou collapsologues de tout crin ; seul importe pour eux que tout le monde respecte les règles qu’ils se fixent eux-mêmes, par la loi ou par la contrainte physique. Par principe. Ce sont les nouveaux inquisiteurs de cette nouvelle religion.

 
 
Saucratès


07/06/2025
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Utopie ou catastrophisme

Je lisais il y a quelques jours une tribune particulièrement pessimiste d’un sociologue, Éric Macé, publiée dans le média Le Monde et cette lecture a amené de ma part des envies de remise en cause de certains des arguments utilisés.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/24/eric-mace-sociologue-l-effondrement-de-notre-mode-de-developpement-est-programme_6608207_3232.html

 

Cette tribune vise à nous démontrer que l’économie mondiale que nous connaissons, que nous observons autour de nous, va s’effondrer inévitablement prochainement. 

… «Un mode de développement non durable ne dure pas : à un moment donné, il s’effondre. Il est maintenant bien établi que le mode de développement moderne déployé depuis plusieurs siècles, fondé sur un rapport extractiviste à la nature et sur un rapport inégalitaire entre les humains, n’est pas durable.

 

Ce mode de développement, qui a structuré la totalité de nos modes de vie, de production et de consommation, est la cause directe du réchauffement climatique, par l’intermédiaire de la production exponentielle de gaz à effet de serre, et d’un premier effondrement en cours, qui est celui de la biodiversité. Les équilibres planétaires connus depuis les 11 000 dernières années au sein de l’holocène sont en train de vriller à un rythme dont la rapidité rend de plus en plus certaines des menaces aux conséquences incalculables.»

 

La manière dont tout ceci est présenté repose sur l’idée qu’il n’est pas nécessaire de le démontrer, que le bon sens, que l’idéologie, que l’observation du monde qui nous entoure, suffit à démontrer la véracité de ces propos, et en rend inutile toute forme de démonstration, voire suffit à rendre illégitime toute forme de négation ou de contestation. 
 
L’affirmation qui précède est idéologique voire religieuse. Elle n’est scientifique ni sensée. Et cette transformation de la lutte contre le réchauffement climatique en religion d’état est un problème catastrophique. Pour une poignée de leaders des soulèvements de la Terre ou autres ONG environnementalistes qui s’expriment posément dans les médias ou à l’occasion d’événements internationaux, il existe des centaines de fanatiques de leur cause qui s’imaginent tel Don Quichotte combattre des géants cuirassés en agressant des bouchers, ou des particuliers roulant en SUV ou allumant un barbecue dans leur jardin. Bientôt ou déjà, ces fous furieux se sentiront légitimes à agresser des quidams sur la route ou dans leur jardin parce qu’ils contreviendront à leur idée de l’ordre légitime des choses. Des hordes de jeunes fanatisés par ces discours parcourront peut-être un jour les rues de nos villes et les routes de nos campagnes pour mettre fin aux agissements qu’ils estimeront contraires à leur religion et punir les mécréants qui osent désobéir aux saints préceptes de sainte Greta Thunberg. 
 
Il se prépare en effet, il me semble, l’équivalent de l’Inquisition espagnole autour de cette religion du réchauffement climatique. Ce ne sera bientôt plus que chasses aux sorcières â l’encontre de tout ceux qui participeront au réchauffement climatique. Les interventions ahurissantes de Greta Thunberg ou de ses séides et clones, des soulèvements de la Terre et autres inepties, participent à l’irruption de cette pseudo-religion et pseudo-science dans notre réalité. 

 
Et les positions du sociologue Eric Macé participent à cette surenchère aberrante et à cette imposture économique. De toute façon, il n’est pas économiste mais sociologue. Et un sociologue politisé, non pas d’extrême gauche puisque le communisme repose lui aussi sur l’extractivisme à l’égard de la nature, mais d’extrême écologie. 
 
Je ne nie évidemment pas que le capitalisme occidental est dangereusement extractiviste, comme le communisme chinois ou soviétique ou les avatars qui leur ont succédé. Je ne nie pas que le capitalisme occidental est porteur de déséquilibres de richesses et d’inégalités importantes. Je ne nie pas enfin que le système Terre soit en train de sortir d’un cycle d’interactions correspondant aux différentes phases d’équilibre entre périodes glaciaires et périodes interglaciaires du Quaternaire, c’est-à-dire en s’éloignant des évolutions cycliques régulières du climat terrestre observées au cours du dernier million d’années. 
 
Je nie le reste, tout ce qui n’est pas observable ou documentable. Le capitalisme débridé actuel est peut-être à l’origine de ce phénomène de réchauffement climatique, à moins qu’il ne s’explique par l’ensemble des idéologies politiques qui ont tenté de le singer et de le combattre, comme le communisme soviétique ou le collectivisme chinois ou indien. Mais nul ne peut dire si les inégalités de richesse que tous ces systèmes politiques et économiques favorisent n’apporteront pas justement la réponse aux dérèglements climatiques actuels. Les inégalités de richesse sont peut-être la solution. Si le monde était parfaitement égalitaire, nul ne pourrait intervenir autrement que collectivement. Mais l’inégalité crée des agents qui ont un pouvoir économique et qui peuvent potentiellement agir et inventer la solution qui sauvera le monde. Encore faut-il qu’il s’agisse des bonnes personnes !

 
En fait la religion des extrémistes écologistes ne repose sur rien de concret. Comme une religion, elle repose sur des dogmes et des exhortations. La science elle-même devrait pouvoir être discutée, et non pas être simplifiée à l’extrême afin de pouvoir être vulgarisée et prônée au titre de préceptes religieux dont toute déviation serait assimilée à une hérésie. 
 
La science nous a historiquement permis d’échapper aux interdits et aux hérésies religieuses mais celles-ci semblent être une constance de l’esprit humain et de la société humaine. Et quelques siècles plus tard, la science se transforme en religion pour nous imposer ses croyances. Cette science persuadée de son bon droit, des extrémistes religieux membres de l’Eglise des écologistes et des collapsogistes, nous ramènent à l’ère de la religion et de l’anathème. Les scientifiques ont ainsi juste remplacé les croyances non scientifiques des religions pour se transmuter eux-mêmes en paradigmes religieux. 
 
L’homme ne peut se passer de religion. Les extrémistes et fanatiques de toute race et de toute croyance ne peuvent absolument pas se passer de dieux, de gourous et de victimes ou de sorcières à brûler. Peu leur importe le dieu qu’ils prieront et pour lequel ils tueront ! Seul compte pour ces fanatiques d’avoir des personnes à persécuter, des croisades à mener. Cela commence par crever des pneus, condamner des comportements à leurs yeux criminels pour la planète, mais on peut être sûr qu’ils finiront par lancer un djihad butlérien pour éradiquer tout ceux qui ne penseront pas comme eux.

 
Au fond, mon écrit est aussi pessimiste que celui de ce sociologue colapsologiste. Ma croyance en la capacité de la science et du capitalisme à trouver une solution technologique au réchauffement climatique est tout aussi utopique, même si certaines de ces solutions entraineront peut-être l’humanité vers son extinction si ces solutions inversent drastiquement la capture du carbone (certaines formes de géo-ingénierie présentent potentiellement des risques inverses de glaciation de la Terre).

 
Et il demeurera toujours le problème de la croissance exponentielle de l’humanité. Cette Terre qui abritait 1,6 milliard d’habitants au début du vingtième siècle et 2,6 milliards d’habitants au milieu du vingtième siècle peut-elle en abriter et en nourrir 9 ou 10 milliards voire bien plus ? Nous n’étions encore que 6 milliards en 2000, et c’était déjà beaucoup trop. La Terre peut-elle encore absorber les centaines de millions ou milliards d’habitants supplémentaires à naître notamment en Afrique et les guerres et les migrations qui en découlent ? L’exemple de la démographie galopante des comoriens à Mayotte et des mahorais et comoriens à la Réunion et en métropole ne suffit-il pas à nous démontrer l’inapplication ou l’inadéquation de la transition démographique au cas de l’Afrique ? Mais évidemment, ce sujet-là n’est pas audible. Il faut parler d’égalité des niveaux de vie entre nations et nullement du problème de la bombe démographique du dernier continent n’ayant pas encore amorcé sa transition démographique. Surtout pas …

 

 

Saucratès


01/06/2025
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L’aberration du malus écologiste et ses conséquences industrielles

L’aberration du malus écologiste et ses conséquences industrielles

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Reunion, dimanche 10 septembre 2023

 
Existe-t-il une analyse critique du malus automobile à la française ; cette taxe absurde qui pouvait atteindre 50.000 euros cette année sur les véhicules considérés comme très polluants, et qui devrait être déplafonnée et illimitée à compter de 2024. 

 

https://www.msn.com/fr-fr/auto/actualite/malus-%C3%A9cologique-2024-une-taxe-sans-limite-ce-que-l-on-sait-sur-ce-que-pr%C3%A9pare-le-gouvernement

 

Cette taxe est évidemment une magnifique interprétation des théories de Pigou, en tant que taxation des pollueurs, encore appelée principe des pollueurs-payeurs. Dans l’idéal, cela fonctionne parfaitement. On fait payer à l’achat aux automobilistes une taxe en fonction de la norme de pollution du véhicule qu’ils ont acheté. D’abord plafonnée à 10.000 euros, elle est passée successivement à 20.000 euros, puis à 30.000 euros, puis à 40.000 euros et en 2023 à 50.000 euros, sans pouvoir excéder 50% du prix du véhicule, ce qui n’était pas le cas en 2022. 

 

Le gouvernement français a rajouté à cette taxe sur les émissions de CO² une nouvelle taxe au poids, reposant toujours sur le principe pigouvien que plus un véhicule est lourd, plus il consomme et plus il pollue. Evidemment, ces taxes sont sensées avantager les constructeurs automobiles français et porter essentiellement sur les productions étrangères et notamment celles des grosses berlines allemandes.

 

Pourquoi donc est-ce que j’estime que cette taxe est une absurdité sans nom ? Les seules critiques sont le plus souvent celles des magazines automobiles, mais si ceux-ci encensent les productions automobiles françaises, et j’imagine qu’ils doivent recevoir des publicités importantes de la part des constructeurs automobiles français, ou du gouvernement, pour tenir ce langage sur les productions françaises. Comme par exemple les commentaires sur «Le magnifique touché de route des Peugeot, dont feraient bien de s’inspirer certaines productions étrangères », entre autres.

 

En fait, la France a déjà eu une politique fiscale particulière, qui lui était propre, et qui a durablement marqué la production automobile de notre pays, nous orientant selon moi vers un cul de sac productif. C’était le principe de la vignette automobile fonction de la puissance fiscale (chevaux fiscaux), qui matraquait les véhicules et les moteurs de grosses cylindrées, ainsi que les motocyclettes, et qui a orientait toute la production automobile française vers des moteurs à quatre cylindres de 5 à 7 chevaux fiscaux, c’est-à-dire avec des cylindrées d’environ 1.200 centimètres cubes. Et 1.900 centimètres cubes en moteur diesel. 

 

Accessoirement, il ne doit pas non plus rester de producteurs français de motocyclettes de grosse cylindrée en France, victimes de la même politique fiscale stupide, sans jamais que la pertinence de ces politiques fiscales confiscations n’ait été interrogées, que ce soit celle de la vignette automobile d’autrefois ou bien celle du malus écologique d’aujourd’hui. 

 

Les constructeurs automobiles français ont ainsi totalement abandonnés les moteurs à six, huit ou douze cylindres, abandonnant complètement le créneau des véhicules de luxe et haut de gamme, laissant ce créneau aux constructeurs allemands, italiens ou suédois, à compter des années 1970-1980. Et l’absurdité de cette fiscalité de la vignette automobile était à peine abandonnée que les énarques, hauts fonctionnaires et écolo-politiques ont inventé cette nouvelle fiscalité punitive sur le malus écologique. Comme la feu vignette automobile, cette fiscalité est en train d’orienter tout le marché automobile français et la production automobile française, sur la base d’une sorte d’idéal écologique déconnecté de la réalité des campagnes françaises. Et en plus cela ne sert à rien : l’Etat français se fait malgré tout condamner pour inaction climatique par des juges administratifs partisans et pro-écologie-collapsologie.

 

La France coule ainsi son industrie automobile pour satisfaire des lobbies écologistes qui ne seront de toute façon jamais satisfaits avant que nous ayons rejoint l’âge de pierre avant l’invention du feu (parce que le feu, ce n’est pas bon non plus, cela émet du CO²). Et ces mêmes lobbies écologistes sont également derrière les politiques européennes de sortie des moteurs thermiques en 2035 ou avant, qui aura les mêmes conséquences sur les productions automobiles européennes et notamment sur les constructeurs allemands. Au final, ces politiques n’avantageront qu’un seul interlocuteur : les producteurs automobiles chinois tandis que l’Europe cessera de produire des véhicules automobiles comme elle a dû cesser de fabriquer de l’électro-ménager depuis les années 1980. La production a d’abord été délocaliser en Chine ou dans d’autres pays en développement, avant que ces industriels ne perdent le contrôle de leurs filiales chinoises et disparaissent corps et âmes dans les cimetières du capitalisme. Il en sera demain de même de Peugeot, Renault, Citroën ou Volkswagen. Mais n’est-ce pas l’objectif ultime de la Commission européenne et du gouvernement français ? Un gigantesque marché ouvert aux intérêts des industriels chinois ? Avec une inflation modérée pour que le peuple soit satisfait ?

 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/04/il-ne-faudra-que-quelques-annees-a-byd-pour-devenir-le-leader-mondial-de-l-industrie-automobile_6187756_3234.html

 

L’analyse du marché automobile français et européens me semble particulièrement pertinent sur l’état de dégradation de notre patrimoine automobile.

 

« Entre 2004 et 2022, la production automobile en France est tombée de 3,66 à 1,37 million d’unités. Aucune des voitures les plus populaires dans l’Hexagone n’y est fabriquée : la Peugeot 208 vient de Slovaquie comme la Citroën C3, le 2008 arrive d’Espagne de même que le Renault Captur, tazndis que la Renault Clio est turque. Rare sont les pays qui disposent de marques automobiles nationales et qui fabriquent aussi peu sur place. A tel point qu’avec 161.000 exemplaires, le modèle le plus produit en France en 2022 était la … Toyota Yaris Cross. »

 

Tiré de l’éditorial du dernier Hors série de L’automobile magazine (toutes les voitures du monde 2023-2024)

 

Les immatriculations en France se sont ainsi élevées à 1.529.185 exemplaires, en baisse de -7,8% par rapport à 2021. Peugeot est le leader en France avec 245.608 exemplaires immatriculés devant Renault (236.405 exemplaires) et Dacia (130.855 exemplaires). Citroën suit à la quatrième place avec 129.883 exemplaires. Le véhicule est le modèle le plus immatriculé avec 88.821 exemplaires, devant le Dacia Sandero (64.308 exemplaires) et la Renault Clio (64.033 exemplaires). Avec 17.005 exemplaires immatriculés, la Tesla modèle 3 est à la 23è place du classement.

 

A titre de comparaison, 

 

  • L’Allemagne a enregistré en 2022 un total de ventes de 2,65 millions de véhicules automobiles, avec trois Volkswagen aux trois premières places (La Golf avec 84.282 exemplaires, le Tiguan avec 59.136 exemplaires et le T-Roc avec 58.942 exemplaires). Il n’y a pas une seule automobile française dans les dix modèles le plus commercialisés en Allemagne. 

 

  • Au Japon, les ventes se sont élevées à 4,2 millions de véhicules automobiles, avec aux trois premières places, la Honda N-Box (202.197 exemplaires), la Nissan Note (110.113 exemplaires) et la Toyota Roomy (109.236 exemplaires).

 

  • Pas une seule française non plus dans les dix véhicules automobiles les plus commercialisés au Royaume Uni (1,614 millions d’exemplaires commercialisés), avec le Nissan Qashqai en première place (42.704 exemplaires), la Vauxhall Corsa (39.910 exemplaires) et la Tesla Model Y (35.553 exemplaires).

 

  • Les Etats-Unis ont enregistré 13,88 millions de véhicules automobiles immatriculés, avec 653.957 pickups Ford F-séries, 513.354 pickups Chevrolet Silverado et 468.344 RAM Pickup. Pas non plus l’ombre d’une française dans les dix véhicules les plus commercialisés mais on y décompte 230.027 Tesla model Y.

 

  • Enfin, la Chine a enregistré 26,84 millions de véhicules automobiles commercialisés, avec la BYD Song Plus en première position (459.424 exemplaires), devant la Nissan Sylphy (446.492 exemplaires) et la Wuling Mini EV (443.384 exemplaires). Volswagen place son modèle Lavida à la quatrième place (361.734 exemplaires) mais on ne compte là non plus aucun modèle d’un constructeur français dans les dix modèles les plus commercialisés

 

«On achète désormais presque deux fois plus de voitures en Chine qu’aux Etats-Unis. Le classement est de plus en plus occupépar des modèles chinois et le constructeur BYD fait une entrée spectaculaire : il était absent du top 10 en 2021, il y classe trois modèles en 2022, dont un en tête.»

 

Du fait des politiques fiscales confiscatoires mis en place en France et des normes européennes drastiques rajoutées les unes sur les autres, les véhicules les plus commercialisés notamment aux Etats-Unis ou au Japon ne sont mêmes pas proposés ou commercialisables en France ou en Europe. Je vous parle bien sûr des gros Pickups américains ou des grosses berlines ou SUV américains que les médias considèrent comme non adaptés à notre réseau routier ou à nos centre-villes. Ou de tous les véhicules dont les motorisations tomberaient sous les coups de notre taxation prohibitive sur le malus écologique. 

 

En plus, cette politique, au-delà d’orienter la production française vers des modèles minuscules, aux cylindrées fragiles et picrolinesques, qui lui ferme l’ensemble des autres marchés automobiles des pays avancés (on doit certainement réussir à vendre des Renaut et des Peugeot en Afrique, même si on doit s’y faire également tailler des croupières par la production chinoise dont les modèles doivent pouvoir être beaucoup moins chers et de bien meilleure qualité. Mais comme les réseaux de distribution doivent être contrôlés par des groupes commerciaux français, ils doivent accaparer ces marchés pour en faire des marchés captifs et s’y enrichir.

 

Cette politique fiscale confiscatoire n’est enfin même pas juste puisque les plus riches de nos concitoyens peuvent échapper eux très facilement à cette fiscalité confiscatoire en immatriculant leurs véhicules luxueux dans d’autres pays européens et en les faisant circuler avec des plaques étrangères en France, ce qui leur évitera de payer des malus assassins et totalement stupides.

 

En fait, les seuls à se faire matraquer par cette fiscalité injuste, ce sont les classes pauvres et moyennes de notre société, qui perdront bientôt leurs emplois le temps que le marché de l’électrique se développe, que BYD et les chinois prennent le contrôle du marché automobile européen. Et le parc automobile français continue de vieillir puisque les prix des véhicules automobiles continuent leur surenchères tarifaires et qu’acheter un véhicule automobile neuf devient de plus en plus difficile.

 

Bientôt, la France ressemblera à Madagascar avec de vieux véhicules hors d’âge que les français s’échineront à faire rouler. Et encore, à Madagascar, ils ont les vieilles Peugeot increvables du passé, pas les pauvres Peugeot d’aujourd’hui aux petits moteurs boostés à l’obsolescence programmée. Bientôt, comme en Allemagne, il n’y aura plus que les nostalgiques de la grande époque qui rouleront encore dans des Renault ou dans des Peugeot.

 

Il manque en France une réflexion sur la légitimité et la responsabilité des outils de politique fiscale dans les choix et les impasses industriels dans lesquels les hauts fonctionnaires et les politiques dogmatiques ou manipulés par des lobbies écologistes tout-puissants nous emmènent et nous entraînent. Je pense à la destruction d’EDF et de la filière de la production d’électricité hydraulique et nucleaire au bénéfice du marché, du démantèlement de la SNCF et du rail, et de la politique fiscale autour de la filière automobile et de l’essence. Le problème est à la fois l’idéologie de quelques hauts fonctionnaires obnubilés par leur petit dada écolo-marxiste, et la vision court-termiste de l’ensemble de l’administration française où l’on cherche juste à trouver de nouvelles ressources fiscales pour couvrir le déficit budgétaire. 

 

Saucratès


10/09/2023
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Retour sur la critique de l’économie

Idées pour une critique de l’économie

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Reunion, samedi 3 décembre 2022

 

Qu’est-ce que cela signifie de vouloir réfléchir à une critique de l’économie ? Pourquoi est-il nécessaire ou utile de critiquer l’économie ? Ce sont des questions intéressantes. Si je veux vous parler de critique de l’économie, il faut déjà vous expliquer qu’est-ce que cette économie. 

L’economie est un ensemble de théories qui modélisent et chercher à expliquer le fonctionnement de nos sociétés occidentales modernes ou archaïques. C’est cet ensemble de théories qui valide l’existence des riches et des pauvres, des très très riches et des très très pauvres, qui trouve un sens à l’existence du chômage, qui donne un sens aux recommandations du FMI pour libéraliser les marchés du travail ou des compartiments ou secteurs économiques de pays sous la férule du FMI. C’est cet ensemble de théories qui organise et donne un sens, une légitimité au monde tel que nous le connaissons. Il n’y aurait pas l’économie, la richesse des uns ne serait qu’une forme d’injustice, de vol, de captation de la richesse de tous par quelques uns. 

Mais l’économie et la religion sont venues donner un sens, une légitimité, à tout cela, pour que les accapareurs deviennent des héros nationaux, des chevaliers d’industrie. 

L’économie est avant tout une imposture, une caution morale bancale servant à masquer un vol séculaire. D’où la nécessité d’une critique de cette économie, de ce corpus de théories.

 

D’ailleurs, même les plus zélotes, les plus zélés des admirateurs ou des défenseurs de l’économie détestent une fraction de ce système, et le plus souvent, il s’agit des banques. Les banques qui ne sont qu’un rouage de ces théories, un outil au service du fonctionnement de l’économie, mais c’est aussi ceux qu’il est le plus commode de détester. La haine des juifs trouve son prolongement dans la haine de l’argent et du banquier. 

 

Parmi les critiques de l'économie, il faut rappeler la place centrale de l’auteur du Capital, Karl Marx. Le Capital est l’ouvrage central de la critique de l’économie. Mais on peut aussi rappeler Veblen ou mon auteur préféré : Karl Polanyi et son ouvrage phare, «Trade and Market in the Early Empires, Economies in History and Theory».

 

1. L’idée du marché régulateur

 

On le trouve notamment à la fois chez Marx et chez Karl Polanyi. Ainsi le livre I du Capital. «Le premier chapitre [du Capital] détermine déjà la singularité de cette société, dont la structure est essentiellement économique et où l’organisation de la production se réalise à travers des marchés régulateurs, selon l’expression de Polanyi.»

 

Peut-on dire des marchés qu’ils sont régulateurs ? Ils semblent l’être effectivement, parfois avec l’aide des États ou d’organismes étatiques. Mais le comportement individuel de chaque acteur n’est pas régulateur, notamment lorsque ces acteurs deviennent de plus en plus gros. Ils recherchent la part de marché maximale, le chiffre d’affaires maximal, le bénéfice maximal, comme le démontre les comportements prédateurs de FaceBook, d’Elon Musk ou de Twitter. Si les marchés sont régulateurs, ce n’est pas grâce aux entreprises qui les composent, mais bien malgré eux. Et on peut imaginer que si une entreprise devenait si puissante qu’elle dépassait la puissance des États, l’agrégation de tous ses concurrents, le marché ne serait peut-être plus un lieu de régulation ?

 

Mais ce concept de marché régulateur éclaire d’un jour nouveau le concept éculé et apparemment indémontrable dans la réalité de la ‘main invisible des marchés’. Ces deux concepts sont au fond interdépendants. Et d’une certaine façon, aussi peu démontrable l’un que l’autre.

 

Les marchés ont-ils un fonctionnement régulateur ? On retrouve aussi la théorie de l’école néo-marxiste dite de la régulation, de Michel Aglietta. Comment des marchés composés d’entreprises qui recherchent le profit maximum et les normes les plus restreintes pourraient-ils s’avérer régulateurs, c’est-à-dire producteurs de normes et de régulation ? Les marchés financiers les premiers n’ont rien de marchés régulateurs, comme la crise des années 2007-2009 l’avait amplement démontré. Les marchés ne sont régulateurs que tant que d’autres entreprises, d’autres intervenants du marché servent de régulateurs. Tant que d’autres intervenants ne parient pas à l’inverse du reste des intervenants du marché. Mais si l’ensemble des intervenants prennent les memes decisions économiques ou financières, alors le mythe du marché régulateur explose. On se trouve face à une bulle spéculative, qui se nourrit des paris de tous les intervenants, jusqu’à ce que certains commencent à avoir peur, se retirent du marché. Et le marché continue à grimper encore pendant quelques semaines, avant qu’il ne s’effondre, victime de ceux qui font désormais le pari inverse. 

Le marché régulateur n’est au fond qu’un mythe supplémentaire visant à légitimer les fortunes gagnées ou perdues pendant ces crises financières. Un mythe visant à renommer l’organisation de l’économie moderne autrement que comme une pure loi de la jungle, où seuls les plus forts l’emportent, les plus forts perdurent et se reproduisent ; concept oh combien choquant pour des économistes qui se disent scientifiques. Le marché régulateur n’est qu’un concept concurrent de la planification administrative, soviétique ou française. Et pourtant, dans certains domaines, il n’existe rien de mieux que la planification lorsque la poursuite de l’enrichissement personnel de nos élites prime sur l’intérêt de la Nation !

 

On appelle en France planification ce que les américains nomment «Patriot Act». 

 
2. L’économie est-elle une science ?

Ma réponse est NON. Définitivement NON. Parce que l’économie présente sous le vocable de théorie économique de la main invisible, du marché régulateur, de sciences économiques, un fonctionnement qui s’apparente à la loi de la jungle, une lutte où seuls les plus forts l’emportent, les plus forts survivent, les plus riches, les mieux adaptés résistent.

 

Parce que l’économie a construit tout un corpus de règles, de principes, régissant son fonctionnement supposé à cent mille lieux de la réalité des interactions humaines. Les agents économiques sont sensés tous agir de manière rationnelle, maximiser notre utilité ou notre satisfaction personnelle ou collective, sans que cela n’est le moindre rapport avec la forme ou les raisons de nos propres décisions. L’homo aeconomicus est sensé avoir une calculatrice ou un ordinateur à la place du coeur. Mais ce n’est pas la réalité, en tout cas pour la majeure partie d’entre nous.

 

Une matière comme l’économie n’est pas une science parce que certains transcrivent certains comportements factices, idéalisés, sous forme de fonctions mathématiques. La simple présence des mathématiques ne suffit pas à faire de l’économie une science, surtout si ces mathématiques reposent sur des préceptes inapplicables de la concurrence pure et parfaite qu’il est parfaitement impossible d’observer dans la réalité.

 

Cette matière n’est pas non plus une science expérimentale sous prétexte qu’elle organise des expériences comparatives entre populations ou villages selon qu’on leur donne une subvention ou une indemnité mensuelle ou non (cf. les expériences d’Esther Duflo, lauréate du prix Nobel d’économie). On ne parle pas de sciences expérimentales parce qu’on rajoute un peu de sel dans l’eau et puis qu’on vérifie que le point d’ébullition arrive plus rapidement, à une température d’ébullition plus faible. Et surtout, on ne parlerait pas de science expérimentale si dans certains cas, on ne voyait pas de changement, si certaines expériences ne donnaient pas les résultats escomptés sans que l’on puisse l’expliquer. En physique, on penserait à la présence d’autres facteurs explicatifs. En économie supposée expérimentale, on élimine des cas tangents, parce qu’ils vont à rebours des idées préconçues des expérimentateurs qui se prennent pour Dieu le père (ou Dieu la mère dans le cas d’Esther Duflo)l parce qu’il faut éliminer les cas atypiques. Une science expérimentale qui n’est capable que d’expérimenter des cas microscopiques sans intérêt, dont on connaît déjà la réponse (les femmes de tel village s’en sortir ont-elles mieux si on leur verse une prime mensuelle de X euros qui si on ne leur verse rien ?) n’a rien d’expérimentale !

 

Dire que l’économie est scientifique constitue ainsi une aberration, une exagération. D’où la nécessité de refonder l’économie à rebours de tout dogmatisme mathématique ou expérimental, à rebours de toute la recherche économique de ces cent dernières années. 

 

Saucratès

 

 

A lire mes articles précédents 

https://saucrates.blog4ever.com/critique-de-l-economie-1

https://saucrates.blog4ever.com/critique-de-l-economie-2


03/12/2022
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