Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

De l'injustice et de la férocité de la répression policière à l'encontre des gilets jaunes dans un Etat de droit

Saint-Denis de La Réunion, lundi 29 juillet 2019

 

La férocité de la répression à l’encontre des gilets jaunes est à la mesure de la peur ressentie par les puissants de notre monde. Mais ce qui choque également, c’est la rapidité de la répression contre les gilets jaunes, alors que les poursuites contre les violences perpétrées par les forces de l’ordre prennent un temps démesuré.

 

Ainsi, cette mère divorcée de deux enfants, Karine (prénom modifié par la rédaction du Monde) qui participe un soir de décembre 2018 à l’emballement et à l’incendie de radars routiers près de son domicile et qui est arrêtée dès le lendemain par les forces de police. Comment a-t-elle pu être immédiatement découverte ou dénoncée ?

 

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/26/gilets-jaunes-des-femmes-dans-le-box-des-accuses_5493786_4500055.html

 

Tout aussi marquant, la rapidité avec laquelle, à peine quelques minutes après avoir pris à parti et frappé des gendarmes le 5 janvier 2019 sur une passerelle à Paris, les forces de police (et/ou les forces de la presse) diffusent l’identité de l’ex-boxeur immédiatement identifié, M. Christophe Dettinger. Quelques minutes ou heures plus tard, les informations télévisées publient les publications de représentants syndicaux de la police et du gouvernement qui cite le nom Christophe Dettinger et le menace de le retrouver. Une chasse à l’homme débute immédiatement.

 

https://www.france24.com/fr/20190213-france-justice-gilets-jaunes-boxeur-christophe-dettinger-condamnation-prison

 

Et comment ne pas être également marqué par la rapidité de sa condamnation judiciaire, comme si le gouvernement et la justice devaient frapper le plus rapidement possible, le plus implacablement possible. Christophe Dettinger est condamné dès le 13 février 2019, pour des faits survenus le 5 janvier, à un an de prison ferme, et 18 mois de sursis avec mise à l’épreuve (soit une condamnation à deux ans et demi de prison lorsque le procureur avait requis trois ans de prison dont deux ans fermes). Et on a parlé de mansuétude de la justice ? La violence de la société ne s’arrêtant pas là, il faut aussi rappeler que Christophe Dettinger s’est vu suspendre par la commune qui l’employait (à la demande de qui ?) et risque de perdre son emploi (il était fonctionnaire territorial depuis 10 ans, responsable de la voirie et de la propreté de la commune d’Arpajon, dans l’Essonne) parce que le gouvernement, parce que la société, les puissants de ce monde ont tremblé devant ce mouvement révolutionnaire qui leur avait échappé. Pourtant, le maire est membre du parti socialiste. 

 

Dans le sens inverse, il faut attendre plus de six mois pour qu’une information judiciaire soit enfin ouvert dans le cadre de violences commises contre des gilets jaunes. Quand il y a poursuite ! Ainsi en janvier 2019, un commandant de police est filmé en train de frapper un homme lors d’une manifestation de gilets jaunes à Toulon. Il faut attendre le 26 juillet 2019 pour que le parquet de Toulon ouvre enfin une information judiciaire et saisissent un juge d’instruction pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique. Et entre temps, ce commandant de police a même eu le temps d’être décoré par le ministre de l’intérieur.

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/26/gilets-jaunes-une-information-judiciaire-ouverte-pour-violences-policieres-a-toulon_5493953_3224.html

 

Pourquoi un tel délai lorsque l’action judiciaire et la condamnation pénale est tellement rapide lorsqu’elle concerne un gilet jaune que l’on identifie et que l’on retrouve immédiatement ?

 

Et ce n’est qu’un exemple parmi des centaines de violences policières non poursuivies, d’arrestations arbitraires et de coups portés qui ne seront jamais jugés, jamais poursuivis, jamais condamnés parce que l’Etat protègent des brutes qui ont eu pour mission de casser des manifestants, des contestataires, et rassurer la France des puissants, des journaleux, des hommes et des femmes politiques, des riches et des nantis qui ont tremblé de peur face à la colère de ce peuple français qu’ils avaient pris l’habitude de manipuler et d’exclure !

 

Hier dimanche 28 juillet au soir, on apprenait que l’un des leaders des gilets jaunes Jérôme Rodrigues était placé en garde à vue pour des soupçons de violences conjugales. Là aussi, on ne peut que conclure que la machine judiciaire française ne cherche qu’une excuse, une minuscule raison pour s’attaquer et embastiller un homme qui a osé s’attaquer à la sacro-sainte puissance publique et aux puissants. Tous ceux qui ont osé bravé l’Etat ne doivent pas attendre de mansuétude de sa peur : la justice et la police les détruira et les fera tomber et elles leur feront payer leur participation et leurs appels à la révolution et à l’insurrection. Mais évidemment, on parle là de violences faites aux femmes, chères à la ministre Marlène Schiappa, et le sujet est tellement sensible alors que l'on parle d'inaction de l'Etat. Acharnement judiciaire ? En tout cas, c'est ce que j'ai immédiatement ressenti en lisant le bandeau d'information dans les médias hier soir.

 

https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-gilet-jaune-Jerome-Rodrigues-en-garde-a-vue-pour-des-violences-conjugales-1639559

 

Tout ceci n’est pas normal. Tout ceci n’est pas acceptable. Une telle différence de traitement entre le traitement judiciaire fait aux puissants de ce monde et les condamnations judiciaires faites à la masse des pauvres citoyens exclus du peuple de notre pays, n’est pas acceptable. On peut voler des millions d’euros à l’Etat si on fait partie des puissants, et au pire être condamné à quelques mois de prison, que l’on passera avec un bracelet électronique tout en étant autorisé à travailler tranquillement, et en face de cela, on passera des mois en prison parce qu’on se sera révolté face à l’injustice, face à la violence faite aux faibles, parce qu’on aura voulu combattre une société et un gouvernement méprisant ? Ou bien parce qu’on aura fait une quelconque minuscule bêtise ? Certains abusent et volent des fonds publics à hauteur de plusieurs millions d’euros et n’auront rien, et d’autres brûleront un malheureux radar ou autre petit bien public et seront condamnés le plus sévèrement possible et le plus rapidement possible !

 

Et tout ceci vous semble juste ?

 

Cette violence sociale est indigne de la démocratie que notre pays est sensée être et représentée. Mais la France est-elle encore une démocratie ? La France n’est-elle pas revenue au temps de l’Ancien régime et ne faudra-t-il pas une nouvelle révolution comme celle de 1789 pour réinstaurer la démocratie ? Mais il faudra que le peuple gagne cette révolution, sinon la répression par les puissants sera terrible, comme elle l’est aujourd’hui !

 

 

Saucratès



29/07/2019
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