Critiques de notre temps

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Élections européennes de 2019

Saint-Denis de La Réunion, mardi 28 mai 2019

 

Il y a un certain nombre de sujets dont j'ai envie de parler, mais j'ai envie de parler de politique ce soir. On a eu droit à toute une série d'articles de journaux, toute une série de prises de positions politiques des grands ténors (ou des petits ténors) de grands ou de petits partis politiques français. Et pas mal de ces prises de position, de ces articles, me font rire. Le marigot politique est un monde véritablement malsain.

 

Premièrement, le vote en faveur de la liste du Rassemblement National de Marine Le Pen fait un score largement insuffisant pour représenter un coup de tonnerre, un séisme dans notre système politique. Même si son parti politique est le premier parti de France pour cette élection, un score de 23,3% ne représente pas encore un résultat suffisamment déstabilisant pour les autres partis. Après tout, ce résultat est inférieur aux résultats du parti (qui s'appelait alors le Front National) en mai 2014, où il avait atteint un score de 24,86% (et envoyé 24 euro-députés au Parlement européen contre 22 vraisemblablement pour ce scrutin). En nombre de bulletins de vote, il enregistre néanmoins une progression sensible avec 5,28 millions de votants pour la liste RN. Mais on est malgré tout très loin du score du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017, où Marine Le Pen avait enregistré un score de 10,7 millions de votants.

 

Le Rassemblement National gagne donc apparemment cette election europeenne, mais ces résultats ne risquent pas d'amener le moindre changement, malgré la dramatisation médiatique lancée par Emmanuel Macron dans les jours qui ont précédé ce scrutin. C'était encore une manipulation électorale conduite pour une raison plus ou moins obscure : faire peur aux électeurs tentés par le vote Marine Le Pen, tenter d'attirer des voix sur la liste LREM, ou bien porter préjudice à la liste de LR en lui volant des voix ?

 

Le deuxième élément marquant de cette élection européenne, c'est malgré tout les bons résultats de la liste d'Emmanuel Macron. Pour un président et un gouvernement en exercice, malgré l'inexistence de LREM avant les élections présidentielles de 2017, un score de 22,4% est un score honorable. En 2014, Le Parti socialiste alors au gouvernement n'avait réalisé qu'un score de 13,98% des votants, à la troisième place de ce scrutin. Cette déroute du PS n'a pourtant plus rien à voir avec la déroute actuelle, où le Parti socialiste ne dépasse plus que difficilement 5% des votes à la présidentielle de 2017, aux législatives de 2017 et aujourd'hui aux élections européennes ! Je pense qu'un score de 13,98% aurait été vécu par le PS comme une victoire éclatante en 2019. Le PS ne s'est toujours pas remis du passage de François Hollande et de Manuel Valls et des trahisons des années 2012-2017.

 

Les réactions politiques qui me semble les plus amusantes ou les plus tristes, c'est d'abord une nouvelle fois, l'appel de Marine Le Pen à la dissolution de l'Assemblée Nationale, comme en 2014. Je veux bien que le RN est remporté cette élection, mais il est évident qu'Emmanuel Macron ne va pas dissoudre l'Assemblée Nationale pour cette raison. C'est sur-joué !

 

De la même manière, je trouve hallucinant l'appel des élus de l'aile droite de LREM au rapprochement entre LREM et LR. Evidemment, cela permettrait de mettre un nom sur ce que l'on observe depuis deux ans, un gouvernement de droite qui ne porte pas son nom. Mais on avait eu également eu la même partition jouée lorsque l'on était sensé avoir un gouvernement socialiste, et Macron au ministère de l'économie et des finances. Je lie d'ailleurs que l'électorat catholique a majoritairement voté pour la liste d'Emmanuel Macron, à 43% pour les catholiques pratiquants réguliers. Emmanuel Macron a parfaitement phagocyté le parti LR.

 

Bien sûr également, tout le monde à LR veut la peau du président Laurent Wauquiez ! Apres chaque défaite de LR, les perdants du tour précédent vont-ils donc chercher à faire porter le chapeau au patron du moment ? Sachant qu'il y a désormais des élections tous les six mois d'ici 2022, on risque de voir changer régulièrement le patron de LR, jusqu'au retour du maître incontesté Nicolas Sarkozy ?

 

Amusant également, la découverte que si elle avait été unie, la gauche aurait été le premier parti français ! N'est-ce pas aussi extrêmement amusant ? Encore faudrait-il que tous ces personnages réussissent à s'entendre et se mettent d'accord sur un leader ? Et que les électeurs de gauche qui ont voté pour l'une des nombreuses listes de gauche acceptent de se reconnaître dans une seule et même liste commune. Comment par exemple pardonner au Parti socialiste la politique sociale que ce dernier a mené entre 2012 et 2017 avec la Loi travail entre autres ?

 

Voilà pour quelques enseignements rapides de ce scrutin. Derniere information, la liste musulmane (liste de l'union des démocrates musulmans de France - UDMF) de Nagib Azergui a obtenu 28.447 voix, soit 0,13% des suffrages. Ouf, il n'y a pas encore de parti islamiste en France et contrairement au livre de Houellebecq («Soumission»), il ne semble pas pouvoir remporter immédiatement la prochaine élection présidentielle.

 

 

Saucratès



28/05/2019
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