Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Débat sur les retraites (3)

 

Réflexion seize (29 août 2013)
Un conflit des générations à venir

 

L'article du blog de Georges Ugeux (http://finance.blog.lemonde.fr) traduit exactement mon opinion sur le problème des retraites, et mon rejet de la énième réforme de rafistolage pondue par le gouvernement socialiste actuel.

http://finance.blog.lemonde.fr/2013/08/28/retraites-la-politique-de-lautruche-ignore-le-conflit-des-generations/

 

Comme Georges Ugeux l'écrit : «Ma génération (la sienne, pas la mienne) a construit un endettement insupportable dont nous léguons le soin de payer les retraites à nos enfants et petits-enfants. Nous avons été irresponsables, et rien ne dit que, dans les prochaines années, ils ne seront pas contraints, qu’ils le veuillent ou non, à des réformes infiniment plus douloureuses pour sauver leur pouvoir d’achat. Ne cédons pas à l’égoïsme des vieux».


Mes/nos enfants auront en effet à la fois à rembourser les dettes publiques monstrueuses entassées depuis les années 1970-1980, mais également à payer les retraites des générations qui les auront précédées. Si cela ne tenait qu'à moi, il y aurait depuis belle lurette que j'aurais arrêté de cotiser pour une retraite dont j'étais presque certain que je n'en verrais pas la couleur. Cela m'exaspère depuis que je suis rentré sur le marché du travail, au début des années 1990.

 

Je n'ose imaginer la position qui sera celle de nos enfants, au fur et à mesure que leurs taux de cotisation continueront à croître et que les déséquilibres des régimes de retraite iront également croissants, et qu'ils comprendront qu'ils ne partiront jamais en retraite ... Ils se rappelleront alors nos combats égoïstes pour que nous (et nos enfants) puissions continuer à partir à 60 ans ... Je gage que ce jour-là, ils nous en voudront. Et nous n'y pourrons rien, ayant cotisé toute notre vie pour payer les retraites de nos propres parents, et ne disposant d'aucune retraite à notre nom. 

 

Un ami comparait notre système de retraite à une pyramide de Ponzi (ce système que Madoff a notamment utilisé pour tromper les marchés et ses épargnants). Un système qui ne fonctionne que grâce aux versements des nouveaux entrants/épargnants. Le problème des systèmes dits de Ponzi, c'est qu'ils semblent longtemps fonctionner parfaitement. Qu'ils explosent lorsque le nombre de nouveaux entrants/cotisants diminue en deça de ceux qui sortent du fonds. Qu'ils sont complètement vides lorsqu'ils s'écroulent puisqu'ils ont tendance à se maintenir tant qu'ils restent des fonds à l'intérieur. Et que ceux qui restent y ont tout perdu lorsque ces fonds explosent.

 

Lire également ce autre article du Monde qui démontre/explique que la France est le pays le plus généreux du monde avec ses retraités. Difficile à envisager puisque l'imaginaire collectif, la bien-pensance nationale, et l'ensemble des médias préfèrent mettre en avant ces quelques retraités obligés de fouiller les poubelles des grandes surfaces et des restaurants pour se nourir ...   

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/28/la-france-est-le-pays-le-plus-genereux-du-monde-avec-ses-retraites_3467399_3224.html 

 

  

Réflexion quinze (27 août 2013)
Une nouvelle réforme des retraites sur le dos des salariés

 

Le gouvernement engage depuis cette semaine des simili-négociations avec les organisations syndicales représentatives des salariés et des patrons. L'idée de cette bande d'hypocrites est une nouvelle fois de faire payer toujours plus les salariés, pour sauvegarder un régime totalement inique et que l'on imagine déjà condamné à terme.

 

Les uns (à la CFDT) ne veulent pas qu'on touche aux conditions de départ en retraite avant 2020, pour que les salariés de plus de 55 ans puissent partir normalement à la retraite comme ils l'avaient prévus (ce que je peux comprendre). D'autres (à la CGT) ne veulent pas qu'on touche au nombre d'annuités nécessaires pour partir en retraite à taux plein (42 annuités à ce jour) ou à la date théorique de départ en retraite (60 ans ou 62 ans ?). Enfin, à Force Ouvrière, on se satisfait de la création d'un compte pénibilité : «C'est quelque chose à quoi syndicalement nous sommes très attachés depuis longtemps». Mais les uns et les autres s'en contrefoutent de faire peser des cotisations toujours plus élevées sur les épaules des salariés actifs, qui financent à fonds perdus un régime dont ils ne verront jamais la couleur.

 

Les patrons sont opposés à une hausse des cotisations employeurs, mais le gouvernement ressort devant leurs yeux ébaudis le serpent de mer des socialistes : le transfert d'une partie des cotisations sociales patronales (la branche famille) vers la CSG. Et les patrons de se réjouir de cette excellente nouvelle pour la compétitivité des entreprises françaises.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/26/rencontre-sur-les-retraites-ayrault-rassure-a-la-fois-patronat-et-partenaires-sociaux_3466742_823448.html

http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/08/27/arretons-de-remettre-en-cause-les-droits-sociaux-lors-du-debat-sur-les-retraites_3466831_3232.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/27/retraites-nous-n-y-couperons-pas-comme-les-autres-pays-juge-chatel_3466868_823448.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/27/retraites-un-compte-penibilite-entrera-en-vigueur-en-2015_3467076_823448.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/27/la-reforme-des-retraites-sera-devoilee-a-19-heures_3467250_823448.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/27/retraites-la-duree-de-cotisation-au-coeur-des-enjeux_3467026_823448.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/27/retraites-cette-reformette-n-est-ni-efficace-ni-juste-ni-durable_3467325_823448.html

 

Et les salariés dans tout ça ? Personne ne pense aux salariés, puisque les syndicats ne songent qu'à foutre des rustines sur un régime moribond qui sacrifie sans vergogne les intérêts des jeunes sur l'autel des intérêts des vieux salariés et des retraités.

 

Quelle réforme des retraites faut-il engager ? Ce qui me semble clair, c'est que les réformettes successives du régime de base de la Sécurité Sociale et des régimes complémentaires ARRCO et AGIRC n'ont jamais permis d'équilibrer nos régimes de retraites. Nos régimes prennent l'eau de toute part, et il ne permettra que pendant encore quelques années à des salariés âgés de partir à la retraite ... Mais cela ne durera pas indéfiniment ... Nous allons continuer à mettre en oeuvre des réformettes qui augmenteront parfois d'un trimestre les durées de cotisations, qui augmenteront les cotisations, et ne résoudront rien, et sur lesquelles il faudra revenir tous les deux ans, le temps qu'on se rende compte que les déficits continuent de progresser.

 

Ce qui me fait évidemment le plus réagir dans cette énième réformette socialiste, c'est évidemment une nouvelle fois le projet de transférer des cotisations patronales de la branche famille vers la contribution sociale généralisée (CSG). Cela impliquera directement une baisse de nos salaires et une diminution des coûts salariaux des entreprises. Je n'avais pas imaginé qu'un gouvernement socialiste pouvait être à la botte des patrons, alors qu'il n'y en a pas un seul qui a voté pour eux aux dernières législatives. On marche sur la tête. Et les syndicats des salariés qui ne disent rien, qui ne comprennent rien ou qui laisse faire ! Bande d'abrutis ! 

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-9569278-quel_programme_en_matiere_de_competitivite_des_ent.html

 

Ce qu'il faut mettre en oeuvre, c'est une réforme d'ampleur de nos régimes de retraite, qui rétablisse de manière certaine leur équilibre financier.

1. Relèvement de l'âge de départ à la retraite à 65 et 67 ans comme dans les autres pays européens, par souci de justice sociale : il n'y a pas de raison que les plus jeunes des salariés doivent travailler jusqu'à 70 ans, mais que les salariés plus âgés puissent partir aujourd'hui ou demain à 60 ou 62 ans ! Evidemment, il faut prendre en compte la pénibilité physique du travail : comment comparer un maçon et un enseignant ou un employé de bureau ? Comment leur demander à tous de travailler jusqu'à 67 ans ?

2. Il faut aussi diminuer les retraites à hauteur des déséquilibres financiers, à la fois pour le régime général ou pour les régimes complémentaires, afin que l'on cesse de cotiser à fonds perdus, voire de manière croissante, pour des régimes qui de toute façon seront en faillite à l'heure de notre départ en retraite.

3. Il faut cesser de faire croire que les salariés français sont attachés au régime de retraite par répartition, comme le gouvernement français l'assène sur tous les fronts médiatiques. Personnellement, je veux un régime de retraite dans lequel ce que je percevrais sera fonction de ce que j'aurais cotisé, et dans lequel je n'aurais pas cotisé pour des nèfles, à fonds perdus. Et un régime par capitalisation offre une bien meilleure visibilité. Mais évidemment, il faut bien faire payer par les salariés actuels l'imprévoyance des salariés d'hier et de retraités de demain ! Et plus ce régime par répartition continue de fonctionner, plus nous cotisons dans le vide et plus nos retraites futures seront fictives.

 

C'est plus largement le choix de la privatisation de nos régimes de retraite et de sécurité sociale qui est aujourd'hui en jeu. Combien d'années encore les salariés cotisants accepteront-ils de cotiser à fonds perdus dans un régime de retraite et de sécurité sociale moribond, qui ne leur permettra d'en profiter, pour permettre juste de payer pour une fraction actuelle de vieux nantis profiteurs ?

 

Sous une autre forme, c'est exactement ce que dit par Marc Roche dans cet article du Monde ... «Les privilèges dont bénéficient aujourd'hui les baby-boomers et qu'ils défendent bec et ongles imposent un fardeau financier sur les nouvelles générations, préjudiciable sur le plan écoonomique.»

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/27/le-jeune-pauvre-et-le-vieux-riche_3467020_3234.html

 

 

Réflexion quatorze (20 mars 2011)
L'équilibre des régimes de retraite complémentaire en négociation ...


La situation des régimes de retraite complémentaire ARRCO et AGIRC n'apparaissait pas en tant que tel dans le projet de réforme des retraites de l'année dernière. Ces régimes de retraite sont gérés de manière paritaire par les syndicats et le patronat, et viennent de faire l'objet de négociations concernant leur équilibre, négociations qui viennent de s'achever avec un accord qui ne reçoit pour l'instant que la signature de la CFDT et du patronat.
http://social.blog.lemonde.fr/2011/03/20/retraites-complementaires-pour-quelques-milliards-deuros/

http://social.blog.lemonde.fr/2011/03/19/retraites-complementaires-le-contenu-de-laccord/

http://www.lesechos.fr/medias/2011/0320//0201237257786_print.pdf

 

Les quatre autres centrales syndicales (CGT, FO, CFTC et CGC) s'interrogent soit sur le sens d'une signature de cet accord, soit au contraire d'une opposition à ce texte. Pour que l'opposition soit légalement valide, il faudra qu'elle regroupe trois centrales syndicales sur cinq. Avec le danger de s'opposer à un texte peut-être insuffisant pour les syndicats mais malgré tout favorable, avec la reconduction jusqu'en 2018 de l'accord sur l'AGFF, finançant les retraites complémentaires avant 65 ans ...

http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201239725338-l-accord-en-ballottage-legerement-favorable.htm

 

Le fond de cette négociation, ce qui démontre que la réforme de l'année précédente était de toute façon nécessaire, c'est la situation déficitaire des deux régimes de retraite complémentaire à partir de 2009. Leur déficit s'est établit à 3,6 milliards d'euros en 2010, et leurs réserves accumulées (61,9 milliards d'euros pour l'ARRCO et 18,7 milliards d'euros pour l'AGIRC à fin 2009) seront épuisées en 2023 pour le régime AGIRC et en 2033 pour le régime ARRCO. Sans la réforme des retraites de l'année dernière, leurs déficits se seraient établis à 117,2 milliards d'euros en 2030 (en cumulé) et à 13,5 milliards d'euros par an en 2050.

 

L'accord auquel sont arrivés les négociateurs patronaux et syndicaux ne résout pas de manière pérenne le problème de financement des régimes de retraites complémentaires. De petites demi-mesures ont été prises pour réduire les déficits des deux régimes (limitation des avantages familiaux, diminution du rendement du régime AGIRC au niveau du régime ARRCO), sans sauvegarder le système de retraite par répartition, dans lequel, il faut le rappeler, les cotisants actuels financent les retraités actuels, sans avoir aucune certitude sur l'existence de ce régime lorsqu'ils seront eux-mêmes en retraite ... Les syndicats de salariés parlent de sauvegarder le système de la retraite par répartition, mais ce système est surtout un jeu de dupes ... les derniers cotisants (notre génération ? la génération de nos enfants ?) seront les dindons de la farce ; ayant cotisé pour les autres sans rien obtenir en échange ...

 

Il faut surtout noter les divergences majeures de préoccupation des unes et des autres parties à cette négociation. Les syndicats de salariés voulaient ainsi obtenir une augmentation des cotisations AGIRC et ARRCO, augmentation que le patronat ne voulait pas ... Et pourtant, y a-t-il un accord des salariés eux-mêmes sur cette proposition, alors que les taux de cotisation actuels en matière de retraite représentent déjà une part importante de nos rémunérations, et que nous les finançons peut-être déjà sans espoir (toute personne qui devrait partir à la retraite après les années 2030 n'a aucune certitude de bénéficier d'un niveau de retraite décent) ?

 

A noter que c'est effectivement la position des syndicats non signataires comme la CGT mais eux appellent à un relèvement des taux de cotisation (pour l'ARRCO et l'AGIRC), supportés par les salariés, voire à des financements du 'capital' dans le cadre de la retraite SS ... Mais pourra-t-on supporter toujours plus de prélèvements sur nos salaires pour financer peut-être toujours à fonds perdus les retraites de baby-boomers, qui auront bénéficié à plein de notre société, des ressources de notre planète, et qui ne nous laisseront que des ruines et des dettes ?

 

A noter également les attentes des syndicats de cadres contestant le rapprochement des rendements des régimes AGIRC et ARRCO ... Alors pourtant que dès 2009, seul le régime AGIRC était déficitaire (déficit technique de -2,03 milliards d'euros contre un excédent de +0,9 milliard d'euros pour le régime ARRCO), que ces réserves financières sont plus de trois fois inférieures à celle des caisses ARRCO (bien que le régime AGIRC ait été créé quelques années avant le régime ARRCO (1947 contre 1961) ... Ce qui témoigne soit d'un moindre souci de saine gestion, soit d'une démographie moins favorable (un rapport de 1,48 cotisant pour 1 retraité en 2009 pour l'AGIRC contre 1,56 pour l'ARRCO ... et une espérance moyenne de vie à 60 ans supérieure de plus d'un an pour les hommes et pour les femmes pour le régime AGIRC par rapport au régime ARRCO) ... Et qui devrait inciter les syndicats de cadres à plus de retenue et à plus de souplesse dans leurs revendications ...

http://www.agirc-arrco.fr/qui-sommes-nous/chiffres-cles/

 

Comme l'écrit le journaliste des Echos, ici se situe «l'enjeu caché de cette négociation qui explique en partie l’attitude hostile de la CGC. Le plus frappant est que les règles de l’Arrco (tous les salariés) et de l’Agirc (les cadres) sont de plus en plus les mêmes. La spécificité cadre disparaît. D’où la question : l’Agirc est-elle encore nécessaire ? Voilà l’enjeu institutionnel et social caché.»

http://blogs.lesechos.fr/dominique-seux/retraites-complementaires-l-enjeu-cache-de-la-negociation-a5373.html

 

 

Réflexion treize (24 octobre 2010)
Syndicalisme, terrorisme, blocus ...


Où se trouve la limite entre l'exercice légitime du droit de faire grève, et l'action terroriste visant à gêner le plus possible les autres citoyens, sur la base présupposée et auto-proclamée d'un appui majoritaire de la population en leurs revendications ?


Il me semble que c'est une question indispensable à se poser personnellement. Où s'arrête une grève légitime et légale ? Où commence l'action illégitime, illégale, terroriste ? Les manifestants se réfugient, se sentent légitimisés, par certains sondages qui feraient état que 60% à 70% des français seraient favorables aux manifestations. Mais on fait dire un peu ce que l'on veut aux sondages, et on leur donne l'importance que l'on veut également.

 

Sauf erreur de ma part, au début de la présentation de la réforme des retraites, les sondages donnaient une majorité des français favorables à la réforme. Cela n'a pas empêché les mêmes syndicalistes d'appeler à des manifestations contre cette réforme. Ces sondages permettent aussi de renverser la charge de la preuve. Lorsque les manifestants (les émeutiers il faudrait mieux dire) font face dans leurs barrages (dont l'objectif est de gêner le plus possible les déplacements des autres, d'emmerder le plus possible les autres), à des camionneurs ou à des automobilistes énervés, ils peuvent se réfugier derrière cette auto-légitimisation (notre action est approuvée par 70% des français) qui transforment les mécontents en des traitres minoritaires qui ne se voient pas reconnus du coup le droit à manifester leur opposition aux blocages et aux manifestations.

 

Cette auto-justification présente ainsi le paradoxe de faire des émeutiers, des manifestants, des terroristes prenant en otage le reste de la population, les seuls représentants légitimes de la contestation ; les autres minoritaires n'ont alors selon eux d'autres choix que de fermer leur gueule, de se cacher, en attendant que les émeutiers ne gagnent leur combat ... Et dans leur royale bonté, les émeutiers accepteront même plus tard que les autres minoritaires puissent bénéficier également du droit à cette retraite qu'ils n'auront pas défendue.


C'est un des paradoxes de ces mouvements de grève, de ces scènes d'émeutes qui peuvent très facilement déraper, qui sont toujours à deux doigts de basculer dans la violence, entre un groupe galvanisé par la rébellion, qui se croit investi d'un rôle supérieur, et des éléments individuels qui sont par nature incontrôlables, inconnus, parfois extéreurs, dans les syndicats ignorent le plus souvent les capacités et les objectifs ... Les syndicats jouent avec le feu dans de telles situations ... et n'en assument même pas les risques ... en cas de débordements (automobiliste récalcitrant pris à partie devant sa voiture caillassée à un barrage), ils auront beau jeu de mettre la faute sur le gouvernement qui sera responsable selon eux du pourrissement de la situation dû au non-retrait du texte ...


Je ne comprends toujours pas ce mouvement de contestation puisque cela fait des années que je milite pour le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite. Je ne comprends pas quelles autres solutions pourraient être apportées aux problèmes de financement des retraites selon les syndicats ... De même que je trouve que les raisons qui conduisent les syndicats et les manifestants à cette extrémité sont complètement creuses et populistes.


1) On pourrait faire financer par le capital les retraites des salariés et régler les problèmes de financement des retraites ? Un argument populiste ... Le jour où il y aura autant de retraités que d'actifs, ce ne seront pas des taxes sur le capital qui permettront de trouver le financement des retraites à verser. La seule solution pérenne est de diminuer le nombre de retraités, de préserver un certain rapport entre actifs et retraités, solutions qui passent forcément par un relèvement de l'âge de départ en retraite, ou alors, autre solution, par des solutions eugénistes : disparition/élimination physique des retraités sur-numéraires ...


2) Lorsqu'il s'est agit de sauvegarder les banques, l'état n'a pas eu de problèmes pour trouver des dizaines de milliards d'euros ... Mais quand il s'agit des retraites ... Un argument tout aussi populiste. Les financements nécessaires apportés aux banques françaises étaient le plus souvent des avances, remboursées, apportées par la Banque de France ... Les établissements bancaires ont même remboursé les avances en fonds propres qui leur ont été faites pendant la crise ... Les financements des retraites qui sont déjà nécessaires et qui seront nécessaires dans quelques années ou décennies devront être apportées de manière croissante chaque année. Les deux mécanismes n'ont rien à voir. D'un côté, un financement à fond perdu des retraites ... de l'autre des avances consenties et remboursables pour sauvegarder un système financier, qui, s'il s'était effondré, aurait ruiné des millions d'épargnants dont faisaient partie ces mêmes manifestants ...


Je ne peux que rappeler mon incompréhension et ma certitude qu'une réforme de l'âge de départ en retraite me semble inéluctable, quelque soit la forme que puisse prendre cette réforme. Il existe un certain rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités qu'il me semble qu'il faut à tout prix maintenir (un retraité pour deux ou trois actifs) ... rapport qui, lorsqu'il se dégradera, devra entraîner un relèvement de l'âge de départ en retraite ... Et sauf erreur de ma part, ce rapport est aujourd'hui déjà dégradé, comme en témoignent les déficits des régimes ARRCO et AGIRC, et rend indispensable de relever l'âge de départ en retraite.

 


Réflexion douze (20 octobre 2010)
A quoi conduiront les manifestations ...


Grève générale, blocages, blocus ... la situation sociale en France se dégrade franchement au cours de ces derniers jours avec le pourrissement des mouvements sociaux et leur extrêmisation ... Ce qui pose de nouveau problème en France à l'occasion de cette réforme et de ce mouvement social, c'est l'impossibilité de réformer consensuellement la France avec des décisions courageuses des partis politiques des différents bords et l'accord des organisations syndicales ... Alors que des décisions comparables de recul de l'âge de départ en retraite ont été prises dans la majeure partie des pays européens qui nous entourent, cela semble beaucoup plus difficile en France et cela ne se fera pas sans manifestations monstres, blocages généraux et effusion de sang ...


Evidemment, le simple fait que les mêmes décisions aient été prises chez nos voisins n'est pas un argument suffisant ; des mesures libérales pouvant être prises partout sans que ces mesures ne soient malgré tout justes. Mais il n'en va pas de même dans le cas des retraites. Devant les déficits qui gonflent, il faut obligatoirement agir sur certaines variables des retraites : âge de départ, durée de cotisation, niveau et assiette des cotisations, montant des retraites ...


Le problème que je vois dans les mouvements sociaux qui agitent actuellement la France, c'est l'absence de regard à moyen terme des partis politiques et des syndicats qui appellent à manifester ou à tout bloquer, ainsi que les manipulations utilisées. Dans les universités et les lycées, des leaders estudiantins ou lycéens (instrumentalisés ou simplement attirés par la médiatisation ... la représentante des lycéens que j'ai vu dans le Grand Journal de Canal Plus était excellente, bien meilleur en tout cas que le syndicaliste à ses côtés effacé et pathétique) appellent les jeunes à manifester en leur expliquant qu'en commençant à travailler après leurs études, à 25 ans, ils devront travailler jusqu'à 67 ans et peut-être demain à 69 ans ou 70 ans.

 

Mais ce problème n'est pas né de cette réforme. C'est ce qui attend cette génération comme les générations précédentes. De tout temps, en choisissant des études longues, les jeunes ont toujours retardé l'âge de leur premier boulot (et donc de leur indépendance vis-à-vis de leurs parents) et par voie de conséquence l'âge de leur départ en retraite. Mais en échange, ils peuvent prétendre à des salaires plus élevés plus rapidement, à des emplois plus qualifiés sans passer par des postes d'exécution, et surtout acquièrent une protection, un sésame, en cas de période de chômage (sésame dont on peut certes interroger l'utilité aujourd'hui). Que veulent ces jeunes étudiants ? Toucher l'argent du beurre et le beurre, ainsi que l'estime de la crêmière ? Cotiser 35 ans mais toucher une retraite aussi élevée qu'un salaire d'activité ?


C'est cela qui me pose problème. Derrière des arguments faciles et dévoyés, se cache la désinformation et la manipulation. A entendre les manifestants, leurs leaders, les dirigeants des organisations syndicales, les responsables du parti socialiste, il n'y aurait aucun problème sur les retraites. Or, cela fait des années qu'il aurait fallu prendre des décisions courageuses en la matière, en relevant cet âge de départ en retraite, en mettant fin à cette aberration qui veut que des salariés de 50 ans à peine ne rêvent plus que d'une chose : leur futur départ en retraite, ce qui gèle leur carrière, leur envie de travailler, leur capacité à évoluer professionnellement ... si tenter que leurs employeurs leur en laissaient la possibilité.


A entendre les manifestants, leurs leaders, les dirigeants des organisations syndicales, les responsables du parti socialiste, il n'y aurait aucun problème de financement des retraites ? Tout serait inventé par le gouvernement ? Evidemment, il peut paraître difficile de croire ce gouvernement et ce président, amis des plus riches de nos concitoyens ou de ceux exilés en Suisse ou ailleurs, dont toutes les décisions politiques semblent uniquement être prises en la faveur de ces derniers ... Comment les croire lorsqu'ils disent que cette réforme est nécessaire, que les efforts sont partagés ? Comment les croire lorsque le ministre chargé de défendre ce projet est Eric Woerth, sur la probité duquel je ne m'avancerais pas ... mais qui est connu pour avoir la légion d'honneur facile pour les puissants et les généreux donateurs de l'UMP et de son propre parti personnel ...


Ce qui pose néanmoins problème, c'est de faire cependant croire qu'il n'y a pas de problème en matière de retraite. Il y a urgence à prendre des décisions de rééquilibrage des régimes de retraite obligatoires. Pour régler ce problème, à défaut de relever l'âge de départ en retraite, il suffirait peut-être au gouvernement d'imposer aux organismes paritaires chargés de la gestion des régimes de retraites (régime général de la CNAV, caisses ARRCO et AGIRC, Ircantec) de ne jamais déroger à la règle de l'équilibre ... c'est-à-dire de leur imposer au minimum de couvrir les retraites versées avec les cotisations perçues une année durant ... De telle sorte, ces régimes de retraites se verraient imposer de diminuer les retraites versées au niveau des cotisations perçues ... ou d'augmenter les cotisations perçues ... Mais ce serait des décisions paritaires à prendre ... particulièrement impopulaires ... mais que les syndicats auraient rendu obligatoires par leur intransigeance dans le mouvement des retraites ... Trop simple de toujours dire NON à tout sans en payer les conséquences ... car on verrait alors les retraités (et les mêmes syndicats ?) descendre dans les rues pour contester la baisse de leur retraite.


Car c'est ce qui arrivera de toute façon par la suite. Si on ne touche pas à la durée de cotisation ou à l'âge de départ en retraite, il faudra bien au final agir sur le montant des retraites, soit pour tous les retraités d'une manière assez insensible (une baisse de quelques pourcents ou une absence de revalorisation pendant quelques années), soit seulement pour les nouveaux (ou les futurs) retraités, et dans ce cas d'une manière drastique, ce qui imposera alors une très forte baisse des pensions de retraite pour ces mêmes jeunes qui s'alarment déjà de partir tardivement, et qui ne toucheront alors que des sommes dérisoires, s'ils touchent un jour quelque chose ...

 

De l'imbécilité des manifestants d'aujourd'hui dans ce conflit social, manipulés mais heureux de l'être, qui croient combattre pour leur avenir et celui de leurs enfants, mais qui creusent en fait leur propre tombe ... ou du moins celui de notre régime de retraite ... Evidemment, ils appellent le gouvernement à ouvrir des négociations avec les partenaires sociaux ; négociations que ces mêmes organisations syndicales salariales ont pourtant refusé d'ouvrir ces derniers mois, privilégiant le conflit social pour faire plier le gouvernement, quitte à ne pas pouvoir influer sur les propositions du gouvernement ... Choix idiot, qui eusse pu être payant en cas de victoire, et qui ne leur sera même pas imputer par leur base en cas d'erreur ...

 


Réflexion onze (16 octobre 2010)
Le retrait, mais après ...


Il y a de bons et de mauvais arguments d'un côté et de l'autre des parties dans ce débat.


Pour le gouvernement, le fait de dire que cette réforme est faite en pensant en premier lieu aux jeunes, c'est un bon argument. Il est vrai que ce sont les plus jeunes générations qui seront très certainement perdantes en l'absence de remise en cause rapide de la situation des retraites. Quelques classes d'âge supplémentaires pourraient vraisemblablement encore partir à 60 ans en l'absence de réforme, mais il est sûr et certain que les lycéens et étudiants d'aujourd'hui devront subir dans quelques années ou décennies une réforme drastique des conditions de départ en retraite si rien n'est fait d'ici là ... Mais en même temps, annoncer à des étudiants et lycéens inquiets de se retrouver au chômage à la fin de leurs études, alors que le taux de chômage dépasse 10% de la population active et concerne avant tout les jeunes et les travailleurs de plus de 50 ans, que l'on va repousser le nombre de départs en retraite dans les prochaines années, c'est particulièrement malheureux.


En face, il ne faut pas nier que les syndicats défendent essentiellement sur ce point une catégorie de français relativement âgés (plus de 45 ans) majoritaires parmi leurs addhérents et plus encore parmi les responsables syndicaux et ceux ayant un mandat de représentation. Ce combat sur les retraites prend-il vraiment en compte la situation de tous les français, aussi bien les retraités actuels que les plus jeunes et les enfants ?


Mais le gouvernement de son côté use aussi d'arguments fallacieux. S'appuyer sur des statistiques qui font état que l'âge moyen de départ en retraite est actuellement de 61 ans et demi et que la proposition du gouvernement ne changera donc rien est une faute logique. On ne peut pas comparer une moyenne de 61 ans et demi, entre des gens qui partent à 60 ans (voire avant grâce aux rachats autorisés de trimestres) et ceux qui partent à 65 ans ... et la date buttoir des 62 ans du gouvernement. La nouvelle moyenne qui sera observée après cette réforme risque d'être très proche de 63 ans et demi, entre ceux qui partiront à 62 ans contraints et forcés, et ceux qui partaient auparavant après 62 ans (s'ils ne changent pas leurs habitudes) jusqu'à 67 ans désormais voire 70 ans.


Par ailleurs, demander aux parents de faire attention à leurs enfants lycéens (ou étudiants) pour qu'ils ne manifestent pas dans les rues, parce que le gouvernement lâche dans ces mêmes rues des policiers et des gendarmes mobiles fous et agressifs, est proprement ahurissant. En lisant cette intervention ministérielle, on se demande si on est encore dans une démocratie, si on ne se trouve pas dans un quelconque pays de non-droit, dans une dictature, comme l'Iran, la Russie de Poutine ou la Birmanie ? Où va la France sous l'ère Sarkozy ?


Néanmoins, dans le cas hypothétique où le projet de loi sur les retraites ne passerait pas, ce qui sauf erreur de ma part est l'objectif poursuivi par les syndicats, quelles seraient alors les propositions des syndicats sur le sujet ? Parce que ce que l'on oublie, c'est que les caisses de retraite complémentaires ARRCO et AGIRC (sans parler de la Sécurité Sociale - CNAV) étaient en déficit en 2009 (ainsi qu'en 2010), ce que les syndicats savent parfaitement puisqu'ils les co-gèrent avec les syndicats patronaux. Une réforme à très court terme sera nécessaire, soit en relevant les taux de cotisation (ou d'appel), soit en diminuant les futures retraites (c'est-à-dire le taux de conversion) ou l'ensemble des retraites (piste peu probable mais qui serait beaucoup plus indolore ... au lieu de baisser toutes les retraites de 3%, il faudra peut-être baisser de 20% à 40% les seules prochaines retraites), à défaut de pouvoir jouer sur une réforme plus étalée dans le temps repoussant l'âge de départ en retraite ...


Donc quelles sont les propositions des syndicats ? Faire payer les riches et le capital ?

 


Saucratès

 

 

Mes écrits précédents sur le sujet :

1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1977455-debat_sur_les_retraites__1_.html

2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1977460-debat_sur_les_retraites__2_.html



16/10/2010
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