Ecole et violence scolaire
Les erreurs socialistes : la réforme des rythmes scolaires
Réflexion une (18 novembre 2013)
Où l'on commence à comprendre que la réforme des rythmes scolaires est une gigantesque ânerie ... Mais où l'on découvre aussi que les arguments des socialistes pour la défendre reposent une nouvelle fois sur une vieille haine rance des classes moyennes ...
Voilà quelques articles du journal du Monde qui traitent d'une manifestation de quelques parents et éducateurs dans la ville d'Auxere dans l'Yonne.
Ces parents et éducateurs ne font que confirmer ce qui m'était apparu comme évident dès que j'avais pris connaissance de ce projet de loi socialiste sur la réforme des rythmes scolaires. Que des enfants obligés de se lever cinq jours de suite extrêmement tôt, au lieu de pouvoir se reposer le mercredi matin et de faire une grasse matinée, seront forcément beaucoup plus fatigués qu'ils ne l'étaient précédemment !
Mais cet article a au minimum l'intérêt de démontrer que je ne suis pas le seul à dénoncer ce genre d'incohérences et ce tissu de conneries d'un gouvernement d'incompétents et de fanatiques ! Ce n'était pas l'amélioration du bien être des enfants qui était recherché dans cette réforme ! Ce n'était même pas l'amélioration des résultats de l'école ! Ce n'était que les idées d'un groupe de fanatiques incompétents, appuyés par de soit-disant spécialistes des rythmes scolaires, mais totalement étrangers au monde de l'enfance et vivant surtout dans un monde de bisounours où l'enfant serait sensé être heureux à l'école, par opposition à un monde familial qui serait castrateur.
Alors c'est peut-être vrai dans certains milieux sociaux. Il est peut-être également vrai que ce serait fantastique si l'école pouvait être un monde merveilleux de douceur, de relations humaines apaisées et enrichissantes, un monde où les enfants pourraient être heureux.
Mais ce n'est pas le cas ! L'école est un monde de violence, entre pairs notamment, et justement encore plus au sein des écoles où les milieux sociaux défavorisés sont fortement représentés. L'école est également un lieu où les enfants sont à la merci d'adultes abuseurs et d'adultes en déshérence, qui n'ont pas trouvé d'autre occupation professionnelle et qui le font sans intérêt, sans vocation.
Mais il y a pire. Il y a une volonté politique des élus socialistes de s'attaquer aux classes moyennes ... à la majorité des français qui ont construit leur vie autour de leurs enfants, autour de la famille, à la différence d'une minorité pour lesquels les enfants ne sont qu'un moyen de subsistance, la certitude de recevoir les allocations familiales ... enfants que ces familles éclatées (ou non), vivant en marge de la société française, qu'ils destinent à venir grossir les rangs des délinquants et des dealers de drogue !
Dans le grand combat mené par les socialistes contre les classes moyennes françaises, la réforme des rythmes scolaires a été l'une des armes utilisées. Il faut arracher l'enfant au monde de ses parents, à la sécurité du cocon familial, pour le jeter dans la violence des cités. Cela se retrouve dans les arguments justement d'un simple maire de gauche d'une simple commune française (Bernard Moraine, le maire divers gauche de Joigny depuis 2008). Selon lui, l'argument des opposants à la réforme des rythmes scolaires («La désorganisation des rythmes familiaux et l'obligation pour certains enfants de devoir renoncer à des activités extrascolaires le mercredi après-midi ?») ne tient pas : «Cela concerne les enfants dont les parents ont les moyens. Les enfants du peuple, eux, n'y vont pas. Avec cette réforme, notre jeunesse va pouvoir accéder à des activités auxquelles elle ne pouvait pas accéder avant.»
Voilà l'image que les socialistes ont du problème. «Les enfants dont les parents ont les moyens» (de leur offrir des activités périscolaires comme le tennis, le football, la danse, le judo, le karaté ... on ne parle pas d'activités comme le golf ou le polo !) appartiendraient à une sorte de caste de privilégiés qu'il faut combattre ... Et ces socialistes leur opposent «les enfants du peuple», une sorte majorité fantasmée de la population qui ne prendrait apparemment pas le temps ni le choix d'offrir à leurs enfants des activités périscolaires !
Il y a un déni de la part des socialistes de la réalité de la société française ... la croyance que la minorité d'étrangers et d'assistés qu'ils prennent pour les français, constituent la majorité de la population française. Ils n'ont rien compris ! Ils haïssent les classes moyennes et défendent une minorité d'exclus qu'ils sont tout fiers de défendre ... Tant pis si ces exclus ou ces étrangers qu'ils défendent enlèvent des enfants pour les forcer à demander l'aumône. Tant pis si pour cela, il faut accroître les prélèvements sociaux et les impôts, à condition que leurs pauvres soient épargnés.
Il y a une haine des classes moyennes et un mépris des enfants que je ne comprends pas venant de ces politiques véreux, incompétents et intéressés. Il faut combattre la réforme des rythmes scolaires parce que ce sont nos enfants qui vont en être les victimes, tant que ce gouvernement d'incompétents sera au pouvoir !
Saucratès
Précédents écrits sur le même sujet :
Ecole et violence scolaire (5)
Réflexion trente-et-une (26 janvier 2012)
Quelles possibilités d'action contre la violence scolaire à l'école ?
Le ministère de l'éducation nationale se décide à agir contre le harcèlement sur internet, et plus largement sur les microviolences entre élèves, par une grande campagne publicitaire. J'ai recensé quelques articles traitant de ce sujet.
Cette campagne rompt avec le silence de l'administration qui règnait jusqu'à présent dans l'institution scolaire, voire avec le prisme déformé des syndicats enseignants et des discours politiques qui ne s'intéressaient qu'à la seule violence contre les adultes en milieu scolaire. Le regard change enfin en France en s'intéressant au 'school bullying' (violences quotidiennes entre enfants).
J'estime personnellement pour l'avoir vécu de manière quotidienne durant toute ma scolarité, de mes premières années au primaire à mes années de lycée, que la violence scolaire a toujours existé en France, au moins depuis les années 1970, qu'elle est généralisée et qu'elle vise les enfants un petit peu différent, un petit moins apte à trouver la bonne réponse sociale aux interactions entre individus, qu'elle vise les faibles et vise à les briser. Et cette violence n'a pas disparu dans le monde scolaire d'aujourd'hui, bien au contraire. Elle me semble encore plus présente même si elle semble avoir épargné mes propres enfants.
Ce que l'on retrouve dans ces articles, et qui réflète parfaitement ma pensée sur le phénomène, c'est qu'«en France, on a longtemps pensé la violence à l'école comme quelque chose d'intrusif - le fait d'éléments, d'élèves extérieurs. On sous-estimait les petites violences quotidiennes, souvent tues, sans doute par honte». Cette sous-estimation se retrouve dans la majeure partie des enquêtes sur le phénomène de la violence, comme par exemple l'enquête Sivis du ministère de l'éducation nationale, qui recense les incidents graves dont l'administration des établissements scolaires a connaissance. Ainsi les écoles maternelles et primaires publiques recensent 3,9 incidents graves pour 10 000 élèves en 2009-2010 ; une sorte de monde idyllique ! Dans le secondaire, il aurait été recensé 105 incidents graves pour 10.000 élèves en 2008-2009, soit déjà un score beaucoup plus élevé.
http://www.20minutes.fr/france/400941-France-Quels-sont-les-chiffres-de-la-violence-scolaire.php
On rompt ainsi enfin avec la politique de l'autruche, cette idée que ce qui ne se mesure pas n'existe pas ! Comme le rappelait Nicole Catheline, pédopsychiatre hospitalière, «Du côté des adultes, il y a eu et il y a encore une sous-évaluation de la souffrance causée par ces "microviolences (...). On se dit que c'est l'école de la vie, qu'il faut souffrir pour apprendre ... Les enfants, eux, subissent en silence, un peu par peur, un peu par honte».
Enfin, je voudrais terminer par l'excellent article de la revue Sciences humaines sur le problème de la violence scolaire et les différentes explications données à ce phénomène. Les auteurs rejettent d'abord les résultats des enquêtes administratives sur les violences (logiciel Signa) en partie parce qu'ils font exister le phénomène en en parlant, et parce qu'elles ne sont que parcellaires, qu'elles ne recensent qu'une partie des faits de violence. Pour eux, seules les enquêtes de victimisation donnent des résultats acceptables (même si pour un enfant, il n'est jamais simple de se reconnaître et de s'afficher comme victime, même vingt ans après les faits !).
http://www.scienceshumaines.com/la-violence-scolaire_fr_14590.html
Les auteurs font remonter la violence scolaire, le school bullying, à la mise en place du collège unique en 1975, début de la massification de l'enseignement secondaire et année même de la fin des trente gloriseuses et le début des années de crise. A l'irruption des enfants des milieux populaires et l'importation par certains de leur «culture de l'affrontement physique comme affirmation virile de soi et preuve de courage» ... La violence scolaire existait évidemment avant même dans les milieux aisés, ou à l'école primaire ... Cette analyse rejoint mon regard sur les efforts des classes moyennes de se disjoindre de la violence des classes populaires en recherchant à s'en séparer que ce soit dans le domaine résidentiel (d'où le danger de la dispersion de l'habitat social) ou scolaire (en investissant notamment l'enseignement privé et en fuyant l'enseignement public).
Par ailleurs, quelques soient les articles repris, les violences scolaires touchent souvent les mêmes cibles : les enfants différents, par leur physique ou bien par leurs résultats scolaires, ou ceux inadaptés aux conflits sociaux ...
Intéressant enfin aussi d'observer, comme je l'avais moi-même personnellement observé, que la violence scolaire est moins forte dans les pays moins développés (les auteurs citent le Brésil, le Burkina Faso et Djibouti), pays dans lesquels «des communautés soudées et solidaires ont subsisté» et où «les écoles bénéficient de ce lien de proximité qui produit une régulation forte» (je l'avais pour ma part observé au Sénégal et à l'île de la Réunion). Intervient aussi selon moi un autre rapport à l'école, lieu vécu comme un lieu d'ascension social, et une moindre culture de la haine de l'autre et de la différence, une plus forte acceptation des différences, où le fait d'être blanc ou noir n'est pas si important, à la différence de la France où toute différence est ostracisée et susceptible de moqueries ou pire.
Le problème de la violence symbolique de l'institution scolaire y est également évoqué. «Toute violence de l'institution a-t-elle pour autant disparu ? Pas sûr, si l'on en croît les spécialistes. J. Pain rappelle que l'école peut encore être le lieu d'abus symboliques d'autorité, abus dont Pierre Merle a récemment dressé un tableau dans son livre L'Elève humilié. Remarques humiliantes, ironie blessante, jugements dévalorisants font selon cet auteur encore souvent parti de l'arsenal répressif de nombre d'enseignants. Les victimes en sont le plus souvent les élèves en difficulté, c'est-à-dire majoritairement ceux d'origine sociale modeste. Certaines violences physiques peuvent aussi être une réponse à la violence symbolique de l'institution». Le système des notes et des mesures répressives courantes (observations, retenues ...) participe également de cette violence symbolique généralisée des enseignants à l'égard des enfants. L'attribution de notes extrêmement basses à des élèves me semble une forme de violence contre-productive ; face à des cartons qui s'accumulent sur des élèves, aux commentaires désobligeants des enseignants, et aux réactions de la classe (rires), l'enfant se crée le plus souvent une carapace d'indifférence forcée ... La notation ne devrait pas être utilisée de cette manière et elle devrait tenter malgré tout de promouvoir les enfants, de leur rendre confiance, plutôt que de les juger ... Les notations anglosaxonnes (de A à E) non mathématiques sont vraisemblablement moins violentes, ne correspondant pas à la simple somme du détail du barême.
Enfin et surtout, l'article de Sciences humaines se conclut sur le fait que «c'est dans les établissements où les équipes éducatives sont à la fois solidaires et bienveillantes que la violence des élèves est la moins fréquente». Ce que les parents d'élève des classes moyennes ont parfaitement compris ont rejoignant majoritairement l'enseignement privé, et qui n'est possible que si les effectifs des personnels dans les établissements scolaires n'est pas une variable d'ajustement des finances publiques.
Réflexion trente (12 octobre 2011)
Détecter les comportements de violence chez les jeunes enfants ? Une bonne idée ou une aberration ?
La proposition du gouvernement fait grand bruit : Une à répétition des journaux télévisés nationaux, interventions des syndicats d'enseignants, des parents d'élève, de certains pédopsychiatres qui s'inquiètent de la stigmatisation des enfants concernés ...
Je suis rarement en accord avec les idées en matière d'éducation scolaire du gouvernement libéral actuel de la France. Que faut-il donc penser du projet gouvernemental d'évaluation de la dangerosité des enfants dès l'âge de cinq ans tel qu'il est actuellement présenté aux inspecteurs académiques ?
Sur le principe même, j'étais sceptique avec l'idée de Nicolas Sarkozy de diagnostiquer dans la petite enfance les caractères déviants des enfants ; l'idée de pouvoir dire dès le plus jeune âge si cet enfant sera un délinquant ou au contraire ne le sera pas. Cette idée contenait un principe de déterminisme d'une sorte de caractère préacquis ou lié au milieu de vie d'une sorte de gène de délinquence ; déterminisme qui me semblait absolument faux et qui enfermerait l'enfant dans un monde préétabli. Après une précondamnation, il ne resterait plus qu'à l'enfermer préventivement pour prévenir toute délinquence, sur la base d'une évaluation faite dans la petite enfance ...
Toutefois, l'idée actuellement présentée d'évaluer le niveau de risque d'un enfant à la fin de la maternelle, en se basant sur la forme de ses interrelations avec les autres, me semble proposer une réponse valable à un problème véritable.
Sur le fond, certains enfants dès la maternelle, dès la crêche, usent de la violence comme principal moyen de communication. Certains éthologues font même état que dans la très petite enfance, avant l'acquisition du langage, seuls les signaux non-verbaux sont utilisés par les enfants et les bébés, et que la violence et les signaux pour la désamorcer constituent la base des interréactions. D'une certaine manière, je pense que certains enfants ou adolescents savent émettre les bons signaux pour désamorcer les situations de violence qu'ils peuvent rencontrer, et d'autres ne le savent pas ...
L'acquisition du langage permet normalement de sortir de cette dichotomie (violence et signaux non-verbaux) ... Mais la violence demeure néanmoins chez beaucoup d'enfants, d'adolescents ou de jeunes adultes, leur moyen privilégié de communication, pour assurer notamment leur position sociale.
Il ne me semble pas exagérer de penser que l'on puisse dès l'âge de cinq ans diagnostiquer ceux qui usent exagérément de la violence dans leurs interrelations avec les autres, et ceux qui sont plutôt non-violents et useront de la parole pour résoudre des situations de différents ou d'agressivité !
Evidemment, je suis que les syndicats d'enseignants, les représentants des parents d'élève, seront contre ce projet gouvernemental, parce qu'ils ne diagnostiquent pas de la même manière le problème de violence qui touche l'école publique française, de la maternelle jusqu'au lycée et à l'université ... Pour ces gens-là, la violence entre pairs (comme ils l'appellent) est un mode normal d'interrelations entre enfants. Seule toute violence contre des adultes est selon eux prescrite, alors que celle-ci n'est que le pendant de la violence entre enfants, ainsi que la conséquence de l'injustice vécue et non expliquée.
Mesurer le risque de violence d'un enfant me semble ainsi une bonne idée, mais encore faudrait-il changer le regard des équipes éducatives sur la violence enfantine. La violence n'est pas une forme normale d'interrelations entre enfants ou entre jeunes ; c'est une déviation, et surtout une souffrance pour les enfants ou pour les jeunes qui la subissent. Si le fait de l'évaluer peut permettre de changer ce regard des éducateurs sur ces comportements, alors je pense qu'il s'agit d'une bonne mesure.
Que faire par la suite de ces enfants catalogués comme à risque (ou à haut risque), ou violents ? Il s'agira d'une deuxième difficulté. Les placer dans des classes ou plutôt des écoles séparées, avec un niveau d'encadrement supérieur, pourrait être assimilé à créer des ghettos pour pré-délinquants.
Par ailleurs, séparer les loups des agneaux n'est pas un gage de réussite, notamment sur la base d'une évalution unique réalisée à un jeune âge et qui poursuivrait cet enfant toute sa vie durant. Que deviendrait l'enfant classé à tord comme à risque (ou à haut risque) et regroupé dans une école de loups ? Par ailleurs, au sein d'une meute de loups, il y aura forcément des plus forts et des plus faibles, et le risque d'exacerber la violence de ces derniers et de la voir s'exprimer en dehors de l'école, dans la rue ou dans les cités. A l'inverse, au sein d'un troupeau d'agneaux, il y aura forcément des plus violents et des moins violents, et tel enfant peut se comporter comme un loup à l'égard des autres, sans plus forts pour le dominer. Enfin, s'agissant d'une évaluation forcément subjective réalisée par un enseignant, on risque de retrouver des proportions plus ou moins stables d'enfants considérés comme violents ou à risque quelque soit les écoles ou les classes considérées, avec des divergences importantes d'un enseignant à l'autre ou d'un milieu social à l'autre, sur la base d'un arbitraire extrêmement important de l'enseignant.
En somme, l'idée d'évaluer les enfants à risque à l'âge de cinq ans me semble une bonne idée, mais il reste à déterminer ce que l'on pourra faire d'une telle évaluation, et surtout la manière dont on pourra se protéger (ou plutôt protéger nos enfants) des possibilités de dérapages d'une telle évaluation et de ce qui pourra en être fait dans les prochaines années.
Pour moi, il y a néanmoins un préalable : combattre toute forme de violence à l'école et protéger les enfants des comportements violents de leurs condisciples, mais également les protéger de l'arbitraire et de l'injustice (liée à la subjectivité) de leurs éducateurs ! Tout un programme !
Saucratès
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Ecole et violence scolaire (4)
Réflexion vingt-neuf (3 mai 2011)
Harcèlement à l'école ... Quelle responsabilité ...
Un très bel article d'hier du Monde qui mérite d'être lu sur la violence à l'école.
Cet article rappelle qu'il y a six ans, un collégien de quatrième dans la banlieue de Rouen, Sébastien, s'était pendu à la suite des moqueries, des insultes et des violences de ces 'camarades' de classe en raison de son bégaiement ... Plusieurs de ses tourmenteurs ont été condamnés par le tribunal pour enfant, et ses parents attaquent désormais l'état français pour l'absence d'intervention de l'équipe éducative qui était au courant de la situation de leur enfant mais qui n'a rien fait.
Ce même article cite également divers adultes aujourd'hui qui mentionnent les violences dont ils ont fait l'objet. Pour Laurent, 25 ans, le harcèlement dont il fit l'objet provenait de son homosexualité, dont il eut le malheur de parler à une amie qui le trahit. Et impossible d'en parler à ses parents sans dévoiler son homosexualité qu'il ne pouvait leur avouer.
Pour une autre, Aurélie Piaud, 27 ans, la raison du harcèlement dont elle fit l'objet fut son habillement : ses parents sans moyen l'habillait au secours populaire. Elle fut violenter et harceler dès les plus jeunes classes. Ce n'est qu'au lycée qu'Aurélie a cessé de se laisser faire.
Pour Gabriel Gonnet, 57 ans, cinéaste, fut également un élève harcelé, verbalement et physiquement, au motif que son apparence était jugée ridiculement hors de la mode. C'était dans les années 1960 à 1970. Il a réalisé un film de fiction sur le harcèlement à l'école intitulé «Kenny».
Ces diverses personnes racontent à la fois la futilité des raisons du harcèlement dont ils firent l'objet, l'absence de toute réaction des adultes des équipes éducatives, qui n'ont que le terme d'intégration dans la classe à la bouche, et qui donnent l'impression que cette violence 'limitée', entre pairs' est normale ... Enfin, ils rappellent également leurs tentatives de masquer, de cacher, la violence dont ils firent l'objet et expliquent que ces évènements restent marquer dans leur mémoire et qu'ils n'auront jamais de bons souvenirs de leur enfance.
Cela me parle vraisemblablement si fortement parce que je fis également l'objet de telles violences et d'un tel harcèlement dans la majeure partie des écoles, collèges et lycées dans lesquels je suivis ma scolarité, en changeant pourtant pratiquement tous les deux ans d'endroits. Dès mon plus jeune âge (je suis aujourd'hui âgé de 44 ans), je pense que je ne sus pas me défendre physiquement contre les autres enfants. Je n'avais rien de particulier, si ce n'est d'être souvent un nouveau arrivant. En cours préparatoire, ma mère fut malade de me voir être battu par d'autres enfants dans la cour de récréation. C'était au tout début des années 1970. Aussi, le problème de la violence ne remonte pas à hier.
Au collège, en sixième (cela se passait cette fois-ci à l'extrême ouest de la France, en Bretagne, dans le Finistère), je fus surnommé le sénégalais, non pas en raison de ma couleur de peau, mais parce que j'y avais passé deux ans (deux belles années de ma vie, sans violence, avec de beaux souvenirs d'enfance). Je fus une nouvelle fois un souffre-douleur, raquetté en bonbons que je volais à l'épicerie du village, violenté par quelques gamins, et toujours incapable de me défendre. Et en but également aux violences de ma mère ...
Ce n'est qu'à partir de la terminale, que je passais dans un territoire lointain de l'hémisphère sud, que j'échappais à la violence de mes 'camarades' tortionnaires. Ce ne fut également qu'à l'université, toujours en Bretagne, que je rentrais dans un milieu où l'intelligence primait sur la violence ... A moins que ce ne fut qu'à ce moment-là où j'appris enfin à éviter la violence de mes condisciples, ayant atteint ma taille adulte.
La France est un vieux pays de violence scolaire, je ne sais pour quelle raison ... Pourquoi hier comme aujourd'hui un tel besoin d'écraser l'autre enfant, d'humilier celui (ou celle) qui est moins fort ou différent ? Et pourquoi cette incapacité des équipes éducatives à intervenir, à contrôler, à protéger, et à modérer ? Parce que sont tous d'anciens harceleurs recyclés en éducateurs ? Les harcelés ayant de trop mauvais souvenirs de leur scolarité pour y remettre les pieds ?
Lire aussi cet autre article du Monde sur les assises sur le harcèlement scolaire qui se tiennent actuellement à Paris.
Réflexion vingt-huit (17 février 2011)
Les suicides d'enfants ... et la responsabilité de l'école et des équipes éducatives ...
Quelques faits divers récents ont appelé l'attention sur le suicide des enfants.
«Un garçon de 11 ans, qui ne présentait pas de signe inquiétant mais avait reçu un avertissement scolaire au premier trimestre, est décédé mercredi 9 février après un suicide par pendaison à son domicile familial à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis. L'enfant, un fils unique, avait été retrouvé par sa mère mardi soir vers 18 heures, pendu à l'aide de deux ceintures à son lit superposé. Transporté dans un état critique à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), il est mort à 10 h 15 mercredi. L'enfant était en classe de sixième, en classe sport-étude, au collège Edouard-Herriot de Livry-Gargan.»
«Une adolescente de 14 ans a sauté par la fenêtre du quatrième étage de son collège en Seine-Saint-Denis. Elle a frappé à une porte de classe sous le prétexte d'y récupérer un objet oublié, a traversé la salle et sauté par la fenêtre, sous les yeux de l'enseignante et de l'élève. Les raisons qui ont poussé cette jeune fille de 14 ans, scolarisée au collège Henri IV de Vaujours (Seine-saint-Denis), à se défenestrer sont encore inconnues. Souffrant de multiples fractures, la jeune fille a été transportée à l'hôpital Necker. Selon leparisien.fr, elle souffrirait de fractures aux jambes, au bassin et au fémur, ainsi que d'un traumatisme crânien, à l'issue de sa chute de 9 mètres. Elle devait se rendre à un cours de sport, en fin de matinée jeudi, quand elle a eu ce geste inexpliqué.»
«Le 26 janvier, à Saint-Laurent-en-Grandvaux, dans le Jura, un garçon de 11 ans était mort par pendaison. Ce décès n'était cependant pas un suicide, mais la conséquence tragique du "jeu du foulard". Dix jours plus tôt, une fillette de 9 ans, souffrant de diabète chronique, avait mis fin à ses jours en se jetant du 5e étage de l'appartement familial à Pierre-Bénite, dans la banlieue lyonnaise.»
Ces divers drames éclairent particulièrement l'horreur de la disparition d'un enfant. Mais le premier drame mentionné, survenu au collège Edouard-Herriot de Livry-Gargan, fait apparaître la responsabilité accablante de l'équipe éducative et de l'administration scolaire dans le suicide de cet enfant. «Ce gamin avait fait l'objet d'un avertissement pour conduite au premier trimestre» selon un inspecteur d'académie, «mais il n'y avait rien de particulièrement inquiétant». «Le garçon ne posait pas de problème particulier et avait des résultats scolaires normaux, a-t-il ajouté.» Selon RTL, un courrier de l'école sur sa conduite et la discipline avait été retrouvé sous son lit et un rappel à l'ordre datant de décembre était sur son bureau mais cela n'avait aucun lien avec le drame selon une source policière.
«Le recteur de l'académie de Créteil William Marois et l'inspecteur d'académie ont fait part dans un communiqué commun de leur profonde émotion. Ils expriment leur soutien à la famille de la victime et assurent la communauté éducative de leur solidarité la plus totale face à sa profonde tristesse. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place dans l'établissement (...)».
Ce drame m'est en lumière le complet aveuglement de l'administration scolaire. Nul ne mentionne la responsabilité dans ce décès de l'équipe pédagogique, qui est pourtant à l'origine de l'envoi d'un avertissement et d'un rappel à l'ordre à un enfant âgé de 11 ans. Et cette communauté éducative se voit assurer de la solidarité du recteur et de l'inspecteur d'académie !A la place des parents de cet enfant, j'aurais interdit la présence de l'équipe enseignante à l'équipe pédagogique responsable du décès de mon enfant ! L'enfant a sous son lit et sur son bureau cet avertissement mais cela n'a aucun lien avec le drame ?
De tels faits imposent selon moi de revoir complètement le principe des sanctions disciplinaires à l'école primaire et au collège, et le principe même de l'éducation et de la discipline scolaire. Pourquoi un enfant qui «(...) ne posait pas de problème particulier et avait des résultats scolaires normaux» a-t-il pu recevoir un avertissement scolaire ? Pourquoi nos enfants sont-ils victimisés au collège, reçoivent-ils observations sur observations parce qu'ils n'ont pas fait signer telle vétille ou tel papier, ou parce qu'ils ont bavardé une seconde ou dit un mot qu'il ne fallait pas, au moment où il ne fallait pas ?
Il faudrait également réformer les méthodes de notation et d'appréciation des enfants par les équipes éducatives au primaire et au collège ... Pourquoi ce besoin de l'éducation française de comparer les enfants, de les noter, de les classer dans des cases, dans des échelles ?
Alors évidemment, dans cette affaire de suicide à Livry-Gargan, c'est la responsabilité des parents, et aucunement celle de l'équipe éducative, qui sera pointée du doigt. C'est les parents qui seront responsables de n'avoir pas pu écouter et entendre leur enfant. Mais quel est notre latitude d'action, à nous parents face à l'éducation ? Si nous ne nous rangeons pas du côté des sanctions des enseignants, ceux-ci se considèrent comme agressés et se montent contre nos enfants ...
Réflexion vingt-sept (16 décembre 2010)
Sanctions et élèves perturbateurs ...
A lire un chat organisé sur le site internet du Monde concernant l'efficacité de la mise à l'écart des élèves perturbateurs, en relation avec le débat sur la mise en place des établissements de réinsertion scolaire voulue par le président de la république. L'intervenant est Maria Ines, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse et secrétaire nationale du SNPES-PJJ.
La définition qu'elle donne des 'élèves perturbateurs' est tout particulièrement intéressante. Ainsi, selon elle, «cette appellation recouvre plusieurs situations. Chacun de ces élèves a des difficultés différentes. Ce sont les élèves qui font des bêtises en classe, empêchent qu'une classe tourne bien, perturbent la vie scolaire en général».
Cette définition apparaît ainsi précisément subjective et relative. Elle dépend absolument de la classe considérée et du collège ou du lycée considéré. Dans une classe ne contenant que d'excellents élèves travailleurs et studieux, un bon élève légèrement dissipé pourrait ainsi être catalogué comme un élève perturbateur alors qu'il serait considéré comme un très bon élève studieux dans une autre classe moins élitiste.
C'est bien selon moi le principal problème du système d'enseignement en France : la toute-puissance absolue des enseignants dans leur classe et l'absence de tout contre-pouvoir à leur autorité au sein de leur classe. Toute-puissance qui se retrouve dans leur capacité de prise de sanctions disciplinaires mais également d'appréciation unilatérale et sans contrôle du travail des enfants. Et il est normal que cette toute-puissance revendiquée de leur part amène parfois des réactions disproportionnées et violentes de la part d'enfants concernés (pouvant aller jusqu'à des agressions) ou de leurs parents (qui de toute façon ne peuvent rien dire sans risquer que l'enseignant se retourne contre leur enfant avec un surcroît de sanctions ou l'attribution de mauvaises notes).
Il faudrait que l'institution scolaire française s'interroge sur la pertinence et l'efficacité des systèmes de sanctions (observations, colles, avertissements ...) qui frappent désormais sans distinction et aveuglement les élèves, et conduisent à la mise à l'écart, dans les classes, dans les établissements, des élèves considérés comme 'perturbateurs'. Redessiner les contours de l'école et de l'enseignement de nos enfants devient indispensable.
Je lisais en effet l'histoire de cet enseignant de 38 ans, Jean-Luc Bubert, professeur de physique-chimie au collège César-Savart de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne), qui s'est suicidé suite à une accusation à tort de violences de la part d'un élève. L'adolescent, Maxime C. a été condamné en novembre 2010. Mais Maxime, 15 ans, élève de troisième, était un habitué des sanctions disciplinaires. L'enseignant de son côté était prompt à distribuer heures de colle et avertissements.
Mais même si cette histoire s'est conclue par le suicide de cet enseignant, combien d'autres enfants se suicident eux aussi à la suite de l'acharnement du système d'éducation à leur encontre, brisés par une machine éducative folle, par des enseignants exigeants qui se réfugient derrière la mécanique disciplinaire pour masquer leur absence de capacité à enseigner et à partager avec leurs élèves, brisés par la peur ou l'absence de joie à se rendre dans des établissements scolaires qui ne leur apporte rien et qui ne pense qu'à les briser, à les détruire ?
Réflexion vingt-six (14 novembre 2010)
La violence hors de l'école, au sein du milieu familial ...
Depuis mes premiers écrits, je me suis arrêté sur le problème de la violence au sein de l'institution scolaire, à l'encontre des enfants ou des adolescents ou du fait des enfants ou des adolescents. C'était un peu comme si je pensais que le milieu familial des enfants et des adolescents était un havre de paix, un espace de bonheur, un lieu où ils étaient protégés de toute forme de violence. Evidemment, cela n'a jamais été le cas et ce n'est pas le cas. Nos enfants subissent dans le milieu familial de multiples formes de violence, de la part de leurs parents le plus souvent ou de la part de leurs frères et soeurs.
Dans une revue intéressante traitant de l'enfance et de l'autorité (la revue Dialogue n°184 publiée par les éditions Eres), des chercheurs décrivaient les diverses formes de violence pouvant toucher des enfants de la part de leurs parents.
Ainsi, selon Bernard Golse, «la naissance d'un enfant réactive, chez tous les parents et parfois chez les professionnels eux-mêmes, les représentations mentales de l'enfant qu'ils ont eux-mêmes été. Cette identification régressive qui permet la communication analogique avec l'enfant réel est parfois douloureuse quand elle réveille les souvenirs d'une souffrance précoce effective, ou quand elle confronte l'adulte à l'enfant malheureux ou au 'mauvais' enfant qu'il croit avoir été et qui rétrospectivement lui fait peur.
S'attaquer à l'enfant qu'on a peut être ainsi, parfois, une manière de s'en prendre à l'enfant qu'on a été - ou qu'on croit avoir été - et cette attaque qui représente évidemment une impasse constitue, dans certains cas, la seule solution économique possible pour des parents en défaut d'élaboration psychique.»
Selon le même auteur, la maltraitance peut aussi viser l'enfant dit 'imaginaire' (à travers ses composantes 'fantasmatique', 'imaginé', 'narcissique' et 'mythique ou culturel'). L'enfant 'fantasmatique' correspond aux représentations mentales que les deux parents se sont forgées tout au long de leur vie sur le sexe, sur les relations entre hommes et femmes.
L'enfant 'imaginé' correspond aux rêveries du couple sur l'enfant qu'ils projettent d'avoir (sexe, prénom, apparence ...). Mais cet enfant imaginé ou idéalisé est forcément en décalage avec l'enfant réel, dont les premières semaines sont constituées de secrétions urinaires et fécales. Intéressant de noter que c'est l'écart entre la représentation de cet enfant et la réalité qui crée le désir des parents, mais sans que cet écart ne soit trop important, sans quoi il pourrait y avoir déception des parents. Selon l'auteur, «quand la maltraitance vise l'enfant 'imaginé', c'est au fond une maltraitance qui vise le couple et ses échecs existentiels».
L'enfant 'narcissique' est le dépositaire de tous les espoirs et de toutes les attentes de ses parents. L'enfant se trouve ainsi chargé d'accomplir et de dédommager ses parents de leurs regrets et de leurs frustrations. Mais selon l'auteur, il y a une ambivalence dans l'amour parental, car c'est une chose de souhaiter consciemment que nos enfants fassent mieux que nous, c'en est une autre de l'accepter sans rivalité ni jalousie inconsciente. «Quand la maltraitance vise l'enfant 'narcissique', c'est une maltraitance de déception fondée sur les failles narcissiques, parfois profondes, des parents qui prennent alors peur de ce que leur enfant révèle en eux».
L'enfant 'mythique ou culturel' correspond aux représentations spécifiques de l'enfance de chaque société, de chaque groupe culturel. Dans notre société occidentale, l'enfant est à la fois précieux, rare, mais il doit également être le plus rapidement possible autonome, c'est-à-dire rester le moins longtemps 'bébé'.
Ces divers éléments de lecture m'ont ouvert les yeux sur mes failles en tant que parent et en tant qu'ancien enfant. Toutes ces explications me parlent, sur mes relations avec mes enfants et sur mes difficultés commucationnelles. Il n'est pas simple d'être parent, et même si on voudrait les protéger de tout ce qui pourrait leur arriver, il est possible que l'endroit où ils soient le plus soumis à l'injustice, à la violence, soit justement dans l'espace familial où ils devraient être justement les plus protégés. Tout cela au nom de l'amour qu'on leur porte (et qui rachète peut-être une partie de nos erreurs) et de l'éducation que l'on voudrait leur donner, que l'on voudrait qu'ils reçoivent.
Ainsi, selon Bernard Benattar, autre chercheur publié dans cette revue, «la peur entendue comme crainte et respect de l'autorité ne fait d'ailleurs plus guère débat. Faut-il que l'enfant ait un peu peur de ses parents pour être contenu, guidé, édifié ? Faut-il qu'il est peur de ses maîtres, de plus grand ou plus savant que lui, pour obéir, se laisser conduire, grandir ? Faut-il qu'il ait peur de la colère et de la punition pour agir par lui-même comme on veut qu'il agisse ? Une juste peur d'enfant (bien loin de la terreur) peut paraître normale, acceptable, au moins le temps d'apprendre.»
Mais l'auteur rappelle que c'est sur la base de cette même peur que se construise toutes les autres peurs. «Quel enfant n'a pas craint démesurément la colère de ses parents suite à une bêtise, qui n'est pas rentré la peur au ventre d'avoir à avouer une mauvaise note ? Qui n'a pas redouté le courroux du père devant un mot de trop et préféré se taire longtemps ? Qui n'a pas eu, sans raison, la peur du gendarme ? Et combien d'adultes se rendent d'adultes se rendent au travail eux aussi la peur au ventre, combien craignent non pas de commettre une erreur mais, par dessus tout, la mauvaise humeur du 'puissant'.»
Réflexion vingt-cinq (1er novembre 2010)
Le projet de l'UMP de mettre en place un examen de passage au collège ?
Il y a quelques jours, sur mon blog, je considérais que le programme socialiste concernant l'éducation, concocté par Bruno Julliard, secrétaire à l'éducation du PS et ancien président du syndicat étudiant Unef, était inquiétant.
Que penser alors de la nouvelle idée de l'UMP, présentée par le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, M. Jean-François Copé, de rétablir l'examen d'entrée au collège, pour passer en sixième (idée présentée dans son club de réflexion Génération France) ?
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20101024.OBS1748/cope-favorable-a-un-examen-de-passage-en-6e.html
Evidemment, l'intention semble louable. Protéger les enfants, faire en sorte que l'écolier maîtrise les savoirs fondamentaux qu'il doit connaître au sortir de l'école primaire ! Pour au besoin réorganiser complètement le programme du primaire pour préparer les enfants, et défendre le redoublement de ceux qui échoueraient à cet examen.
Mais que peut-on voir derrière cette idée apparemment si innocente, si on en croit M. Copé ? On peut d'abord s'interroger sur la possibilité de rassurer les braves gens en organisant l'élimination scolaire de tout ces jeunes issus de l'immigration dont on peut supposer qu'ils échoueront à cet examen, s'ils n'ont pas fait l'effort de s'adapter à notre école républicaine.
A l'inverse, on peut aussi imaginer que la mise en place d'un examen extrêmement important (conditionnant la poursuite de la scolarité) aussi tôt dans le cursus scolaire de nos bambins, imposera aux écoliers un rythme de travail et un challenge qui limitera les situations de décrochage scolaire, même dans les écoles les plus difficiles, face aux publics les plus difficiles dans des quartiers sensibles.
Mais on peut se poser d'autres questions. Pourra-t-on continuer à ouvrir les enfants sur les langues étrangères à l'école dès la maternelle ou le cours élémentaire, sur l'informatique, sur tant de matières nouvelles, s'il se profile un examen aussi important, qui n'appréciera que les connaissances de base (écriture et mathématiques), sur la base duquel les écoles seront notées et classées par les parents ? N'est-ce pas ce que M. Copé veut entendre en parlant de réorganisation complète du programme de primaire ?
Au-delà de rassurer les braves gens électeurs de l'UMP sur notre école qui fout le camp, ne risque-t-on pas de renforcer encore plus la compétition entre les enfants dès le plus jeune âge, de renforcer les possibilités de ségrégation sociale entre les écoles courues présentant les meilleurs taux de succès à ce 'nouveau certificat d'étude' et les écoles dévalorisées ? Et ne veut-on pas pousser les parents à demander toujours plus de devoirs aux enseignants, même si ceux-ci sont officiellement interdits à l'école primaire, malgré la pression qui se reportera sur nos chères têtes blondes (ou crépues) ?
J'ai une dernière inquiétude, celle de voir ressurgir cet examen de passage, que j'ai connu il y a très longtemps, en 1977, en Afrique (dans mon souvenir, il avait déjà disparu en France même si les journaux font remonter à 1989 la disparition du certificat d'étude), et dont on sait qu'il dépend aussi de l'état émotionnel des enfants et pas seulement de leurs compétences dans les 'savoirs fondamentaux'. Je n'ai jamais su si j'avais réussi mon examen de passage au Sénégal. Heureusement, il ne me le fallait pas pour passer en sixième en France, en 1977.
Bon, et puis, quel intérêt de mettre en place un examen de passage si on doit en même temps lui fixer un taux de réussite de 90% (ou de 98%), comme ce qui existe au niveau du baccalauréat ? Tout dépend en effet de ce que l'on appelle par 'savoirs fondamentaux' ? En fonction des questions posées, on peut tout autant avoir un taux de réussite de 99% ou de 10%, selon le niveau de difficultés. Alors qu'entend-on par ce socle minimum de compétences que les enfants doivent possèder ?
L'un dans l'autre, on se trouve face à deux projets sur l'école, du parti socialiste et de l'UMP, tout aussi dangereux l'un que l'autre, tout aussi aberrant, l'un s'affichant comme un projet aux visées égalitaristes, visant à niveler les niveaux scolaires et généraliser la violence existant dans certaines écoles dans certains quartiers défavorisés, l'autre clairement élitiste, visant à rétablir l'école de nos parents, à améliorer la discrimination existant entre les établissements existants ...
Ce que j'aimerais ? Un projet dont l'objectif serait l'abolition de la violence contre les enfants (et forcément du coup contre les enseignants), que cette violence soit le fait des enfants eux-mêmes, dans les classes, dans les cours de récréation ou en dehors (il n'existe pas selon moi de petite violence normale acceptable entre pairs) ou qu'elle soit le fait des enseignants eux-mêmes ou de l'institution scolaire dans son ensemble. Un projet qui réformerait les compétences des enseignants face aux enfants, qui leur apprendrait à valoriser les enfants qu'ils ont en face d'eux et non pas à les écraser, qui réformerait l'usage et l'existence des sanctions désormais utilisées à tour de bras par les enseignants (surtout au collège mais également au primaire ... les lignes d'écriture) et qui renforcerait également les équipes éducatives pour que ces dernières ne soient pas dépassées par les enfants !
Mais je ne trouve pas ce projet dans les programmes des partis politiques !
Réflexion vingt-quatre (18 octobre 2010)
Que faut-il penser du projet socialiste de réforme de l'école ?
Le journal Le Monde présente les grandes lignes du programme sur l'éducation (intitulé «Education et formation pour l'égalité») que le Parti Socialiste va présenter à ses militants. Le texte sera ensuite proposé à la convention sur l'égalité réelle qui se tiendra samedi 11 décembre. Il constituera le socle du programme éducatif du candidat à la présidentielle en 2012. Ce projet a été mené par Bruno Julliard, secrétaire à l'éducation du PS et ancien président du syndicat étudiant Unef.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/10/18/education-le-ps-propose-une-rupture-dans-sa-vision-de-l-ecole_1427541_3224.html
Je dois avouer que ce texte m'inquiète. Il ne correspond pas du tout à la vision que j'ai de l'école, et encore moins à la vision que j'ai des problèmes que rencontre le monde de l'éducation nationale. Ce simple texte pourrait-il me conduire à refuser de voter pour un candidat socialiste ? Cette question mérite d'être posée car l'école est un élément important de la vie de millions de parents d'élèves, et que le cadre de l'école est ainsi un élément fondamental de leur vie et de celle de leurs enfants ...
Le premier problème vient de la personnalité de la personne à l'origine de ce projet, Bruno Julliard, dont la compétence et les motivations pour écrire un tel projet me semblent devoir être interrogées, même si celles ne semblent pas être mises en question au Parti socialiste. Ce n'est pas parce que cette personne a été président de l'Unef deux années durant qu'il est compétent pour fabriquer un projet pour l'école et l'éducation nationale. Un tel projet, qui concernera des millions d'enfants et de jeunes, ainsi que leurs parents, ne doit pas être écrit par quelques personnes seules dans leur coin, dans leur tour d'ivoire, même si elles estiment avoir un don inné. Un tel projet ne peut être écrit qu'en collaboration avec toutes les personnes (ou leurs représentants) concernées par cette réforme : fédérations de parents d'élèves, syndicats d'enseignants, représentants des enfants, des collégiens et des lycéens, représentants des proviseurs et des personnels accompagnants les enfants, représentants des pédiatres et pédopsychiatres ...
Le Parti socialiste semble s'inscrire dans un schéma de fonctionnement inquiétant, où quelques hommes politiques semblent se croire investis d'une légitimité surnaturelle qui les autoriserait à décider sur tous les domaines. Le parti socialiste semble vouloir copier le fonctionnement de Nicolas Sarkozy, qui semble avoir une opinion sur tout et vouloir tout décider. On espérait autre chose du Parti socialiste.
Les autres problèmes que soulèvent ce projet de texte concernent par exemple la volonté de revenir à une semaine de cinq jours à l'école, ainsi que la volonté d'écourter les vacances scolaires d'été de nos bambins. Sur la semaine de cinq jours, comme sur les vacances, je sais qu'un certain nombre de personnes extrêmement compétentes estiment que les écoliers seraient beaucoup plus fatigués qu'autrefois, lorsqu'ils avaient cours le samedi matin. En tant que parent d'écoliers, ayant vécu les deux situations, mon avis est très différent ; un week-end de deux jours est indispensable pour mes enfants pour se reposer de la semaine, tout comme le mercredi. Mon premier était beaucoup plus fatigué au cours de sa scolarité. Concernant les vacances scolaires, là également, j'ai des souvenirs merveilleux de mes vacances d'été, trois mois durant au cours desquels on oubliait l'existence de l'école. Il est terrible que l'on veule priver nos enfants de ce bonheur, comme si leur enfance devait se limiter à l'école, à apprendre des choses. Et pourtant, il y a trente ou quarante ans, nos résultats scolaires n'étaient pas pires que ceux des jeunes d'aujourd'hui, bien au contraire si on en croit les tests régulièrement faits qui démontrent une dégradation lente des compétences en mathématiques et en grammaire des jeunes.
Si je n'ai que très peu d'idées sur le fait d'interdire le redoublement au collège (comme c'est déjà pratiquement le cas au primaire) ou sur la possibilité de proposer aux enseignants d'enseigner une deuxième matière au collège (ce qui est déjà le cas pour les professeurs de français et de latin, ou parfois pour certaines matières comme le dessin ou la musique), je suis par contre beaucoup plus circonspect sur la volonté du Parti socialiste de vouloir prendre des mesures contraignantes contre l'enseignement privé. Le Parti socialiste semble en train de vouloir rejouer l'opposition entre enseignement privé et public qui avait conduit aux grandes manifestations en faveur de l'enseignement libre sous François Mitterand. Je subodorre sur ce point là une vengeance personnelle de Bruno Julliard ou de quelque autre socialiste contre l'enseignement privé.
Tout aussi désastreux, dans le même ordre d'idées, représente l'idée de forcer les établissements scolaires à plus de mixité. Une belle idée, mais qui ressemble à une volonté de généraliser dans des établissements à peu près préservés les violences provenant de jeunes hyper violents en situation d'échec scolaire. La mixité sociale est une bonne chose lorsqu'elle concerne des jeunes ayant envie de réussir et des parents souhaitant la réussite de leurs enfants (ces jeunes et leurs parents sont d'ailleurs largement représentés dans de nombreuses écoles privées, non pas élitistes ... sauf certaines ... il faut cependant avoir à coeur la réussite scolaire de ces enfants pour payer un enseignement délivré gratuitement dans les établissements publics). Par contre, lorsque la mixité sociale ne vise plus que des enfants rejetant l'école et des parents considérant l'école comme une obligation, la mixité sociale n'est plus alors qu'une définition vide de sens. Il me semble tout aussi préférable que ces enfants perdus pour l'enseignement et leurs parents soient relégués dans des établissements anti-chambres du chômage et du revenu minimum d'insertion. Il me semble normal de vouloir protéger nos enfants de la violence de leur condisciples ; il est terrible de devoir pour cela avoir recours à l'enseignement privé, mais c'est pourtant une réalité, face à des équipes éducatives de l'enseignement public pour partie démissionnaires et pour le reste débordées ...
Un projet inquiétant, qui non seulement ne me conduira en aucune manière à apporter ma voix au Parti socialiste, mais pourrait même me conduire à m'enlever toute idée de voter pour leur candidat, quel qu'il soit ... Et nous sommes des millions de parents d'élèves en France à pouvoir penser de cette manière ... Et je ne parle pas seulement de ceux qui font confiance à l'enseignement privé. Ce programme ne vise-t-il qu'à faire perdre les prochaines élections présidentielles au Parti socialiste ? Bruno Julliard nous referait-il le coup du traitre Eric Besson ?
En apparté
... un très bel article publié par Le Monde sur la souffrance des adolescents, point du vue de Marie-Rose Moro (psychiatre) à lire avec délectation ... Parce que ce qu'elle dit me touche profondément et que je le ressens comme une évidence, en regard des moments rencontrés par mon pré-adolescent de fils ... Il est si dur d'être un adolescent ...
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/30/manifeste-pour-l-adolescence_1404382_3232.html
Réflexion vingt-trois (1er septembre 2010)
Le retour du thème des sanctions contre les violences faites aux enseignants ...
Une fois encore, seule la violence dont sont responsables les enfants (et vraisemblablement leurs parents) à l'encontre des enseignants, et des adultes intervenant dans les établissements scolaires, sera concernée par les nouvelles mesures de durcissement des sanctions qui devraient être prochainement prises, comme annoncé par le ministre de l'Education Nationale Luc Chatel ce 26 août 2010.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/08/26/chatel-toute-violence-verbale-a-l-ecole-entrainera-une-procedure-disciplinaire_1402798_3224.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/08/27/violence-scolaire-comment-monsieur-chatel-peut-il-ignorer-les-travaux-faits-par-les-equipes-educatives_1403542_3224.html
http://www.lepost.fr/article/2010/08/26/2196253_sanctions-renforcees-contre-la-violence-scolaire-pas-du-tout-educatives-ou-plus-justes.html
«Toute violence verbale à l'égard des personnels entraînera une procédure disciplinaire, et toute violence physique donnera lieu à un conseil de discipline». Le gouvernement Fillon-Sarkozy continue dans sa lancée sur les automaticités des sanctions. Après les peines plancher, les sanctions scolaires automatiques.
Au fond, il est difficile de donner tord automatiquement à Luc Chatel. Il est vrai que le problème de la violence à l'école pose problème. C'est pour cette raison que j'ai fui pour l'éducation de mes enfants les écoles et collèges publics, pour me refugier dans l'éducation privée catholique, où il existe une implication forte des équipes éducatives dans la surveillance des enfants, dans l'affirmation de valeurs, dans l'optique de protéger mes enfants de la violence des autres enfants, au milieu de l'indifférence des équipes éducatives publiques, débordées par les enfants et la violence, face à des parents qui ne voiento pas dans l'école un lieu de chance pour leurs enfants.
Mais là où je suis totalement en désaccord avec Luc Chatel, c'est sur la violence à laquelle le gouvernement s'intéresse. Ils ne voient que les violences faites aux enseignants et aux personnels scolaires. Je ne vois pour ma part que la violence faite aux enfants (plus largement qu'à mes seuls enfants), soit par leurs condisciples, soit par les enseignants eux-mêmes. Mais cet aspect du problème est totalement ignoré par le ministre de l'Education Nationale.
Dans le monde scolaire, les petites violences quotidiennes entre enfants sont considérées comme des violences entre pairs, comme un entraînement à la vie en société, comme une forme normale de relations interindividuelles entre enfants ou adolescents. Je m'insurge totalement contre une telle vision de la violence. Aucun enfant ne devrait avoir peur de partir à l'école. Je suis d'accord avec l'idée de Nicolas Sarkozy de sanctuariser l'école, mais je lui donne un autre sens : faire de l'école un havre de paix où les enfants pourraient s'épanouir et apprendre, sans peur.
Mais encore faudrait-il que le regard des communautés éducatives change sur cette violence perlée quotidienne qui agite les cours de récréation et les sorties d'établissements scolaires ... Il n'existe pas de violence normale, d'interactions agressives entre pairs tolérables ; il n'y a que la violence condamnable.
Il y a ensuite les violences verbales et institutionnelles dont sont victimes les écoliers, les collégiens ou les lycéens de la part des équipes éducatives et des personnels. La violence de l'injustice, des observations, des retenues, des mots écrits aux parents, des commentaires bien plus souvent négatifs que positifs, des appréciations vexatoires sur les enfants ... notre système scolaire sur-réagit à quelques épiphénomènes d'enfants ayant menacé physiquement ou verbalement un enseignant, mais ignore totalement les millions d'actes de violence quotidienne commis par un immense nombre de professeurs, d'enseignants, àl'encontre de millions d'enfants dans les établissements scolaires. Mais cette violence épisodique contre quelques enseignants est considérée comme naturelle, comme normale. Pire ! Elle est ignorée, comme s'il ne s'agissait pas de violences.
Si nos enfants pouvaient mener un soulèvement populaire comme la Révolution française ; combien d'enseignants seraient guillotinés par leurs jeunes juges ?
Le deuxième problème qui naît de systèmes automatiques de sanctions correspond à l'impossibilité d'appréhender tous les comportements fautifs chez les enfants et les élèves, et introduit alors obligatoirement le biais de l'injustice et de la délation. Tous les comportements ne pouvant être détectés, certains élèves seulement seront sanctionnés, en fonction de l'humeur de l'enseignant, de sa réceptivité, de ceux qui auront été vus ou dénoncés. Par exemple, dans quelques écoles existent des systèmes de permis à point ; mais comme sur la route, il est possible pour un enfant de perdre en un seul jour la totalité de ses points scolaires sur son permis, pour avoir bavardé en classe, avoir fait tomber inintionnellement un camarade (mais l'appréciation dépend uniquement de l'adulte), avoir commis tel ou tel acte interdit par le réglement de l'école ... Ce n'est pas une école injuste et instituant la délation, que je veux pour mes enfants, même si cela correspond à la vision de la société française que Nicolas Sarkozy met en place depuis trois ans.
Je veux une école juste et sanctuarisée, dans laquelle l'adulte ne serait pas un maître tout puissant et l'élève un sujet inférieur, mais des personnes sur un pied d'égalité de traitement et dans une relation de transmission de savoir et de compétence (même si je ne suis pas certain que les enfants puissent apprendre les limites et les règles dans une telle situation d'apprentissage). Mais c'est peut-être trop demandé au système éducatif français et à ses responsables éducatifs.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/27/l-ecole-face-au-fleau-de-la-marchandisation_1403313_3232.html
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/27/contre-la-violence-a-l-ecole-le-prefet-des-etudes-est-une-innovation-aventureuse-par-christian-vitali_1403424_3232.html
Saucratès
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Ecole et violence scolaire (3)
Réflexion vingt-deux (8 juin 2010)
Entre idioties et sombres desseins, que cache la volonté gouvernementale de réformer les rythmes scolaires de nos enfants ...
Le ministre de l'Education Luc Chatel a installé ce lundi 7 juin une nouvelle instance intitulée «comité de pilotage de la conférence nationale sur les rythmes scolaires». Cette commission, composée d'une quinzaine de personnalités et de spécialistes, réfléchira sur différentes pistes avancées par le gouvernement : réaménagement du temps de cours quotidien, étalement différent de la semaine et de l'année scolaire avec raccourcissement des congés. Elle a jusqu'à mai 2011 pour aboutir à des conclusions sur un éventuel changement du rythme scolaire.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/07/chatel-lance-la-reflexion-sur-les-rythmes-scolaires_1369143_3224.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/07/les-rythmes-scolaires-en-debat-sous-la-houlette-d-un-comite-de-pilotage_1368641_3224.html
Mais le ministre Luc Chatel a déjà lancé quelques beaux pavés dans la mare (aux canards) en sortant notamment : «les grandes vacances ont été inventées à la période où les petits Français retournaient dans leur famille faire les moissons». Belle découvert du ministre Luc Chatel qui semble enfin avoir eu accès aux archives du ministère, puisqu'il aurait découvert les véritables raisons pour lesquelles, au milieu du dix-huitième siècle, ces prédécesseurs avaient instauré les vacances scolaires ... à moins qu'il n'est trouvé, dans quelques bureaux du ministère, un travailleur oublié, qui comme en Indonésie, était né vers le milieu du dix-huitième siècle et se rappelait de cette époque bénie ... A moins également que les archives du ministère ne remontent encore plus loin, à l'époque de Charlemagne, et que l'on ait trouvé les raisons qui présidèrent aux vacances scolaires ...
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/06/07/97001-20100607FILWWW00388-temps-scolaires-une-demarche-globale.php
Les petits enfants vont être heureux de savoir qu'il leur aurait fallu, dans un autre temps, faire les moissons pendant l'été. Je suppose qu'à l'époque, les fils de notaires et de hobereaux, qui n'étaient pas contraints à faire les moissons par leurs parents esclavagistes, n'avaient pas non plus droit aux vacances scolaires ... La moisson ou l'école !... Il me semble néanmoins que depuis quelques décennies, depuis que les agriculteurs ne constituent plus que quelques pourcents des actifs français, ou depuis que les moissonneuses batteuses automatiques ont été inventées (c'est-à-dire en gros depuis la dernière guerre mondiale), les petits français ont oublié le chemin des champs (vive la France rurale chère à l'UMP !) et trouvé d'autres occupations à leurs vacances d'été ...
Le gouvernement auquel Luc Chatel appartient aurait-il quelques idées en la matière : préparer les jeunes enfants à leur vie à venir où ils ne disposeront plus que de cinq semaines semaines de congés payés ... Après tout, il faut les habituer tout de suite à la France de ceux qui se lèvent tôt ... Mais avec la méthode de Nicolas Sarkozy de remettre en cause toutes les décisions des gouvernements de gauche qui l'ont précédés (ce qu'il appelle leurs erreurs), il faut peut-être que ces enfants se préparent à ne plus avoir que quatre semaines de vacances dans le futur, voire deux semaines si Nicolas Sarkozy s'attaque aux acquis sociaux au-delà des années Mitterand, voire plus de vacances du tout s'il s'attaque même aux avancées du Front populaire.
Cette réforme des rythmes scolaires ne me semble pas pouvoir être totalement innocente. L'occupation des enfants à l'école pendant toute la journée est inséparable selon moi de la libération de la femme des tâches ménagères et de l'éducation des enfants. Même si évidemment, cette tâche n'incombe aucunement uniquement à la femme ... Mais dans les faits, c'est essentiellement les femmes dans les familles qui étaient autrefois concernées par les tâches d'éducation des enfants ... Supprimer les cours à l'école les après-midi, pour les consacrer à des activités sportives, aura selon moi deux conséquences :
1) Obliger les mamans à s'occuper de véhiculer ou récupérer leurs enfants les après-midi, et donc par conséquent à leur interdire d'avoir une activité professionnelle concurrentielle des hommes ...
2) Favoriser le clivage social entre les familles riches, qui seront capables d'offrir à leurs enfants une éducation supplémentaire les après-midi, en lieu et place du sport qui n'apporte pas grand chose ... et les autres familles ...
Sur ces deux sujets, cette réforme ne peut d'ailleurs pas être déconnectée d'une autre réforme souhaitée par ce même gouvernement de dégrader la qualité de l'encadrement dans les crêches municipales, et surtout de faire disparaître les écoles maternelles ...
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2008-03-06/la-maternelle-chef-d-oeuvre-en-peril/920/0/227110
Quelle conséquence pourrait bien avoir selon vous la suppression des classes de petite et de moyenne section ? Evidemment, comme pour les rythmes scolaires, ces réformes sont toutes élaborées pour le seul bénéfice des enfants ... pour leur rythme journalier, pour diminuer leur fatigue, pour ce qu'ils peuvent apprendre ... Accessoirement néanmoins, on entre dans une logique de privatisation de ces classes d'âge, d'une école publique gratuite, vers des activités extrêmement chères (à part pour les familles érèmistes) ... Lorsque l'on sait déjà le coût des formules de crêche et les difficultés pour obtenir une place dans la majeure partie des villes (il faut le plus souvent s'y prendre au tout début de sa grossesse pour réserver une place, voire à Paris quelques années auparavant) ...
Il me semble assez évident que la conséquence de la suppression des classes maternelles publiques, et de l'école les après-midi, aura pour principale conséquence d'éliminer du marché du travail toutes les jeunes mères de famille qui seront 'poussées' gentiment à s'occuper de leur adorable progéniture ... C'est d'ailleurs ce que l'on observe dans les pays qui n'ont pas organisé l'éducation scolaire comme en France, notamment en Allemagne ... avec à la clef une diminution importante du chômage dûe à la diminution du nombre d'adultes susceptibles et en âge de travailler ... et une baisse de la natalité dûe aux femmes (et aux hommes) qui priviligieront leurs carrières ... Et j'aimerais accessoirement que tous ces spécialistes (ou d'autres) rappellent à ce gouvernement et à l'opinion publiques les bienfaits de la vie en communauté qu'offre l'école même maternelle, même insuffisamment formatrice pour nos bambins ...
Ce ne sont pas des réformes anodines qui sont mises en place par ce gouvernement Sarkozy-Fillon ... C'est une autre vision de la France, de la société, et de la place de la femme dans cette société ...
Réflexion vingt-et-une (3 juin 2010)
La position des APEL vis-à-vis de l'autorité et les jeunes ...
Le journal Le Monde nous informe que le mouvement des APEL (association des parents d'élève des écoles libres) tient son congrès annuel à Montpellier du vendredi 4 au dimanche 6 juin 2010 sur le thème «Autoriser l'autorité». Pour leur congrès et sur ce thème, le mouvement des APEL aurait fait réaliser un sondage d'opinion CSA-APEL-LA CROIX auprès d'un échantillon de 659 parents d'enfants scolarisés et de 319 jeunes âgés de 15 à 24 ans ... dont le résultat apparement surprenant serait que les jeunes seraient demandeurs de plus d'autorité (à 60%) tandis que 79% des jeunes interrogés évoqueraient un sentiment positif à l'égard de l'autorité (contre 66% seulement des parents interrogés) ... D'où le titre provocateur utilisé par Le Monde : «les adolescents demandeurs de plus d'autorité».
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/01/les-adolescents-demandeurs-de-plus-d-autorite_1365890_3224.html
Les APEL, contrairement à ce que leur nom paraît signifier, correspondent essentiellement aux associations représentant les parents d'élève des établissements scolaires catholiques, primaires et secondaires (peut-être y a-t-il malgré tout des écoles privées non catholiques au sein de ce mouvement, je n'en sais trop rien ... tout en sachant que ces écoles même catholiques ne peuvent plus vraiment s'afficher comme telles ...) ... D'où le sondage réalisé avec le journal catholique La Croix ... L'histoire ne dit pas si les adolescents interrogés étaient choisis aléatoirement parmi la population française (comme le voudrait la déonthologie de la profession de sondeur) ou parmi les adolescents membres d'un mouvement de jeunesse catholique ou étudiant dans une école catholique ... Auquel cas les résultats affichés dans ce sondage ne me surprendraient plus du tout !
Le problème de ce congrès du mouvement des APEL est sa non-représentativité, même au sein des écoles catholiques. La participation des parents d'élève à ce congrès est extrêmement restreinte, limitée le plus souvent à un représentant de chaque établissement scolaire, le plus souvent le ou la présidente de l'association, rôle de pouvoir éminemment politique accaparé par quelques apparatchiks, personnes bien de leur personne et souvent d'un bon milieu social ... Les parents étant surtout consommateurs de services (qu'ils payent) dans une école privée, les APEL enregistrent une très faible participation des parents à leur fonctionnement et à leur action, hormis lors de quelques opérations particulières (kermesses d'écoles). La préparation de ce congrès a été à l'aune de cette désaffection ; une grande et belle réflexion espérée et attendue qui se limite à un ballon de baudruche, pour un public tout aussi homogène et limité de curaillons et de grenouilles de bénitiers !
Le problème de cette réflexion, au-delà de l'absence de toute légitimité du mouvement des APEL (gageons que Nicolas Sarkozy se fera un plaisir de relayer leurs pensées voire de participer à la clôture de leur débat, parmi l'essence de son électorat), c'est l'inanité de ces adultes de réfléchir à l'autorité. Combien d'adultes, qui aspirent à être obéis aveuglément par leur progéniture, respectent de leur côté eux-mêmes les autorités publiques et les lois de la république ? Le respect permanent et absolu des limitations de vitesse et du code de la route ? L'absence de tricherie vis-à-vis des impôts, vis-à-vis des organismes de sécurité sociale, l'absence de travail non déclaré et l'absence de recours à des travailleurs au noir ?...
Au-delà enfin de l'illégitimité de la majeure partie des adultes à discourir de l'autorité qu'ils ne respectent pas eux-mêmes le plus souvent, il y a l'aberration de discuter de l'autorité entre parents d'élève du privé, lorsque l'on sait que le plus souvent, ces parents d'élève mettent leurs enfants dans ce genre d'écoles par snobisme, par arrivisme, pour qu'ils soient plus étroitement contrôlés et surveillés, ou soit-disant pour qu'ils leur soient enseignés des valeurs (sans que nul ne sache ce qui est entendu par ce terme ...) !
Autoriser l'autorité ? Ou bien faire état que l'autorité fout le camp ! Prouver que les adolescents sont demandeurs de plus d'autorité, de plus de règles (mais également de plus de liberté ... n'est-ce pas contradictoire ?) ! Pur snobisme de notables pisseurs dans des violons en petits comités ! Lorsque ces mêmes parents ne veulent justement que réussite sociale pour leurs adolescents.
Parler d'une autorité qui fout le camp est tout aussi aberrant lorsque l'on sait enfin que les systèmes disciplinaires scolaires ont connu une inflation législative depuis une vingtaine d'années ; chaque école privée ayant soit son réglement intérieur, soit son permis à points (chaque enfant se voyant retirer des points pour chaque infraction au règlement ... ce qui fait de ce système le pire système le plus injuste qui soit, puisque comme sur la route, il est facile chaque jour de perdre totalement son permis si chaque infraction était comptabilisée !), soit ses systèmes d'observations, retenues, colles, exclusions et compagnie ...
Bon, je me rassure, je fais simplement partie des quelques 34% de parents d'élève qui n'ont pas un sentiment positif vis-à-vis de l'autorité, que j'essaie pourtant d'inculquer de manière assez légère à mes enfants ... Tout en respectant moi-même le plus strictement possible les autorités publiques ...
Réflexion vingt (28 mai 2010)
Le jet d'une bouteille (vide) contre le Président de la République et la dérive sécuritaire en milieu scolaire ...
Mardi 25 mai 2010, Nicolas Sarkozy visite le collège Charles Fauqueux à Beauvais, lorsqu'un collégien jette une bouteille d'eau vide sur lui ; bouteille qui sera interceptée par un de ses gardes du corps. Je vois dans ce nouvel épisode un signe du divorce consommé existant entre Nicolas Sarkozy, ses discours, sa gestuelle, et une opinion publique non dupe. Mais je crains surtout pour le gamin concerné s'il peut être identifié.
Le principal du collège, Michel Flores, interviewé par un journal local, L'observatoire de Beauvais, a déclaré le mardi soir qu'à l'aide de la vidéo, tout était fait pour retrouver l'élève pour permettre de le sanctionner. Par ailleurs, un 'atelier sur le respect' devait être organisé prochainement pour que de tels actes ne se reproduisent pas. Joint mercredi par LePost.fr, le principal a indiqué souhaiter que le jeune vienne de lui-même se dénoncer, sans indiquer la sanction que ce jeune encourerait.
http://www.lepost.fr/article/2010/05/25/2086950_qui-a-jete-une-bouteille-d-eau-sur-nicolas-sarkozy.html
http://www.lepost.fr/article/2010/05/26/2087530_sanction-contre-l-eleve-qui-lance-une-bouteille-sur-sarkozy-le-principal-persiste.html
Au-delà des faits même, il me semble que ceux-ci dénotent avant tout une dérive à la fois de la méthode de la présidence de la République de notre pays, et de l'image du président de la république dans l'opinion. De tels faits ne s'étaient jamais produit par le passé avec les précédents possesseurs de ce mandat, qui étaient bien au contraire énormément respectés par tous leurs interlocuteurs. Rencontrer Jacques Chirac, malgré tout les procès qui le poursuivaient et l'image de 'super-voleur' que donnait de lui l'émission des Guignols de l'info de Canal Plus, demeurait un honneur ... Tout comme rencontrer François Mitterand ou Valéry Giscard d'Estaing. Et je ne parle même pas du Général de Gaulle. Mais rencontrer Nicolas Sarkozy, je suis désolé, je ne vivrais pas cela comme un honneur ; même si je suis protégé de cette obligation puisque je suis trop grand pour être mis en sa présence, sauf à ce qu'il soit juché sur un tabouret ... lui qui n'aime rencontrer que des personnes plus petits que lui (d'où cette visite d'un collège ... il n'est pas neutre qu'il est préféré intervenir dans un collège plutôt que dans un lycée).
Il y a aussi le fait des poursuites engagées par Nicolas Sarkozy contre les précédentes personnes qui ont osé s'adresser à lui de manière inopportune, l'histoire des 'casse-toi pauvre con', des 'Sarkozy je te vois' ... etc ... Ces épisodes, loin de décourager les éventuels contestataires, semblent avoir plutôt pour effet de les encourager ... De même que les cohortes de gendarmes et forces de l'ordre qui entourent Nicolas Sarkozy dans le moindre de ses déplacements.
http://www.slate.fr/story/21995/nicolas-sarkozy-evian
Ses discours polémiques, sa méthode de gouvernement partisane, la contestation inobservée jusqu'à présent de ses idées et de sa personne par les médias et surtout par l'opinion publique, les critiques qu'il a pu entendre dans sa famille et de la bouche de ses professeurs, font qu'un enfant a pu ne pas mesurer toute la gravité de son acte (pour lui, pas pour sa cible) en s'attaquant à une personne focalisant à ce point l'attention. Le principal a beau dire ; le jet d'une bouteille sur une toute autre personne n'aurait pas alimenté la presse (ni ce blog) et n'aurait pas entraîné la recherche de bandes vidéo ... Tout au plus aurait-on demandé aux enfants de désigner le coupable ... Geste sur-médiatisé mais aussi surenchère sécuritaire ...
Nicolas Sarkozy ne passe pas pour un président de l'ensemble des français, mais pour le président d'une seule fraction de son électorat, encarté à l'UMP et/ou surtout appartenant à la fraction des riches dirigeants d'entreprise et millionnaires, bénéficiaires du bouclier fiscal si cher à ses yeux.
Ce qui fait également réfléchir dans cette affaire, c'est la dérive sécuritaire dans les collèges qu'elle démontre. Des forces de répression semblent ainsi exister au sein d'un petit collège, capables de retrouver des images vidéo de cette scène pour y retrouver l'auteur du jet de la bouteille en plastique. Et on ne parle surtout et encore que de sanctions envisagées contre l'auteur de ce geste, au lieu d'y voir le symptôme d'un malaise dans l'école mais surtout à la tête de notre démocratie. A postériori, j'ai même eu peur pour cet enfant, et ceux qui l'entourait, qui auraient pu être pris pour cible d'une riposte armées des gardes du corps de Nicolas Sarkozy.
C'est cet usage de la répression, des sanctions, qui pose problème ... Et j'imagine très bien Nicolas Sarkozy relançant les forces de police et le principal du collège pour s'assurer que le nécessaire est fait pour retrouver le coupable. J'ose espérer que ces parents ne dépendent pas des allocations familliales pour vivre, ni même que son père n'a pas plusieurs épouses (même si au fond je ne suis pas d'accord avec la médiatisation victimiologique de cet épisode particulier) ... Nous sommes allés beaucoup trop loin en matière sécuritaire dans les écoles en France, et la situation n'est poutant pas prête de s'arrêter.
La présidence de Nicolas Sarkozy est véritablement un épisode, une parenthèse, bien triste pour la France !
Réflexion dix-neuf (26 mai 2010)
Rythmes scolaires, violence scolaire et idées préconçues ...
Nicolas Sarkozy aurait la même marotte que moi : éliminer la violence de l'école. Mais nous n'avons pas les mêmes idées en la matière. Selon lui, combattre la violence scolaire passerait par la présence de policiers référents dans les établissements scolaires et par des pressions financières sur les familles pour combattre l'absentéisme de leurs enfants ... et restaurer l'autorité des pédagogues ... Autorité, sanction : il n'a que ces mots à la bouche ...
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/05/25/absenteisme-scolaire-nicolas-sarkozy-se-repete-encore_1362891_823448.html
J'ai une opinion différente. Il s'intéresse d'abord avant tout et uniquement à la violence médiatique et médiatisée ; je m'intéresse à la violence symbolique, invisible et permanente que subissent les/nos enfants, et que j'observais et subissais déjà à l'époque de mon jeune âge, il y a plus d'une trentaine d'années. Je m'intéresse également à la violence symbolique nouvelle venant des enseignants due aux systèmes disciplinaires récemment mis en oeuvre (ces vingt dernières années) dans les établissements scolaires français ... Notes de vie scolaire, développement des observations, retenues ... etc ... contrats et règlements intérieurs passés entre les familles et les équipes pédagogiques ...
D'une façon assez grotesque, on est passé à un discours de plus en plus valorisant pour les familles et les enfants, parlant d'association avec l'équipe éducative, on a créé de nouveaux vocables comme justement celui d'équipe éducative, juste au moment où le rôle d'enseignement a été assuré majoritairement par des personnes n'ayant aucune envie, aucune capacité, aucune compétence à enseigner et à partager à/avec des enfants et des jeunes.
Alors qu'il faudrait interroger la qualité même des équipes éducatives dans les établissements scolaires, Nicolas Sarkozy ne parle que de plus de répressions, plus de contrôles, en sanctuarisant toujours plus les équipes éducatives ! Pour combattre la 'grande' violence scolaire, celle que l'on voit dans les médias et qui embête tant nos dirigeants politiques, il faudrait d'abord s'attaquer à la 'petite' violence scolaire, permanente, insidieuse, qui pollue la vie de tant de nos enfants ! Mais pour cela, il faudrait changer le regard des équipes enseignantes sur la notion même de violence. Les coups dans les écoles maternelles et en crêche ne sont pas des jeux innocents entre enfants, une étape normale dans le développement psycho-affectif des enfants ; il s'agit du prélude aux violences graves futures qui seront observées dans les établissements scolaires. Combattre la violence, c'est accroître les moyens humains des équipes éducatives, changer leur regard sur leur métier, sur les enfants, sur les interactions entre enfants, sur les moyens coercitifs qui peuvent être utilisés par les adultes, par les enseignants, c'est revoir même les méthodes d'enseignement et d'évaluation des personnels éducatifs ...
C'est un énorme chantier qui n'aboutira néanmoins jamais, entre les préoccupations médiatiques à court terme de nos dirigeants, les rigidités catégorielles des syndicats enseignants et les crispations idéologiques des enseignants eux-mêmes. La seule solution, fuir la violence en se réfugiant dans l'enseignement privé catholique tout en exposant plus largement mes enfants à la rigidité disciplinaire de son enseignement !
Seule réforme envisagée par le ministère de l'éducation nationale : réformer les rythmes scolaires en développant les activités sportives au cours des après-midi ... Riche idée véritablement, malgré son échec apparent outre-Rhin, comme si une erreur à l'étranger pouvait réussir chez nous ... A moins que l'idée ne soit de décourager l'emploi féminin comme en Allemagne, en obligeant les femmes à garder leurs enfants l'après-midi à la maison ... ce qui réduirait du coup les problèmes de chômage en France ...
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/25/le-ministre-de-l-education-devoile-sa-reforme-des-rythmes-scolaires_1362480_3224.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/25/les-apres-midi-sportifs-a-l-ecole-est-ce-une-si-bonne-idee_1362958_3224.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/05/25/rythmes-scolaires-quand-l-allemagne-vante-le-modele-francais_1362660_3214.html
Quels objectifs sont poursuivis par le gouvernement de Nicolas Sarkozy par cette proposition ?
1) Décourager l'emploi féminin ?
2) Diminuer le niveau d'éducation général des jeunes collégiens et lycéens, pour rendre plus élitiste le système éducatif français en favorisant les classes sociales les plus aisées capables de payer des activités d'enseignement complémentaires les après-midi, lorsque les 'pauvres' se contenteraient de pratiques sportives ?
3) Accroître le niveau des équipes sportives françaises, en foot ou en athlétisme, pour concurrencer les meilleures nations mondiales ... un corps bien fait plutôt qu'une tête bien faite ... les élites autoentretenues se chargeant de diriger la France ?
4) Une autre idée ?
Une réforme en tout cas qui n'agréera qu'aux jeunes intéressés par les activités sportives ... à raison de quatre ou cinq après-midi par semaine, la dose sera forte ... A noter également qu'il faudrait accroître les capacités d'offre de l'immense majorité des collèges et lycées en la matière, même chez les mieux pourvus, puisque l'accès aux activités sportives des associations sportives est souvent limité en nombre de place dans les coolèges ou lycées qui les proposent.
http://jprosen.blog.lemonde.fr/2010/05/25/l%e2%80%99education-a-la-trique-jugulaire-jugulaire-381
Idée idiote voire grotesque, qui oblige à se demander quels conseillers, quels lobbies, se cachent derrière elle ... Un ex-professeur d'éducation physique et sportive rêvant à la revalorisation de son enseignement serait-il aux commandes au ministère de l'éducation nationale ?
(nota : la pédagogie Freynet ... j'essaierais de revenir une autre fois sur cette solution intéressante ... l'autorité négociée et discutée et non pas aveugle ...)
Réflexion dix-huit (19 avril 2010)
La violence et la parole de l'enfant dans l'école ...
Je suis tombé sur un blog du Nouvel Obs intitulé Génération69, extrêmement intéressant et documenté sur le monde de l'enseignement. Il y a notamment quatre articles sur la pédagogie que j'ai trouvés très bien écrits et donnant une vision extrêmement riche de l'histoire de la massification de l'enseignement secondaire ...
http://generation69.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/11/22/pedagogues-et-republicains-la-parole-de-l-enfant-au-coeur-d.html
A mon habitude, je n'en retiendrais qu'un minuscule fragment en lien avec mon leit-motif sur la violence scolaire et sur le rôle dévolu et pris par les enseignants ... cette idée de la place donnée à la parole de l'enfant. Ainsi ce qu'écrit l'auteur du blog (Daniel Arnaud) : « Les néo-pédagogues s’imposent en France après Mai 68, qui consacre le ravalement de la parole de l’enseignant au niveau de celle de l’enseigné, et plus encore à partir de la loi d’orientation de 1989, qui donne la liberté d’expression aux élèves ».
Il citait également une intervention d'un autre blogueur (Paul Villach) qui dénonçait également dans un article cette même excessive liberté d'expression donnée aux enfants mis au centre du système ...
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/allez-vous-faire-enc-ont-ecrit-des-65722
Résumé par Daniel Arnaud ... « c'est ça l'effet pervers de la mise de l'élève "au centre du système" à laquelle on assiste désormais. Dans certains établissements, de petits tyrans, sous prétexte d'user de leur "liberté d'expression", monopolisent la parole et empêchent purement et simplement l'enseignant d'enseigner ».
D'une certaine façon, j'ai l'impression que je lis sous cette forme l'autre volet de cette violence scolaire que je tente de dénoncer ... la violence vécue du côté des enseignants, contesté dans leurs droits et dans leurs méthodes d'enseignement par des enfants devenus par beaucoup de côté leurs égaux, leur interdisant cette mise à distance entre enseignants et enseignés nécessaire au principe d'éducation ... selon eux ...
A cette égalisation rampante des considérations entre enseignant et enseignés, les professeurs auraient apparemment répondu par une accentuation des sanctions en classe, afin de préserver leur statut d'enseignant ... Comment faire valoir une autorité lorsque cette autorité est niée par les enfants, par leurs parents, et que vous ne disposez même pas de possibilité d'user de violence physique ??? Il reste la violence morale, consistant à outrance d'une autorité de parole (parfois contestée si on suit Daniel Arnaud ou Paul Villach) et d'une capacité à infliger brimades et moqueries ...
Offrir ainsi aux enfants la possibilité de faire appel des sanctions (injustes) prononcées par les enseignants ne conduirait ainsi qu'à égaliser encore un peu plus les situations des enseignants et des enseignés, à retirer aux professeurs un peu plus de leur autorité, et à les contraindre à trouver une nouvelle forme d'autorité, reposant encore plus sur la violence morale et sur les brimades verbales ...
Car le problème, c'est aussi une insuffisante autorité naturelle chez certains enseignants, qui les conduisent à se refugier derrière des systèmes autoritaires violents pour suppléer à leur incapacité naturelle à être obéis ...
Réflexion dix-sept (13 avril 2010)
Les états généraux sur la sécurité à l'école ... quel sens leur donner (suite) ...
Pour rappel, les 7 et 8 avril 2010 se tenaient à la Sorbonne les états généraux sur la sécurité et la violence à l'école ... Certains pourraient vraisemblablement s'interroger sur les raisons qui expliquent mon acharnement contre les enseignants et le monde de l'enseignement ...
Il faudrait plutôt lire dans ces lignes sur la violence à l'école un réquisitoire avant tout contre un système ainsi que contre quelques enseignants (un peu trop nombreux à mon goût) incompétents et dangereux pour nos enfants, que j'ai trop souvent trouvés en face de moi ou de mes enfants ...
On pourrait aussi trouver dans ces lignes un certain rejet du pouvoir coercitif et de la hiérarchie, et une aptitude innée pour me battre pour les causes désespérées ... mon côté Don Quichotte ... Ce qui me gêne surtout, c'est cette absence de prise en compte de cet aspect de la faillite du corps enseignant et de l'enseignement scolaire ...
Parce que la reconnaissance des enfants en tant que citoyens de même rang que leurs professeurs ou leurs enseignants est un cas désespéré en France, avant qu'il leur soit les mêmes droits et la même reconnaissance quà des adultes ... Les systèmes disciplinaires (dont l'étude était chère à Foucault) ne pourraient être acceptables que s'ils cessaient d'être arbitraires et que toute observation, retenue ou autres sanctions pouvaient faire l'objet d'une contestation et d'un jugement équitable ... et non pas imposé par une force qui se croit supérieur et d'essence pratiquement divine (lire à ce sujet mes écrits précédents).
Evidemment, je n'ignore pas que les enseignants rencontrent un très haut niveau de satisfaction dans les enquêtes publiques ... que leur cote d'amour est particulièrement haute chez les français (vraisemblablement ailleurs) ... et qu'il est trop facile de généraliser les difficultés de certains à l'ensemble de leur profession, dont l'intérêt social est évident ... bien supérieur en fait à celui des hommes politiques ou autres personnages soit-disants tellement importants ...
On m'accusera évidemment de me tromper à divers niveaux dans ma charge virulente contre le système de l'enseignement. On m'accusera vraisemblablement avant tout de confondre la violence physique, qui devait être traitée dans les états généraux sur la violence scolaire, et une certaine forme de violence mentale, particulièrement insaisissable et subjective, que ces états généraux ne pouvaient pas aborder ...
Mais ce sont les enseignants avant tout qui introduisent cette confusion, lorsqu'ils dénoncent comme violence des formes de contestation de leur autorité de la part des enfants (qui évidemment sont immédiatement punis pour cela) et surtout des parents (contre lesquels les enseignants sont particulièrement démunis à moins de porter plainte au pénal contre eux ... ce qui leur est impossible tant que les parents ne les agressent pas physiquement ... monsieur le commissaire, ils ont contesté la sanction que je mettais contre leur enfant, disent-ils, monsieur le commissaire ...). Extraordinairement, ces mêmes enseignants considèrent comme une violence particulièrement grave de simples contestations de leur autorité, mais ne donnent absolument pas la même valeur aux jugements moraux, violences morales et appréciations négatives répétitives qu'ils émettent à l'encontre de ces mêmes enfants !
Ceci constitue la source principale de mon étonnement et de ma colère ... à côté de l'absurdité d'un système disciplinaire injuste, totalement abitraire et sans aucune objectivité, sans aucun attribut de la justice, qui veut que toute personne puisse se défendre et être défendue face à ses juges (son juge unique dans le cas des enfants) ... Telle est la source de ma colère !
Mon voeu pour l'école et pour le système de l'enseignement ... Qu'au-delà de modifier à la marge le régime des exclusions scolaires ... Que ces systèmes disciplinaires scolaires deviennent enfin justes et équitables ... en effet, si les sanctions devenaient forcément plus rares, moins fréquentes (à force de devoir rendre compte de leurs sanctions, les enseignants les plus prolixes en observations et retenues changeraient très vraisemblablement de comportement), si elles cessaient de tomber si drues sur les têtes de nos enfants, peut-être alors la violence scolaire deviendrait moins forte et moins prégnante dans nos établissements scolaires et la violence résiduelle pourrait-elle être traitée par une présence un peu plus importante des surveillants !
Saucratès
Ecole et violence scolaire (2)
Réflexion seize (11 avril 2010)
Les états généraux sur la sécurité à l'école ... quel sens leur donner ?
Les 7 et 8 avril 2010 se sont tenus à la Sorbonne les états généraux sur la sécurité et la violence à l'école ... Un peu partout en France également, des syndicats d'enseignants tenaient des assises ou des colloques sur le même sujet. Ce qui est particulièrement surprenant dans ces assemblées, c'est l'absence de remise en cause par les enseignants de leur propre capacité et de leur propre envie d'enseigner, d'éduquer la jeunesse. On y a parlé de la violence des enfants, des parents, de cette violence extérieure aussi qui s'invite dans les établissements ... on a parlé de l'échec scolaire et de la désespérance de ces enfants exclus prématurément de l'apprentissage et relégués dans des classes sans avenir, mais on n'y a pas abordé le cas de la violence des enseignants à l'encontre des élèves, de cette violence institutionnalisée dont les enseignants estiment pouvoir user sans aucun contrôle, sans aucune limite, et dont toute remise en cause est de manière extraordinaire vécue comme des actes de violence par et envers ces mêmes enseignants ...
http://les-etats-generaux-de-la-securite-a-l-ecole.education.gouv.fr/
http://www.liberation.fr/societe/0101629284-violence-scolaire-le-grand-ecart-de-chatel
http://www.20minutes.fr/article/395968/France-Etats-generaux-de-la-violence-scolaire-tendre-vers-la-tolerance-zero.php
Je ne suis pas ici bien sûr pour détailler les résultats de ces états généraux ou des discours des uns ou des autres, des paroles du ministre de l'éducation nationale Luc Chatel ou des nouvelles dispositions envisagées pour combattre la violence à l'école. Les articles de presse se suffisent à eux-mêmes. Ce qui est sûr par contre, c'est que l'enfermement sécuritaire ou pédagogique ne sera pas une solution suffisante. Il faudrait apprendre aux enseignants à gérer la violence ? Mais tant que ceux-ci ne comprendront pas que c'est leur propre violence que les enfants leur renvoie, et celles de tous les enseignants que ces derniers ont rencontré au cours de leur scolarité ; rien de tout ceci ne servira à rien. Tant que les enseignants ne se remettront pas en cause dans leurs comportements de tous les jours, il n'y aura pas de réponse acceptable possible.
Il existe tant de formes de violence institutionnelle auxquelles les enfants sont soumis dans les établissements scolaires. Ces violences peuvent d'abord prendre la forme des jugements à l'emporte-pièce sur les capacités intellectuelles des enfants ou sur leur travail. Il y a une impossibilité pour les enseignants à intégrer l'aspect traumatisant de certains discours violents sur le regard que peuvent se porter les enfants soumis à ce genre de violence. Et cette violence concerne évidemment beaucoup plus les enfants en difficulté d'apprentissage ou en voie de relégation scolaire ... mais elle concerne malgré tout aussi l'immense majorité des enfants (sauf parfois les plus brillants et les plus modèles d'entre eux) qui se trouvera confronté un jour à de tels jugements au cours de sa scolarité ... Tout enfant un peu différent du modèle parfait sera concerné à un moment ou un autre ... et il vivra également, pour peu qu'il y soit sensible, l'injustice de ces jugements sans aménité sur les moins doués ou les moins conformes au modèle de ses camarades ... Une violence tellement habituelle qu'elle doit sembler banale aux enseignants s'ils me lisent. Mais une violence injuste ...
Cette violence doit être rapprochée également de la violence des notes qui a cours dans l'éducation française ... Ces notes qui sont décernées aux enfants comme jugement permanent sur leur travail scolaire. Il est terrible d'imaginer que l'éducation nationale est incapable d'imaginer une forme de pédagogie qui ne repose pas sur cette forme de jugement ... Comment sont censés faire les enfants qui se voient remettre en permanence des mauvaises notes par leurs enseignants ? Quels regards peuvent-ils avoir sur eux ? Quelle image peuvent-ils avoir d'eux-mêmes ? Que leur restent-ils comme solution autre que la violence également, dirigée sur leurs pairs ou sur ceux qui les violentent depuis le début de leur scolarité ? Evidemment, ce discours ne sera jamais tenu par le monde de l'enseignement, car ce serait une remise en cause complète du système pédagoqique français dans son ensemble ...
Le pire évidemment vient du fait que ce jugement s'accompagne d'une culpabilisation de l'enfant et non de son enseignant. Devant des notes insuffisantes, ce n'est pas la capacité de l'enseignant qui est mise en doute, mais uniquement et évidemment le travail de l'enfant, la manière dont il suit les leçons en classe, la manière dont il apprend ses leçons, voire ses capacités intellectuelles. C'est toujours l'insuffisance des pré-acquis qui est mis en cause, rejetée sur la faute des enfants qui ne sont pas au niveau souhaité par leur professeur et incapables de profiter de l'enseignement merveilleux que celui-ci pourrait leur apporter ... Triste monde à l'égo boursouflu que le monde des enseignants !
Autre forme de violence connue, les systèmes disciplinaires scolaires et l'ensemble des batteries de sanctions qui ont cours dans les établissements scolaires français (même sans compter les patrouilles récemment introduites ou les détecteurs de métaux) ... Cela va des notes de vie scolaire introduites il y a quelques décennies, qui ont conduit à la banalisation des observations, des retenues et autres sanctions données à tout bout de champ, pour un oui ou un non, une copie de note non signée, un murmure dans la salle de cours ou autre ... par des enseignants qui confondent autorité et légitimité ... Mais cela passe aussi par les permis à point mis en place dans certaines écoles pour lutter contre la violence ou les incivilités ... dans lesquels chaque enfant se voit attribuer un permis avec un certain nombre de points (12 point pour les moins imaginatifs) et où chaque 'erreur' de l'enfant lui coûte un certain nombre de points ... Et comme sur la route, avec ce genre de système, il peut suffir d'un jour à un enfant pour perdre tous ces points.
Mais toutes ces mesures disciplinaires ont en fait un seul et unique point commun : leur absolue iniquité et leur complet arbitraire. Un système judiciaire a besoin d'être juste. Un système judiciaire a besoin que toutes les infractions soient punies de la même manière, de la même façon, en fonction simplement des circonstances de chaque infraction. Des systèmes unifiés d'appel et de cassation existent justement pour cette raison ; pour que la justice existe. Il n'existe rien de tel dans le système disciplinaire scolaire. Les enseignants y ont tous les pouvoirs, notent, évaluent et punissent comme bon leur semble, sans que n'existe aucun dispositif d'appel ni de contestation possible. Eux seuls peuvent punir ou ne pas punir, en fonction uniquement de leur bon vouloir, de l'opinion toute arrêtée qu'ils ont de l'enfant en cause. Garre aux enfants un peu différents, qui ne rentrent pas dans les moules ... Et dans ce système disciplinaire, les enfants ainsi que leurs parents y sont considérés comme des sujets de non-droits, comme des sujets d'expérience, comme des sujets ...
J'ai à peu près fait le tour des diverses formes de violence institutionnalisée qui n'ont pas été abordées dans le cadre de ces états généraux sur la violence, de tout ce qui n'a pas été dit sur le revers de l'école telle qu'elle existe dans notre société française, telle qu'elle est vécue par tant d'enfants confrontés à l'injustice et l'arbitraire ...
Réflexion quinze (25 février 2010)
Coup de gueule contre l'escalade des systèmes disciplinaires scolaires !
Quel parent d'un jeune écolier, d'un jeune collégien, d'un jeune lycéen ne s'est pas senti démuni face aux punitions diverses et variées données à leur enfant par une école, un collège ou un lycée, sensé pourtant enseigner à son enfant et lui offrir des apprentissages pédagogiques.
Quelle école n'applique pas désormais en France un beau petit système disciplinaire où chaque enfant se voit menacer de punitions graduées et surtout joliment automatiques. Certaines écoles inventent même des permis à point pour les enfants, où chaque faute est punie d'un retrait d'un certain nombre de points. Comme dans la vraie vie des adultes, comme sur la route, à croire que ce système de permis de conduire à points leur paraît une bonne mesure, à ces équipes pédagogiques. On verra vraisemblablement demain dans les écoles ou dans les cours de récréation des radars automatiques pour retirer des point aux enfants, pour verbaliser les interdictions de courir ou autres inventions du monde de l'enseignement. Ou bien des radars tronçons pour s'assurer que l'enfant a été sage tout le long de la récréation ou de la pause méridienne.
Quel collège ou lycée ne dispose pas de son système de note de vie scolaire (belle invention des ministères) et d'un système disciplinaire d'observations, de retenues, de colles et d'exclusions pour aller avec ? On se demande parfois si, comme les policiers, les enseignants de nos enfants ne sont pas appréciés sur leurs chiffres en matière d'observations ou de retenues données aux gamins (au moins les policiers contestent cette politique du chiffre ce qui n'est même pas le cas des enseignants) ... Observations et retenues pleuvent ainsi sur les têtes de nos gamins, pour un bavardage en classe, pour une interrogation non signée par les parents (même pour un 20/20), sans qu'il soit possible pour l'enfant ou pour ses parents de comprendre l'objectif pédagogique ou la légitimité de la sanction.
Seul enseignement que les enfants et les parents peuvent tirer de ces histoires, de cette confrontation à ces systèmes disciplinaires : la compréhension et l'acceptation d'un régime totalitaire dans lequel l'enseignant est le seul juge et arbitre, et où il a tout pouvoir. La compréhension aussi que toute contestation de la sanction sera vécue par l'enseignant comme une agression et le conduira à brimer et à sanctionner encore durement plus l'enfant.
L'école n'est ainsi bien souvent qu'un vaste lieu d'arbitraire dans lequel nous abandonnons nos enfants sans protection, face à des malades névrosés. Pour un professeur intéressé par son métier, par l'enseignement à des enfants et par la pédagogie ; combien y a-t-il de personnes qui n'ont rien à faire dans le monde de l'enseignement ? En de nombreuses années d'expérience de parents d'élève, j'ai connu deux bons enseignants (qui avaient à coeur leur métier), une poignée d'enseignants potables, non toxiques pour les enfants (le minimum que l'on peut leur demander), et un grand nombre d'enseignants toxiques et malades ... Je comprends qu'ils aient la trouille d'être noté par leurs élèves et que la réalité de leur incompétence, de leur médiocrité, ne soit étalée sur internet, accessible par tous !
Intéressant d'observer le comportement de ces enseignants se réfugiant derrière l'obéissance aveugle au règlement et distribuant dans un but sécuritaire, dans le but de maintenir leur autorité, de punir untel ou untel. Et comment ne pas faire le parallèle entre ces excellents collaborateurs du système de l'enseignement public (ou privé), zélés distributeurs d'observations et de retenues, et les zélés collabos de la seconde guerre mondiale en France, membres ou informateurs de la milice ou de la gestapo, qui dénoncaient également vaillamment tous ceux qui ne respectaient pas les règlements ou qui pouvaient être juifs ou résistants ... ou plus prosaïquement, dont ils voulaient se venger ou qu'ils enviaient ...
Voilà ce que sont devenus les hussards noirs de la troisième république, ces enseignants laïcs qui se pensaient investis d'une mission sacrée visant à éduquer les jeunes français et les campagnes françaises ... Ils sont devenus un troupeau de maniaco-parano-dépressifs, terreau ou ferment d'une prochaine milice totalitaire, qui ne sentent respectés que lorsqu'ils sanctionnent des enfants ... Les collabos d'un futur envahisseur ou d'un futur tyran. Les concierges délateurs d'un système totalitaire et fasciste. Et ils croient en plus se reconnaître dans des idées socialistes !!!
Réflexion quatorze (29 novembre 2009)
Le débat sur la notation des profs ...
Pour quelle raison l'idée que des enfants puissent noter leurs professeurs soulève-t-elle un tel effroi chez les enseignants français ? Cette question m'interpelle en ce qu'elle démontre une incompréhension entre les enseignants, leurs élèves et les parents d'élève. Le système français est invraisemblable en ce qu'il maintient le monde de l'éducation nationale dans une zone de non-droit ou plutôt d'absence totale de droit de nos enfants.
Les mêmes enseignants qui notent et jugent à longueur de temps leurs élèves, qui pour nombre d'entre eux, 'cassent' les enfants qui leur sont confiés, qui ne sont capables le plus souvent que de les écraser et de recenser leurs seuls échecs, leurs seules fautes, et pour nombre d'entre eux, sont incapables de mettre en avant leurs réussites, leurs apprentissages réussis, leurs points positifs, qui ne connaissent absolument pas, pour une part d'entre eux, ni les mots d'encouragement, ni le respect dus à des pousses d'adulte en devenir ... ces mêmes enseignants s'effraient que ces enfants sur lesquels parfois ils se sont acharnés la journée durant, puissent eux-aussi, également, les juger et les noter de la même manière !
C'est en tout cas ce qui ressort des actions des personnels enseignant devant certains sites internet qui se lancent sur le sujet des notations des écoles et des professeurs ...
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/28/qui-est-assez-competant-pour-noter-son-professeur_1273457_3224.html
Il y avait d'abord eu le site www.note2be.com en début d'année 2008 et la levée de boucliers qui en avait résultée, avec une série d'actions en justice pour faire interdire ce site (pour crime de lèse-majestée) et empêcher de citer nommément les professeurs. Même la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) s'en était mêlé en injonctant le site à cesser son activité. Maintenant, il faut également compter avec le site www.notetonprof.com tenu depuis les Etats-Unis afin d'empêcher l'action de la justice française.
Evidemment, certains pourraient estimer que ma position est de parti pris contre le monde de l'enseignement. Il n'en est rien. Mais comme dans toute profession, il s'y trouve des personnes qui n'ont rien à y faire, qui ne devraient, ni de loin, ni de près, participer à l'éducation des enfants. Ce n'est évidemment pas la majorité, et pourtant mes années d'adolescence sont remplis de leur souvenir et des raclées que ma mère me donnait après chaque rencontre parents-professeurs ... Comme si les enseignants ignoraient que la majeure partie des enfants qu'ils enfoncent devant leurs parents ne se ramassent pas des tournées dès qu'ils sont de retour chez eux ... Et aujourd'hui, dans mon rôle d'adulte et de parent d'élève, je me retrouve encore et toujours, le plus souvent, face au même profil d'enseignants, qui ne sont capables que de mentionner les points négatifs de mon fils, et si rarement, dans de très rares cas d'enseignants, ses points positifs et ses points négatifs ... Cette dernière situation est tellement agréable ; un enseignant qui apprécie un enfant dans ses forces et ses faiblesses, ses bons et ses mauvais côtés ... mais tellement rare !
Aussi dans un tel monde d'injustice que le monde de l'éducation nationale, dans un tel monde de non-droit, d'absence de droits des enfants face à des enseignants bardés de leurs certitudes et de leur toute-puissance, je ne peux qu'adhérer au droit des enfants de pouvoir noter et apprécier leurs enseignants et leurs collèges, écoles ou lycées ... et qu'ils puissent exprimer, de façon anonyme puisque le contraire les mettrait en danger, qu'untel est un connard débile et incompétent, qui n'a pas sa place dans l'éducation nationale ... Aussi, enfants de tous pays, allez sur www.notetonprof.com !
Réflexion treize (8 octobre 2009)
Le concept de 'school bullying' ...
Le concept de 'school bullying' fut inventé par Dan Olweus, professeur de psychologie à l'université de Bergen (Norvège), qui mena des recherches sur une grande population de jeunes à partir des années 1970. Ses premiers travaux portaient sur l'agressivité humaine. Un de ses ouvrages a été traduit en français en 1999 sous le titre «Violences entre élèves, harcèlements et brutalités, les faits, les solutions» (ESF éditeur, traduction de Marie-Hélène Hamen).
Qu'entend-on par 'School Bullying' ? Le 'school bullying' est une forme de violence à long terme, physique (coups, bousculades…) ou psychologique (insultes, surnoms, moqueries, rumeurs, isolement de la victime du reste de ses camarades, menaces, homophobie, racisme…), perpétrée en milieu scolaire (le plus souvent dans les parties communes (couloirs, escaliers, cour de récréation) et les lieux non supervisés par les adultes) par un ou plusieurs agresseurs à l’encontre d’une victime. C’est un harcèlement, basé sur l’intimidation entre élèves, qui implique des brimades et des brutalités se prolongeant dans le temps.
Abus de pouvoir agressif et systématique, perpétré par plusieurs agresseurs (bully) à l’encontre d’une victime (bullied) dans l’incapacité de se défendre dans ce contexte précis. Ce harcèlement est un mélange de menaces, de moqueries et d’insultes verbales justifiées par des critères discriminatoires, le plus souvent d’origine physique ou sociale, qui y associent parfois tout le registre sexuel. Ces menaces peuvent être accompagnées de gestes où l’agresseur montre un couteau à sa victime, la bouscule ou vandalise ses biens. Dans tous les cas, l’agresseur poursuit sa victime, choisie en fonction d’une différence physique mineure, et lui inflige une relation de type dominant-dominé fondée sur la tyrannie et l’humiliation consciente. Le racket, comme le harcèlement sexuel au collège, au lycée ou à l’université en font partie.
Dès le début des années 80 en Scandinavie, le 'school bullying' a été abordé dans de nombreux articles. Dans les années 90, le 'school bullying' fera l'objet d'une forte émotion et d'une importante mobilisation et médiatisation en Grande Bretagne (rapport Elton), qui conduira à l'adoption de directives vers les établissements scolaires dès 1993. En 1994, au Japon, il a fait l’objet d’une enquête qui faisait apparaitre environ 200 cas par jour et le rendait responsable d’avoir conduit au suicide sept enfants. Son ampleur internationale a été révélée par le «Sheffield project» et par les publications de l’Association «Young Voice», fondée en 2000. Enfin, le tournage en observation réelle pendant 52 heures dans la cour d’une école de Toronto a permis de montrer, en le prouvant, que le 'school bullying' faisait 10% de victimes régulières et touchait autant les garçons que les filles.
Selon le «Sheffield project» (Smith et Sharp), en 1991-1992, 27% des élèves interrogés en primaire et 10% en secondaire déclarent avoir été victimes de bullying durant l’année scolaire, au moins une fois par semaine pour la plupart.
L'enquête de l'association «Young Voice» menée en 2001 faisait apparaître que :
- 13% des garçons et 12% des filles déclaraient avoir été gravement victimisés
- 47% des garçons et 42% des filles déclarent l’avoir été moins gravement
- 35% des garçons et 26% des filles déclarent avoir été agresseurs
Selon l'enquête menée par Dan Olweus, environ 15% des élèves des écoles primaires et collège de Norvège sont concernés par des faits de harcèlement, c'est à dire un élève sur sept. 9% peuvent être considérés comme des victimes régulières et 7% comme des agresseurs.
Les victimes du 'school bullying' sont souvent des enfants sensibles, plus réservés que les autres, et qui présentent une plus grande vulnérabilité. Mais les victimes peuvent aussi parfois être des enfants agressifs dont le comportement a entrainé des représailles de la part des autres. Dans la majorité des cas les victimes n’ont pas une personnalité type. La discrimination et les préjugés dont elles sont l’objet sont basés sur des stigmates émissaires totalement arbitraires.
Facteurs de bullied : anxiété, faible estime de soi, idées de suicide fréquentes (61%), absence d’amis (personne pour les défendre), 42% des victimes auraient été victimes de violences de la part d’un adulte, des caractéristiques physiques particulières les différenciant des autres (lunettes, obésité, handicaps…), mais également les élèves qui travaillent trop bien dans des établissements où règne un climat d’opposition à l’école.
Pour les victimes, les conséquences traumatiques sont souvent graves. Elles durent longtemps et, en fonction de leur état psychologique, elles seront amplifiées par la fréquence et la durée des épreuves de harcèlement. Le sentiment d’exclusion auquel les brimades les auront conduites leur donnera une image négative de l’école. Leurs résultats scolaires baisseront et elles finiront par décrocher. Les victimes sont stressées, anxieuses. Elles ont des troubles du sommeil et finissent par avoir une baisse considérable de l’estime de soi. Le sentiment d’isolement dans lequel les plongent les vexations répétées finissent par les mener à la dépression et au désespoir. Elles présentent un risque accru de suicide et d’Etat de Stress Post Traumatique (ESPT) semblable aux névroses de guerre. Parfois elles se retournent et deviennent, par réaction, elles-mêmes des agresseurs. Leur avenir est sombre. Les répercussions à long terme sont une intégration difficile dans la vie d’adulte avec le risque de tomber dans la délinquance.
Les auteurs de 'school bullying', dont les plus jeunes peuvent avoir 2 ou 3 ans, sont souvent dans les mêmes classes que leurs victimes (30% sont plus âgés, 10% sont plus jeunes). Comme les victimes, les auteurs de "school bullying" peuvent être des filles ou des garçons. Les garçons usent plus de menaces physiques tandis que les filles fondent leur tyrannie sur des insultes, des cancans et des rumeurs qui visent à isoler leurs victimes. Le comportement des agresseurs est appris et non prédéterminé. Comme leurs victimes, les auteurs sont souvent issus de milieux qui présentent des difficultés sociales et des problèmes dans les relations familiales. Le pronostic de leur vie les prédisposent à avoir des relations sociales et familiales souvent violentes et difficiles.
L’omerta de l’Education nationale. Pourtant, alors que les adultes chargés de surveiller les espaces scolaires (cours, escaliers, couloirs…) ne voient pas, ou feignent de ne pas voir, les violences qui se déroulent sous leurs yeux, 70% à 80% des élèves reconnaissent en être les témoins. L’intervention simple d’un adulte suffit pourtant, dans la plupart des cas, à faire cesser les harcèlements dont sont victimes de nombreux enfants ou adolescents. Mais, par crainte des représailles les témoins se taisent, par peur de ne pas être pris au sérieux les victimes se taisent et par fatalisme, ou par souci de préserver la bonne image de leur établissement, les proviseurs et les enseignants se taisent. Cette loi du silence s’oppose pourtant à tous les résultats qu’ont montré dans leurs enquêtes et leurs études les pays qui se sont penchés sur ce phénomène, que ce soit en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou au Japon. En France il n’existe malheureusement pas de recueil de données sur cette question. La prévention se limite à un affichage indigent, souvent peu visible, et il n’existe aucun programme sur les conduites à tenir en milieu scolaire pour combattre ce phénomène.
L’école : un espace enfermé. L’école est un milieu clos qui dispose de ses propres règlements internes, parfois très contraignants. C’est à l’école que les enfants passent l’essentiel de leurs journées. Ils y apprennent et ils y échangent. L’école est aussi un lieu d’observation. Les enfants s’y observent et sont observés dans leurs comportements. L’école est un espace "enfermé" dans lequel l’enfant vit une autre vie, au milieu des regards croisés d’un grand nombre de professionnels de l’Education nationale.
La situation d’aujourd’hui révèle une incohérence entre le discours de nos gouvernants, soucieux de réintroduire dans les salles de classe une discipline surannée, et le mutisme de l’Education nationale. L’apprentissage de la Marseillaise, le respect enfin réhabilité envers l’instituteur et le professeur s’opposent au désordre invisible qui subsiste dans les espaces vacants des écoles, des collèges et des lycées (cours, escaliers, couloirs…). Le "school bullying", le "jeu du foulard" ou celui de la "tomate", le "happy slapping", la "mort subite", le "binge drinking" et la "compresse" font autant de victimes, consentantes ou désignées, qui hypothèquent dangereusement leur avenir. Un grand nombre d’entre elles se retrouveront sur la voie de la délinquance, incapables de s’insérer sereinement dans la société.
http://www.liberte-psychiatrie.fr/spip.php?article71
http://www.harcelement-entre-eleves.com/danolweus.htm
http://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-le-bullying-a-l-ecole-_fr_21811.html
Réflexion douze (6 octobre 2009)
La violence à l'école vue par les enseignants et les enfants (ter) ...
Pour conclure sur le livre de Cécile Carra : «Violences à l'école élémentaire - L'expérience des élèves et des enseignants» (PUF - septembre 2009), celui-ci aborde également le problème de la violence tel que vécue par les enfants, reposant notamment sur un questionnaire réalisé au sein d'un certain nombre d'établissements scolaires, sur la violence ressentie mais également auto-déclarée.
« Notre hypothèse est que la violence participe d'une socialisation enfantine partiellement autonome. Cela suppose que nous ne considérons pas a priori la violence, telle qu'elle est définie par les écoliers, comme anormalité, exceptionnalité ou experssion pathologique, mais comme une modalité d'interaction sociale, pesant sur la structuration des rapports entre pairs. (...) Cette vision de l'enfance qui se révèle à nous , à travers l'étude du phénomène de violence, est loin d'apparaître comme un âge d'or mais comme un âge où les rapports de force visibles semblent faire loi. (...) Les pairs permettent l'apprentissage d'un rapport à autrui, à soi-même et au groupe, rapport qui sera de plus en plus sous-tendu par des principes de respect et de justice. » (pages 46-47)
L'auteure insiste beaucoup sur le fait qu'il n'y aurait pas d'un côté des victimes et de l'autre des auteurs de violence. Clairement, je ne suis pas absolument d'accord avec son analyse. Elle étudie notamment dans son échantillon des écoles considérées comme violentes dans des zones d'éducation prioritaire, en mettant notamment en avant les réussites d'une méthode d'éducation dite Freinet. Elle démontre (et démonte) toutefois parfaitement les processus de violence et de construction des rapports entre pairs. Mais il est clair, selon moi, qu'il doit arriver que des enfants ne comprennent pas, n'aient pas, les clefs de compréhension du comportement social qui est attendu d'eux de la part de leurs pairs (ou de leurs bourreaux dans un tel cas). Ecole en zone d'éducation prioritaire ou non, hier comme aujourd'hui, la violence demeure un mode d'interaction qui n'est pas compréhensible par tous les enfants, et contre laquelle les équipes pédagogiques, d'hier et comme d'aujourd'hui, sont incapables et n'ont pas envie de les protéger. Les bagarres de cour de récréation sont ainsi vécues par les enseignants comme des interrelations normales, comme des jeux anodins, comme une activité habituelle, sans que soit appréhendé le caractère d'épreuve que cela revêt pour les enfants. Il n'est pas rare que ces bagarres de cour soient minimisées par les enseignants («rien de méchant»). A l'inverse, les violences verbales ne sont jamais minimisées par les enseignants !!!
« Nous dirons qu'un enfant ou une jeune personne est victime de school-bullying lorsqu'un autre enfant ou jeune ou groupe de jeunes se moquent de lui ou l'insultent. Il s'agit aussi de bullying lorsqu'un enfant est menacé, battu, bousculé, enfermé dans une pièce, lorsqu'il reçoit des messages injurieux ou méchants. Ces situations peuvent durer et il est difficile pour l'enfant ou la jeune personne en question de se défendre. (Smith, Sharp, 1994). » (page 48)
Combien de victimes de school-bullying dans les écoles, les collèges et lycées français ? Ce point a-t-il fait l'objet d'études, de recensements, d'enquêtes de la part du ministère de l'éducation ? Face à une éducation nationale et à un monde de l'enseignement (et ce livre intéressant ne participe-t-il pas à la même entreprise), qui repousse majoritairement la faute de telle situation sur l'incapacité de ces enfants à répondre de manière idoine aux sollicitations de leurs pairs (ou bourreaux).
Ce qui n'est pas dit dans ce livre, c'est l'incapacité des enfants le plus souvent à accepter les différences, qu'elles soient physiques ou comportementales ... Les enfants considèrent ainsi les différences comme sujets de moquerie ou d'agression ...
Ce livre donne par contre des explications sociales à cette violence ; le monde ouvrier, manuel, accorderait plus de valeurs à la force et à l'engagement physique que les autres classes sociales, se reposant sur une lecture de Bourdieu. « (...) il faudrait se demander si la valorisation populaire de la force physique comme dimension fondamentale de la virilité et de tout ce qui la produit et la soutient n'entretient pas une relation intelligible avec le fait que la classe paysanne et la classe ouvrière ont en commun de dépendre d'une force de travail que les lois de la reproduction culturelle et du marché du travail réduisent plus que pour aucune autre classe, à la force musculaire ; sans oublier le fait qu'une classe qui, comme la classe ouvrière, n'est riche que par sa force de travail ne peut rien opposer aux autres classes, en dehors du retrait de cette force, que sa force de combat qui dépend de la force et du courage physique. (Bourdieu, 1979). Si l'accroissement de l'automatisation des tâches et la diminution des emplois de l'industrie et de l'agriculture pourraient laisser penser à une disparition ou un affaiblissement de cette dimension physique, virile, ces moteurs ont été remplacés par le développement des métiers de la sécurité, accessibles aux résidents des banlieues, où le lien entre rapport de classe et nécessité de la force physique dans l'exercice du métier s'actualise avec encore plus d'évidence. » (page 76).
Réflexion onze (4 octobre 2009)
La violence à l'école vue par les enseignants et les enfants (suite) ...
Deux jugements récents sur les relations et les violences entre parents et enseignants me semblent instructifs. Le premier jugement s'est déroulé devant le tribunal correctionnel de Villefranche. Il concernait le parent d'un élève inscrit en maternelle sur la commune de Gleizé, qui aurait insulté la maîtresse de son enfant, une jeune enseignante, pour une punition donnée à son fils (l'enfant avait été privé du gâteau d'anniversaire d'un camarade tandis qu'il était conduit dans le bureau de la directrice après avoir dessiné sur des sièges de l'école), puis pour une blessure sous l'œil contractée par son petit garçon à cause d'un jet de pierre. Arguant du fait que « l'école doit être un lieu protégé de la violence », le représentant du ministère public a condamné les actes du prévenu en sollicitant une peine de 30 jours-amende à 6 euros (180 euros). Le parent d'élève, au casier judiciaire bien rempli (trois procès en moins d'un an pour violence envers sa compagne et conduite en état d'ébriété), a été condamné à 50 jours-amendes de 6 euros (300 euros) et à 600 euros d'indemnisation du préjudice de l'ancienne institutrice de son fils.
http://www.leprogres.fr/fr/region/le-rhone/villefranche/article/2006320,186/Tribunal-l-institutrice-insultee-le-parent-d-eleve-condamne.html
Le tribunal correctionnel de Créteil a condamné vendredi un parent d'élève à 8 mois de prison avec sursis et à une amende de 750 euros avec sursis pour avoir agressé un instituteur dans la cour de récréation de l'école Eugénie-Cotton de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). Les faits s'étaient produit le 26 mars 2009, dans un établissement classé en zone d'éducation prioritaire. Le père d'un élève de CE1 avait agressé un instituteur de CP âgé de 28 ans, après l'avoir interpellé "assez vulgairement" (dixit l'enseignant) à travers la clôture. Son enfant, agressé quelques jours auparavant par des élèves plus âgés, avait eu l'impression que son enseignante n'avait pas pris en compte sa demande d'explication. Et ce jour-là, voyant son enfant en pleurs à la suite d'une punition, le parent s'était énervé. Le ministère public, parlant de faits d'une extrême gravité survenus dans l'enceinte de l'école, « le lieu où on fabrique nos enfants, un sanctuaire et (qui) doit le rester », avait requis une sanction exemplaire de 12 mois de prison avec sursis et une amende de 1.200 euros.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5j_goaFVoFLg_LeDScZhVkSfVSL5Q
Ces jugements me posent problème car ils contribuent à dissocier les faits de violence subis par les enfants dans les écoles, considérés comme normaux, comme un processus de socialisation des enfants, comme des interrelations normales, et ceux vécus par les enseignants, qui sont immédiatement grossis et médiatisés. Si l'école doit vraiment être le lieu sanctuarisé où sont fabriqués nos enfants, alors il faut que la violence autorisée et considérée comme normale par ces mêmes enseignants, dans le cadre de la cour de récréation, soit également combattue avec la même énergie.
La lecture du livre de Cécile Carra : «Violences à l'école élémentaire - L'expérience des élèves et des enseignants» (PUF - septembre 2009), situe d'une certaine façon le sujet du débat. Au delà des faits de violence physique et verbale, la première erreur de ces parents n'aient pas simplement d'avoir agressé ces enseignants. C'est d'avoir osé être en désaccord avec les décisions des enseignants, avec les punitions que ces enseignants ont donné à leurs enfants. Leur premier crime, c'est de n'avoir pas cautionné les décisions des enseignants, ce qui est considéré par une certaine fraction des enseignants comme une remise en cause de leur autorité. Les faits de violence qui ont suivi ne sont que la cerise sur le gateau pour ces enseignants qui ne devraient pas enseigner. L'épisode qui permet à ces enseignants de porter plainte contre ces parents d'élève qui ont osé contester leurs décisions et leur autorité.
Pour ces différentes raisons, je considère que ces jugements sont partiaux. Ils correspondent à une mise sur un piédestal des enseignants, comme s'ils étaient supérieurs au reste de la population. Ce n'est pas par le biais de la justice que les enseignants retrouveront l'ancienne légitimité de leur fonction. Comme en toute chose, c'est la compétence de ces personnes, leur qualité humaine et relationnelle, qui leur assurera cette reconnaissance, et aucun jugement ni aucun procès. Le problème des punitions, c'est l'injustice ressentie par les enfants qui les subissent ... C'est les faits d'injustice vécus ou vus ... Et tant que des enseignants débordés continueront d'agir de manière injuste et sans aucune légitimité aux yeux des enfants et de leurs parents, le problème des enseignants continuera d'être observé.
Réflexion dix (21 septembre 2009)
La violence à l'école vue par les enseignants et les enfants ...
Lecture recommandée d'un livre récent et extrêmement intéressant de Cécile Carra : «Violences à l'école élémentaire - L'expérience des élèves et des enseignants» (PUF - septembre 2009). Reposant sur des enquêtes sociologiques auprès d'élèves et d'enseignants dans un certain nombre d'écoles françaises, ce livre permet de décrire de manière frappante le regard porté sur la violence de ces acteurs de l'école.
http://www.puf.com/wiki/Autres_Collections:Violences_à_l'école_élémentaire#Caractéristiques
http://www.cesdip.fr/spip.php?article432
http://www.snuipp.fr/spip.php?article6434
1) Le regard des enseignants sur la violence à l'école
Cette partie du livre doit être lue pour mieux comprendre le malaise des enseignants dans le monde de l'école et de l'enseignement, notamment au sujet des formes de violence dont une partie d'entre eux s'estiment victimes. Une partie des enseignants appellent, vivent et estiment que les échanges verbaux qu'ils ont avec les parents d'élèves qui contestent simplement les décisions prises à l'encontre de leurs enfants sont des situations de violence ! Près du tiers des enseignants consultés lors des enquêtes ayant été réalisées dans le cadre de ce livre estiment avoir rencontré des situations violentes depuis le début de l'année scolaire dans le cadre de l'exercice de leur fonction, majoritairement avec des parents d'élèves.
Mais contrairement à ce que l'on pourrait mettre derrière cette notion de violence, il ne s'agit pas dans le cas présent de violence physique, de menaces ou d'insultes ; il s'agit essentiellement de faits mineurs : «conflit avec un parent d'élève soutenant l'enfant» (ce que je fais toujours ... qui défendra mon enfant si ce n'est pas moi ?), «altercations verbales avec des parents qui n'étaient pas d'accord et nous en ont fait part, en direct ou au téléphone», «parents contestant une punitionl'affirmative à la question», «plainte d'un parent», «j'ai donné une observation à un enfant, la maman l'a très mal pris, elle n'était pas d'accord !».
Trois types de parents d'élève sont construits par les enseignants « sur le croisement du degré d'implication identifiable à travers la présence des parents à l'école et les réponses positives aux sollicitations de l'enseignant ».
« Le bon parent (premier type) est donc non seulement celui qui ne dispute pas le monopole du pouvoir pédagogique à l'enseignant, mais de surcroît, celui qui participe, par son action, à sa légitimisation («ceux qui vont dans le même sens que nous»). L'absence des uns, marquant pour les enseignants leur démission (deuxième type), et l'interrogation des autres (troisième type) sur les décisions prises pour leur enfant, lue comme un soutien inconditionnel à leur progéniture, constituent selon ces schèmes dominants de lecture, des symptômes de défaillance éducative. »
L'auteur soulève notamment les tensions entre formes divergentes de regard sur l'enseignement et sur l'éducation ... « une autre ligne de tension apparaît avec la tentative d'imposition de la forme scolaire de socialisation dans sa dimension disciplinaire dans les milieux sociaux valorisant l'expression et l'épanouissement de l'enfant plus que sa soumission à l'autorité. » (milieu des Bobos notamment) ... Et évidemment, je me retrouve à peu près dans cette vision de l'éducation, avec une attention plus particulièrement marquée pour une absence de sentiments d'injustice ressentis par mes enfants ... Ce qui ne m'empêche pas par ailleurs néanmoins d'avoir des attentes en matière d'obéissance de mon enfant, dans un certain nombre de situations (respect dû aux adultes, respect de règles à la maison ou à l'extérieur ...).
Tous les enseignants en école élémentaire ne vivent évidemment pas les relations avec les parents d'élève de cette manière. Cette vision est essentiellement le propre d'enseignants du primaire jouant le jeu de la victimisation. Par contre, les mêmes enseignants, lorsqu'ils doivent répondre à la question de savoir s'ils ont été violents avec leurs élèves depuis le début de l'année scolaire, ne comptabilisent pas les violences verbales, les remontrances au sein de leurs propres actes de violence ... ce que je trouve personnellement aberrant. La proportion d'enseignants estimant avoir été auteurs de violences s'élève ainsi à 13% de l'échantillon. Les violences reportées concernent essentiellement l'usage de la force physique envers les élèves, mais absolument pas les autres formes de violence décrites par ailleurs : exercice de la violence symbolique, humiliation des élèves, pratiques discriminatoires et ethnisation des rapports scolaires, jugements scolaires, infantilisation des parents. Aberrant que des enseignants ne regardent pas de la même manière les actes qu'ils ont pu ressentir comme violents (violence verbale et désaccords avec les parents d'élève) et les actes commis par eux-mêmes (violence verbale et symbolique à l'encontre de leurs élèves).
En conclusion, selon l'auteur, « l'étude des enjeux met en effet à jour que la violence est d'abord conflit de légitimité, et que, comme telle ... elle est approuvée ou dénoncée, licite ou illicite en fonction de normes sociales qui ne sont pas toujours clairement définies et, plus spécifiquement ici, dans une tentative de redéfinition de normes statutaires et professionnelles. »
Réflexion neuf (1er septembre 2009)
Ecole, violence, massification et enseignement ...
Quels sont les résultats de l'enseignement scolaire à la française ? L'école, le collège, le lycée et l'université française favorise-t-elle l'éducation de la jeunesse française des deux sexes, ou doit-on diagnostiquer son échec pour toute une frange de la population française ? C'est l'opinion d'un certain nombre de critiques du milieu de l'enseignement français.
Et pourtant, il y a un peu moins de trente ans, au début des années 1980, l'école s'était vue assigner l'objectif d'amener 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, ce qui visait à relever le niveau d'éducation des jeunes français. Trente ans plus tard, il est à craindre que le diplôme du baccalauréat ait perdu une grande part de sa valeur dans cette opération, et que le niveau d'éducation des jeunes français n'ait guère progressé sur la période malgré l'atteinte de cet objectif.
La massification de l'enseignement secondaire français s'est plutôt accompagné pour certains de ces contempteurs par une dévalorisation du diplôme du baccalauréat, puis des diplômes universitaires. La sélection se réalise désormais dans les premiers cycles universitaires ou au seuil des grandes écoles prestigieuses, dans ces classes préparatoires tellement décriées et élitistes. Certains émettent des vélléités de poursuivre maintenant dans l'université le mouvement de massification de l'éducation, en imposant la réussite au niveau licence d'un certain pourcentage d'une classe d'âge ...
Mais il est à craindre que la sélection se fera nécessairement plus tard, en dévalorisant alors le niveau d'enseignement obtenu majoritairement par cette classe d'âge, et en opérant une sélection ultérieure pour des niveaux supérieurs d'étude. Il faudra alors étudier de plus en plus tard pour obtenir un diplôme reconnu et valorisé, ce qui ne sera possible que pour une minorité issue des classes riches de la société. Les étudiants brillants des classes moyennes et pauvres ne pourront alors atteindre que très difficilement ces niveaux de diplômes, sept ou huit ans après le baccalauréat, qui impliqueront une aide financière importante de leur famille.
Cette analyse pose le problème de la sélection des meilleurs dans l'enseignement français ; le fait par exemple que dans toute classe, même dans les classes préparatoires, le monde de l'enseignement soit habitué à découper les élèves en trois groupes : un tiers de bons élèves, un tiers de moyens, un tiers de mauvais élèves. Le fait de devoir amener 80% d'une classe d'âge au baccalauréat n'a pas rompu avec cette habitude française. Pour quelle raison un diplôme obtenu par 80% d'une classe d'âge (ou par plus d'un tiers d'une classe d'âge) devrait-il forcément être dévalorisé voire sans valeur ? Pour quelle raison seule une sélection drastique peut-elle donner une valeur à un diplôme ?
Et l'on rejoint ici le diagnostic sur la violence institutionnelle de l'école, cette incapacité de l'école à reconnaître une valeur positive, des résultats positifs, dans les enfants qui lui sont confiés ... Cette propension du monde de l'enseignement à émettre des jugements négatifs sur la majeure partie des enfants qu'elles tentent de briser, cette propension à se focaliser sur les fautes, les erreurs, les insuffisances des enfants au lieu de souligner au contraire les réussites de ces mêmes enfants.
Cette analyse pose également le problème de la relation entre l'école, le lycée, l'université et le monde du travail ... En quelque sorte cette violence sociale de la société française à l'encontre de tous ceux qui ne sortent pas des plus hautes écoles prestigieuses de la République, ou ceux dont le nom de leurs parents ne leur ouvriront pas les portes de la réussite et du succès.
Les entreprises (et plus largement les employeurs, au premier rang desquels on trouve les administrations avec leurs concours élitistes) sont les premières responsables de l'image de dévalorisation des diplômes ressentie par les enfants, leurs parents voire par le monde de l'enseignement. Ce sont celles-ci, les entreprises, qui se servent des diplômes pour sélectionner et classifier leurs employés, pour décider de leur droit à travailler et de leur évolution de carrière, le plus souvent préétabli dès l'embauche. Ce sont elles qui relèvent peu à peu leur niveau d'exigence en fonction des curriculum vitae qui leur parviennent (ce en quoi elles se déclarent non responsables), dévalorisant de fait les diplômes (comme le baccalauréat) auxquels elles n'accordent plus d'importance.
Où sont réellement les responsabilités de la dévalorisation des diplômes et de l'image que les jeunes ont d'eux-mêmes ? Et y a-t-il faillite du système d'éducation français comme semble le dire certains contempteurs ?
Saucratès