Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Ecole et violence scolaire


Que deviennent les auteurs de violences scolaires

Ceux qui minimisent les faits étaient-ils des harceleurs scolaires ?

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, lundi 27 novembre 2023


Cet article prend la suite de mon article précédent. Mais il s’inscrit aussi dans la lignée de mes anciens articles sur ce même sujet qui m’a de tout temps fortement concerné, importé. 

https://saucrates.blog4ever.com/la-violence-a-lecole

https://saucrates.blog4ever.com/ecole-et-violence-scolaire-5

J’ai écrit sur ce sujet de décembre 2007 jusqu’en janvier 2012, soit pendant près de quatre ans. 2012, c’est le commencement de la campagne électorale de Hollande pour la Présidentielle de 2012 et la fin de l’intérêt pour la lutte contre la violence scolaire et le début d’une fixation de la part du ministère, du gouvernement, de moi-même, pour ou contre la réforme des rythmes scolaires, pour ou contre la réécriture des programmes scolaires. Une façon socialiste en somme de faire disparaître l’intérêt de combattre la violence scolaire et une manière de l’assimiler à une absence d’égalité de moyens pour les classes populaires. Forcer la mise en place d’activités extra-scolaires dans lesquels l’harcèlement scolaire est plus simple à réaliser, supprimer tous les moyens financiers consentis pour les enfants des classes moyennes et supérieures qui veulent que leurs enfants réussissent : suppression des classes bilangues, suppression de l’enseignement des langues mortes anciennes …

 

A la lecture de ce que j’avais écrit en janvier 2012, on découvre ainsi que le plan macroniste de lutte contre les violences scolaires de septembre 2023 prend en fait juste la suite du plan d’action du gouvernement de janvier 2012 visant à agir contre le harcèlement sur internet, et sur les micro-violences entre élèves (encore appelé ‘school bullying’).

 

http://www.lemonde.fr/education/article/2012/01/23/le-harcelement-entre-eleves-sur-internet-inquiete-les-enseignants-et-les-familles_1633291_1473685.html

http://www.tessolidaire.com/PAR_TPL_IDENTIFIANT/61825/TPL_CODE/TPL_ACTURES_FICHE/PAG_TITLE/Une+campagne+pour+réduire+le++harcèlement+entre+élèves/1626-fiche-actualite.htm

 

Voilà ce que j’écrivais il y a pratiquement douze ans sur ce sujet, avant que l’idéologie socialiste ne vienne congeler toute réflexion autonome sur ce sujet. 
  

«Ce que l'on retrouve dans ces articles, et qui réflète parfaitement ma pensée sur le phénomène, c'est qu'«en France, on a longtemps pensé la violence à l'école comme quelque chose d'intrusif - le fait d'éléments, d'élèves extérieurs. On sous-estimait les petites violences quotidiennes, souvent tues, sans doute par honte». Cette sous-estimation se retrouve dans la majeure partie des enquêtes sur le phénomène de la violence, comme par exemple l'enquête Sivis du ministère de l'éducation nationale, qui recense les incidents graves dont l'administration des établissements scolaires a connaissance. Ainsi les écoles maternelles et primaires publiques recensent 3,9 incidents graves pour 10 000 élèves en 2009-2010 ; une sorte de monde idyllique ! Dans le secondaire, il aurait été recensé 105 incidents graves pour 10.000 élèves en 2008-2009, soit déjà un score beaucoup plus élevé.

 

http://www.20minutes.fr/france/400941-France-Quels-sont-les-chiffres-de-la-violence-scolaire.php

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/06/l-exclusion-principale-reponse-a-la-violence-scolaire_1329445_3224.html 

 

On rompt ainsi enfin avec la politique de l'autruche, cette idée que ce qui ne se mesure pas n'existe pas ! Comme le rappelait Nicole Catheline, pédopsychiatre hospitalière, «Du côté des adultes, il y a eu et il y a encore une sous-évaluation de la souffrance causée par ces "microviolences (...). On se dit que c'est l'école de la vie, qu'il faut souffrir pour apprendre ... Les enfants, eux, subissent en silence, un peu par peur, un peu par honte».

 

Enfin, je voudrais terminer par l'excellent article de la revue Sciences humaines sur le problème de la violence scolaire et les différentes explications données à ce phénomène. Les auteurs rejettent d'abord les résultats des enquêtes administratives sur les violences (logiciel Signa) en partie parce qu'ils font exister le phénomène en en parlant, et parce qu'elles ne sont que parcellaires, qu'elles ne recensent qu'une partie des faits de violence. Pour eux, seules les enquêtes de victimisation donnent des résultats acceptables (même si pour un enfant, il n'est jamais simple de se reconnaître et de s'afficher comme victime, même vingt ans après les faits !).

 

http://www.scienceshumaines.com/la-violence-scolaire_fr_14590.html

 

Les auteurs font remonter la violence scolaire, le school bullying, à la mise en place du collège unique en 1975, début de la massification de l'enseignement secondaire et année même de la fin des trente gloriseuses et le début des années de crise. A l'irruption des enfants des milieux populaires et l'importation par certains de leur «culture de l'affrontement physique comme affirmation virile de soi et preuve de courage» ... La violence scolaire existait évidemment avant même dans les milieux aisés, ou à l'école primaire ... Cette analyse rejoint mon regard sur les efforts des classes moyennes de se disjoindre de la violence des classes populaires en recherchant à s'en séparer que ce soit dans le domaine résidentiel (d'où le danger de la dispersion de l'habitat social) ou scolaire (en investissant notamment l'enseignement privé et en fuyant l'enseignement public).

 

Par ailleurs, quelques soient les articles repris, les violences scolaires touchent souvent les mêmes cibles : les enfants différents, par leur physique ou bien par leurs résultats scolaires, ou ceux inadaptés aux conflits sociaux ...

 

Intéressant enfin aussi d'observer, comme je l'avais moi-même personnellement observé, que la violence scolaire est moins forte dans les pays moins développés (les auteurs citent le Brésil, le Burkina Faso et Djibouti), pays dans lesquels «des communautés soudées et solidaires ont subsisté» et où «les écoles bénéficient de ce lien de proximité qui produit une régulation forte» (je l'avais pour ma part observé au Sénégal et à l'île de la Réunion). Intervient aussi selon moi un autre rapport à l'école, lieu vécu comme un lieu d'ascension social, et une moindre culture de la haine de l'autre et de la différence, une plus forte acceptation des différences, où le fait d'être blanc ou noir n'est pas si important, à la différence de la France où toute différence est ostracisée et susceptible de moqueries ou pire.

 

Le problème de la violence symbolique de l'institution scolaire y est également évoqué. «Toute violence de l'institution a-t-elle pour autant disparu ? Pas sûr, si l'on en croît les spécialistes. J. Pain rappelle que l'école peut encore être le lieu d'abus symboliques d'autorité, abus dont Pierre Merle a récemment dressé un tableau dans son livre L'Elève humilié. Remarques humiliantes, ironie blessante, jugements dévalorisants font selon cet auteur encore souvent parti de l'arsenal répressif de nombre d'enseignants. Les victimes en sont le plus souvent les élèves en difficulté, c'est-à-dire majoritairement ceux d'origine sociale modeste. Certaines violences physiques peuvent aussi être une réponse à la violence symbolique de l'institution». Le système des notes et des mesures répressives courantes (observations, retenues ...) participe également de cette violence symbolique généralisée des enseignants à l'égard des enfants. L'attribution de notes extrêmement basses à des élèves me semble une forme de violence contre-productive ; face à des cartons qui s'accumulent sur des élèves, aux commentaires désobligeants des enseignants, et aux réactions de la classe (rires), l'enfant se crée le plus souvent une carapace d'indifférence forcée ... La notation ne devrait pas être utilisée de cette manière et elle devrait tenter malgré tout de promouvoir les enfants, de leur rendre confiance, plutôt que de les juger ... Les notations anglosaxonnes (de A à E) non mathématiques sont vraisemblablement moins violentes, ne correspondant pas à la simple somme du détail du barême.

 

Enfin et surtout, l'article de Sciences humaines se conclut sur le fait que «c'est dans les établissements où les équipes éducatives sont à la fois solidaires et bienveillantes que la violence des élèves est la moins fréquente». Ce que les parents d'élève des classes moyennes ont parfaitement compris ont rejoignant majoritairement l'enseignement privé, et qui n'est possible que si les effectifs des personnels dans les établissements scolaires n'est pas une variable d'ajustement des finances publiques.»

 

Pour ma part, aujourd’hui, je serais plus intéressé par l’idée de me demander ce que deviennent tous ces harceleurs une fois l’expérience de l’école, du collège, du lycée, de l’Université, terminée. Que deviennent ces jeunes violents, qui jouissent de la souffrance qu’ils causent aux autres ? Deviennent-ils des rebuts de la société, cantonnés aux taches les plus rebutantes, comme aimeraient le faire croire certains films où le narrateur vous explique que ces brutes-là vivent les dernières belles années de leur vie ? Ou bien, au contraire, ces monstres, ces personnes sans humanité, ces êtres sans cœur et sans empathie, ne représentent-ils les parfaits modèles sur lesquels le management d’entreprise est construit ? 

 

Au fond, les harceleurs scolaires de notre enfance ne sont-ils pas exactement les mêmes que ces manageurs harceleurs qui pourrissent la vie et la santé de tant de salariés ?

 

Le dernier article sur lequel j’avais conclu mon article d’hier sur le harcèlement scolaire me conduisait justement à cette réflexion. Ces commentateurs si favorables aux harceleurs scolaires et à l’absence de dangerosité des petites agressions quotidiennes ne sont-ils pas simplement des personnes qui ont fait la même chose dans leur jeunesse, et qui ne peuvent rien trouver de condamnable dans les actes de harcèlement qu’ils ont eux-mêmes pratiqués enfants ? Je pense à ces jeunes dont la victime harcelée s’est finalement suicidée. Recommenceront-ils à chercher une nouvelle victime pour la pousser également à se suicider ?

 
Heureusement qu’il existe une justice divine au-delà de la justice humaine afin que les personnes mauvaises payent leurs crimes.

 

https://www.francetvinfo.fr/societe/education/harcelement-a-l-ecole/pourquoi-les-affaires-de-harcelement-scolaire-sont-difficiles-a-juger_5897938.html

 

Lorsque je lis ce qu’écrit Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et directeur du centre ReSIS (Centre de ressources et d'études systémiques contre les intimidations scolaires), qui se réjouit que «le code de la justice pénale des mineurs impose de faire primer l'éducatif sur les sanctions», éliminant ainsi les peines de prison et les amendes, parce qu’il «ne croit pas du tout que des peines de prison, qui ne seront de toute façon pas appliquées, puissent faire peur à qui que ce soit. Les harceleurs sont surtout des jeunes gens perdus, qui feraient n'importe quoi sous la pression du groupe. Il y a peu de vrais pervers», dit-il … Je me dis qu’un ancien harceleur ne parlerait pas différemment.

 

Je suis pour ma part partisan d’un autre regard sur ces comportements. Et je rejoins en fait Nicolas Sarkozy lorsqu’il estimait que dès la plus jeune enfance, on pouvait se prononcer sur le comportement de violence à venir des très jeunes enfants dans les crèches et se donner les moyens de les isoler et de les rééduquer le plus tôt possible. Quelques années passées en enfer pourraient leur permettre de se racheter et de changer ! Contrairement à ce que pense Jean-Pierre Bellon, «les harceleurs ne sont pas le plus souvent des jeunes gens perdus», mais des brutes sans âme et sans empathie, sans humanité, qui ne jouissent de l’école que pour s’y attaquer à de plus faibles qu’eux. Des déchets de l’humanité. De la même manière que les violents, les harceleurs, certains managers, pourrissent la vie des autres dans notre vie de tous les jours. 

 

Lorsque l’on parle de harceleurs, on parle de quelques dizaines de jeunes gamins et gamines sur une population de quelques centaines d’écoliers, de collégiens ou de lycéens. Dans mon expérience personnelle, il ne devait pas y avoir plus de 5% de ces harceleurs dans la masse des gamins et gamines. Comme les hyènes dans la jungle, ils ne visent que les enfants et les jeunes isolés ; ils ne s’attaquent pas aux gamins qui bénéficient de liens d’amitiés forts autour d’eux. Ils cherchent une proie facile, seule, isolée, à part. Un rêveur, une proie blessée, un isolé, que l’on peut facilement attaquer, bouffer, terroriser. De mon temps déjà, cette personne pouvait par exemple être simplement efféminée ce qui faisait d’elle une proie facile. Entre autre chose.

 

Je me retrouve beaucoup plus dans le discours de l’avocate Laure Boutron-Marmion, lorsqu’elle dit :

 

«(…) Il n'y a en réalité pas de difficulté matérielle à rassembler les preuves du harcèlement mais une difficulté intellectuelle des établissements et des enquêteurs, qui minimisent un grand nombre de faits. Beaucoup de petites phrases mesquines vont être vues comme des railleries ou des moqueries et pas comme des insultes ou des brimades, dénonce l'avocate, qui pointe un déni de la part de l'institution judiciaire. Elle regrette notamment qu'il soit si difficile de lier le harcèlement au suicide de la victime. 

 

Pour elle, les peines à l'encontre des harceleurs doivent être à la hauteur, car les adolescents sont tout à fait conscients de ce qu'ils font.»

 
Au fond, la grande question est peut-être de savoir ce que les harceleurs voient dans leurs futures victimes. Et dans ceux contre lesquels ils ne s’attaquent pas. Pourquoi s’attaquent-ils à certains et pas à d’autres ? Les victimes ne sont-elles pas seulement victimes parce qu’elles sont différentes, par leur physique, par leur comportement, parfois par leurs résultats scolaires, ou ceux inadaptés aux conflits sociaux ? Ou désormais du fait de leur exposition sur les réseaux sociaux ? Ou bien la raison en est-elle différente ? Après tout, dans le harcèlement moral au bureau, les victimes ne sont bien souvent pas les plus faibles, mais plutôt des forts autour desquels les harceleurs s’efforcent de faire le vide pour les isoler et pour les détruire. En va-t-il de même pour les victimes de harcèlement scolaire ? 

 

 

Saucratès

 

 

Nota : Ecrits précédents sur la violence scolaire

https://saucrates.blog4ever.com/ecole-et-violence-scolaire-1

https://saucrates.blog4ever.com/ecole-et-violence-scolaire-5

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1975160-ecole_et_violence_scolaire__4_.html

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1974914-ecole_et_violence_scolaire__3_.html

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1974909-ecole_et_violence_scolaire__2_.html

https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-1974902-ecole_et_violence_scolaire__1_.html


27/11/2023
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La violence à l’école

 

Lorsque les phénomènes de bandes conjuguent violence et exclusion à l’école pour détruire des enfants

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 26 novembre 2023

 

Il a fallu plusieurs suicides d’enfants et d’adolescents, victimes de ce que l’on appelle le ‘school-buring’, ou harcèlement scolaire, pour que le pouvoir politique macroniste se saisisse enfin de ce problème. Le mercredi 27 septembre 2023, la première ministre, Elisabeth Borne, a présenté un arsenal de mesures pour lutter contre le harcèlement scolaire. Selon Le Monde, ce fléau «touche près d’un élève sur dix».

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/27/harcelement-scolaire-elisabeth-borne-decrete-la-mobilisation-generale-avec-une-serie-de-mesures-de-prevention-et-de-sanctions_6191312_3224.html

 

Selon la journaliste Sylvie Lecherbonnier,

 

«Le harcèlement procède de mécanismes bien plus complexes que les discours politiques ne le laissent penser. Il correspond à des phénomènes de groupe, de rejet de la différence qui vont au-delà du binôme harceleur-harcelé. Les témoins, par leur silence, se font complices et il est souvent très délicat pour les équipes éducatives de démêler le rôle précis de chacun.»

 

Bon évidemment, là dessus, je n’ai rien à y redire. Comme pour tout, c’est le silence des témoins, de la multitude de ceux qui voient, qui regardent, mais qui ne disent rien, qui expliquent l’abomination du harcèlement. «Le monde n’est pas dangereux à cause de la minorité de gens méchants, mais de la majorité de ceux qui voient mais qui ne disent rien», comme l’avait dit Einstein.

 

«(…) L’Unesco l’affirme : les programmes de lutte contre le harcèlement ne sont efficaces que s’ils respectent une approche éducative globale.»

 
On parle toujours de méthode globale, que ce soit en lecture, ou maintenant en lutte contre le harcèlement scolaire. Un grand mot à mettre sur toute chose. Cela en devient tellement stupide que cela en devient risible. Et pour les très pédants, on peut remplacer ‘global’ par ‘holistique’ pour faire encore plus intelligent et intellectuel.

 

«(…) Les cours d’empathie n’y suffiront pas, c’est toute l’éducation nationale qui doit opter pour le souci de l’autre : des bureaux des rectorats aux salles de classe. Un changement culturel et systémique colossal. Il s’agit de ré-interroger rien de moins que les relations humaines entre élèves, entre les élèves et les personnels de l’éducation, entre les personnels de l’éducation eux-mêmes et entre les différentes strates de la hiérarchie.»

 

Il est clair que ce ne sont pas des cours d’empathie, grande idée nouvelle du pouvoir macroniste, qui règleront la question du harcèlement. On est empathique ou on ne l’est pas. On ne devient pas empathique grâce à une leçon ! Ces élèves harceleurs étaient inaccessibles à toute forme d’appel à l’humanité. De la même manière que des cours ou des leçons de laïcité ne serviront aucunement à faire reculer l’extrémisme islamique. 

 

«(…) De la médiatrice de l’éducation nationale à la Défenseure des droits, les experts s’accordent : la parole de l’élève doit être davantage écoutée. L’enfant ou l’adolescent doit être appréhendé dans sa globalité : une tête et un corps, des savoirs et des émotions, une vie dans la classe et en dehors. Or, l’éducation nationale n’est-elle pas allée trop loin dans une conception quasi éthérée des élèves, centrée sur l’acquisition des savoirs au détriment de tous les autres pans d’une scolarité épanouie et heureuse, dans une école tournée vers la compétition plus que la coopération ?»

 

La France n’est pourtant pas le pays où la compétition est la plus forte dans l’accès aux études supérieures. Rien à voir avec la compétition scolaire existant au Japon ou en Corée du Sud. Et pourtant, si le nombre de suicides y est particulièrement élevé, je ne suis pas sûr que le harcèlement scolaire y soit plus important. 

Pour ma part, je pense que le harcèlement scolaire est une culture française qui a existé de tout temps, et qui repose sur la recherche et la haine de toute forme de différence, de toute forme de divergence, sur le besoin que certains ont de trouver des victimes et de s’acharner sur celles-ci, tant que cela les amusera.

 

«(…) Les fameuses études du Programme international pour le suivi des acquis (PISA) le montrent : la France échoue à développer les compétences psychosociales. Les élèves français sont plus anxieux, moins confiants dans leur potentiel et moins portés à la coopération que ceux des autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).»


Mon plus jeune fils à une théorie sur cette question, théorie que je partage pour avoir rencontré des centaines d’enseignants au gré de la scolarité de mes enfants. Le système français crée et repose sur l’idéal de la faute. Au lieu d‘être satisfait des résultats d’un devoir où tous les élèves auraient parfaitement réussi, un enseignant aurait l’impression d’avoir raté son interrogation. L’enseignement français repose sur l’idéal du bon élève ; un enseignant se gargarise d’avoir un bon élève et s’en félicite ; rien ne serait pire qu’une multitude de bons élèves. Jamais les QCM ne pourraient intégrer l’arsenal des formes d’interrogations en France car ne serait pire à un enseignant que de voir la chance permettre à un élève de bien répondre par hasard à une question alors qu’il n’a pas appris. 

La France repose sur le culte de l’élitisme. Mais il repose surtout sur la peur de l’échec, mieux vaut ne rien dire ou ne rien faire que de risquer de se tromper. Les commentaires moqueurs, les rires dans la classe, les réactions sans appel des enseignants ne laissent aucune place dans l’enseignement français à l’erreur et à la prise de risques. Et après on s’étonne des résultats catastrophiques des élèves français dans les tests PISA !

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/la-lutte-contre-le-harcelement-scolaire-suppose-un-changement-culturel-dans-l-education-nationale_6193263_3232.html

 

Le harcèlement scolaire n’est pas nouveau. Je l’ai connu, je l’ai vécu il y a plus de 45 ans en Bretagne, d’autres l’ont vécu il y a dix ou vingt ans selon leurs témoignages, et il existe toujours. Il ne s’explique pas par la montée des différences en France, par l’immigration croissante de populations étrangères en France, même si ces phénomènes peuvent le nourrir. La campagne bretonne de mon enfance ne connaissait pas un seul immigré d’origine africaine, mais elle était déjà perclue par le rejet de l’étranger. 40 ans après son arrivée, on parlait encore de la maison du Parigot.

 

Le harcèlement scolaire se nourrit de l’existence dans une même école de forts et de faibles. Et de la très faible proportion de forts qui y défendent les faibles, qui prennent parti pour les faibles. Le monde de l’école, du collège ou du lycée, est une jungle où les plus forts tuent et écrasent les plus faibles. Cela a toujours été comme cela. Cela prend parfois d’autres apparences lorsqu’on parle de bandes de jeunes, de cités. Mais là aussi, il y a toujours eu des phénomènes de bandes de cités, qui se sont toujours fait la guerre, il y a cinquante ans comme il y a quelques mois ou années. Le livre et le film de la Guerre des boutons est là pour nous rappeler l’ancienneté des guerres de bandes, même dans la France des campagnes.  

 

Mais le concept des forts et de faibles n’est pas simple à appréhender. Dans une référence à la jungle, imaginons le jeune lion harcelé dans une école de prédateurs, qui est transféré dans une école de gazelles. Que deviendra-t-il ? Va-t-il se muer lui-même en harceleur, en fauve, dans cette école où il deviendra le plus fort ? 

Au fond, la question que je pose est la suivante. Devient-on harcelé ou harceleur parce que l’on est plus ou moins fort que les autres, que ses condisciples, plus ou moins faibles que les autres, ou bien est-on harceleur ou harcelé parce que c’est un état d’esprit, une disposition morale qui fait de nous un monstre auquel il faut une victime, ou qui ne fait pas de nous un monstre parce qu’on a une âme, une morale ?

 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/09/temoignages-d-anciens-harceleurs-scolaires-nous-n-avions-aucun-adulte-sur-notre-chemin-aucune-limite_6199097_3224.html

 

Apparemment, il y a des régions en France où le culte du rejet de l’autre est plus fort qu’ailleurs. La Bretagne en fait partie comme probablement la Corse, où le plasticage des maisons des continentaux est considéré comme normal. 

Les rares endroits où je n’ai pas connu le harcèlement scolaire, c’était au Sénégal, en raison peut-être de l’étrangeté radicale que je pouvais y représenter (mais l’inverse n’arrête pas les français), en tant que blanc dans une classe majoritairement de jeunes sénégalais, mais également et surtout l’île de La Réunion, où j’ai découvert des jeunes beaucoup plus ouverts à la tolérance, à l’acceptation de la différence des autres, quel qu’elle soit.

 
Ce que j’ai finalement compris de mon enfance d’harcelé, c’est que le harcèlement s’explique pour partie par l’inaptitude de certains enfants à comprendre les règles du jeu de la vie en société. La crèche, l’école, le collège puis le lycée sont des endroits où vous devez savoir comment réagir. Si vous ne le savez pas, si vous ne l’avez pas compris, si vous n’avez pas compris les règles, alors vous ne saurez jamais vous en sortir face à la violence, face au risque de conflit. 

 

Dans ce cas-là, cela revient-il à dire que c’est la faute des victimes si elles sont harcelées ? Ou bien comme je l’exposais un peu auparavant qu’il fallait pour être un harceleur manquer d’une part d’humanité, manquer de morale et d’éthique, d’être au fond perdu pour l’humanité, un monstre dont on ne pourra jamais rien faire.

 

Au fond, n’y a-t-il pas un lien entre cette absence d’humanité dont certains font preuve dès leurs plus jeunes années, et les comportements violents de prédations, d’agressions, de meurtres, de viols et de guerre, que l’on observe à l’âge adulte. Au fond, plutôt qu’un grand plan d’action gouvernementale 100% prévention 100% action, ne faudrait-il pas plutôt annihiler ces monstres dès le plus jeune âge, dès l’enfance, des les premiers signes d’harcèlement. Une forme d’eugénisme pour protéger le monde de ces tueurs potentiels, peut importe qu’ils aient déjà tué. 

Mais la justice française ne condamne même pas ces harceleurs alors qu’il y a eu suicide de leur victime !

 
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/harcelement-a-l-ecole/pourquoi-les-affaires-de-harcelement-scolaire-sont-difficiles-a-juger_5897938.html

 

 

Saucratès

 

 

Post scriptum et sans que cela n’est rien à voir, l’article suivant souligne un niveau particulièrement bas des élèves ultra-marins, même réunionnais. Par quoi cela s’explique-t-il ? Autant le niveau particulièrement bas à Mayotte se comprend aisément, les places à l’école ou au collège étant insuffisante pour le nombre de jeunes et ceux-ci n’ont accès à l’enseignement qu’en roulement une demi-journée par jour, autant c’est plus difficile à appréhender pour la Réunion, à moins que l’on retienne une influence massive des jeunes mahorais et comoriens dans le système éducatif réunionnais qui vient en dégrader les résultats. 

 

 

https://la1ere.francetvinfo.fr/en-outre-mer-le-niveau-des-eleves-en-français-et-en-mathematiques-est-le-plus-bas-de-france-1443368.html

 

Cette même influence massive risque aussi de faire disparaitre cet idéal de tempérance et de tolérance que j’avais apprécié il y a des dizaines d’années, en y important d’autres habitudes, d’autres comportements et une autre culture.


26/11/2023
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Les erreurs socialistes : la réforme des rythmes scolaires

 

Réflexion une (18 novembre 2013)
Où l'on commence à comprendre que la réforme des rythmes scolaires est une gigantesque ânerie ... Mais où l'on découvre aussi que les arguments des socialistes pour la défendre reposent une nouvelle fois sur une vieille haine rance des classes moyennes ...

 

Voilà quelques articles du journal du Monde qui traitent d'une manifestation de quelques parents et éducateurs dans la ville d'Auxere dans l'Yonne.

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/11/14/avec-la-reforme-des-rythmes-scolaires-les-enfants-sont-creves_3514252_1473688.html

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/11/14/rythmes-scolaires-les-piques-de-peillon-aux-opposants_3514249_1473688.html

http://www.lemonde.fr/education/article/2013/11/12/rythmes-scolaires-a-paris-les-animateurs-appellent-a-debrayer-ce-mardi_3511796_1473685.html

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/10/19/rythmes-scolaires-ce-debut-d-annee-a-ete-epuisant_3496497_1473688.html

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/10/31/rythmes-scolaires-des-syndicats-appellent-a-une-greve-nationale-le-14-novembre_3506576_1473688.html

 

Ces parents et éducateurs ne font que confirmer ce qui m'était apparu comme évident dès que j'avais pris connaissance de ce projet de loi socialiste sur la réforme des rythmes scolaires. Que des enfants obligés de se lever cinq jours de suite extrêmement tôt, au lieu de pouvoir se reposer le mercredi matin et de faire une grasse matinée, seront forcément beaucoup plus fatigués qu'ils ne l'étaient précédemment !

 

Mais cet article a au minimum l'intérêt de démontrer que je ne suis pas le seul à dénoncer ce genre d'incohérences et ce tissu de conneries d'un gouvernement d'incompétents et de fanatiques ! Ce n'était pas l'amélioration du bien être des enfants qui était recherché dans cette réforme ! Ce n'était même pas l'amélioration des résultats de l'école ! Ce n'était que les idées d'un groupe de fanatiques incompétents, appuyés par de soit-disant spécialistes des rythmes scolaires, mais totalement étrangers au monde de l'enfance et vivant surtout dans un monde de bisounours où l'enfant serait sensé être heureux à l'école, par opposition à un monde familial qui serait castrateur.

 

Alors c'est peut-être vrai dans certains milieux sociaux. Il est peut-être également vrai que ce serait fantastique si l'école pouvait être un monde merveilleux de douceur, de relations humaines apaisées et enrichissantes, un monde où les enfants pourraient être heureux.

 

Mais ce n'est pas le cas ! L'école est un monde de violence, entre pairs notamment, et justement encore plus au sein des écoles où les milieux sociaux défavorisés sont fortement représentés. L'école est également un lieu où les enfants sont à la merci d'adultes abuseurs et d'adultes en déshérence, qui n'ont pas trouvé d'autre occupation professionnelle et qui le font sans intérêt, sans vocation.

 

Mais il y a pire. Il y a une volonté politique des élus socialistes de s'attaquer aux classes moyennes ... à la majorité des français qui ont construit leur vie autour de leurs enfants, autour de la famille, à la différence d'une minorité pour lesquels les enfants ne sont qu'un moyen de subsistance, la certitude de recevoir les allocations familiales ... enfants que ces familles éclatées (ou non), vivant en marge de la société française, qu'ils destinent à venir grossir les rangs des délinquants et des dealers de drogue !

 

Dans le grand combat mené par les socialistes contre les classes moyennes françaises, la réforme des rythmes scolaires a été l'une des armes utilisées. Il faut arracher l'enfant au monde de ses parents, à la sécurité du cocon familial, pour le jeter dans la violence des cités. Cela se retrouve dans les arguments justement d'un simple maire de gauche d'une simple commune française (Bernard Moraine, le maire divers gauche de Joigny depuis 2008). Selon lui, l'argument des opposants à la réforme des rythmes scolaires («La désorganisation des rythmes familiaux et l'obligation pour certains enfants de devoir renoncer à des activités extrascolaires le mercredi après-midi ?») ne tient pas : «Cela concerne les enfants dont les parents ont les moyens. Les enfants du peuple, eux, n'y vont pas. Avec cette réforme, notre jeunesse va pouvoir accéder à des activités auxquelles elle ne pouvait pas accéder avant.»

 

Voilà l'image que les socialistes ont du problème. «Les enfants dont les parents ont les moyens» (de leur offrir des activités périscolaires comme le tennis, le football, la danse, le judo, le karaté ... on ne parle pas d'activités comme le golf ou le polo !) appartiendraient à une sorte de caste  de privilégiés qu'il faut combattre ... Et ces socialistes leur opposent «les enfants du peuple», une sorte majorité fantasmée de la population qui ne prendrait apparemment pas le temps ni le choix d'offrir à leurs enfants des activités périscolaires !

 

Il y a un déni de la part des socialistes de la réalité de la société française ... la croyance que la minorité d'étrangers et d'assistés qu'ils prennent pour les français, constituent la majorité de la population française. Ils n'ont rien compris ! Ils haïssent les classes moyennes et défendent une minorité d'exclus qu'ils sont tout fiers de défendre ... Tant pis si ces exclus ou ces étrangers qu'ils défendent enlèvent des enfants pour les forcer à demander l'aumône. Tant pis si pour cela, il faut accroître les prélèvements sociaux et les impôts, à condition que leurs pauvres soient épargnés.

 

Il y a une haine des classes moyennes et un mépris des enfants que je ne comprends pas venant de ces politiques véreux, incompétents et intéressés. Il faut combattre la réforme des rythmes scolaires parce que ce sont nos enfants qui vont en être les victimes, tant que ce gouvernement d'incompétents sera au pouvoir !

    
 

Saucratès

 

 

Précédents écrits sur le même sujet :

1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2635507-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html

2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-9354844-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html

3.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-9604748-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html


18/11/2013
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Ecole et violence scolaire (5)

 

Réflexion trente-et-une (26 janvier 2012)
Quelles possibilités d'action contre la violence scolaire à l'école ?

 

Le ministère de l'éducation nationale se décide à agir contre le harcèlement sur internet, et plus largement sur les microviolences entre élèves, par une grande campagne publicitaire. J'ai recensé quelques articles traitant de ce sujet.

http://www.lemonde.fr/education/article/2012/01/23/le-harcelement-entre-eleves-sur-internet-inquiete-les-enseignants-et-les-familles_1633291_1473685.html

http://www.tessolidaire.com/PAR_TPL_IDENTIFIANT/61825/TPL_CODE/TPL_ACTURES_FICHE/PAG_TITLE/Une+campagne+pour+réduire+le++harcèlement+entre+élèves/1626-fiche-actualite.htm

 

Cette campagne rompt avec le silence de l'administration qui règnait jusqu'à présent dans l'institution scolaire, voire avec le prisme déformé des syndicats enseignants et des discours politiques qui ne s'intéressaient qu'à la seule violence contre les adultes en milieu scolaire. Le regard change enfin en France en s'intéressant au 'school bullying' (violences quotidiennes entre enfants).

 

J'estime personnellement pour l'avoir vécu de manière quotidienne durant toute ma scolarité, de mes premières années au primaire à mes années de lycée, que la violence scolaire a toujours existé en France, au moins depuis les années 1970, qu'elle est généralisée et qu'elle vise les enfants un petit peu différent, un petit moins apte à trouver la bonne réponse sociale aux interactions entre individus, qu'elle vise les faibles et vise à les briser. Et cette violence n'a pas disparu dans le monde scolaire d'aujourd'hui, bien au contraire. Elle me semble encore plus présente même si elle semble avoir épargné mes propres enfants.

 

Ce que l'on retrouve dans ces articles, et qui réflète parfaitement ma pensée sur le phénomène, c'est qu'«en France, on a longtemps pensé la violence à l'école comme quelque chose d'intrusif - le fait d'éléments, d'élèves extérieurs. On sous-estimait les petites violences quotidiennes, souvent tues, sans doute par honte». Cette sous-estimation se retrouve dans la majeure partie des enquêtes sur le phénomène de la violence, comme par exemple l'enquête Sivis du ministère de l'éducation nationale, qui recense les incidents graves dont l'administration des établissements scolaires a connaissance. Ainsi les écoles maternelles et primaires publiques recensent 3,9 incidents graves pour 10 000 élèves en 2009-2010 ; une sorte de monde idyllique ! Dans le secondaire, il aurait été recensé 105 incidents graves pour 10.000 élèves en 2008-2009, soit déjà un score beaucoup plus élevé.

http://www.20minutes.fr/france/400941-France-Quels-sont-les-chiffres-de-la-violence-scolaire.php

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/06/l-exclusion-principale-reponse-a-la-violence-scolaire_1329445_3224.html 

 

On rompt ainsi enfin avec la politique de l'autruche, cette idée que ce qui ne se mesure pas n'existe pas ! Comme le rappelait Nicole Catheline, pédopsychiatre hospitalière, «Du côté des adultes, il y a eu et il y a encore une sous-évaluation de la souffrance causée par ces "microviolences (...). On se dit que c'est l'école de la vie, qu'il faut souffrir pour apprendre ... Les enfants, eux, subissent en silence, un peu par peur, un peu par honte».

 

Enfin, je voudrais terminer par l'excellent article de la revue Sciences humaines sur le problème de la violence scolaire et les différentes explications données à ce phénomène. Les auteurs rejettent d'abord les résultats des enquêtes administratives sur les violences (logiciel Signa) en partie parce qu'ils font exister le phénomène en en parlant, et parce qu'elles ne sont que parcellaires, qu'elles ne recensent qu'une partie des faits de violence. Pour eux, seules les enquêtes de victimisation donnent des résultats acceptables (même si pour un enfant, il n'est jamais simple de se reconnaître et de s'afficher comme victime, même vingt ans après les faits !).

http://www.scienceshumaines.com/la-violence-scolaire_fr_14590.html

 

Les auteurs font remonter la violence scolaire, le school bullying, à la mise en place du collège unique en 1975, début de la massification de l'enseignement secondaire et année même de la fin des trente gloriseuses et le début des années de crise. A l'irruption des enfants des milieux populaires et l'importation par certains de leur «culture de l'affrontement physique comme affirmation virile de soi et preuve de courage» ... La violence scolaire existait évidemment avant même dans les milieux aisés, ou à l'école primaire ... Cette analyse rejoint mon regard sur les efforts des classes moyennes de se disjoindre de la violence des classes populaires en recherchant à s'en séparer que ce soit dans le domaine résidentiel (d'où le danger de la dispersion de l'habitat social) ou scolaire (en investissant notamment l'enseignement privé et en fuyant l'enseignement public).

 

Par ailleurs, quelques soient les articles repris, les violences scolaires touchent souvent les mêmes cibles : les enfants différents, par leur physique ou bien par leurs résultats scolaires, ou ceux inadaptés aux conflits sociaux ...

 

Intéressant enfin aussi d'observer, comme je l'avais moi-même personnellement observé, que la violence scolaire est moins forte dans les pays moins développés (les auteurs citent le Brésil, le Burkina Faso et Djibouti), pays dans lesquels «des communautés soudées et solidaires ont subsisté» et où «les écoles bénéficient de ce lien de proximité qui produit une régulation forte» (je l'avais pour ma part observé au Sénégal et à l'île de la Réunion). Intervient aussi selon moi un autre rapport à l'école, lieu vécu comme un lieu d'ascension social, et une moindre culture de la haine de l'autre et de la différence, une plus forte acceptation des différences, où le fait d'être blanc ou noir n'est pas si important, à la différence de la France où toute différence est ostracisée et susceptible de moqueries ou pire.

 

Le problème de la violence symbolique de l'institution scolaire y est également évoqué. «Toute violence de l'institution a-t-elle pour autant disparu ? Pas sûr, si l'on en croît les spécialistes. J. Pain rappelle que l'école peut encore être le lieu d'abus symboliques d'autorité, abus dont Pierre Merle a récemment dressé un tableau dans son livre L'Elève humilié. Remarques humiliantes, ironie blessante, jugements dévalorisants font selon cet auteur encore souvent parti de l'arsenal répressif de nombre d'enseignants. Les victimes en sont le plus souvent les élèves en difficulté, c'est-à-dire majoritairement ceux d'origine sociale modeste. Certaines violences physiques peuvent aussi être une réponse à la violence symbolique de l'institution». Le système des notes et des mesures répressives courantes (observations, retenues ...) participe également de cette violence symbolique généralisée des enseignants à l'égard des enfants. L'attribution de notes extrêmement basses à des élèves me semble une forme de violence contre-productive ; face à des cartons qui s'accumulent sur des élèves, aux commentaires désobligeants des enseignants, et aux réactions de la classe (rires), l'enfant se crée le plus souvent une carapace d'indifférence forcée ... La notation ne devrait pas être utilisée de cette manière et elle devrait tenter malgré tout de promouvoir les enfants, de leur rendre confiance, plutôt que de les juger ... Les notations anglosaxonnes (de A à E) non mathématiques sont vraisemblablement moins violentes, ne correspondant pas à la simple somme du détail du barême.

 

Enfin et surtout, l'article de Sciences humaines se conclut sur le fait que «c'est dans les établissements où les équipes éducatives sont à la fois solidaires et bienveillantes que la violence des élèves est la moins fréquente». Ce que les parents d'élève des classes moyennes ont parfaitement compris ont rejoignant majoritairement l'enseignement privé, et qui n'est possible que si les effectifs des personnels dans les établissements scolaires n'est pas une variable d'ajustement des finances publiques. 

 

 

Réflexion trente (12 octobre 2011)
Détecter les comportements de violence chez les jeunes enfants ? Une bonne idée ou une aberration ?

 

La proposition du gouvernement fait grand bruit : Une à répétition des journaux télévisés nationaux, interventions des syndicats d'enseignants, des parents d'élève, de certains pédopsychiatres qui s'inquiètent de la stigmatisation des enfants concernés ...

 

Je suis rarement en accord avec les idées en matière d'éducation scolaire du gouvernement libéral actuel de la France. Que faut-il donc penser du projet gouvernemental d'évaluation de la dangerosité des enfants dès l'âge de cinq ans tel qu'il est actuellement présenté aux inspecteurs académiques ? 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/12/vers-l-evaluation-des-eleves-a-risque-des-5-ans_1586052_3224.html

 

Sur le principe même, j'étais sceptique avec l'idée de Nicolas Sarkozy de diagnostiquer dans la petite enfance les caractères déviants des enfants ; l'idée de pouvoir dire dès le plus jeune âge si cet enfant sera un délinquant ou au contraire ne le sera pas. Cette idée contenait un principe de déterminisme d'une sorte de caractère préacquis ou lié au milieu de vie d'une sorte de gène de délinquence ; déterminisme qui me semblait absolument faux et qui  enfermerait l'enfant dans un monde préétabli. Après une précondamnation, il ne resterait plus qu'à l'enfermer préventivement pour prévenir toute délinquence, sur la base d'une évaluation faite dans la petite enfance ...

 

Toutefois, l'idée actuellement présentée d'évaluer le niveau de risque d'un enfant à la fin de la maternelle, en se basant sur la forme de ses interrelations avec les autres, me semble proposer une réponse valable à un problème véritable.

 

Sur le fond, certains enfants dès la maternelle, dès la crêche, usent de la violence comme principal moyen de communication. Certains éthologues font même état que dans la très petite enfance, avant l'acquisition du langage, seuls les signaux non-verbaux sont utilisés par les enfants et les bébés, et que la violence et les signaux pour la désamorcer constituent la base des interréactions. D'une certaine manière, je pense que certains enfants ou adolescents savent émettre les bons signaux pour désamorcer les situations de violence qu'ils peuvent rencontrer, et d'autres ne le savent pas ...

 

L'acquisition du langage permet normalement de sortir de cette dichotomie (violence et signaux non-verbaux) ... Mais la violence demeure néanmoins chez beaucoup d'enfants, d'adolescents ou de jeunes adultes, leur moyen privilégié de communication, pour assurer notamment leur position sociale.

 

Il ne me semble pas exagérer de penser que l'on puisse dès l'âge de cinq ans diagnostiquer ceux qui usent exagérément de la violence dans leurs interrelations avec les autres, et ceux qui sont plutôt non-violents et useront de la parole pour résoudre des situations de différents ou d'agressivité !

 

Evidemment, je suis que les syndicats d'enseignants, les représentants des parents d'élève, seront contre ce projet gouvernemental, parce qu'ils ne diagnostiquent pas de la même manière le problème de violence qui touche l'école publique française, de la maternelle jusqu'au lycée et à l'université ... Pour ces gens-là, la violence entre pairs (comme ils l'appellent) est un mode normal d'interrelations entre enfants. Seule toute violence contre des adultes est selon eux prescrite, alors que celle-ci n'est que le pendant de la violence entre enfants, ainsi que la conséquence de l'injustice vécue et non expliquée.

 

Mesurer le risque de violence d'un enfant me semble ainsi une bonne idée, mais encore faudrait-il changer le regard des équipes éducatives sur la violence enfantine. La violence n'est pas une forme normale d'interrelations entre enfants ou entre jeunes ; c'est une déviation, et surtout une souffrance pour les enfants ou pour les jeunes qui la subissent. Si le fait de l'évaluer peut permettre de changer ce regard des éducateurs sur ces comportements, alors je pense qu'il s'agit d'une bonne mesure.

 

Que faire par la suite de ces enfants catalogués comme à risque (ou à haut risque), ou violents ? Il s'agira d'une deuxième difficulté. Les placer dans des classes ou plutôt des écoles séparées, avec un niveau d'encadrement supérieur, pourrait être assimilé à créer des ghettos pour pré-délinquants.

 

Par ailleurs, séparer les loups des agneaux n'est pas un gage de réussite, notamment sur la base d'une évalution unique réalisée à un jeune âge et qui poursuivrait cet enfant toute sa vie durant. Que deviendrait l'enfant classé à tord comme à risque (ou à haut risque) et regroupé dans une école de loups ? Par ailleurs, au sein d'une meute de loups, il y aura forcément des plus forts et des plus faibles, et le risque d'exacerber la violence de ces derniers et de la voir s'exprimer en dehors de l'école, dans la rue ou dans les cités. A l'inverse, au sein d'un troupeau d'agneaux, il y aura forcément des plus violents et des moins violents, et tel enfant peut se comporter comme un loup à l'égard des autres, sans plus forts pour le dominer. Enfin, s'agissant d'une évaluation forcément subjective réalisée par un enseignant, on risque de retrouver des proportions plus ou moins stables d'enfants considérés comme violents ou à risque quelque soit les écoles ou les classes considérées, avec des divergences importantes d'un enseignant à l'autre ou d'un milieu social à l'autre, sur la base d'un arbitraire extrêmement important de l'enseignant.

 

En somme, l'idée d'évaluer les enfants à risque à l'âge de cinq ans me semble une bonne idée, mais il reste à déterminer ce que l'on pourra faire d'une telle évaluation, et surtout la manière dont on pourra se protéger (ou plutôt protéger nos enfants) des possibilités de dérapages d'une telle évaluation et de ce qui pourra en être fait dans les prochaines années.

Pour moi, il y a néanmoins un préalable : combattre toute forme de violence à l'école et protéger les enfants des comportements violents de leurs condisciples, mais également les protéger de l'arbitraire et de l'injustice (liée à la subjectivité) de leurs éducateurs ! Tout un programme !

 
 
Saucratès


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12/10/2011
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Ecole et violence scolaire (4)

Réflexion vingt-neuf (3 mai 2011)
Harcèlement à l'école ... Quelle responsabilité ...

 

Un très bel article d'hier du Monde qui mérite d'être lu sur la violence à l'école.

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2011/05/02/harcelement-a-l-ecole-ca-reste-grave-dans-ma-memoire-je-n-aurai-jamais-de-bons-souvenirs-d-enfance_1515562_1473688.html

 

Cet article rappelle qu'il y a six ans, un collégien de quatrième dans la banlieue de Rouen, Sébastien, s'était pendu à la suite des moqueries, des insultes et des violences de ces 'camarades' de classe en raison de son bégaiement ... Plusieurs de ses tourmenteurs ont été condamnés par le tribunal pour enfant, et ses parents attaquent désormais l'état français pour l'absence d'intervention de l'équipe éducative qui était au courant de la situation de leur enfant mais qui n'a rien fait.

 

Ce même article cite également divers adultes aujourd'hui qui mentionnent les violences dont ils ont fait l'objet. Pour Laurent, 25 ans, le harcèlement dont il fit l'objet provenait de son homosexualité, dont il eut le malheur de parler à une amie qui le trahit. Et impossible d'en parler à ses parents sans dévoiler son homosexualité qu'il ne pouvait leur avouer.

 

Pour une autre, Aurélie Piaud, 27 ans, la raison du harcèlement dont elle fit l'objet fut son habillement : ses parents sans moyen l'habillait au secours populaire. Elle fut violenter et harceler dès les plus jeunes classes. Ce n'est qu'au lycée qu'Aurélie a cessé de se laisser faire.

 

Pour Gabriel Gonnet, 57 ans, cinéaste, fut également un élève harcelé, verbalement et physiquement, au motif que son apparence était jugée ridiculement hors de la mode. C'était dans les années 1960 à 1970. Il a réalisé un film de fiction sur le harcèlement à l'école intitulé «Kenny».

 

Ces diverses personnes racontent à la fois la futilité des raisons du harcèlement dont ils firent l'objet, l'absence de toute réaction des adultes des équipes éducatives, qui n'ont que le terme d'intégration dans la classe à la bouche, et qui donnent l'impression que cette violence 'limitée', entre pairs' est normale ... Enfin, ils rappellent également leurs tentatives de masquer, de cacher, la violence dont ils firent l'objet et expliquent que ces évènements restent marquer dans leur mémoire et qu'ils n'auront jamais de bons souvenirs de leur enfance.

 

Cela me parle vraisemblablement si fortement parce que je fis également l'objet de telles violences et d'un tel harcèlement dans la majeure partie des écoles, collèges et lycées dans lesquels je suivis ma scolarité, en changeant pourtant pratiquement tous les deux ans d'endroits. Dès mon plus jeune âge (je suis aujourd'hui âgé de 44 ans), je pense que je ne sus pas me défendre physiquement contre les autres enfants. Je n'avais rien de particulier, si ce n'est d'être souvent un nouveau arrivant. En cours préparatoire, ma mère fut malade de me voir être battu par d'autres enfants dans la cour de récréation. C'était au tout début des années 1970. Aussi, le problème de la violence ne remonte pas à hier.

 

Au collège, en sixième (cela se passait cette fois-ci à l'extrême ouest de la France, en Bretagne, dans le Finistère), je fus surnommé le sénégalais, non pas en raison de ma couleur de peau, mais parce que j'y avais passé deux ans (deux belles années de ma vie, sans violence, avec de beaux souvenirs d'enfance). Je fus une nouvelle fois un souffre-douleur, raquetté en bonbons que je volais à l'épicerie du village, violenté par quelques gamins, et toujours incapable de me défendre. Et en but également aux violences de ma mère ... 

 

Ce n'est qu'à partir de la terminale, que je passais dans un territoire lointain de l'hémisphère sud, que j'échappais à la violence de mes 'camarades' tortionnaires. Ce ne fut également qu'à l'université, toujours en Bretagne, que je rentrais dans un milieu où l'intelligence primait sur la violence ... A moins que ce ne fut qu'à ce moment-là où j'appris enfin à éviter la violence de mes condisciples, ayant atteint ma taille adulte.

 

La France est un vieux pays de violence scolaire, je ne sais pour quelle raison ... Pourquoi hier comme aujourd'hui un tel besoin d'écraser l'autre enfant, d'humilier celui (ou celle) qui est moins fort ou différent ? Et pourquoi cette incapacité des équipes éducatives à intervenir, à contrôler, à protéger, et à modérer ? Parce que sont tous d'anciens harceleurs recyclés en éducateurs ? Les harcelés ayant de trop mauvais souvenirs de leur scolarité pour y remettre les pieds ?

 

Lire aussi cet autre article du Monde sur les assises sur le harcèlement scolaire qui se tiennent actuellement à Paris.

http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2011/05/02/assises-sur-le-harcelement-a-l-ecole-prevenir-une-souffrance-qui-frappe-un-eleve-sur-dix_1515626_1473688.html

 

 

Réflexion vingt-huit (17 février 2011)
Les suicides d'enfants ... et la responsabilité de l'école et des équipes éducatives ...

 

Quelques faits divers récents ont appelé l'attention sur le suicide des enfants.

 

«Un garçon de 11 ans, qui ne présentait pas de signe inquiétant mais avait reçu un avertissement scolaire au premier trimestre, est décédé mercredi 9 février après un suicide par pendaison à son domicile familial à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis. L'enfant, un fils unique, avait été retrouvé par sa mère mardi soir vers 18 heures, pendu à l'aide de deux ceintures à son lit superposé. Transporté dans un état critique à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), il est mort à 10 h 15 mercredi. L'enfant était en classe de sixième, en classe sport-étude, au collège Edouard-Herriot de Livry-Gargan.»

 

«Une adolescente de 14 ans a sauté par la fenêtre du quatrième étage de son collège en Seine-Saint-Denis. Elle a frappé à une porte de classe sous le prétexte d'y récupérer un objet oublié, a traversé la salle et sauté par la fenêtre, sous les yeux de l'enseignante et de l'élève. Les raisons qui ont poussé cette jeune fille de 14 ans, scolarisée au collège Henri IV de Vaujours (Seine-saint-Denis), à se défenestrer sont encore inconnues. Souffrant de multiples fractures, la jeune fille a été transportée à l'hôpital Necker. Selon leparisien.fr, elle souffrirait de fractures aux jambes, au bassin et au fémur, ainsi que d'un traumatisme crânien, à l'issue de sa chute de 9 mètres. Elle devait se rendre à un cours de sport, en fin de matinée jeudi, quand elle a eu ce geste inexpliqué.»

 

«Le 26 janvier, à Saint-Laurent-en-Grandvaux, dans le Jura, un garçon de 11 ans était mort par pendaison. Ce décès n'était cependant pas un suicide, mais la conséquence tragique du "jeu du foulard". Dix jours plus tôt, une fillette de 9 ans, souffrant de diabète chronique, avait mis fin à ses jours en se jetant du 5e étage de l'appartement familial à Pierre-Bénite, dans la banlieue lyonnaise.»

 

Ces divers drames éclairent particulièrement l'horreur de la disparition d'un enfant. Mais le premier drame mentionné, survenu au collège Edouard-Herriot de Livry-Gargan, fait apparaître la responsabilité accablante de l'équipe éducative et de l'administration scolaire dans le suicide de cet enfant. «Ce gamin avait fait l'objet d'un avertissement pour conduite au premier trimestre» selon un inspecteur d'académie, «mais il n'y avait rien de particulièrement inquiétant». «Le garçon ne posait pas de problème particulier et avait des résultats scolaires normaux, a-t-il ajouté.» Selon RTL, un courrier de l'école sur sa conduite et la discipline avait été retrouvé sous son lit et un rappel à l'ordre datant de décembre était sur son bureau mais cela n'avait aucun lien avec le drame selon une source policière.

 

«Le recteur de l'académie de Créteil William Marois et l'inspecteur d'académie ont fait part dans un communiqué commun de leur profonde émotion. Ils expriment leur soutien à la famille de la victime et assurent la communauté éducative de leur solidarité la plus totale face à sa profonde tristesse. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place dans l'établissement (...)».

 

Ce drame m'est en lumière le complet aveuglement de l'administration scolaire. Nul ne mentionne la responsabilité dans ce décès de l'équipe pédagogique, qui est pourtant à l'origine de l'envoi d'un avertissement et d'un rappel à l'ordre à un enfant âgé de 11 ans. Et cette communauté éducative se voit assurer de la solidarité du recteur et de l'inspecteur d'académie !A la place des parents de cet enfant, j'aurais interdit la présence de l'équipe enseignante à l'équipe pédagogique responsable du décès de mon enfant ! L'enfant a sous son lit et sur son bureau cet avertissement mais cela n'a aucun lien avec le drame ?

 

De tels faits imposent selon moi de revoir complètement le principe des sanctions disciplinaires à l'école primaire et au collège, et le principe même de l'éducation et de la discipline scolaire. Pourquoi un enfant qui «(...) ne posait pas de problème particulier et avait des résultats scolaires normaux» a-t-il pu recevoir un avertissement scolaire ? Pourquoi nos enfants sont-ils victimisés au collège, reçoivent-ils observations sur observations parce qu'ils n'ont pas fait signer telle vétille ou tel papier, ou parce qu'ils ont bavardé une seconde ou dit un mot qu'il ne fallait pas, au moment où il ne fallait pas ?

 

Il faudrait également réformer les méthodes de notation et d'appréciation des enfants par les équipes éducatives au primaire et au collège ... Pourquoi ce besoin de l'éducation française de comparer les enfants, de les noter, de les classer dans des cases, dans des échelles ?

 

Alors évidemment, dans cette affaire de suicide à Livry-Gargan, c'est la responsabilité des parents, et aucunement celle de l'équipe éducative, qui sera pointée du doigt. C'est les parents qui seront responsables de n'avoir pas pu écouter et entendre leur enfant. Mais quel est notre latitude d'action, à nous parents face à l'éducation ? Si nous ne nous rangeons pas du côté des sanctions des enseignants, ceux-ci se considèrent comme agressés et se montent contre nos enfants ...

 

  

Réflexion vingt-sept (16 décembre 2010)
Sanctions et élèves perturbateurs ...

 

A lire un chat organisé sur le site internet du Monde concernant l'efficacité de la mise à l'écart des élèves perturbateurs, en relation avec le débat sur la mise en place des établissements de réinsertion scolaire voulue par le président de la république. L'intervenant est Maria Ines, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse et secrétaire nationale du SNPES-PJJ.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/18/la-mise-a-l-ecart-des-eleves-perturbateurs-est-inefficace_1442043_3224.html

 

La définition qu'elle donne des 'élèves perturbateurs' est tout particulièrement intéressante. Ainsi, selon elle, «cette appellation recouvre plusieurs situations. Chacun de ces élèves a des difficultés différentes. Ce sont les élèves qui font des bêtises en classe, empêchent qu'une classe tourne bien, perturbent la vie scolaire en général».

 

Cette définition apparaît ainsi précisément subjective et relative. Elle dépend absolument de la classe considérée et du collège ou du lycée considéré. Dans une classe ne contenant que d'excellents élèves travailleurs et studieux, un bon élève légèrement dissipé pourrait ainsi être catalogué comme un élève perturbateur alors qu'il serait considéré comme un très bon élève studieux dans une autre classe moins élitiste.

C'est bien selon moi le principal problème du système d'enseignement en France : la toute-puissance absolue des enseignants dans leur classe et l'absence de tout contre-pouvoir à leur autorité au sein de leur classe. Toute-puissance qui se retrouve dans leur capacité de prise de sanctions disciplinaires mais également d'appréciation unilatérale et sans contrôle du travail des enfants. Et il est normal que cette toute-puissance revendiquée de leur part amène parfois des réactions disproportionnées et violentes de la part d'enfants concernés (pouvant aller jusqu'à des agressions) ou de leurs parents (qui de toute façon ne peuvent rien dire sans risquer que l'enseignant se retourne contre leur enfant avec un surcroît de sanctions ou l'attribution de mauvaises notes).

 

Il faudrait que l'institution scolaire française s'interroge sur la pertinence et l'efficacité des systèmes de sanctions (observations, colles, avertissements ...) qui frappent désormais sans distinction et aveuglement les élèves, et conduisent à la mise à l'écart, dans les classes, dans les établissements, des élèves considérés comme 'perturbateurs'. Redessiner les contours de l'école et de l'enseignement de nos enfants devient indispensable.

 

Je lisais en effet l'histoire de cet enseignant de 38 ans, Jean-Luc Bubert, professeur de physique-chimie au collège César-Savart de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne), qui s'est suicidé suite à une accusation à tort de violences de la part d'un élève. L'adolescent, Maxime C. a été condamné en novembre 2010. Mais Maxime, 15 ans, élève de troisième, était un habitué des sanctions disciplinaires. L'enseignant de son côté était prompt à distribuer heures de colle et avertissements.

http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1141346

 

Mais même si cette histoire s'est conclue par le suicide de cet enseignant, combien d'autres enfants se suicident eux aussi à la suite de l'acharnement du système d'éducation à leur encontre, brisés par une machine éducative folle, par des enseignants exigeants qui se réfugient derrière la mécanique disciplinaire pour masquer leur absence de capacité à enseigner et à partager avec leurs élèves, brisés par la peur ou l'absence de joie à se rendre dans des établissements scolaires qui ne leur apporte rien et qui ne pense qu'à les briser, à les détruire ?


 

Réflexion vingt-six (14 novembre 2010)
La violence hors de l'école, au sein du milieu familial ...

 

Depuis mes premiers écrits, je me suis arrêté sur le problème de la violence au sein de l'institution scolaire, à l'encontre des enfants ou des adolescents ou du fait des enfants ou des adolescents. C'était un peu comme si je pensais que le milieu familial des enfants et des adolescents était un havre de paix, un espace de bonheur, un lieu où ils étaient protégés de toute forme de violence. Evidemment, cela n'a jamais été le cas et ce n'est pas le cas. Nos enfants subissent dans le milieu familial de multiples formes de violence, de la part de leurs parents le plus souvent ou de la part de leurs frères et soeurs.

Dans une revue intéressante traitant de l'enfance et de l'autorité (la revue Dialogue n°184 publiée par les éditions Eres), des chercheurs décrivaient les diverses formes de violence pouvant toucher des enfants de la part de leurs parents.

Ainsi, selon Bernard Golse, «la naissance d'un enfant réactive, chez tous les parents et parfois chez les professionnels eux-mêmes, les représentations mentales de l'enfant qu'ils ont eux-mêmes été. Cette identification régressive qui permet la communication analogique avec l'enfant réel est parfois douloureuse quand elle réveille les souvenirs d'une souffrance précoce effective, ou quand elle confronte l'adulte à l'enfant malheureux ou au 'mauvais' enfant qu'il croit avoir été et qui rétrospectivement lui fait peur.

S'attaquer à l'enfant qu'on a peut être ainsi, parfois, une manière de s'en prendre à l'enfant qu'on a été - ou qu'on croit avoir été - et cette attaque qui représente évidemment une impasse constitue, dans certains cas, la seule solution économique possible pour des parents en défaut d'élaboration psychique.
» 

Selon le même auteur, la maltraitance peut aussi viser l'enfant dit 'imaginaire' (à travers ses composantes 'fantasmatique', 'imaginé', 'narcissique' et 'mythique ou culturel'). L'enfant 'fantasmatique' correspond aux représentations mentales que les deux parents se sont forgées tout au long de leur vie sur le sexe, sur les relations entre hommes et femmes.

L'enfant 'imaginé' correspond aux rêveries du couple sur l'enfant qu'ils projettent d'avoir (sexe, prénom, apparence ...). Mais cet enfant imaginé ou idéalisé est forcément en décalage avec l'enfant réel, dont les premières semaines sont constituées de secrétions urinaires et fécales. Intéressant de noter que c'est l'écart entre la représentation de cet enfant et la réalité qui crée le désir des parents, mais sans que cet écart ne soit trop important, sans quoi il pourrait y avoir déception des parents. Selon l'auteur, «quand la maltraitance vise l'enfant 'imaginé', c'est au fond une maltraitance qui vise le couple et ses échecs existentiels».

L'enfant 'narcissique' est le dépositaire de tous les espoirs et de toutes les attentes de ses parents. L'enfant se trouve ainsi chargé d'accomplir et de dédommager ses parents de leurs regrets et de leurs frustrations. Mais selon l'auteur, il y a une ambivalence dans l'amour parental, car c'est une chose de souhaiter consciemment que nos enfants fassent mieux que nous, c'en est une autre de l'accepter sans rivalité ni jalousie inconsciente. «Quand la maltraitance vise l'enfant 'narcissique', c'est une maltraitance de déception fondée sur les failles narcissiques, parfois profondes, des parents qui prennent alors peur de ce que leur enfant révèle en eux».

L'enfant 'mythique ou culturel' correspond aux représentations spécifiques de l'enfance de chaque société, de chaque groupe culturel. Dans notre société occidentale, l'enfant est à la fois précieux, rare, mais il doit également être le plus rapidement possible autonome, c'est-à-dire rester le moins longtemps 'bébé'.

Ces divers éléments de lecture m'ont ouvert les yeux sur mes failles en tant que parent et en tant qu'ancien enfant. Toutes ces explications me parlent, sur mes relations avec mes enfants et sur mes difficultés commucationnelles. Il n'est pas simple d'être parent, et même si on voudrait les protéger de tout ce qui pourrait leur arriver, il est possible que l'endroit où ils soient le plus soumis à l'injustice, à la violence, soit justement dans l'espace familial où ils devraient être justement les plus protégés. Tout cela au nom de l'amour qu'on leur porte (et qui rachète peut-être une partie de nos erreurs) et de l'éducation que l'on voudrait leur donner, que l'on voudrait qu'ils reçoivent.

Ainsi, selon Bernard Benattar, autre chercheur publié dans cette revue, «la peur entendue comme crainte et respect de l'autorité ne fait d'ailleurs plus guère débat. Faut-il que l'enfant ait un peu peur de ses parents pour être contenu, guidé, édifié ? Faut-il qu'il est peur de ses maîtres, de plus grand ou plus savant que lui, pour obéir, se laisser conduire, grandir ? Faut-il qu'il ait peur de la colère et de la punition pour agir par lui-même comme on veut qu'il agisse ? Une juste peur d'enfant (bien loin de la terreur) peut paraître normale, acceptable, au moins le temps d'apprendre.»

Mais l'auteur rappelle que c'est sur la base de cette même peur que se construise toutes les autres peurs. «Quel enfant n'a pas craint démesurément la colère de ses parents suite à une bêtise, qui n'est pas rentré la peur au ventre d'avoir à avouer une mauvaise note ? Qui n'a pas redouté le courroux du père devant un mot de trop et préféré se taire longtemps ? Qui n'a pas eu, sans raison, la peur du gendarme ? Et combien d'adultes se rendent d'adultes se rendent au travail eux aussi la peur au ventre, combien craignent non pas de commettre une erreur mais, par dessus tout, la mauvaise humeur du 'puissant'.»

 

Réflexion vingt-cinq (1er novembre 2010)
Le projet de l'UMP de mettre en place un examen de passage au collège ?

 

Il y a quelques jours, sur mon blog, je considérais que le programme socialiste concernant l'éducation, concocté par Bruno Julliard, secrétaire à l'éducation du PS et ancien président du syndicat étudiant Unef, était inquiétant.


Que penser alors de la nouvelle idée de l'UMP, présentée par le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, M. Jean-François Copé, de rétablir l'examen d'entrée au collège, pour passer en sixième (idée présentée dans son club de réflexion Génération France) ?
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20101024.OBS1748/cope-favorable-a-un-examen-de-passage-en-6e.html


Evidemment, l'intention semble louable. Protéger les enfants, faire en sorte que l'écolier maîtrise les savoirs fondamentaux qu'il doit connaître au sortir de l'école primaire ! Pour au besoin réorganiser complètement le programme du primaire pour préparer les enfants, et défendre le redoublement de ceux qui échoueraient à cet examen.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20101026.OBS1878/cope-ne-convainc-pas-avec-son-certif-version-2010.html
 

Mais que peut-on voir derrière cette idée apparemment si innocente, si on en croit M. Copé ? On peut d'abord s'interroger sur la possibilité de rassurer les braves gens en organisant l'élimination scolaire de tout ces jeunes issus de l'immigration dont on peut supposer qu'ils échoueront à cet examen, s'ils n'ont pas fait l'effort de s'adapter à notre école républicaine.

 

A l'inverse, on peut aussi imaginer que la mise en place d'un examen extrêmement important (conditionnant la poursuite de la scolarité) aussi tôt dans le cursus scolaire de nos bambins, imposera aux écoliers un rythme de travail et un challenge qui limitera les situations de décrochage scolaire, même dans les écoles les plus difficiles, face aux publics les plus difficiles dans des quartiers sensibles.

 

Mais on peut se poser d'autres questions. Pourra-t-on continuer à ouvrir les enfants sur les langues étrangères à l'école dès la maternelle ou le cours élémentaire, sur l'informatique, sur tant de matières nouvelles, s'il se profile un examen aussi important, qui n'appréciera que les connaissances de base (écriture et mathématiques), sur la base duquel les écoles seront notées et classées par les parents ? N'est-ce pas ce que M. Copé veut entendre en parlant de réorganisation complète du programme de primaire ?

 

Au-delà de rassurer les braves gens électeurs de l'UMP sur notre école qui fout le camp, ne risque-t-on pas de renforcer encore plus la compétition entre les enfants dès le plus jeune âge, de renforcer les possibilités de ségrégation sociale entre les écoles courues présentant les meilleurs taux de succès à ce 'nouveau certificat d'étude' et les écoles dévalorisées ? Et ne veut-on pas pousser les parents à demander toujours plus de devoirs aux enseignants, même si ceux-ci sont officiellement interdits à l'école primaire, malgré la pression qui se reportera sur nos chères têtes blondes (ou crépues) ?

 

J'ai une dernière inquiétude, celle de voir ressurgir cet examen de passage, que j'ai connu il y a très longtemps, en 1977, en Afrique (dans mon souvenir, il avait déjà disparu en France même si les journaux font remonter à 1989 la disparition du certificat d'étude), et dont on sait qu'il dépend aussi de l'état émotionnel des enfants et pas seulement de leurs compétences dans les 'savoirs fondamentaux'. Je n'ai jamais su si j'avais réussi mon examen de passage au Sénégal. Heureusement, il ne me le fallait pas pour passer en sixième en France, en 1977.

 

Bon, et puis, quel intérêt de mettre en place un examen de passage si on doit en même temps lui fixer un taux de réussite de 90% (ou de 98%), comme ce qui existe au niveau du baccalauréat ? Tout dépend en effet de ce que l'on appelle par 'savoirs fondamentaux' ? En fonction des questions posées, on peut tout autant avoir un taux de réussite de 99% ou de 10%, selon le niveau de difficultés. Alors qu'entend-on par ce socle minimum de compétences que les enfants doivent possèder ? 

 

L'un dans l'autre, on se trouve face à deux projets sur l'école, du parti socialiste et de l'UMP, tout aussi dangereux l'un que l'autre, tout aussi aberrant, l'un s'affichant comme un projet aux visées égalitaristes, visant à niveler les niveaux scolaires et généraliser la violence existant dans certaines écoles dans certains quartiers défavorisés, l'autre clairement élitiste, visant à rétablir l'école de nos parents, à améliorer la discrimination existant entre les établissements existants ...

 

Ce que j'aimerais ? Un projet dont l'objectif serait l'abolition de la violence contre les enfants (et forcément du coup contre les enseignants), que cette violence soit le fait des enfants eux-mêmes, dans les classes, dans les cours de récréation ou en dehors (il n'existe pas selon moi de petite violence normale acceptable entre pairs) ou qu'elle soit le fait des enseignants eux-mêmes ou de l'institution scolaire dans son ensemble. Un projet qui réformerait les compétences des enseignants face aux enfants, qui leur apprendrait à valoriser les enfants qu'ils ont en face d'eux et non pas à les écraser, qui réformerait l'usage et l'existence des sanctions désormais utilisées à tour de bras par les enseignants (surtout au collège mais également au primaire ... les lignes d'écriture) et qui renforcerait également les équipes éducatives pour que ces dernières ne soient pas dépassées par les enfants !

 

Mais je ne trouve pas ce projet dans les programmes des partis politiques !


 

Réflexion vingt-quatre (18 octobre 2010)
Que faut-il penser du projet socialiste de réforme de l'école ?


Le journal Le Monde présente les grandes lignes du programme sur l'éducation (intitulé «Education et formation pour l'égalité») que le Parti Socialiste va présenter à ses militants. Le texte sera ensuite proposé à la convention sur l'égalité réelle qui se tiendra samedi 11 décembre. Il constituera le socle du programme éducatif du candidat à la présidentielle en 2012. Ce projet a été mené par Bruno Julliard, secrétaire à l'éducation du PS et ancien président du syndicat étudiant Unef.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/10/18/education-le-ps-propose-une-rupture-dans-sa-vision-de-l-ecole_1427541_3224.html

Je dois avouer que ce texte m'inquiète. Il ne correspond pas du tout à la vision que j'ai de l'école, et encore moins à la vision que j'ai des problèmes que rencontre le monde de l'éducation nationale. Ce simple texte pourrait-il me conduire à refuser de voter pour un candidat socialiste ? Cette question mérite d'être posée car l'école est un élément important de la vie de millions de parents d'élèves, et que le cadre de l'école est ainsi un élément fondamental de leur vie et de celle de leurs enfants ...

Le premier problème vient de la personnalité de la personne à l'origine de ce projet, Bruno Julliard, dont la compétence et les motivations pour écrire un tel projet me semblent devoir être interrogées, même si celles ne semblent pas être mises en question au Parti socialiste. Ce n'est pas parce que cette personne a été président de l'Unef deux années durant qu'il est compétent pour fabriquer un projet pour l'école et l'éducation nationale. Un tel projet, qui concernera des millions d'enfants et de jeunes, ainsi que leurs parents, ne doit pas être écrit par quelques personnes seules dans leur coin, dans leur tour d'ivoire, même si elles estiment avoir un don inné. Un tel projet ne peut être écrit qu'en collaboration avec toutes les personnes (ou leurs représentants) concernées par cette réforme : fédérations de parents d'élèves, syndicats d'enseignants, représentants des enfants, des collégiens et des lycéens, représentants des proviseurs et des personnels accompagnants les enfants, représentants des pédiatres et pédopsychiatres ...

Le Parti socialiste semble s'inscrire dans un schéma de fonctionnement inquiétant, où quelques hommes politiques semblent se croire investis d'une légitimité surnaturelle qui les autoriserait à décider sur tous les domaines. Le parti socialiste semble vouloir copier le fonctionnement de Nicolas Sarkozy, qui semble avoir une opinion sur tout et vouloir tout décider. On espérait autre chose du Parti socialiste.

Les autres problèmes que soulèvent ce projet de texte concernent par exemple la volonté de revenir à une semaine de cinq jours à l'école, ainsi que la volonté d'écourter les vacances scolaires d'été de nos bambins. Sur la semaine de cinq jours, comme sur les vacances, je sais qu'un certain nombre de personnes extrêmement compétentes estiment que les écoliers seraient beaucoup plus fatigués qu'autrefois, lorsqu'ils avaient cours le samedi matin. En tant que parent d'écoliers, ayant vécu les deux situations, mon avis est très différent ; un week-end de deux jours est indispensable pour mes enfants pour se reposer de la semaine, tout comme le mercredi. Mon premier était beaucoup plus fatigué au cours de sa scolarité. Concernant les vacances scolaires, là également, j'ai des souvenirs merveilleux de mes vacances d'été, trois mois durant au cours desquels on oubliait l'existence de l'école. Il est terrible que l'on veule priver nos enfants de ce bonheur, comme si leur enfance devait se limiter à l'école, à apprendre des choses. Et pourtant, il y a trente ou quarante ans, nos résultats scolaires n'étaient pas pires que ceux des jeunes d'aujourd'hui, bien  au contraire si on en croit les tests régulièrement faits qui démontrent une dégradation lente des compétences en mathématiques et en grammaire des jeunes.

Si je n'ai que très peu d'idées sur le fait d'interdire le redoublement au collège (comme c'est déjà pratiquement le cas au primaire) ou sur la possibilité de proposer aux enseignants d'enseigner une deuxième matière au collège (ce qui est déjà le cas pour les professeurs de français et de latin, ou parfois pour certaines matières comme le dessin ou la musique), je suis par contre beaucoup plus circonspect sur la volonté du Parti socialiste de vouloir prendre des mesures contraignantes contre l'enseignement privé. Le Parti socialiste semble en train de vouloir rejouer l'opposition entre enseignement privé et public qui avait conduit aux grandes manifestations en faveur de l'enseignement libre sous François Mitterand. Je subodorre sur ce point là une vengeance personnelle de Bruno Julliard ou de quelque autre socialiste contre l'enseignement privé.

Tout aussi désastreux, dans le même ordre d'idées, représente l'idée de forcer les établissements scolaires à plus de mixité. Une belle idée, mais qui ressemble à une volonté de généraliser dans des établissements à peu près préservés les violences provenant de jeunes hyper violents en situation d'échec scolaire. La mixité sociale est une bonne chose lorsqu'elle concerne des jeunes ayant envie de réussir et des parents souhaitant la réussite de leurs enfants (ces jeunes et leurs parents sont d'ailleurs largement représentés dans de nombreuses écoles privées, non pas élitistes ... sauf certaines ... il faut cependant avoir à coeur la réussite scolaire de ces enfants pour payer un enseignement délivré gratuitement dans les établissements publics). Par contre, lorsque la mixité sociale ne vise plus que des enfants rejetant l'école et des parents considérant l'école comme une obligation, la mixité sociale n'est plus alors qu'une définition vide de sens. Il me semble tout aussi préférable que ces enfants perdus pour l'enseignement et leurs parents soient relégués dans des établissements anti-chambres du chômage et du revenu minimum d'insertion. Il me semble normal de vouloir protéger nos enfants de la violence de leur condisciples ; il est terrible de devoir pour cela avoir recours à l'enseignement privé, mais c'est pourtant une réalité, face à des équipes éducatives de l'enseignement public pour partie démissionnaires et pour le reste débordées ...

Un projet inquiétant, qui non seulement ne me conduira en aucune manière à apporter ma voix au Parti socialiste, mais pourrait même me conduire à m'enlever toute idée de voter pour leur candidat, quel qu'il soit ... Et nous sommes des millions de parents d'élèves en France à pouvoir penser de cette manière ... Et je ne parle pas seulement de ceux qui font confiance à l'enseignement privé. Ce programme ne vise-t-il qu'à faire perdre les prochaines élections présidentielles au Parti socialiste ? Bruno Julliard nous referait-il le coup du traitre Eric Besson ?


En apparté


... un très bel article publié par Le Monde sur la souffrance des adolescents, point du vue de Marie-Rose Moro (psychiatre) à lire avec délectation ... Parce que ce qu'elle dit me touche profondément et que je le ressens comme une évidence, en regard des moments rencontrés par mon pré-adolescent de fils ... Il est si dur d'être un adolescent ...
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/30/manifeste-pour-l-adolescence_1404382_3232.html



Réflexion vingt-trois (1er septembre 2010)
Le retour du thème des sanctions contre les violences faites aux enseignants ...


Une fois encore, seule la violence dont sont responsables les enfants (et vraisemblablement leurs parents) à l'encontre des enseignants, et des adultes intervenant dans les établissements scolaires, sera concernée par les nouvelles mesures de durcissement des sanctions qui devraient être prochainement prises, comme annoncé par le ministre de l'Education Nationale Luc Chatel ce 26 août 2010.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/08/26/chatel-toute-violence-verbale-a-l-ecole-entrainera-une-procedure-disciplinaire_1402798_3224.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/08/27/violence-scolaire-comment-monsieur-chatel-peut-il-ignorer-les-travaux-faits-par-les-equipes-educatives_1403542_3224.html
http://www.lepost.fr/article/2010/08/26/2196253_sanctions-renforcees-contre-la-violence-scolaire-pas-du-tout-educatives-ou-plus-justes.html

«Toute violence verbale à l'égard des personnels entraînera une procédure disciplinaire, et toute violence physique donnera lieu à un conseil de discipline». Le gouvernement Fillon-Sarkozy continue dans sa lancée sur les automaticités des sanctions. Après les peines plancher, les sanctions scolaires automatiques.

Au fond, il est difficile de donner tord automatiquement à Luc Chatel. Il est vrai que le problème de la violence à l'école pose problème. C'est pour cette raison que j'ai fui pour l'éducation de mes enfants les écoles et collèges publics, pour me refugier dans l'éducation privée catholique, où il existe une implication forte des équipes éducatives dans la surveillance des enfants, dans l'affirmation de valeurs, dans l'optique de protéger mes enfants de la violence des autres enfants, au milieu de l'indifférence des équipes éducatives publiques, débordées par les enfants et la violence, face à des parents qui ne voiento pas dans l'école un lieu de chance pour leurs enfants.

Mais là où je suis totalement en désaccord avec Luc Chatel, c'est sur la violence à laquelle le gouvernement s'intéresse. Ils ne voient que les violences faites aux enseignants et aux personnels scolaires. Je ne vois pour ma part que la violence faite aux enfants (plus largement qu'à mes seuls enfants), soit par leurs condisciples, soit par les enseignants eux-mêmes. Mais cet aspect du problème est totalement ignoré par le ministre de l'Education Nationale.

Dans le monde scolaire, les petites violences quotidiennes entre enfants sont considérées comme des violences entre pairs, comme un entraînement à la vie en société, comme une forme normale de relations interindividuelles entre enfants ou adolescents. Je m'insurge totalement contre une telle vision de la violence. Aucun enfant ne devrait avoir peur de partir à l'école. Je suis d'accord avec l'idée de Nicolas Sarkozy de sanctuariser l'école, mais je lui donne un autre sens : faire de l'école un havre de paix où les enfants pourraient s'épanouir et apprendre, sans peur.

Mais encore faudrait-il que le regard des communautés éducatives change sur cette violence perlée quotidienne qui agite les cours de récréation et les sorties d'établissements scolaires ... Il n'existe pas de violence normale, d'interactions agressives entre pairs tolérables ; il n'y a que la violence condamnable.

Il y a ensuite les violences verbales et institutionnelles dont sont victimes les écoliers, les collégiens ou les lycéens de la part des équipes éducatives et des personnels. La violence de l'injustice, des observations, des retenues, des mots écrits aux parents, des commentaires bien plus souvent négatifs que positifs, des appréciations vexatoires sur les enfants ... notre système scolaire sur-réagit à quelques épiphénomènes d'enfants ayant menacé physiquement ou verbalement un enseignant, mais ignore totalement les millions d'actes de violence quotidienne commis par un immense nombre de professeurs, d'enseignants, àl'encontre de millions d'enfants dans les établissements scolaires. Mais cette violence épisodique contre quelques enseignants est considérée comme naturelle, comme normale. Pire ! Elle est ignorée, comme s'il ne s'agissait pas de violences. 

Si nos enfants pouvaient mener un soulèvement populaire comme la Révolution française ; combien d'enseignants seraient guillotinés par leurs jeunes juges ?

Le deuxième problème qui naît de systèmes automatiques de sanctions correspond à l'impossibilité d'appréhender tous les comportements fautifs chez les enfants et les élèves, et introduit alors obligatoirement le biais de l'injustice et de la délation. Tous les comportements ne pouvant être détectés, certains élèves seulement seront sanctionnés, en fonction de l'humeur de l'enseignant, de sa réceptivité, de ceux qui auront été vus ou dénoncés. Par exemple, dans quelques écoles existent des systèmes de permis à point ; mais comme sur la route, il est possible pour un enfant de perdre en un seul jour la totalité de ses points scolaires sur son permis, pour avoir bavardé en classe, avoir fait tomber inintionnellement un camarade (mais l'appréciation dépend uniquement de l'adulte), avoir commis tel ou tel acte interdit par le réglement de l'école ... Ce n'est pas une école injuste et instituant la délation, que je veux pour mes enfants, même si cela correspond à la vision de la société française que Nicolas Sarkozy met en place depuis trois ans.

Je veux une école juste et sanctuarisée, dans laquelle l'adulte ne serait pas un maître tout puissant et l'élève un sujet inférieur, mais des personnes sur un pied d'égalité de traitement et dans une relation de transmission de savoir et de compétence (même si je ne suis pas certain que les enfants puissent apprendre les limites et les règles dans une telle situation d'apprentissage). Mais c'est peut-être trop demandé au système éducatif français et à ses responsables éducatifs.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/27/l-ecole-face-au-fleau-de-la-marchandisation_1403313_3232.html
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/27/contre-la-violence-a-l-ecole-le-prefet-des-etudes-est-une-innovation-aventureuse-par-christian-vitali_1403424_3232.html


Saucratès


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01/11/2010
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