Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Les sujets sur lesquels je veux écrire-3

À la demande d’un ami, Hugues, je vais écrire sur un article de l’Humanité qui traite des marges du groupe Bernard Hayot, encore appelé GBH. A ne pas confondre avec le GHB, qui est la drogue des violeurs. 

https://www.humanite.fr/social-et-economie/capital-vs-travail/on-mentait-ehontement-comment-le-groupe-bernard-hayot-sest-enrichi-en-creusant-la-pauvrete-en-outre-mer

 
L’Humanité, ce journal de gauchos d’extrême gauche, enquête sur les prix en outre-mer. Et le groupe Bernard Hayot, extrêmement puissant en outre-mer, est donc au centre de cette enquête. Et on y apprend ainsi que GBH pratiquerait des marges extraordinairement élevées en outre-mer sur les véhicules qu’ils vendent. Avec des marges selon le journal trois ou quatre fois plus élevées que ce qui est pratiqué par les concessionnaires automobiles en France métropolitaine. Et selon le cadre félon de GBH qui leur a transmis ces informations, les dirigeants de GBH masqueraient les prix et les marges qu’ils réalisent en outre-mer aux représentants des constructeurs lors de leurs visites. 

Simple exemple de la prose des journalistes de l’Humanité, en conclusion de cet article : 

 

«Pour rappel, descendant d’une famille de colons arrivés à la Martinique en 1680, héritier d’une fortune opulente bâtie sur l’exploitation de « l’or blanc » – le sucre – par l’esclavage, le béké Bernard Hayot a fait du groupe qu’il a fondé en 1960 une multinationale florissante sur le dos de ses clients. En attendant, pendant que les habitants des Antilles, de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, de la Réunion et de Mayotte peinent à subvenir à leurs besoins, GBH profite de marges qui peuvent atteindre jusqu’à 25 % de son chiffre d’affaires annuel.»

 

Évidemment, il faut comprendre que ce journaliste écrirait le même genre de prose, et dirait exactement la même chose s’il devait parler de la famille Mulliez, de Dassault et de tout autre groupe multinational français. Rien de nouveau en somme. Un article à charge. 

On ne parle d’ailleurs pas de la même chose. Un concessionnaire en métropole, c’est un tout petit garagiste que l’on peut facilement mettre en concurrence, et on peut acheter la même voiture n’importe où en métropole s’en que cela n’ait beaucoup d’impact ni ne présente de difficultés. Ce n’est absolument pas le cas en outre-mer où le fait d’acheter ailleurs implique d’acheter un véhicule en TT (transit temporaire en métropole) ou bien de faire transiter un véhicule en métropole sachant que cela reviendra absolument aussi cher. Ou encore de faire confiance à un intermédiaire qui peut disparaître du jour au lendemain avec le chèque de votre voiture. Et il vous faut aussi vendre votre voiture en occasion. Trouver un acheteur et ne pas vous faire avoir.

 

Ce qui est décrit dans cet article est-il extraordinairement novateur ? On sait tous que les prix des voitures à la Reunion sont environ 30% plus chers qu’en métropole. Mais ce n’est pas le cas en Martinique où sévit également le groupe Bernard Hayot où les prix de vente des voitures neuves sont beaucoup plus proches des prix métropolitains (hexagonaux si on parle comme les martiniquais qui sont très hostiles à l’usage du mot métropole dont ils ont même interdit l’usage en France). Ce beau discours et ces exemples de marges et de prix ne concernent donc que la Réunion. Et je ne suis pas sûr que les exemples de taux d’octroi de mer cités dans l’article correspondent bien à ceux existant à la Réunion.

 

Cet article déforme-t-il ainsi la réalité en comparant les taux de marge à la Reunion et les taxes aux Antilles pour faire croire que ce groupe abuse de sa position dominante ? Cet article est-il fallacieux et uniquement à charge ? 

 

Bon, ne nous y trompons pas, Hayot gagne largement de l’argent chez nous. Comme Bourbon avant eux. Il n’y a que dans l’imaginaire rêvé des communistes que les groupes capitalistes font des marges zéro. Ainsi que dans l’imaginaire des ultra-libéraux adeptes de la concurrence pure et parfaite. Dans la réalité, un capitaliste ne fait fonctionner une entreprise que pour en retirer un profit.
 
Pour ce qui concerne la Réunion, Hayot distribue évidemment Volkswagen, Audi, Mercedes, Skoda, Renault, Mitsubishi et probablement Dacia. Et j’en oublie certainement. Et les prix de ces voitures excèdent de 30% le marché du neuf en métropole. Mais cela ne concerne pas que le seul prix des voitures vendues par GBH. Les véhicules des marques Peugeot, Citroën, Ford, Seat, BMW, Porsche, Toyota, Lexus ou Volvo affichent également des prix dépassant de 30% les prix vendus en métropole. Et toutes ces marques ne sont pas vendues par GBH, mais par Caillé, CMM, LEAL, Soreva ou Sogecore. Alors, s’agit-il d’une entente entre tous les concessionnaires pour afficher des prix supérieurs de 30% aux prix métropolitains ? Ou bien les explications données par ce journal de l’Humanité, par ces journalistes dans cette enquête à charge, sont-elles simplement fausses ? Et leurs exemples de marges sur les automobiles fallacieux ? 

Cet article doit donc être ramené à son contexte. Le combat de groupuscules révolutionnaires en Martinique contre un groupe multinational appartenant à des békés, où tous les coups sont permis. Où l’Humanité cherche à faire plier un groupe capitaliste pour permettre à des groupuscules de l’emporter. L’erreur est de croire qu’il s’agit ici d’informations alors que ce n’est que manipulations politiques.

 

Néanmoins, le groupe Bernard Hayot est une entreprise tentaculaire qui étend ses tentacules sur l’ensemble de l’économie réunionnaise. Ce groupe est certainement devenu trop puissant, hégémonique, et il n’y a pas beaucoup de groupes locaux aptes à les contrer. Mais de toute façon, les réunionnais n’aiment pas plus les groupes réunionnais ; il suffit de voir la manière dont les médias et les politiques parlent du groupe Urcoopa, qui est une union de coopératives appartenant à des réunionnais. Pourtant détestée par tant de monde. Du côté de GBH, il réalise certainement des profits très importants, mais ce n’est pas aux frais d’une population misérables des domiens qui se battraient pour survivre lorsque ce groupe s’enrichit outrageusement.

 
Il faut juste relativiser : il y a pire manipulateurs que les journaux mainstream comme Le Monde. Il y a des journaux communistes qui participent à des conflits contre des groupes capitalistes sans vérifier leurs sources et sans avoir honte de tout mélanger. Du moment que cela sert leur combat ! Le problème des prix en outre-mer et tout particulièrement à la Réunion n’est malheureusement pas aussi simple que des marges excessives d’un groupe hégémonique ou la conséquence d’un octroi de mer assassin.
 
Et de toute façon, a-t-on même besoin de vendre les voitures moins chères dans un département où les réseaux routiers sont déjà congestionnés ? Avec l’électrification du parc automobile et la hausse des prix qui en découle, et l’instauration de malus confiscatoire, l’objectif n’est-il pas justement de rendre la voiture inaccessible, un bien de luxe ? Abaisser leur prix en diminuant le taux d’octroi de mer ne serait-il pas contre-productif et stupide ? En espérant que mon interprétation de cet article de l’Humanité ne déplaise pas à mon ami Hugues …

 

 

Saucratès



11/01/2025
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres