Ces sujets qui inquiètent la Banque de France selon la Revue Banque
Recension d’un article de la Revue Banque sur la situation macroéconomique et financière de l’économie française, issu de la présentation du dernier rapport bisannuel de stabilité financière de la Banque de France, présenté par Mme Agnès Bénassy-Quéré, seconde sous-gouverneure de la Banque de France et M. François Haas, adjoint au Directeur général de la stabilité financière et des opérations. Les banques françaises ne semblent pas faire courir de risques importants à la stabilité de l’économie française mais des risques croissants surgissent du développement des cryptoactifs.
Ainsi, selon un autre article de cette même Revue Banque, les quatre principaux grands groupes bancaires français (la BNP Paribas, la Bpce, le Crédit Agricole et la Société Générale) enregistreraient une stabilité de leur taux de créances douteuses de 2019 à 2024 malgré les chocs successifs du coronavirus et de la guerre en Ukraine.
Ces sujets qui inquiètent la Banque de France
Par Fanny Avignon
L’incertitude radicale liée à l’environnement macroéconomique mondial ne semble pas devoir porter de préjudice grave aux institutions bancaires, selon le dernier rapport de stabilité financière de la Banque de France. Mais de nouvelles menaces se font jour, comme les institutions non bancaires et les stablecoins.
La Banque de France vient de publier son rapport bisannuel de stabilité financière. Ce dernier a été présenté par Agnès Bénassy-Quéré, seconde sous-gouverneure de la Banque de France et François Haas, adjoint au Directeur général de la stabilité financière et des opérations. En dépit des prévisions de croissance à la baisse dans de nombreuses juridictions, ses conclusions. sont relativement rassurantes pour les banques.
Les annonces et décisions de l’administration américaine, en particulier sur les tarifs douaniers, ont provoqué de réelles corrections sur les marchés. Mais celles-ci se sont résorbées assez rapidement. L'indice américain Standard and Poor’s a ainsi retrouvé son niveau de début d’année, après une chute de près de 30 % en avril. L’impact sur le CAC 40 français a été plus faible.
- Moins exposé qu’en 2008 aux actifs américains
Concernant les banques hexagonales, l’exposition directe aux actifs américains est peu significative, contrairement à 2008. Elle s’établit à près de 10 % des actifs détenus et leurs activités outre-Atlantique ne font pas peser de risques particuliers. Un impact indirect des tarifs douaniers sur ces institutions financières est davantage envisageable via les chaînes de valeur. Les risques éventuels sont ainsi identifiés en provenance de l’environnement macroéconomique. Sociétés non financières apparaissent d’ailleurs en première ligne, de même que les fonds d’actifs non cotés. Finançant des entreprises parfois fortement endettées, ils pourraient pâtir d’une hausse de ces tarifs, ou d’un arrêt des échanges.
Du côté de l’État français, « les finances publiques restent préoccupantes, a déclaré Agnès Bénassy-Quéré, mais les adjudications se passent bien ». Avant de préciser que la diversification des détenteurs de dette souveraine constituait une « chance ». Les hedge funds sont de plus en plus présents sur la dette souveraine, a relevé la sous-gouverneure.
- Coûteuse inaction climatique
Ce rapport rappelle également les risques importants que ferait peser l’inaction en termes d’adaptation aux changements climatiques. Dans les derniers scénarios de long terme évalués, cette inaction face au changement climatique entraînerait une perte de produit intérieur brut mondial de 15 % d’ici 2050, et de 11 % en France. Ces estimations se basent sur les travaux du NGFS (Network for Greening the Financial System), le réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier.
Le NGFS a également publié pour la première fois en mai 2025 les résultats de scénarios impliquant des catastrophes extrêmes de court terme. Ils confirment « qu’un retard de quelques années dans l’action climatique peut, déjà à court terme, accroître les coûts de la transition, et les risques financiers associés ».
- Une inquiétude en provenance des fonds d’investissement
Bien plus que les banques, bien capitalisées, résilientes grâce à des modèles d’affaires diversifiés et bénéficiant désormais de meilleures conditions de financement, les fonds d’investissement paraissent vulnérables face à ces risques physiques extrêmes, susceptibles de lourdes conséquences sur certains marchés actions. Les disparités entre secteurs seraient cependant très importantes : les portefeuilles correctement diversifiés auraient moins à en pâtir. La montée en puissance des institutions financières non bancaires ces dernières années accentue d’ailleurs selon la Banque de France les vulnérabilités d’ordre systémique, tout comme leur interconnexion de plus en plus importante avec les banques.
Mais les surprises de ce début d’année 2025 se situent ailleurs, avec tout d’abord un mouvement de marché que le rapport qualifie d’ « atypique » : Les bons du Trésor américains ont connu une forte volatilité et « une pentification de leurs courbes inhabituelle en période d’aversion au risque », sans que le renchérissement du taux souverain de long terme américain ne se propage en Europe. Dans le même temps, le dollar s’est déprécié. Le billet vert et les titres du Trésor semblent ainsi avoir quelque peu perdu leur statut de valeur refuge.
- La menace croissante des stablecoins
De nouvelles pratiques et de nouvelles valeurs émergent également, et un danger qu’il convient de prendre rapidement en compte, selon le rapport de stabilité financière 2025, y trouve sa source. La menace cyber fait son entrée dans le système financier. Tout d’abord parce que les banques sont des entreprises très numérisées, mais aussi à cause de l’arrivée remarquée des stablecoins dans la balance, en particulier ceux adossés au dollar. Leur adoption s’étend et, en l’absence de cadre juridique adéquat, elle fait peser des risques de contagion au secteur financier en cas de run : risque de parité, mais aussi de liquidité sont évoqués par le rapport.
Portés par une administration Trump très favorable, ces crypto-actifs deviennent aujourd’hui un instrument permettant à l’État américain de financer sa dette. Alors que le Genius Act (Guiding and Establishing National Innovation for U.S. Stablecoins Act) est en passe d’être adopté, le rapport souligne « l’emprise » croissante de ces crypto-actifs sur le marché de la dette souveraine américaine. Ces jetons tokenisés sont adossés à des titres du Trésor américain. En Europe, obligation est faite aux émetteurs de stablecoins de conserver un volume minimal de dépôt en banque. Ce n’est pas le cas aux États-Unis.
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