Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

11 septembre 2020

Saint-Denis de la Réunion, vendredi 11 septembre 2020

 

Jour particulier que ce vendredi 11 septembre. Il y a plus d’un demi-siècle, je naissais, je venais au monde. Un demi-siècle et quelques années plus tard, je suis dans mon jardin, sur ma terrasse, dans la pénombre grandissante, les lampadaires de la route jouant un festival d’ombres et de lumières à travers les arbres qui m’entourent, et je veuille le feu de bois qui me permettra de griller de délicieuses entrecôtes. Le rougeoiement des flammes éclaire ma terrasse et mon jardin. Et je me suis ouvert une bouteille de vin que je veux goûter ; il est loin d’être mauvais même si je ne le trouve pas impérissable. 

Que représente pour moi ce jour ? Bizarrement, je déteste ce moment-là de l’année. Tout le mondé aime-t-il fêter son anniversaire ? Certaines personnes font même des fêtes où ils invitent des dizaines de personnes. Moi non. S’il y a un jour dans l’année que je déteste, c’est bien celui-là. J’ai un peu l’impression que c’est le jour où on se rend compte que la mort étend sa main vers nous, nous étreint le cœur, ses griffes enserrant, se refermant, de plus en plus sur notre pauvre vie finissante ... 

Et pourtant, lorsque nous ne sommes encore que des enfants, notre anniversaire est encore une promesse de délivrance, de libération, la promesse de jours meilleurs à venir, de jours où nous ne serons plus sous la coupe de nos parents, mais où nous pourrons vivre notre propre vie comme nous l’entendons. Et puis ce jour fatidique de nos dix-huit ans ou de nos vingt-deux ans arrive, et nous sommes enfin libre. Et commence alors un autre esclavage, l’esclavage d’une vie de salariat, une vie de responsabilité vis-à-vis d’un époux ou d’une épouse et d’enfants en devenir. Et la boucle est tournée. 

Peut-être eux aussi n’auront-ils d’autres reves que d’avoir eux aussi 18 ou 22 ans pour pouvoir partir, quitter le foyer familial, pour pouvoir vivre eux-aussi leur propre vie ? A moins que nous ayons réussi à mieux réussir notre rôle de parents, que nous ayons réussi à nouer une meilleure relation avec nos enfants, que nous ayons réussi à leur faire vivre une meilleure enfance, une meilleure adolescence, que leur seul reve et leur aspiration ne soit pas seulement de partir, que notre foyer soit peut-etre un havre de paix et de bonheur dont eux-aussi puissent profiter, que eux-aussi puissent apprécier. 

Ce 11 septembre est le jour de mon anniversaire, et peut-être le déteste-je un peu moins que les années précédentes. Peut-être.

 

C’est aussi le jour anniversaire d’un attentat qui ébranla le monde tel que nous le connaissions, qui frappa en son cœur le capitalisme mondial et la puissance des Etats-Unis. Qui s’en relevèrent évidemment. Étant partisan des thèses complotistes, je ne crois toujours pas que de tels attentats ne participaient pas d’un plan plus vaste, que les services secrets américains ont pu réellement ignorer leurs agissements et leurs projets, que tout ceci n'était pas prémédité. Mais quel monstre suis-je pour imaginer que nos dirigeants puissent mettre en jeu la vie de milliers d’entre nous, de leurs concitoyens, simplement pour pouvoir lancer une guerre juste contre des terroristes ! 

 

Au fond, je ne vaux pas mieux qu’eux ! 


Saucratès



11/09/2020
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