Histoire de la Laïcité
Parlons Histoire. Parlons de ce monument extraordinaire qu’est censée être la «loi de séparation de l’Etat et de l’Eglise» de décembre 1905, socle de ce que l’on sanctifie comme étant la pierre angulaire de la sainte et très laïque Laïcité !
«La loi, adoptée et promulguée en décembre 1905, qui prononçait la séparation de l'État d'avec les Églises – le pluriel, souvent oublié, est d'importance – est considérée comme un des grands textes de la IIIe République qui ont modelé la société moderne, tant par sa portée symbolique que par ses propres dispositions.»
https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/40036#
Dans les faits, cette loi nait dans un climat beaucoup moins apaisé qu’il n’y parait, ou que l’on voudrait nous le faire croire aujourd’hui. Cette loi nait du conflit séculaire entre les monarchistes et les républicains, entre la Droite et la Gauche.
Nous sommes en effet en pleine période des soubresauts de l’affaire Dreyfus, alors que la Gauche est convaincue que la République est en danger en l’année 1899. La tentative de renversement du gouvernement par le dirigeant de la Ligue des Patriotes, Paul Déroulède, misant sur les sentiments antirépublicains de l'armée, qui tente sans succès d'entraîner les troupes du général Georges-Gabriel de Pellieux puis du général Roget à marcher sur le palais de l'Élysée lors des funérailles de Félix Faure, le , fait craindre le pire.
Aussi, le gouvernement de Défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau puis le cabinet Émile Combes cherchent à assurer le régime en procédant à une épuration contre les institutions considérées comme antidreyfusardes, au premier rang desquelles figure l'armée.

Carte postale satirique dépeignant la décapitation de l'Église catholique par Émile Combes
À noter qu’en parallèle des retombées de l'affaire Dreyfus, le cabinet Combes est déjà à l’époque largement influencé par la franc-maçonnerie et notamment par la loge du Grand-Orient de France. Ce projet de séparation de l’Etat et des Églises est d’ailleurs intimement lié à une autre affaire de cette époque dite des fiches : les convictions religieuses des officiers catholiques sont directement tenues comme une preuve d'hostilité à la République et le cabinet Combes veut pouvoir bloquer la carrière de ces officiers, quelque soit leur mérite et leurs compétences. Ces fiches sont élaborées et transmises au ministère de la guerre directement par les loges provinciales des francs-maçons du Grand Orient de France.
Émile Combes, ex-séminariste devenu athée et adversaire déterminé de la religion catholique, aux convictions anticatholiques affirmées, est porté au gouvernement par une poussée radicale, au terme des élections de 1904 qui se sont faites sur le thème : pour ou contre le fait d’appliquer la loi de 1901 (sur les association) avec une vigueur accrue ?
Combes ne cache pas dès son investiture sa volonté de mener une politique «énergique de laïcité». Cette déclaration est suivie d’un durcissement des dispositions prises précédemment par Waldeck-Rousseau : les demandes d’autorisations des congregations religieuses sont refusées en bloc, pour assurer définitivement la victoire du laïcisme anticlérical sur le catholicisme. De fait, religieux et religieuses sont expulsés de France. Ceux qui résistent en prétendant au droit de rester dans leurs couvents sont expulsés manu militari, tels les chartreux, que des gendarmes viennent tirer de leur retraite pour appliquer la loi d’interdiction. C’est ainsi que des milliers de religieux trouvent refuge dans des terres plus hospitalières.
A noter également que le grand Georges Clémenceau se fera encore plus radical en réclamant la suppression pure et simple des congrégations, considérées comme prolongements du «gouvernement romain» en France. Émile Combes interdit l’enseignement aux congrégations par la loi du 7 juillet 1904 et leur enlève ainsi également la possibilité de prêcher, de commercer, étant entendu que les congrégations enseignantes doivent disparaître sous un délai de dix ans. Combes prépare ainsi une laïcisation complète de l’éducation.
L’interdiction de l’enseignement aux congrégations provoque un conflit avec le pape qui entraîne la rupture des liens diplomatiques entre le gouvernement français et la papauté.
La fin des relations entre la République et la papauté rend le régime concordataire de 1802 caduc : la séparation est donc inévitable, et Combes s’y rallie, puis Aristide Briand.
La tâche d’Aristide Briand s’annonce complexe : il va devoir convaincre une partie de la droite catholique que cette loi n’est pas une loi de persécution de l’Église, sans toutefois se montrer trop conciliant aux yeux d’une gauche radicale ou d’une extrême gauche qui voudrait éradiquer le «bloc romain».
La loi fut votée le 3 juillet 1905 par 341 voix contre 233 à la Chambre, et le 6 décembre 1905 par 181 voix pour contre 102 au Sénat. Elle est promulguée le 9 décembre 1905 (publiée au Journal officiel le 11 décembre 1905) et entrée en vigueur le 1 janvier 1906. Elle met fin à la notion de «culte reconnu» et fait des Églises des associations de droit privé. De plus l’article 4 organise la dévolution des biens des établissements publics du culte à des associations cultuelles.
La Sacrée Pénitencerie du Vatican confirme en 1908 que les députés et sénateurs ayant voté la loi encourent l’excommunication.
La loi est violemment critiquée par le pape Pie X dans sa lettre encyclique Vehementer nos du 11 février 1906, qui condamne la rupture unilatérale du concordat de 1801 ; proteste contre les nouvelles spoliations ; refuse catégoriquement la mise en place des associations cultuelles, incompatibles avec l’organisation hiérarchique canonique catholique et les fonctions ministérielles respectives de l’évêque et du curé qui en découlent (Gravissimo officii munere, août 1906).
Les juifs et les protestants, quant à eux, font bon accueil à une loi qui correspond à leur mode d’organisation traditionnel de type presbytérien, le président de la commission ayant préparé la loi, Ferdinand Buisson, étant lui-même un protestant libéral.
Les inventaires et la confiscation des biens de l’Église suscitent des résistances dans certaines régions traditionalistes et catholiques, notamment l’Ouest de la France (Bretagne, Vendée), la Flandre et une partie du Massif central. Le 3 mars 1906, lors de la tentative d’inventaire faite dans la commune de Montregard, un homme, André Régis, est grièvement blessé ; il mourra le 24 mars. Le 6 mars 1906, à Boeschepe (Nord), lors d’un autre inventaire, un paroissien, Géry Ghysel, est abattu dans l’église.
Devenu ministre de l’Intérieur, Clemenceau, notoirement anticlérical, joue néanmoins l’apaisement, mettant fin à la querelle des Inventaires par une circulaire de mars 1906 invitant les préfets à suspendre les opérations d’inventaire dans les cas où elles doivent se faire par la force alors qu’il ne reste plus que 5 000 sanctuaires, sur 68 000, à inventorier.
C’est à l’occasion de la Première Guerre mondiale que la question religieuse est reléguée au second plan et que l’«Union sacrée» rassemble une France unie sous la bannière tricolore.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, le , Louis Malvy, ministre de l’Intérieur, envoie une circulaire aux préfets demandant que les congrégations catholiques, expulsées, soient de nouveaux tolérées. Toutes les mises à l’écart du catholicisme sont révoquées et une ouverture appréciable est faite vers le monde catholique, qui n’est plus au ban de la République».
Et en mai 1921, les relations diplomatiques sont rétablies avec le Vatican, le pape Benoît XV se montrant bien plus conciliant que Pie X, notamment en promettant de consulter Paris avant la nomination des évêques. Le dialogue avec le Vatican aboutit, en 1924, au compromis des associations diocésaines. Autrement dit, l’organisation de type épiscopal de l’Église catholique est considérée conforme à la loi ce qui permet de sortir du blocage provoqué par l’absence, depuis 1905, de création des associations cultuelles catholiques prévues par la loi.
Enfin l’Alsace et la Lorraine rattachées à nouveau à la France sont maintenues dans le statut concordataire qu’elles avaient en 1870, lors de l’annexion à l’Empire allemand, sachant que le Reich leur avait conservé ce statut sans le modifier.
La querelle religieuse menace de se rallumer après le succès du Cartel des gauches aux législatives du dernier avait promis d’étendre la loi de 1905 à l’Alsace-Lorraine, malgré la promesse contraire faite lors du rattachement de 1919. Les élus des trois départements concernés s’y opposent. Des manifestations massives sont organisées et le gouvernement d’Édouard Herriot renonce finalement à remettre en cause les arrangements antérieurs.
Cette question est néanmoins revenu récemment (en 2013) dans l’actualité, à l'occasion de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative au concordat en Alsace-Moselle. Le Conseil constitutionnel a statué en février 2013 en reprenant dans ses attendus de larges passages de la loi du , intégrant de facto cette loi au bloc de constitutionnalité. Le conseil constitutionnel y avait confirmé la validité de cette exception du concordat en Alsace-Moselle.
Quelle conclusion ? Loin d’être un merveilleux moment de paix et de tolérance, la laïcité et la loi de 1905 de séparation de l’Etat et des Églises est avant tout une guerre opposants la haine des laïcards au peuple des catholiques français. A cette occasion, il faut se rappeler que longtemps durant, la France et les laïcards se sont acharnés à l’encontre des catholiques français et des associations catholiques qu’ils sont allés jusqu’à les placer au ban de la République.
https://www.vie-publique.fr/fiches/271400-la-loi-du-9-decembre-1905-de-separation-des-eglises-et-de-letat#
Je veux bien qu’on nous raconte plein de conneries sur la laicité, qu’on nous en fasse des panégyriques et des caisses, mais il ne faudrait pas qu’on oublie que c’est d’abord et avant tout une loi d’exclusion et de haine, cette haine des laïcards qui ne peuvent toujours pas tolérer la liberté de penser et de croire de ceux qui ne sont pas de leur avis, de ceux qui ne se positionnent pas comme athées. Tout en sachant que les francs-maçons oeuvrent toujours partout au sein du monde politique, et qu’eux n’ont jamais été inquiétés et agissent toujours dans l’ombre.
Saucratès
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