Critiques de notre temps

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Quel programme de gauche en matière sociale

 

Réflexion une (6 avril 2012)
La question syndicale et la participation des syndicats dans les entreprises en France


Il est un sujet que je ne retrouve pas dans le programme socialiste : la question syndicale et celle des travailleurs. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a massivement occupé ce champ lors du dernier quinquénat, avec une réforme importante du code du travail, totalement réécrit, puis avec la réforme de la représentativité syndicale, qui, même si elle s'appuyait sur un accord négocié entre le patronat et les deux principales organisations syndicales (CFDT et CGT), me semble avoir autorisé une régression des droits syndicaux dans notre pays, dont même de nombreuses sections syndicales CFDT et CGT vont faire ou feront les frais au cours des prochaines années. 

 

Quels sont les projets du candidat socialiste en matière syndicale pour le prochain quinquénat ? Ses projets ne me semblent pas très précis.

 

La première grosse faiblesse des organisations syndicales nationales françaises me semble être la faiblesse de la syndicalisation dans les entreprises françaises. Un taux de syndicalisation de 7 % dans l'ensemble de la population active française me semble totalement insuffisant. Et ce n'est pas une aide financière qui rendra plus attractive le fait même de se syndicaliser pour les salariés en France. L'aide fiscale est déjà extrêmement importante : 60% des cotisations syndicales pouvant déjà être remboursées sur l'impôt sur le revenu. La principale question que se pose les salariés n'est pas financière ; ils s'interrogent sur l'intérêt (ou l'absence d'intérêt) de se syndiquer. Pourquoi adhérer à un syndicat, alors que dans de nombreuses entreprises, le fait de se syndiquer est perçu par l'employeur de manière extrêmement négatif et pouvant parfois conduire au licenciement immédiat.

 

Quelle réponse peut-on apporter à ce problème de syndicalisation ? Les solutions peuvent être piochées dans les états qui nous entourent, tout particulièrement dans les états considérés justement comme les plus libéraux. En Angleterre, dans beaucoup de secteurs, les employeurs n'ont pas le choix puisqu'ils doivent embaucher des salariés appartenant à telle ou telle organisation syndicale. Autre solution, aux Etats-Unis, seuls les adhérents à une organisation syndicale peuvent bénéficier des avantages négociés par cette organisation syndicale. Dans ces deux cas, l'adhésion syndicale est donc forcément publique pour l'employeur et le fait de ne pas être syndiqué, loin d'être un avantage, est au contraire une contrainte. Par ailleurs, pour les organisations syndicales elles-mêmes, elles sont incitées à négocier et signer des accords dans les entreprises, notamment par leur base. Des positionnements comme celle de la CGT, hostile à la signature d'accords puisqu'ils ne se situent pas dans une perspective de réforme de la société, mais au contraire dans une perspective de renversement du capitalisme, ne seraient plus tenables idéologiquement. L'exemple allemand peut aussi fournir des pistes de réflexion, notamment dans l'organisation de la cogestion dans les entreprises.

 

La France se positionne ainsi dans une situation atypique. Des pouvoirs importants dévolus à des responsables syndicaux, mais uniquement théoriques ; les employeurs conservant intégralement leurs pouvoirs managériaux et de gestion  ... Le rôle réel des syndicats dans la vie des entreprises étant réduit à néant en dehors du droit de palabrer. Les organisations syndicales s'arrogent par ailleurs un fonctionnement totalement hiérarchisé, en cercles concentriques fermés où quelques miniscules groupes de décideurs (quelques dizaines ou centaines) sont sensés décider pour leurs millions d'adhérents, tout en s'affublant du titre d'organisations démocratiques ! Le fonctionnement de nombreux syndicats ou fédérations ou confédérations copie ainsi l'organisation des sociétés capitalistes qu'ils sont sensés contrôler ou contester, en reproduisant les modes de contrôle d'une multitude par une minorité dans les holdings et les conseils d'administration. 

 

D'où la piste que je défends de réformer le fonctionnement des entreprises en y introduisant la cogestion, c'est-à-dire un partage réel des décisions de management et de gestion de l'entreprise, de réformer l'activité syndicale dans l'entreprise en y imposant la démocratie, au-delà des seules périodes d'élection des représentants du personnel, tous les deux, trois ou quatre ans, et enfin de réformer l'exercice du pouvoir dans les organisations syndicales, en les contraignant à faire adhérer les millions de travailleurs aujourd'hui non syndiqués.

 

Faire fonctionner la cogestion dans les entreprises, ce n'est pas seulement accroître le nombre d'administrateurs salariés dans les conseils d'administration. C'est d'abord leur accorder un nombre de membres égal à ceux des représentants des actionnaires (ou de l'état dans les établissements publics). C'est également d'annuler toutes les dispositions internes des conseils d'administration qui restreint leur rôle dans les votes et dans les décisions, les maintenant dans un rôle d'observateurs. C'est d'obliger les entreprises à leur accorder un rôle important (président ou vice-président) avec de réels pouvoirs. Et surtout de bien s'assurer qu'aucune entreprise ou établissement public n'est oublié dans cette réforme. Ainsi, les lois de démocratisation du secteur public ne concernent pas tous les établissements publics ; plusieurs établissements publics ayant été exclu du champ d'application de la loi et dans certains établissements, le seul représentant du personnel n'y a qu'un droit d'expression extrêmement limité (l'ANCV, la Banque de France, l'Agence française de développement, l'IEDOM et l'IEOM par exemple ... annexe III de la loi n° 83-675 du 26 juillet 1983 relative à la démocratisation du secteur public).
  
 

Saucratès

 

 

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1.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2185947-projet_pour_une_alternance_de_gauche_en_deux_mille.html

2.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2233886-projet_pour_une_alternance_de_gauche_en_deux_mille.html

a.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2663785-quel_programme_fiscal_pour_la_gauche_pour_2012.html

b.https://saucrates.blog4ever.com/blog/lire-article-447196-2635507-quel_programme_de_gauche_en_matiere_d_enseignement.html



04/04/2012
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