Les émeutes … et après ?
Les émeutes … et après ?
Par Saucratès
Saint-Denis de la Réunion, samedi 8 juillet 2023
Quelles analyses tirer des émeutes urbaines de 2005 ou de 2023 ? Je me suis vraisemblablement d’avantage senti concerné par ces émeutes de 2023 parce que j’étais à ce moment-là en France métropolitaine, lorsque ces événements surgirent, lorsque ces émeutes se déroulèrent. Loin des lieux de ces émeutes, mais en même temps, la simple écoute des stations de radio et des émissions de RTL suffirent à me donner l’impression que la situation pouvait exploser à tout moment, partout en France, et donc proche de moi.
En 2005 pour la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, comme en 2016 pour la mort d’Adama Traoré, ou enfin en 2023 avec la mort de Nahël, l’incident générateur est la mort d’un ou de plusieurs délinquants, défavoblement connus des forces de l’ordre, mort imputée à chaque fois à l’intervention des forces de l’ordre. À chaque fois, également, les délinquants deviennent des icônes populaires en lesquels tous les jeunes des banlieues disent se reconnaître, des sortes de saints dont tous les méfaits sont immédiatement oubliés, absous.
Et de la même manière, tous ces jeunes qui vont s’en prendre aux forces de l’ordre, aux gendarmes, aux policiers qui tentent de faire régner l’ordre, aux pompiers qui tentent d’éteindre les incendies que ces groupes allument, qui deviennent également des égéries du réveil de la conscience populaire, de ces icônes de la pop culture, de ces combattants des forces du Bien.
La vraie question qu’il faudrait peut-être se poser, c’est pourquoi reconstruit-on ce que ces jeunes de ces mêmes quartiers détruisent ? Comment voulez-vous que ces jeunes et ces moins jeunes comprennent la connerie de leurs actions stupides si vous reconstruisez à neuf tout ce qu’ils ont brûlés, tout ce qu’ils ont incendiés, tout ce qu’ils ont détruits ? S’ils devaient désormais vivre au milieu des gravats de leurs actions, si leurs proches, si les générations suivantes, leurs enfants, devaient désormais vivre au milieu des ruines, s’ils devaient s’en expliquer auprès de leurs proches, au lieu de se raconter leurs faits d’armes au cours de ces révoltes urbaines, peut-être que le message passerait mieux. Evidemment, ces abrutis changeraient de villes, de quartiers, et ceux qui subiraient le déclassement de vivre au milieu d’infrastructures détruites ne seraient probablement pas ceux qui les auraient brulées. Mais pourquoi l’Etat s’emmerde-t-il à reconstruire ce que ces abrutis d’émeutiers ont détruit ? Ils recommenceront dès qu’ils le pourront, dès que l’occasion leur en sera donnée. À la première injustice qu’ils estimeront suffisante. Ou bien dès qu’ils se croiront protéger et anonymes dans la masse des émeutiers.
Thomas Piketty, grand économiste français dont j’admire les travaux sur la répartition des richesses et les déséquilibres qui en résultent en matière de répartition du Capital, pointé du doigt les écarts de prix du foncier entre les villes et les plus chères, et donc celui, celles où la richesse se concentre, et les autres villes où le prix de l’immobilier est beaucoup moins cher. Thomas Piketty ne devra pas s’intéresser à la politique car il y raconte des âneries. Les français veulent-ils vraiment que le prix de l’immobilier atteigne partout les prix parisiens ou le prix des quartiers coquets du Sud de la France ou de la région parisienne. Ne soyons pas stupides ! Ce sont des quartiers où les jeunes ménages ne peuvent plus s’installer, ne peuvent plus acheter ou reprendre un bien immobilier, ni même y louer un appartement. C’est cela que Thomas Piketty veut ? Une France où les jeunes générations ne peuvent plus investir ? L’Allemagne où les prix de l’immobilier ne sont absolument comparables, bien moins chers, où les loyers sont également bien moins chers, n’est pas une région déshéritée pour autant. Bien au contraire. Tout ceci est stupide.
Obliger les émeutiers à rendre compte de leurs actes est aujourd’hui indispensable. Non pas forcément devant la justice puisqu’en fait, la majorité d’entre ces casseurs, ces émeutiers, ces jeunes, n’auront pas été interpellés et ne seront pas poursuivis. Parce que la réponse judiciaire ne sera jamais à la hauteur de ce qu’ils auront détruit, brulé, cassé. Il faut les obliger à rendre compte devant leurs pairs, devant leurs petits frères et petites sœurs, qui devront désormais être scolarisés dans les ruines de ce qu’ils auront brûlés, devant leurs parents auxquels on aura coupé les allocations, et devant leurs propres enfants pour que le discours de fierté, j’y étais, devienne un discours de honte. Il faut surtout empêcher que dans quelques années, les discours de victimisation de ces quartiers ne soit prétexte à des municipalités de gauche ou écologistes de lancer de grands travaux de réhabilitation. Il faut que ces émeutiers apprennent à vivre dans des ruines pour que les générations suivantes cessent d’idéaliser les émeutes urbaines et les émeutiers. Il faut qu’ils payent !
L’écart entre la France des riches et la France des pauvres et des quartiers populaires deviendra-t-elle encore plus importante ? La prochaine fois, les jeunes des quartiers populaires qui voudront en découdre avec les forces de l’ordre iront-ils brûler les quartiers bourgeois de nos villes ? La bourgeoisie française a-t-elle intérêt à faire reconstruire sur fonds publics les quartiers populaires pour éviter que demain, ces mêmes groupes de jeunes désœuvrés et déscolarisés ne viennent s’en prendre à leurs quartiers cossus, à leurs infrastructures publiques ?
Au fond, sommes-nous uniquement obligés la survenue de prochains épisodes du même type dans quelques années ou dizaines d’années ? Est-ce sans espoir ? Il faudrait pourtant que ces bandes de jeunes abrutis et abruties payent !
Saucratès
Post scriptum : Je ne parle pas du meurtre en lui-même de ce jeune par un policier. Choquant ou non, cela ne donne en aucun cas selon moi raison aux hordes de jeunes émeutiers de faire ce qu’ils ont fait. Bizarrement, un jeune guinéen est également assassiné à Angoulême pour un même refus d’obtempérer et pratiquement personne n’en parle ou ne se soulève. Mais il ne parle peut-être pas aux jeunes de banlieue ; ce n’est pas un délinquant et il n’a pas la nationalité française.
Il y a évidemment un problème avec le comportement de certains membres des forces de l’ordre. J’ai moi-même expérimenté il y a quelques années, la stupidité de certains policiers de la BAC, heureusement avant qu’ils aient le droit de tirer pour un refus d’obtempérer. Un simple petit geste de deux doigts de la part d’un policier à l’arrière d’une voiture de police de la BAC et je devais comprendre que je devais les suivre et m’arrêter pour un contrôle. Désolé mais ce n’était pas clair. Et parce que j’ai continué mon chemin, le véhicule de la BAC a remonté en sens interdit une rue pour se ruer sur ma voiture. Refus d’obtempérer selon eux, armes sorties. Pour des feux de brouillard allumés. Et un flic complètement allumé, très probablement complètement stone, particulièrement énervé. Mon affaire finie (amende que je n’ai d’ailleurs pas pu faire sauter), le véhicule de la BAC est reparti à vive allure, toute sirène hurlante, à la poursuite d’une autre potentielle victime. Des cowboys lâchés dans la ville. A bien réfléchir, ce jour-là, je ne suis peut-être pas passé très loin d’être moi aussi la victime d’une erreur policière. Ou mon passager. Je n’étais pas jeune, je n’étais ni un jeune noir ni un jeune maghrébin, mon passager avait plus de soixante ans, mais ce n’est pas passé très loin. La police possède en son sein un certain nombre de fous furieux qui ne devraient ni porter une arme, ni faire partie des forces de l’ordre. Mais le problème est que tous les flics qui les entourent les couvrent jusqu’à ce qu’ils commettent l’irréparable.
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