Critiques de notre temps

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Retour sur quelques idées tirées des podcasts Chaleur humaine

Vous trouverez ci-après quelques commentaires sur des idées exposées dans des podcasts du Monde de l’émission Chaleur humaine.
 
Au fond, je suis très souvent sceptique sur les idées que l’animateur ou ses invités présentent. Les interventions du présentateur de cette émission, M. Nabil Wakim, tourne souvent autour de la question du comment on peut obliger, contraindre, imposer, aux gens d’appliquer telle ou telle idée, qu’ils considèrent comme bonne pour le climat, pour la planète ou pour l’homme. Et ce genre de préoccupations fascisantes m’insupportent profondément. 

 

Mais rarement, certaines de leurs idées me semblent intéressantes. Je vais ainsi revenir vers quelques uns des derniers podcasts que Nabil Wakim avait réalisé pour le début de l’année 2025, pour nous aider dans nos bonnes résolutions pour 2025.

 
7.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501070600-dix-idees-pour-le-climat-un-nutri-score-generalise-710

 

Ce septième épisode de Chaleur humaine est un contre-exemple. Je ne suis pas en accord avec l’idée qui y est évoquée, pas plus que je n’étais en accord avec le deuxième épisode de cette série qui proposait d’inverser la logique des banques.

 

https://saucrates.blog4ever.com/de-la-necessaire-lutte-contre-lecologie

 

Nabil Wakim y reçoit ainsi un médecin qu’il présente comme épidémiologiste, Jean-David Zeitoun. Au fond, je n’ai pas grand chose à dire contre la généralisation du nutri-score qu’il évoque, sauf que les propositions de ce monsieur ne s’arrêtent évidemment pas là. Le nutri-score lui-même ne me dérange pas même si je ne l’ai jamais regardé dans un supermarché avant d’acheter un produit. L’idée de le généraliser à tous les produits me semble déjà limite sachant que dans son idée, tous les produits végétaux ont un nutri-score excellent et les produits issus de l’animal ont des mauvais nutri-scores. Que ce nutri-score pénalise des produits ultra-transformés, cela me semble normal. Qu’il cible aussi tous les produits du règne animal parce qu’ils seraient mauvais pour la santé ou pour la planète, je trouve cela très moyen. Selon moi, on quitte la science pour toucher au politique, à l’opinion, en reniant toute notre humanisation. Sans la salaison ou la fumaison des viandes, il n’y aurait jamais eu de sociétés humaines, ni de possibilité de conservations des denrées alimentaires, de résistance aux épisodes de famine ou de périodes de soudure alimentaire. On ne peut pas renier tout ce qui fait de nous des humains par extrémisme écologique !

 
Les idées de Jean-David Zeitoum vont évidement plus loin. Il faut agir selon lui à travers le nutri-score soit légalement en interdisant la publicité ou la vente, pour freiner leur consommation, soit économiquement en taxant la consommation des produits avec un mauvais nutri-score. Selon lui, on cherche tous à manger sainement et c’est par ignorance que l’on achète du Nuttela ou des délicieuses entrecôtes. Il en arrive surtout à sortir avec aplomb des stupidités en tant que certitudes économiques. Les entreprises qui fabriquent des produits mal nutri-scorés coûtent beaucoup plus d’argent à la collectivité qu’elles n’en rapportent (parce que le PIB ne tient pas compte des coûts induits). En même temps, selon lui, aucun industriel touché par le nutri-score n’a jamais été contraint de mettre en œuvre de plan social (vu le nombre de plans sociaux se produisant chaque année et l’explosion actuelle, cela me semble cavalier). Et toujours selon lui, cela signifie que ce nutri-score n’a pas d’impacts sur la santé des entreprises et qu’il est bon pour le commerce (mais il propose en même temps de changer l’impact du nutri-score en imposant des taxes et il veut faire payer les industriels pour les effets supposés induits). Mais du coup, le nutri-score n’aurait aucun intérêt. Pourquoi les industriels le combattraient-ils ? 
 
En clair, cet épisode de Chaleur humaine avec Jean-David Zeitoum et Nabil Wikimedia n’est qu’une énième variation autour du fascisme écologique et de la dictature environnementale et du nutri-score. Vous donnez un doigt à un extrémiste écologiste ; il vous bouffera le bras.

 

8.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501080600-dix-idees-pour-le-climat-un-malus-contre-la-fast-fashion-810

 
J’adhère beaucoup plus facilement au huitième épisode de Chaleur humaine sur la fast-fashion et l’ultra-fast-fashion (la vente de vêtements à jeter après avoir été portés). Évidemment, cela ne touche pas un élément aussi important pour moi que la nourriture et mon droit de manger une bonne entrecôte grillée. Est-ce pour cela que je n’y suis aucunement opposé ?

 
J’adore acheter des vêtements le plus rarement possible qui me dureront des années et des années. L’invitée de Nabil Wakim pour cet épisode est Julia Faure, fondatrice de la marque Loom. Elle plaide pour une taxe sur la fast-fashion, ces produits fabriqués à bas coût et vendu pour presque rien. Sa démonstration est néanmoins selon moi assez hésitante sur les coûts inhérents à la fast-fashion. Au fond, elle ne peut pas expliquer comment une taxe appliquée maintenant sauverait l’industrie textile survivante française, qui de toute façon, demeurera concurrencée par les productions polonaises ou espagnoles ou turques. Je partage la même opinion qu’elle mais je trouve son argumentation fragile, sommaire. Taxer la fast-fashion est bien sûr important, subventionner la production proche de vêtements est également central, mais cela ne relèvera pas le salaire des travailleurs du Bangladesh. Les groupes qui se fournissent là-bas chercheront à encore baisser les prix pour faire absorber la taxe par leurs fournisseurs afin de préserver leurs marges. Tant que des consommateurs achèteront ces produits, il y aura des entreprises pour les lui fournir. 
 
Elle n’aborde pas non plus le principal impact de la fast-fashion sur le climat, à travers le transport de ces milliards de vêtements entre les pays de fabrication et les pays de consommation, ainsi que le coût environnemental et écologique du recyclage de ces vêtements à jeter après avoir été porté quelques fois. On n’y aborde pas le coût en matières premières pour leur fabrication et l’impact environnemental de cette fabrication.
 
Quelle autre solution pourra-t-on trouver ? Il faudra sûrement inventer un système d’étiquette, d’information, de nutri-score qui donnera des informations au consommateur souhaitant savoir la décomposition du prix qu’on lui demande de payer, l’identité de l’entreprise fabricante et le salaire mensuel touché par le salarié pour la fabrication (ou le salaire minimum appliqué par cette entreprise. Parce qu’entre un polo Lacoste ou Raph Lauren à 100 ou 150 euros, et un polo tout simple siglé Décathlon ou d’une marque de distributeur à 25 ou 30 euros, je ne suis pas sûr que les salariés du fabricant des premiers soient payés quatre fois ou six fois plus que les salariés du fabricant du second. Mais je vais aussi difficilement accepter de payer quatre ou six fois plus cher sans réfléchir.  
 
Ce genre d’étiquetage aurait un intérêt. Déjà en forçant les entreprises multinationales à s’intéresser à ces questions chez leurs sous-traitants (le salaire des travailleurs et travailleuses). Il faudra évidemment des amendes en cas d’informations fausses mentionnées, capables de faire réfléchir de tels groupes. Il faudra vraisemblablement le rendre obligatoire ou espérer que les consommateurs privilégieront les marques jouant le jeu aux autres marques. Mais un bon extrémiste écologiste voudra surtout forcer le consommateur à regarder cette étiquette, le taxer si le consommateur ne regarde pas longuement l’étiquette ou ne valide pas qu’il a lu ces informations !

 
Bien plus qu’une taxe aux résultats incertains, un tel étiquetage et la responsabilisation pénale des vendeurs finaux sur la véracité des informations indiquées devraient avoir un très fort impact sur les rémunérations des travailleurs et travailleuses dans les pays à bas coût de main d’œuvre.

 
6.https://podcasts.lemonde.fr/chaleur-humaine/202501060600-dix-idees-pour-le-climat-300-conventions-pour-lalimentation

Une fois n’est pas coutume, je suis totalement en accord avec cet épisode de Chaleur humaine. Nabil Wakim y recevait le chercheur Nicolas Bricas, qui propose de lancer 300 conventions citoyennes de l'alimentation pour associer consommateurs, agriculteurs, distributeurs, experts et élus locaux dans des assemblées destinées à reprendre en main notre alimentation.
 
Il y donne les exemples d’une expérimentation menée à Montpellier d’un groupe qui combine une participation fonction des revenus des gens et un questionnement et un subventionnement des produits et de structures. Et cette idée me paraît tellement intéressante qu’il me semble qu’elle devrait être proposée à la Réunion. L’idée de généraliser de nombreuses conventions citoyennes ou de projets citoyens qui se rencontrent, qui discutent, autour de l’alimentation, entre citoyens, entre agriculteurs, entre commerçants au sujet des produits qui seraient favorisés, privilégiés, préférables me semble extrêmement intéressante.
 
La généralisation des cotisations demandées aux membres me semble aussi intéressante. De 1 euro à 150 euros selon les revenus, permettant de reverser une aide de 100 euros par personne, à dépenser dans les magasins partenaires. Sortir de l’idée que les citoyens n’ont que des droits et attendent des aides. On pourrait aussi envisager une participation des collectivités locales pour accroître cette aide. Mon seul désaccord avec Nicolas Bricas porte sur l’intérêt de la présence indispensable d’experts dans ces conventions citoyennes ou ces associations. Cette présence viserait à se protéger de la diffusion de fausses informations. Mais pour quelle raison un ou des experts aurait-il le droit de décider de ce qui peut être dit et de ce qui ne peut pas être dit ? Pour quelle raison le libre exercice de la démocratie et de la libre expression des opinions des uns et des autres ne pourrait pas suffire ? Pour quelle raison la simple possibilité d’une expression d’une opinion divergente dans une seule de ces conventions citoyennes serait-elle si dangereuse ? Mais hormis ce point, j’adhère totalement à la mise en œuvre d’une telle proposition. Et non pas 300, mais autant de conventions ou d’associations que les gens veulent organiser. Nicolas Bricas n’est pas d’ailleurs très clair sur le périmètre de sa proposition. Trois par département ou autant qu’il n’y a de communes ou de villes par département ? 
 

Bonne écoute à tous.
 
 
Saucratès
 



23/01/2025
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