Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Que faut-il penser de la prochaine année 2020 en matière boursière ?

Saint-Denis de La Réunion, mardi 17 décembre 2019

 

Je ne suis pas un analyste boursier. Je n'y connais vraiment pas grand chose en matière financière. Je suis même persuadé depuis plusieurs années que la bourse française, et plus largement mondiale, devait ... et doit toujours ... s'effondrer. Je ne suis donc absolument pas très compétent en la matière. 

 

Je reproduirais ci-dessous un article du Monde, publié par M. Didier Saint-Georges, qui est membre du comité d'investissement de Carmignac, une société de gestion d'actifs indépendante, l'un des leaders du marché de la gestion d'actifs en Europe.

 

Mais avant, et au-delà de cette chronique, il est utile de rappeler que l'année 2018 avait été une «annus horribilis», avec une chute de la presque totalité des places financière de l'ordre de 20% entre le début et la fin du quatrième trimestre 2018. Pourtant, dès le début de l'année 2019, les marchés financiers mondiaux ont effacé cette baisse importante et l'année 2019 se conclut désormais sur des retours sur des plus hauts historiques, malgré toutes les alertes et les tweets incidiaires des uns ou des autres.

 

Et pourtant, nombre d'intervenants sur les marchés financiers sont inquiets pour l'année 2020. Selon certains intervenants, «le rebond des marchés financiers en 2019 a été porté par un revirement de la politique monétaire américaine, qui ignore la montée des risques : affaiblissement macro-économique, guerre commerciale sino-américaine et déceptions sur les résultats des entreprises.»

 

Une conclusion d'une analyste financière rencontrée, qu'il faut avoir à l'esprit au cas où vous seriez tenté de «jouer» (terme révélateur) en bourse au cours de cette année 2020 : «En conclusion, il y a beaucoup d’incohérence entre la montée des risques, la dégradation des fondamentaux et le comportement des marchés.»

 

Evidemment, à force de jouer les Cassandre en matière boursière, année après année, je devrais forcément un jour avoir au moins un peu raison !!! Au moins partiellement ...

 

 

CHRONIQUE de Didier Saint-Georges (LE MONDE)

Membre du comité d'investissement de Carmignac

Bourse : pourquoi il faudra se montrer vigilent en 2020

 

Malgré un optimisme ambiant sur le court terme, mieux vaudra être très regardant sur la qualité des actions à mettre dans son portefeuille, estime Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement de Carmignac.

 

« On ne serait trop recommander d’être vigilant à l’égard d’un retour de la volatilité », écrit notre chroniqueur Didier Saint-Georges.

 

Il est de coutume, en cette saison, de livrer ses prévisions pour les douze mois à venir. Un exercice à aborder avec humilité - rappelons qu’il y a un an exactement, la forte baisse des marchés d’actions avait rendu la plupart des prévisionnistes très prudents… Qu’importe, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la majorité des prévisionnistes s’accordent aujourd’hui, forts d’une année boursière 2019 brillante, pour anticiper une année 2020 favorable.

 

Les arguments rationnels ne manquent pas. L’accord commercial trouvé entre la Chine et les Etats-Unis, certes modeste, réduit l’incertitude générale, voire éteint toute crainte d’un risque de dérapage catastrophique sur ce terrain en 2020. Même chose concernant le Brexit : le sentiment que le pire a été évité l’emporte sur l’examen des difficultés demeurant à surmonter.

 

Sans compter que si les marchés profitent depuis des années du soutien des banques centrales, ils peuvent désormais compter aussi sur celui de Donald Trump ! En effet, celui-ci fera tout en 2020 pour se présenter à l’élection présidentielle avec une économie américaine au beau fixe et des indices actions au plus haut.

 

Economiquement, un certain nombre d’indicateurs s’accordent sur le diagnostic d’un point bas du mini-cycle entamé en 2016. Il devrait laisser place à une reprise dans les prochains mois, comme ce fut le cas après les ralentissements de 2011-2012 et de 2014-2015.

 

Quant aux actions, elles demeurent, en dépit de valorisations élevées, la classe d’actifs désirable au moins par défaut tant que les taux d’intérêt sont très faibles, et ce, grâce à la « prime de risque », c’est-à-dire au surplus de rendement qu’elles apportent par rapport aux obligations. C’est ce qu’exprime l’acronyme Tina, pour « there is no alternative » (« il n’y a pas d’autre choix », en français), actuellement sur les lèvres de tous les acteurs de marché et qui clôt le débat.

 

Profitons toutefois de cette pause dans les angoisses de récession imminente pour revenir sur les problématiques structurelles, qui ont cette faculté d’être oubliées quand elles n’ont pas de conséquences immédiates. Pour mieux resurgir ensuite. Ces questions de fond tournent pour l’épargnant autour d’une incapacité du monde à se relever complètement de la grande crise financière de 2008.La raison en est assez simple. En réponse à ce moment historique, les Etats ont d’abord dû s’endetter comme jamais pour renflouer un secteur bancaire dont l’explosion aurait plongé l’Occident dans des tourments dignes de la crise de 1929. Ce fardeau leur ôtant toute marge de manœuvre budgétaire, les gouvernements ont ensuite dû confier aux banques centrales le soin de relancer une activité économique profondément ébranlée par la grande crise.

 

La méthode employée fut aussi audacieuse qu’astucieuse : la Fed (réserve fédérale américaine), puis la Banque du Japon, son homologue européen, et la plupart des autres banques centrales du monde s’employèrent à faire monter le prix des actifs financiers. L’idée était naturellement que la hausse de leur valeur créerait un « effet richesse » pour leurs détenteurs, qui se découvrant plus riches pourraient se remettre à consommer. De quoi relancer la machine économique.


En se portant souvent directement acheteuses, les banques centrales ont fait grimper les prix des actifs obligataires, et ce sont tous les actifs financiers qui en ont profité. Mais si ces derniers peuvent défier longtemps les lois de la gravité, puisqu’il n’y a pas de limite réelle à la quantité d’achats qu’une banque centrale peut effectuer, il n’en va malheureusement pas de même pour l’économie réelle. Pas de création de richesse dans ce domaine sans investissements productifs, et sans croissance des emplois et des revenus salariés…

 

Seuls les détenteurs d’actifs financiers ont donc pu bénéficier de cet « effet richesse », si bien que la croissance économique réelle n’a pas été à la hauteur, il s’en faut, de la hausse des marchés financiers. Du Chili à la France, en passant par les Etats-Unis, une rébellion de la classe moyenne « simple salariée » s’est en conséquence développée contre l’accroissement des inégalités, exacerbé depuis dix ans. La pression se fait désormais très forte sur les gouvernements pour écorner les serments de vertu qu’ils ont pris après la grande crise de 2008, et enfin dépenser plus.

 

Sur ce plan, il est probable que les Etats-Unis puissent faire bien davantage, et bien plus tôt, que l’Europe. Non pas que leur situation financière soit enviable : leur endettement et leurs déficits budgétaires et commerciaux sont pires que les nôtres (la vertu - financière, ici - n’a jamais été la priorité de Donald Trump). L’appétit des investisseurs obligataires pour financer l’explosion des besoins de financements américains se réduit en outre comme peau de chagrin. Mais différence de taille d’avec l’Europe : la Fed aura beaucoup plus de marge de manœuvre pour financer directement, si besoin, ces dépenses.

 

Certes, le financement d’un déficit budgétaire par une banque centrale soulèvera toutes sortes d’objections (l’indépendance de la Fed posera question), mais la fin justifiant les moyens, ce sera la seule façon d’aboutir à une indispensable relance budgétaire sans provoquer un crash obligataire.

 

Aussi, les candidats à l’élection présidentielle de 2020 ne manqueront pas de promettre des plans de relance salvateurs. Avec retard, la même maladie appellera le même traitement en Europe. Beaucoup de résistances, y compris culturelles, devront être ici vaincues, par Christine Lagarde en particulier. Cela prendra du temps mais mêmes les pays les plus historiquement vertueux devront convenir qu’une récession est simplement interdite en Europe du fait du niveau d’endettement des pays les plus fragiles. Nécessité fera loi.

 

Les Etats-Unis tirant les premiers, ces largesses de la banque centrale finançant ouvertement les déficits de son gouvernement pourraient provoquer, au moins dans un premier temps, une baisse de confiance dans le dollar, et favoriser le prix de l’or.

 

Logiquement, des plans de relance économique plus affirmés devraient contribuer à une hausse des taux d’intérêts, mais l’intervention des banques centrales consistera précisément à éviter un effondrement des marchés obligataires. Il devrait donc y avoir place pour des gestions obligataires actives capables d’exploiter un regain de volatilité sur cette classe d’actifs.

 

Quant aux marchés d’actions, ils devraient une fois de plus aller là où la croissance sera la plus forte, ce qui privilégierait de nouveau les Etats-Unis. Mais cela ne sera certainement pas un long fleuve tranquille, du fait des tensions sur les marchés de taux et de devises, et l’on ne serait trop recommander d’être vigilant à l’égard d’un retour de la volatilité, et très regardant sur la qualité des actions à mettre en portefeuille. Les marchés actions sont déjà chers aujourd’hui, et une gestion passive qui miserait sur une continuation d’un marché haussier universel sans distinction de mérites pourrait s’avérer très décevante.

 

Nous n’en sommes pas là. Pour l’instant l’espoir qui prévaut à court terme est que la longue et laborieuse progression économique des dix dernières années soit pour la troisième fois sauvée in extremis. Mais au vu des enjeux, il n’est pas inutile de commencer à raisonner avec quelques coups d’avance.

 

https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/12/17/bourse-pourquoi-il-faudra-se-montrer-vigilant-en-2020_6023121_1657007.html



17/12/2019
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