Critiques de notre temps

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Évolution de l’homme et climat - Histoire des glaciations

Évolution de l’homme et climat

Histoire des glaciations

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, jeudi 23 février 2023


L’histoire de l’humanité et des sociétés humaines est inséparable des évolutions climatiques des derniers millénaires et des dernières centaines de milliers d’années. Je ne parle pas véritablement de l’actuel réchauffement climatique qui monopolise les réflexions de tous les militants et activistes écologistes. Même si au fond, cette préoccupation ne fait que confirmer mon assertion sur le lien entre notre histoire et le climat. 

Je parle plutôt du fait que nos sociétés humaines sont inséparables de l’actuelle période interglaciaire dont la fin remonte à 12.000 ans. On note aussi que l’histoire des migrations humaines, les diverses sorties des hommes préhistoriques d’Afrique, les migrations en Amérique ou en Australie, sont également liées aux périodes glaciaires où les possibilités de déplacement entre plaques continentales étaient plus faciles.

 

Les quatre grandes glaciations du pléistocène, de -760.000 ans BP à aujourd’hui 

Les quatre grandes glaciations du pléistocène se nomme les glaciations de Günz, de Mindel, de Riss et de Würm, du nom d’affluents du fleuve Danube. Il s’agit des noms donnés aux glaciations alpines ; dans d’autres pays, sous d’autres contrées, elles portent des noms différents mais correspondent à des périodes de temps plus ou moins comparables. Les périodes glaciaires et interglaciaires n’ont pas eu en effet les mêmes effets sur tous les continents, l’Europe et l’Amérique du Nord dans l’hémisphère Nord étant gagnées par la banquise, tandis que le continent asiatique ou l’hémisphère Sud enregistrent des climats plus agréables. L’Afrique subit aussi les conséquences de ces évolutions climatiques avec des alternances de  Sahara vert et de grand aride. Cette chronologie est par ailleurs considérée comme obsolète, remplacée par une chronologie des stades isotopiques de l’oxygène (SIO) correspondant au rapport entre l’isotope 18 de la molécule d’oxygène et son isotope 16 (O18 / O16). Néanmoins, dans l’histoire de l’humanité, on utilise encore souvent les appellations alpines de ces glaciations.

 

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La plus ancienne de ces glaciations du pléistocène, dite glaciation de Günz, s’étend ainsi de -760.000 à -530.000 ans avant le temps présent (BP-before present). 

 

La deuxième période glaciaire du pléistocène, dite glaciation de Mindel, s’étend pour sa part de -475.000 à -370.000 ans BP. 

 

Entre les deux, la période de temps appelée «interglaciaire Günz-Mindel» correspondant ainsi aux années -530.000 jusqu’à -475.000 ans BP, qui présente des températures plus élevées et un réchauffement climatique planétaire.

 

La troisième période glaciaire du pléistocène se nomme glaciation de Riss. Elle s’étend de -350.000 à environ -120.000 ans BP, ce qui laisse la place pour une période interglaciaire dite Mindel-Riss entre -370.000 ans et -350.000 ans BP.

 

La dernière période glaciaire qui nous concerne plus précisément, est la glaciation dite de Würm (~Wisconin/Wechselien/Valdaï), qui s’étend de -115.000 à -11.700 ans BP. La période interglaciaire dite Mindel-Würm (aussi appelé Eémien) s’est étendue pour sa part de -120.000 à -115.000 ans BP.

 

Evidemment, chaque période glaciaire s’accompagne de phases de glaciation plus forte et de phases de moindre glaciation. La glaciation de Würm est ainsi divisée en quatre phases : Würm-I de -115.000 à -70.000 ans BP où les températures sont moyennement froides, Würm-II de -70.000 à -57.000 ans BP où les températures deviennent glaciales, Würm-III de -57.000 à -30.000 ans BP où les températures deviennent plus clémentes (à noter de -47.000 à -45.000 ans BP se trouve une brève période de réchauffement climatique dite interstade du Groenland 12), et enfin Würm-IV de -30.000 à -11.700 ans BP qui correspond au maximum glaciaire.

 

La période récente, le Dryas

Au sein de cette dernière période de la glaciation de Würm et de Würm-IV, la période s’étendant de -16.500 à 11.700 ans est appelé le Dryas (du nom d’une fleur, la Dryas octopetala) qui pousse dans les Alpes).

 

- Le Dryas ancien qui s’étend de -16.500 à -14.600 ans BP est une phase froide

- L’interstade Bölling qui s’étend de -14.670 à -14.000 ans BP enregistre un net réchauffement des températures

- Le Dryas moyen correspond à une brève phase glaciaire entre -14.000 et 13.900 ans BP.

- L’interstade Alleröd qui s’étend de -13.900 à -12.900 ans BP enregistre une moindre remontée des températures.

- Le Dryas récent s’étend de -12.900 à -11.700 ans BP et enregistre une chute drastique des températures (-7 degrés dans l’hémisphère nord).

- Le Dryas jeune s’étend enfin de -10.800 à -10.100 ans BP, marqué par une nouvelle période de refroidissement climatique.

 

À noter qu’à partir de -11.700 ans BP, on bascule dans l’holocène, qui s’accompagnera d’une remontée des températures et des océans de près de 120 mètres. 

 

L’évolution du climat africain pendant les glaciations

À noter que l’Afrique est affectée différemment par ces périodes glaciaires, même si elle est non concernée par l’évolution des glaciers, mais évidemment affectée par les abaissements et les remontées des océans. L’ensemble du quaternaire s’accompagne de phases arides et d’autres humides. Ainsi, au cours des derniers milliers d’années de la glaciation de Würm et du Dryas récent, la période africaine de -30.000 à -20.000 ans BP correspond à une phase humide, tandis que la période de -20.000 à 12.000 ans BP correspond à une phase d’extrême aridité (avec une phase extrême entre -16.000 et -14.000 ans BP). Les dunes du Sahara s’étendent très largement au-delà de leurs limites actuelles et «il est certain que, pendant plusieurs millénaires, le Sahara élargi a constitué une barrière autrement plus hostile pour l’homme que l’actuel Sahara». (Source: «Histoire générale de l’Afrique - Tome 1 - Méthodologie et préhistoire africaine», éditeur Présence africaine / Edicef / Unesco)

 

A partir de -12.000 ans BP, «les régions sahariennes de l’Afrique ont connu une extraordinaire extension des lacs depuis les côtes de l’Atlantique jusqu’à celles de la Mer Rouge». On observe ensuite des alternances de phases arides suivies de phases humides d’environ 1.000 à 1.200 ans. Ainsi, vers -8.000 ans BP, «le Sahara se couvre à nouveau de végétations et de multiples lacs s’y créent. Les troupeaux de grands herbivores quittent les zones tropicales où les forêts s'étendent, pour se diriger vers les savanes apparues dans les déserts du Nord et du Sud. Ils sont suivis par une population humaine de chasseurs-cueilleurs qui laissent des peintures et des gravures rupestres dans le Sahara. Le retour ultérieur du désert, à partir -5.000 ans BP jusqu’à -3.000 ans BP contraint cette population à migrer sur les rives du Nil, donnant naissance à l’Egypte antique. (Source Wikipédia).

 

Les diverses sorties d’Afrique des populations d’homo sapiens sont historiquement datées. Aux alentours de -100.000 ans BP ainsi que vers -50.000 ans BP, soit pour les deux au cours de ce que l’on appelle la glaciation de Würm.

 

La sortie du Dryas récent, vers -11.700 ans BP, correspond pour sa part à la construction supposée de Göbekli Tepe en Turquie, tandis que la fin du Dryas jeune correspond à peu près à son abandon également supposé vers -10.000 ans BP.

 

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Récapitulatif : frise historique

Je retracerai dans la frise historique ci-dessous les principales dates évoquées précédemment :

 

de -760.000 à -530.000 ans BP, glaciation de Günz

de -530.000 à -475.000 ans BP, interglaciaire Günz-Mindel

de -475.000 à -370.000 ans BP, glaciation de Mindel

de -370.000 à -350.000 ans BP, interglaciaire Mindel-Riss

de -350.000 à -120.000 ans BP, glaciation de Riss

de -120.000 à -115.000 ans BP, interglaciaire Mindel-Würm (ou Eémien)

de -115.000 à -11.700 ans BP, glaciation de Würm

de -115.000 à -70.000 ans BP, Würm-I

de -70.000 à -57.000 ans BP, Würm-II

de -57.000 à -30.000 ans BP, Würm-III

de -30.000 à -11.700 ans BP, Würm-IV

de -30.000 à -20.000 ans BP, phase humide africaine

de -20.000 à -12.000 ans BP, phase d’extrême aridité

de -16.500 à -14.600 ans BP, Dryas ancien

de -14.670 à -14.000 ans BP, interstade Bölling

de -14.000 à 13.900 ans BP, Dryas moyen

de -13.900 à -12.900 ans BP, interstade Alleröd

de -12.900 à -11.700 ans BP, Dryas récent

à partir de -11.700 ans BP, Holocène 

à partir de -12.000 ans BP, phase humide saharienne

de -10.800 à -10.100 ans BP, Dryas jeune

 

Nota : Le graphique suivant (source Wikipédia) retrace les périodes glaciaires au cours des 450.000 dernières années, sur la base de prélèvements en Antarctique de stade isotopique de l’oxygène (Épica, projet européen de datation Antarctique - Vostok, projet russe).

 

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24/02/2023
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