Critiques de notre temps

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L’affaire du siècle sur l’urgence climatique : vaste escroquerie gouvernementale

L’affaire du siècle sur l’urgence climatique : vaste escroquerie gouvernementale? Où comment imposer à un peuple français réticent et à des gilets jaunes remuants des mesures fiscales et réglementaires hautement impopulaires? Et les rendre obligatoires aux gouvernements suivants quelque soit les résultats des urnes en 2022 ?

 

Par Saucratès 

 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 17 octobre 2021

 


Qu’est-ce que l’affaire du siècle ? Il s’agit d’une plainte initialement déposée par quatre associations écologistes («Fondation Nicolas Hulot» (FNH), «Greenpeace France», Notre affaire à tous» et «Oxfam France») et d’une pétition associée qui a récolté plus de 2,1 millions de voix de citoyens (tous français ?) ou d’activistes écologistes. La campagne a été lancée en décembre 2018 et elle visait à poursuivre en justice l’Etat français pour inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/15/proces-climatiques-dans-les-coulisses-de-trois-ans-de-batailles-dans-et-en-dehors-des-tribunaux_6098444_3244.html

 

La France n’est évidemment pas le seul État à être poursuivi devant sa propre justice ou la justice internationale pour faire respecter les accords internationaux signés sur le climat. En 2017, l’ONU (le programme des Nations Unies pour l’environnement - PNUE) comptabilisait neuf cents procès climatiques. En 2021, je n’ose imaginer le nombre de ces procès.

«Le , dans une décision que les associations considèrent comme une victoire historique pour le climat, le tribunal administratif de Paris reconnaît la faute de l'État, et ordonne un complément d'information avant de se prononcer sur l'injonction à agir.» Il attribue 1 euro symbolique à trois des quatre associations ayant poursuivi l’Etat pour inaction.

https://www.actu-environnement.com/ae/news/affaire-du-siecle-audience-conclusions-rapporteur-public-tribunal-administratif-paris-36886.php4

 

Le 14 octobre 2021, le tribunal administratif de Paris «a ordonné au Premier ministre de prendre d'ici au  toutes les mesures utiles pour réparer le préjudice».

 

Voilà donc pour les éléments de contexte et les éléments objectifs sur cette affaire du siècle. Il y a eu le procès du siècle pour le procès du pétrolier Ericka. On a donc maintenant l’affaire du siècle, qui, entre parenthèses, ne vient que de commencer.

 

Tout ce qui suit n’est plus que mon interprétation de ce qui est en train de se jouer. Pour certains, l’affaire du siècle est une immense victoire. Mon interprétation personnelle de cette ‘affaire’ est qu’elle n’est rien d’autre qu’une immense manipulation de l’opinion publique utilisée par le gouvernement pour lui permettre de faire passer des mesures hautement impopulaires, surtout dans le milieu des campagnes, dans la France provinciale, et auprès des gilets jaunes, en lui permettant de se présenter comme étant contraint par la justice administrative française. 

 

Le ministre de l’écologie, avant qu’il ne soit exclu du gouvernement, puis exclu de la présidence de l’assemblée Nationale, François de Rugy, indiquait ainsi que la pétition citoyenne pouvait être considérée comme «une réplique au mouvement des gilets jaunes qui parlent parfois de l’écologie comme un problème.»

 

Deux France s’opposent. La France des urbains, des jeunes, face à la France des campagnes, majoritairement plus âgée, majoritairement moins diplômée. Les urbains et les écologistes contre les gilets jaunes et ceux qui vivent difficilement avec quelques centaines d’euros par mois. Deux peuples pour schématiser, et un gouvernement, une justice, qui ne représente qu’un seul de ces deux peuples. Et accessoirement, le peuple des villes, qui déclare lutter pour le réchauffement climatique, est aussi celui qui ne vit pas proche de la nature, qui ne le connaît pas hormis dans les reportages télé, ou en dehors des vacances qu’il est le seul à pouvoir prendre. N’est-ce pas aberrant que celui qui prétend défendre la nature soit justement celui qui ne s’en occupe jamais, qui ne vit pas avec elle ?

 

La justice administrative française est particulière. C’est l’une des deux branches de la justice française qui traite des relations entre l’administration et le justiciable, ou le citoyen. Qui traite des problèmes des fonctionnaires vis-à-vis de l’Etat, ou des particuliers avec les collectivités publiques ou l’Etat. Si le tribunal administratif de Paris a condamné l’Etat français pour inaction climatique, c’est parce que le rapporteur public auprès du tribunal administratif (avant 2009, on l’appelait «commissaire du gouvernement») - pour le jugement de janvier 2021, il s’agissait d’Amélie Fort-Besnard - dans ses conclusions, a proposé de condamner le gouvernement pour inaction climatique. J’ignore le nom du rapporteur public pour le jugement du 14 octobre 2021.

 

Mais le rapporteur public parle avant tout au nom de l’Etat. On ne peut pas imaginer que la position du rapporteur public, autrefois intitulé commissaire du gouvernement, sur une affaire impliquant l’ensemble de l’Etat et du gouvernement, n’est pas reçu préalablement l’aval de l’Etat lui-même. On ne parle pas de la simple contestation d’un permis de construire ou d’une indemnité d’expropriation, ou de l’annulation d’une simple procédure de licenciement ! On parle de l’affaire du siècle ! Et on voudrait nous faire croire que ce juge n’a reçu aucune directive ni n’en a attendue ?

 

https://www.dalloz-actualite.fr/flash/climat-rapporteur-public-conclut-carence-fautive-de-l-etat-dans-l-affaire-du-siecle#.YWyEOS8uef1

 

L’Etat est donc condamné par sa propre justice administrative sur les réquisitions d’un de ses magistrats, qui agit au nom et pour le compte des intérêts supérieurs de l’Etat lui-même ! 

http://paris.tribunal-administratif.fr/Actualites-du-Tribunal/Communiques-de-presse/L-Affaire-du-Siecle-l-Etat-devra-reparer-le-prejudice-ecologique-dont-il-est-responsable

 

Il y a deux façons de l’interpréter et deux façons de répondre à ce jugement. Dans le premier cas, d’ici le 31 décembre 2022, le gouvernement français doit prendre des mesures supplémentaires pour faire descendre les émissions de gaz à effet de serre de 15 millions de tonnes d’équivalent CO2. Ce jugement, même s’il condamne le gouvernement français à prendre ce genre de décisions correctives et passe pour une grande victoire symbolique pour les associations écologistes ayant poursuivi l’Etat, permet également de stopper l’action de ces associations écologistes d’ici 2022, met fin à la poursuite des actions judiciaires auprès du Conseil d’Etat (sauf si ces associations estiment que la condamnation n’est pas suffisante) et les empêche de saisir les juridictions européennes comme la Cour de justice européenne. 

Mais ce même jugement peut avoir un autre objectif : permettre d’imposer au peuple français des mesures fiscales et réglementaires extrêmement impopulaires, tout en expliquant aux français que le gouvernement y est obligé, y est contraint de prendre ces mesures, parce que sa propre justice administrative, parce qu’une condamnation judiciaire, lui impose de les prendre. 

Ce même jugement a potentiellement une autre portée symbolique. Imposer au gouvernement, quelque soit celui qui sortira des urnes en juin 2022, de mener cette politique et prendre ces décisions climatiques, que ce soit LREM qui remporte les prochaines élections, ou un quelconque adversaire, de droite ou d’extrême-droite ... même si cela est extrêmement improbable.

 

Est-il possible que ce gouvernement est choisi de se saisir de cette plainte judiciaire de quelques associations écologistes, pour ourdir un plan machiavélique visant à faire passer des mesures liberticides ou impopulaires ou contraindre un futur gouvernement à suivre une feuille de route pré-établie ? Et pourquoi faut-il que les journaux et médias n’aillent jamais chercher sous la surface des choses, en se contentant de se réjouir de la victoire de groupes de pression écologistes en la surnommant «l’affaire du siècle», sans chercher d’autres tenants ou aboutissants. Est-il possible que tout ceci ne soit qu’une mise en scène, une manipulation médiatique, où les manipulateurs ne seraient pas les associations qui ont cru manipuler l’opinion publique ? Un plan dans un plan ?

 

 

Saucratès



17/10/2021
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