Critiques de notre temps

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Lundi noir sur les marchés financiers, notamment asiatiques

Lundi noir sur les marchés financiers, notamment asiatiques

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, jeudi 8 août 2024

 

Selon Reuters, « les places boursières asiatiques ont accusé lundi 5 août 2024 l'une de leur pire séance depuis plusieurs années, voire décennies pour certains indices, dans le sillage d'un mouvement généralisé de vente provoqué par des craintes d'une récession économique aux Etats-Unis après de mauvais chiffres sur l'activité manufacturière et l'emploi. A Tokyo, l'indice Nikkei 225 a plongé de 12,4% le lundi 5 août 2024, à 31.458 points, soit sa plus forte baisse journalière en pourcentage depuis le 20 octobre 1987. Mais son repli en points (de - 4,451.28 points) dépasse la baisse accusée lors de cette précédente séance et constitue le recul journalier en points le plus important jamais enregistré. L'indice japonais affiche ainsi un repli de 27% depuis son pic du 11 juillet dernier, ce qui le place désormais en territoire baissier (le Nikkei 225 a néanmoins progressé de +10,23% le lendemain mardi 6 août 2024.

 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/08/05/les-bourses-redoutent-une-recession-et-plongent_6268577_3234.html

De son côté, la Bourse de Taïwan (TWII) a chuté de 8,4%, son plus fort repli en une séance depuis le 20 novembre 2000, selon des données de LSEG. En Corée du Sud, l'indice Kospi (KS11) a perdu 8,8%, sa plus forte baisse depuis octobre 2008 et la crise financière mondiale. Le plongeon a été tel - l'indice a perdu jusqu'à 10,8% - que cela a déclenché une restriction des échanges pour la première fois depuis quatre ans. En Asie du Sud, la Bourse de Singapour (STI) perd 4,4% pour se diriger vers sa plus mauvaise séance en quatre ans tandis que les places boursières en Indonésie (JKSE) et aux Philippines (PSI) perdent 3,3% et 2,6% respectivement.

On découvre aussi chaque jour de nouvelles règles et de nouvelles théories explicatives et prédictives des comportements des marchés financiers, comme la règle de Sahm, du nom de l'ancienne économiste de la Fed Claudia Sahm, qui a élaboré cette règle. Actuellement, Mme Claudia Sahm est économiste en chef chez New Century Advisors.

 
La règle dite de Sahm serait un indicateur précoce de récession historiquement précis. La règle de Sahm signale le début d'une récession lorsque la moyenne mobile sur trois mois des taux de chômage nationaux augmente de 0,5 point de pourcentage ou plus, par rapport au minimum des moyennes sur trois mois des douze mois précédents.

L'ancienne économiste de la Fed Claudia Sahm, qui a élaboré cette règle, explique que cette fois-ci, elle ne signale peut-être pas exactement une récession, mais qu'elle voit de nombreuses raisons de s'inquiéter de la trajectoire de l'économie.


«La règle de Sahm est un peu en avance sur elle-même parce qu'elle ne saisit pas ce pour quoi elle a été conçue», a-t-elle déclaré, citant les changements survenus dans l'économie après la pandémie de grippe aviaire et l'augmentation de l'immigration à la suite de pénuries de main-d'œuvre, qui perturbent les données.

Néanmoins, selon Mme Sahm, «Je ne pense pas que nous soyons en récession, mais la dynamique est en train de s'installer dans la mauvaise direction.» La raison invoquée par Mme Sahm est le retard pris par la Réserve fédérale américaine pour assouplir sa politique monétaire. «Étant donné que la FED a tardé à réduire ses taux d'intérêt, un rattrapage en septembre pourrait s'avérer très judicieux» (les marchés tablent sur une baisse des taux de 50 points de base lors de la réunion de septembre de la Fed, alors même que les inquiétudes liées à la récession ont ébranlé les marchés mondiaux lundi). «La Fed pourrait manquer de marge de manœuvre si elle n'agit pas rapidement, compte tenu du temps nécessaire pour que les baisses de taux aient un impact sur l'économie réelle.»

Les évolutions enregistrées par les marchés financiers américains et européens ont été beaucoup moins violents pour ce lundi 5 août 2024, avec une baisse de l’indice phare de la bourse de Paris (CAC40) de seulement -1,42% et de -2,60% seulement pour le Dow Jones Industrial Average, -3,00% pour le Standard and Poors 500, malgré le fait que Reuters titre sur la semaine de ‘la peur au ventre’ pour les actions américaines.

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Et pourtant, graphiquement, les évolutions enregistrées par les marchés financiers ne font pas apparaître de situation anormales pour l’instant. Ci-dessus l’évolution du CAC 40 sur les 20 dernières années (2004-2024) avec une figure sur les derniers mois qui n’est guère différent des mouvements de 2021-2022 et 2023.

 
Le recul de ces dernières séances de bourse ressemblent aux mouvements ou oscillations enregistrées régulièrement au cours des derniers semestres. Par ailleurs, les marchés de New York ou de Tokyo n’avaient jamais atteint de tels niveaux jusqu’au mois dernier, avec un Nikkei 225 a plus de 40.000 points. A son plus haut niveau avant la crise financière de 2007, le Nikkei 225 avait à peine dépassé les 18.000 points, soit son plus haut niveau depuis 1945.


Le Dow Jones a quant à lui aussi dépassé les 41.000 points éphémèrement en juillet 2024 alors qu’il dépassait à peine les 14.000 en octobre 2007. Pour mémoire, le Dow Jones était tombé à l'issue de la crise financière des subprimes à un minimum de 6.547 points en mars 2009. Les valorisations boursières américaines ou japonaises atteignent ainsi actuellement des niveaux jamais observés par le passé, largement supérieures au double des maximums précédents lors des précédentes bulles de valorisation boursière.  

 

Ceci peut ainsi expliquer l’extrême nervosité des marchés financiers. Une étincelle suffirait pour conduire à une explosion.

En 2007, les commentateurs des marchés financiers rappelaient une évidence. «Les arbres ne montent pas au ciel !» Aujourd’hui, les marchés financiers semblent avoir oublié cette évidence. On croyait aussi à cette époque avoir changé de logiciel, avoir changé d’époque. Mais ce n’était pas plus le cas en 2007 que ce n’était le cas lors de la bulle des valeurs internet de 1999-2000. Et il est peu probable que ce soit le cas le cas aujourd’hui, en 2024. Toute hausse a vraisemblablement une fin. La panique de ce lundi 5 août 2024 vient en somme nous rappeler une évidence. La moindre information alarmante dans un marché monstrueusement survalorisé se traduit mécaniquement par une chute vertigineuse des cours de bourse. Même si les cours boursiers de Tokyo ou de New York étaient divisés par deux, ils resteraient encore largement supérieurs aux plus hauts de 2007.

C’est un peu moins sensible pour la bourse de Paris et pour l’indice CAC40 qui a clôturé hier mardi 6 août 2024 à un peu plus de 7.100 points après avoir dépassé les 8.200 points en mai-juin 2024. Les précédents plus hauts de juillet 2007 s’élevaient à 6.000 points, avant que le CAC40 ne descendre à son plus bas niveau en mars 2009 à 2.569 points. A noter que son précédent plus haut niveau historique avait été atteint le 4 septembre 2000 avec 6.922,33 points. Soit pratiquement son niveau actuel d’août 2024.
 
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Cela n’empêche néanmoins pas de se rappeler que malgré le fait que la bourse parisienne semble moins survalorisée que les marchés américains ou japonais, elle demeure proche de ses plus hauts niveaux historiques. Et que cela n’avait pas empêché la bourse parisienne de s’effondrer comme ses consœurs japonaises ou américaines en 2001-2002 pendant la crise des dot.com ou en 2007-2009 lors des crises des subprimes.

 

 
Saucratès

 

 

Post scriptum : cet épiphénomène du lundi noir 5 août 2024 peut aussi n’avoir aucune conséquence et le mouvement de croissance des places boursières mondiales peut tout à fait se poursuivre encore quelques années. Cela fait des années, depuis 2018 ou 2019, que je pronostique une nouvelle crise financière qui n’arrive pas. 



08/08/2024
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