Critiques de notre temps

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Quelques pensées d'un nouveau samedi soir

Saint-Denis de La Réunion, samedi 27 juillet 2019

 

Nous sommes le samedi 27 juillet, en un début de soirée. Un feu de barbecue brûle un plus bas dans mon jardin et les flammes dévorent les bûches qui craquent et chantent. Et je vais vous parler d'éthique, je veux reflechir sur certains aspects éthiques. La première question qui me vient a trait au rapport entre ethique et religion, et notamment à l'aspect richesse. L'éthique est-elle compatible avec la richesse ; peut-on être considéré comme éthique si on est riche, aisé, ou bien l'éthique n'est-elle concevable qui lorsqu'on est pauvre, ou du moins lorsque l'on donne tout ce que l'on a dans le respect de l'idéal de charité ? Et c'est pour cette raison que je fais le lien avec la religion, car la charité est un principe religieux, que ce soit dans la religion catholique, où les religieux font vœux de pauvreté (et de chasteté), ou dans la religion musulmane, où l'obligation de charité est l'un des piliers de l'islam. Si la charité et le vœu de pauvreté n'est pas un élément important d'un comportement éthique, pourquoi ces comportements, ces façons d'être et de se comporter seraient-ils imposés par les religions et si particulierement valorisés dans les jugements sociaux ? De l'un, on dira qu'il a le cœur sur la main. De l'autre, on dira que c'est un grippe-sou !

 

Peut-on donc être considéré et se considérer soi-même comme une personne ethique si on ne fait que respecter les lois et chercher simplement à ne pas faire de tord à ses voisins et ses interlocuteurs, mais sans être véritablement charitable ? Et les personnes que l'on dit religieuses, pieuses, qui se disent pieuses et religieuses, ces personnes-là sont-elles véritablement charitables, ou bien leur charité ne s'arrête-t-elle qu'à donner la pièce à leurs pauvres ? Sur la base d'un autre exemple, je voudrais revenir sur ce même problème : François de Rugy et sa femme étaient présentés comme des personnes particulièrement croyantes et religieuses. Et on sait ce qu'il en advint. François de Rugy et sa femme organisaient quand même des dîners sur des fonds de la République, dîners qui, s'ils n'avaient pas été Président de l'Assemblée nationale, auraient dû être réglés de leur propre poche ! Même si ces dîners ne sont pas considérés comme contraires à l'usage des fonds publics (bien que les Rugy devront rembourser l'assemblée pour deux ou trois de ces dîners), on peut s'interroger sur le fait qu'un homme qui défend pour les autres, parlementaires, francais dans leur ensemble, une obligation d'economies et de restrictions, ne trouve pas problématique de ne pas s'appliquer les mêmes mesures de restriction et d'obligations. Et ma question est de savoir si malgré tout cela, M. et Mme de Rugy se pensaient comme des personnes éthiques ? Pensaient-ils être des personnes éthiques, moralement irreprochablesL de bonnes personnes, charitables, ou bien savaient-ils qu'ils trichaient avec les lois, avec les principes qu'ils imposaient et préféraient-ils profiter de leur pouvoir et de leur richesse, en se disant qu'ils étaient bien bons de ne pas abuser plus que cela de leur pouvoir, de leur toute-puissance ? Après tout, évidemment, ils auraient pu faire bien pire. Emmanuel Macron pourrait faire bien pire. Ils pourraient enlever des femmes ou des jeunes filles (ou des jeunes hommes) tous les soirs, puis les tuer. Ils en ont le pouvoir. Et l'impunité. Et pourtant ils ne le font pas. Peut-être s'estiment-ils éthiques de ne pas le faire. De ne pas être tentés de le faire. De ne pas faire pire. De ne pas atomiser tel ou tel petit État qui un jour leur aurait manqué de respect ! Certainement que certains gilets jaunes, lors des mouvements de blocage des routes qu'ils mettaient en œuvre, ont eux-aussi, abusé de leur pouvoir, même si leur pouvoir était bien plus petit que ceux de Macron ou de Rugy. Le fait par exemple de pouvoir bloquer untel ou untel sur un carrefour parce que sa tête ou son comportement, ou la voiture ne leur plaisaient pas. Et malgré cela, ce gilet jaune se pensait peut-être éthiquement irréprochable, parce qu'il pensait combattre l'arrogance des classes des possédants, des riches, et le gouvernement. Lui aussi se croyait peut-être parfaitement éthique, irréprochable moralement.

 

Nota : comme de nombreux spécialistes de la philosophie morale, je considère l'éthique et la morale comme deux notions parfaitement interchangeables, comme deux synonymes. Ces deux termes, même s'ils se réfèrent à des racines divergentes (éthique vient du grec ethos ήθος «lieu de vie» et du latin ethicus «morale» tandis que morale vient du latin mores «mœurs»), signifient évidemment une seule et même chose, ou plutôt pratiquement la même chose. 

 

Selon Wikipédia, «la morale désignerait ainsi l'ensemble des règles et préceptes, obligations ou interdictions relatifs à la conformation de l'action humaine aux mœurs et usages d'une société donnée». «L'éthique, de son côté, est une discipline philosophique portant sur les jugements moraux. C'est une réflexion fondamentale sur laquelle, en principe, la morale de tout peuple pourrait établir ses normes, ses limites et ses devoirs».

 

Autre question lié à cette question de charité et d'éthique, peut-on se considérer comme éthique si on ne se sent pas concerné par les souffrances des réfugiés et des migrants africains. N'est-on éthique que si et seulement si on œuvre pour faciliter l'accès en France ou en Europe à des migrants clandestins. La charité chrétienne n'implique-t-elle pas de les aider et de les accueillir ? Ces questions peuvent vous sembler politique ou excessive. Evidemment, les personnes qui par charité ou par compassion facilitent l'accueil et aident des migrants clandestins font œuvre de comportements éthiques et charitables. La charité est indissociable de l'éthique et l'absence de compassion et de charité peut conduire à priver la vie la plus exemplaire, la plus conforme à ce que l'on attend d'une bonne personne et d'un bon citoyen, de la possibilité de se penser et d'etre une personne ethique et morale. Une telle personne serait droite, mais non charitable et sans compassion envers les autres.

 

Concernant les migrants clandestins, on se trouve alors face à l'opposition connue, résolue, entre les impératifs de la morale et de l'éthique et les impératifs de la loi. Il arrive que la loi n'indique pas les comportements et les façons de se comporter les meilleurs. Il arrive parfois qu'il ne faille pas obéir aux lois civiles mais agir en fonction de ses idéaux, de ce que l'éthique ou la morale vous dicte. Cela arrive parfois. Et parfois ces actes sont stupides ... comme d'aider des migrants clandestins qui demain pourront peut-être les voler, les tuer ou les assassiner. Mais au moins ces personnes auront agi en fonction de leur conscience, conformément à leur conscience.

 

 

Saucratès



27/07/2019
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