Critiques de notre temps

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Agir ou se cacher

Saint-Denis de La Réunion, samedi 10 août 2019

 

Un samedi soir à écrire dehors, dans la fraîcheur du soir naissant, devant un bon feu de bois éclairant un jardin entennebré, un bon verre de vin à la main, en mangeant un petit fromage de chèvre ... Tout ceci ne fait pas trop, voire pas du tout révolutionnaire. Il y a quelques dizaines de minutes, je finissais d'écrire un article appelant à la revolution, pourfendant macronistes et puissants de ce monde ... Peut-on se limiter à prôner la revolution depuis son jardin, depuis son salon, sans jamais en sortir et sans jamais s'engager, ni même s'exposer ? L'un de mes lecteurs, Frédéric, m'engageait à agir, à m'exposer, à prendre des risques, parce qu'il y avait tant de choses à faire selon lui. Mais s'exposer, s'exhiber, cesser de se cacher derrière un anonymat fragile, mais malgré tout utile si on soupçonne le gouvernement qui nous dirige de velléités dictatoriales, totalitaires, c'est particulièrement dangereux et inquiétant. Il est tellement plus rassurant de rester anonyme, cacher dans la pseudo invisibilité d'internet. Au fond, l'anonymat nous protège surtout des abrutis de tout bord, bien plus que d'un gouvernement ou d'une administration qui auraient de nombreux outils pour percer nos déguisements. 

 

Dans ce sens-là, je me rappelle de Julien Coupat, soupçonné par un gouvernement de droite, sous Nicolas Sarkozy, d'être celui qui se cachait sous le nom de «comité invisible», d'en être le chef, le leader, la plume. Ce groupuscule anonyme avait publié un petit opuscule appelant à la révolution, intitulé «L'insurrection à venir». Ce livre écrit sous la présidence de Nicolas Sarkozy trouve sa mise en application, sa mise en œuvre, sous la présidence d'Emmanuel Macron, avec le mouvement des gilets jaunes. Il n'est pas tant prophétique que décrivant un malaise généralisé. 

 

Le mouvement des gilets jaunes n'a pas tant que cela à voir avec les principes décrits dans «L'insurrection à venir». On ne voit pas dans ce mouvement spontané, de rejet du pouvoir et des élites, cette reference aux sept cercles de l'enfer ! 

 

Mais ce que je retiens de cette histoire, c'est plutôt l'importance de demeurer invisible, imparfaitement invisible évidemment ... mais le plus invisible possible malgré tout. Cela ne suffira jamais à nous protéger d'un éventuel intérêt de l'Etat, des forces coercitives de l'Etat ... mais la probabilité que les forces coercitives de l'Etat francais s'intéressent à ma petite personne sont après tout insignifiantes, epsilonesques. Heureusement ...

 

 

Saucratès



10/08/2019
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