Les médias et les élections américaines de 2020
Saint-Denis de la Réunion, lundi 9 novembre 2020
—> La couverture médiatique des élections américaines et des deux candidats qui y sont opposés est-elle non partisane et équilibrée ? Ou inversement déséquilibrée, partisane et de parti pris ?... Une analyse critique des médias français et plus largement occidentaux, et du biais anti populiste et élitiste de leurs analyses concernant le candidat président Trump ... et in fine de tout candidat considéré comme populiste ...
En lisant la presse écrite ou internet, ou en regardant les journaux télévisés, il me semble qu’il ne faut malgré tout jamais oublier que les médias ne font pas seulement qu’informer leurs lecteurs, leurs auditeurs ou leurs spectateurs ; ils les influencent également. Un média a une ligne éditoriale, des actionnaires, un lectorat, et il écrit, il informe, pour eux, en fonction de leurs attentes.
Concernant le traitement médiatique des élections présidentielles américaines de 2020, et plus précisément du candidat à la présidentielle Trump, il ne faut pas le perdre de vue. Les médias français, mais plus vraisemblablement une bonne partie des médias américains également, ne permettent pas de se faire une opinion objective, neutre, non partisane. Les médias français me semblent être anti-Trump au plus haut point, à tord ou à raison.
Est-il anormal qu’un candidat à la présidentielle ne reconnaisse pas sa défaite ? C’est vraisemblablement plus ou moins nouveau dans l’histoire politique américaine, mais je me rappelle de l’élection Al Gore vs George W. Bush Jr, en 2000, et j’ai le souvenir que les résultats électoraux de Floride, dont le frère du candidat président, Jeff Bush, était le gouverneur, avaient longtemps été contestés par les démocrates et les républicains et avaient longuement bloqué le processus de désignation de George Bush Jr en tant que président des États-Unis. Mais ce n’était pas un populiste honni des médias qui contestait là désignation des grands électeurs de la Floride, mais le sympathique démocrate Al Gore. Et là déjà, lors de l’élection de 2000, le démocrate Al Gore avait été proclamé Président sans attendre les résultats définitifs, et l’élection de George W. Bush n’avait été finalement validée que le 20 décembre 2000 par la Cour Suprême après un recomptage des votes en Floride.
Comme depuis quatre longues années, les médias ne donnent pas ainsi une analyse objective et non partisane du président Trump, mais une opinion subjective et partisane. Mais une telle affirmation place immédiatement des observateurs comme moi dans la case des conspirationnistes ; c’est quand même vachement commode ! On n’a pas le droit de remettre en cause le traitement de l’information des médias sans immédiatement être taxé d’être conspirationniste !
Y a-t-il quelque chose qui différencie cette élection présidentielle américaine des précédentes élections présidentielles américaines ? Je pense que l’on peut parler de l’influence des votes par correspondance dans cette élection américaine, dont l’importance dans les résultats electoraux est sans commune mesure avec leur impact lors des présidentielles précédentes. C’est des centaines de milliers de votes par correspondance qui donnent la victoire à Joe Biden. Et je peux comprendre que ces votes par correspondance cristallisent l’opposition et la rancoeur de l'électorat conservateur americain. Soyons clair, imaginons que des centaines de milliers de votes favorables à une populiste comme Marine Le Pen lui donne la victoire, pourrait-on imaginer que l’on ne verrait pas de contestation de la prise en compte de ces bulletins de votes ni par Macron, ni par les médias libéraux ? Évidemment que si ! Les soupçons de manipulation des votes ne sont-ils autorisés que lorsqu’ils émanent des candidats démocrates et/ou considérés comme acceptables ?
Il suffit de se rappeler les cocoricos de victoire des médias francais lors de l’élection d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle, qui saluaient le contre-exemple français, l’espoir démocratique apporté par les français, avec des électeurs qui s’inscrivaient à rebours de l’illiberalisme ambiant, en Europe ou aux Etats-Unis ... Un vent de fraîcheur et un président éminemment democrate. On sait ensuite la réponse que ce grand démocrate apporta aux revendications des gilets jaunes français ; une réponse ultra-sécuritaire et des arrestations et des condamnations à gogo ! Mais ce qui dans un régime politique illiberal est un crime condamné unanimement, est considéré comme parfaitement normal et indispensable sous le règne d’un grand démocrate comme E. Macron.
Trump perdra vraisemblablement cette élection présidentielle, et le monde se portera vraisemblablement mieux après sa présidence, ou non, mais je ne peux m'empêcher de penser à un complot de l’ensemble des maillons du monde libéral contre sa présidence et contre sa candidature. De l’Osce («Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe») qui l’accuse d’abus de pouvoir flagrant (mais que vient faire l’Osce en Amérique ?) ... en passant par ces dizaines de responsables de bureau de vote américains outrés que l’on doute de leur probité, interviewés jusqu’à satiété dans nos journaux télévisés.
Dans d’autres articles, j’avais pu lire une remise en cause du système électoral américain des grands électeurs, sous prétexte que Joe Biden disposait de plusieurs millions de voix d’avance sur Donald Trump au plan national (je n’ai pas retrouvé l’article concerné mais il me semble que cette phrase émanait de Joe Biden lui-même). Pour certains commentateurs, il n’y a aucune democratie dans laquelle le candidat récoltant le plus de voix ne serait pas élu, oubliant bien vite que le régime électoral américain des grands électeurs est tout autant légitime que les autres régimes démocratiques à suffrage direct, et surtout beaucoup plus ancien. Et de toute facon, qui n’a jamais songé à contester le scrutin majoritaire à deux tours français qui permet à un parti politique pesant à peine 20% des votants de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale, ou bien de considérer qu’un président ne peut être démocratiquement élu en ayant obtenu à peine une dizaine de pour-cent des électeurs inscrits au premier tour de l’élection présidentielle française de 2017 ! Contestation partisane relayée ad nauseum par des médias complaisants ... Et ce travail de sape (même si les médias l’attribuent avant tout aux déclarations de Trump) vise aussi et avant tout la Cour Suprême américaine, qui est déjà suspectée de vouloir privilégier Trump qui aura permis sa bascule républicaine ...
Comment comprendre également les différences des termes et des mots utilisés pour décrire Trump et Biden. Du côté de Biden, on nous dépeint des scènes de liesse populaire (lien), de soulagement, d'émotions (lien), d’explosions de joie (lien), de restauration des valeurs, de célébrations, et du côté de Trump, on nous parle de bikers, de groupes para-militaires, de partisans souvent sans masque (lien), de désespoir et de rancoeur, carburants de la popularité de Trump (lien) ... A un tel point de manipulation de l’opinion, je n’arrive plus à accepter un tel lavage de cerveau. Trop c’est trop !
—> Pour finir, je reviendrais à mon idée initiale de l’existence d’un biais anti populiste et élitiste des médias français et/ou occidentaux au sujet de tout candidat considéré comme populiste ... C’est ainsi le traitement médiatique réservé à Marine Le Pen du Rassemblement National ou de Mattéo Salvini de la Ligue du Nord, pour les plus connus. —> Les ignorer le plus longtemps possible et le plus régulièrement possible, comme pour démontrer leur insignifiance, puis les diaboliser dès lors que des élections nationales se profilent, afin de tenter de les décrédibiliser et de décourager leurs électeurs potentiels ou habituels ... Au fond le même traitement médiatique qui a été réservé quatre années durant à Donald Trump ainsi que pour ces élections.
—> Ceux qui votent pour des populistes ne sont-ils que des racistes invétérés, des haineux jaloux et plein de rancoeur et des abrutis congénitaux comme ces médias voudraient nous le faire croire ?
Les élections américaines ne sont pas encore finies, malgré ce que tout le monde voudrait nous faire croire (en 2000, le candidat démocrate Gore avait également revendiqué la victoire et attaqué son adversaire républicain Bush Jr qui refusait de reconnaître sa défaite, avant dé perdre finalement cette élection présidentielle de 2000), que les médias et le parti du président Macron pense déjà à l’élection présidentielle française de 2022. Il ne faudrait pas que les français votent à contre-courant de la logique politique !
Saucratès
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