Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

De l’évolution des sociétés humaines

… Suite de mes réflexions sur l’origine de l‘État, sur l’origine de l’organisation sociale étatique, sur l’origine du pouvoir, sur l’origine de cette violence légitime qui constitue l’Etat …


Retour sur les mythes

Une histoire des mythes pour Noël

Par Saucratès

Saint-Denis de la Réunion, lundi 25 décembre 2023

 

En ce jour de Noël, en ce 25 décembre 2023, il me semble intéressant de revenir à l’histoire des mythes. Dans le cadre d’un État laïc comme la France, peut-on d’ailleurs parler de jour de Noël, jour qui ne doit concerner qu’une grosse fraction de l’humanité. Amusant de se dire qu’un État d’Amérique du Sud, le Paraguay ou l’Uruguay, a renommé toutes les fêtes religieuses chrétiennes par des noms laïcs. Ainsi, la fête de Noël y a été renommée ‘fête des familles’ depuis 1917 ou 1919. Mais on n’y trouve encore dans les rues et dans les magasins des sapins de Noël (oups, des sapins des familles faudrait-il dire). 
 

Les mythes. J’en avais déjà longuement parler dans un article de l’année précédente intitulé : 

https://saucrates.blog4ever.com/les-mythes-a-lorigine-de-lhumanite

 

J’y avais décris un certain nombre de mythes, de récits encore narrés de nos jours, ayant apparemment accompagné l’Humanité tout au long du peuplement du globe. 
 

- Le mythe de l’émergence primordiale

- Le mythe du corps souillé

- Le mythe de l’origine céleste de l’humanité

- Le mythe de création de l’humanité à partir de squales divins (ou coroplastie)

- Le mythe d’origine végétale de l’humanité, née d’une cucurbitacée

- Le mythe du plongeon créateur

 

Je me basais pour cela sur les travaux de l’anthropologue Jean-Loïc  Le Quellec tels que rapportés par Sciences & Vie. Il y a cependant de très nombreuses questions de ces histoires des mythes ayant accompagnés l’Humanité, probablement tout au long de son histoire, ou bien que l’on retrouve de manière assez régulière partout dans le monde. Parce que Jean-Loïc Le Quellec a recensé de très nombreux autres mythes.

 

Sur le mythe du déluge, il écrit ainsi :

 

«… Des histoires de déluge se racontent en Afrique, en Asie, en Océanie et jusqu’en Amérique du Sud, dans des variantes qui ne doivent rien à la Bible ni aux missionnaires et qui ont été recueillies auprès de groupes isolés, très peu de temps après leurs premiers contacts avec les Européens. Comment ces gens auraient-ils pu conserver le souvenir d’un événement survenu en Europe, il y a environ huit mille cinq cents ans ; c’est-à-dire plusieurs millénaires après que leurs ancêtres aient commencé de peupler l’Amerique et de rester isolés du reste du monde jusqu’aux temps modernes ?»

 

Jean-Loïc Le Quellec - «Avant nous le Déluge ! L’Humanité et ses mythes» - Éditions du  Détour - Novembre 2021 - Page 209

 

Il aborde dans cette citation la question de l’origine supposée du mythe du déluge ; la rupture lors de l’Holocène du détroit des Dardanelles et l’inondation qui en a suivi avec l’irruption des eaux de la Méditerranée dans la Mer Noire, qui serait supposée avoir fortement marqué les esprits de nos ancêtres et que se serait perpétué au fil des générations pour nous parvenir à travers le mythe du Déluge sumérien, puis babylonien puis biblique. Si l’origine de notre mythe du Déluge, pourquoi se retrouvait-il également, sous des formes différentes, presque partout dans le monde, dans les peuplades qui vivaient à des milliers de kilomètres de là, et qui s’étaient déjà séparées plusieurs millénaires ou dizaines de millénaires auparavant ? On le trouve ainsi chez des peuples aborigènes du Sud de l’Australie, en Nouvelle-Guinée et très largement en Amérique du Sud. 

 

Quelles explications donne Jean-Loïc Le Quellec de l’origine possible de ces mythes ? Il faudrait plutôt noter qu’il liste les différentes explications qui ont été données par les préhistoriens, les psychanalystes, les anthropologues …

 

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/01/28/la-fascinante-enigme-du-deluge-antique-mythe-commun-a-toute-l-humanite_6213471_6038514.html

 

L’influence des missionnaires chrétiens

Peut-on supposer que le processus d’évangélisation de l’Eglise catholique romaine est à l’origine de certains mythes que l’on retrouve dans la majeure partie des terres émergées, et que l’on retrouve dans la Bible ainsi que dans les mythes de nombreux autres peuples ? Il y a un détail gênant en faveur de cette explication. Le fait que nombre de ces mythes ont souvent été récoltés justement par des missionnaires chrétiens qui rencontraient pour la première fois certains peuples. Jean-Loïc Le Quellec éliminé cette explication de diffusion chrétienne pour un certain nombre de raisons, notamment comme il l’indique dans cette citation parce ces mythes y ont «été recueillies auprès de groupes isolés, très peu de temps après leurs premiers contacts avec les Européens».

 

Deuxièmement, parce qu’il lui semble peu probable que des missionnaires ayant tenté de diffuser les propres mythes de la Bible se seraient satisfaits de mythes très fortement divergents du mythe biblique, sur la création du monde ou sur le déluge.

 

Mais il existe indubitablement un processus de diffusion et de modification des mythes racontés. Jean-Loïc Le Quellec raconte l’expérience vécue par Karl G. Heider lors de ses séjours chez les Dugum Dani, en Nouvelle-Guinée occidentale, en 1961-1963 et en 1968. En 1963, le mythe de création de l’Humanité mentionnait que «les hommes blancs étaient sortis en premier de la grotte Huwainmo, étant habillés et portant des fusils. Puis étaient sortis les Dani, avec une gourde pour étui pénien.» Cinq ans plus tard, lors d’un nouveau passage, en 1968, le mythe mentionnait que les blancs étaient sortis en premier de la caverne en avion Cessna. «Vous les blancs, vous êtes les premiers à être sortis de la grotte dans votre Cessna, alors c’est à vous de nous dire comment c’était avant». (Pages 29-31)

 

Qu’est-ce qui est mythe ?

C’est la grande question. Peut-on parler de mythes en parlant des histoires de création du monde ou de l’homme, d’Adam ou d’Eve, racontées par la Bible ? Même moi, en l’écrivant, cela me gêne.

 

Ou pourquoi ne parlerait-on de mythes que pour les legendes racontées par les autres peuples et pas pour les histoires toutes aussi rocambolesques contenues dans la Bible ? 
 

Ainsi, en 1906, dans son ‘Dictionnaire du diable’, Ambroise Bierce pouvait écrire de manière probablement sarcastique :

 

«Coran, nom masculin. Livre que les mahométans croient sottement avoir été écrit par inspiration divine, mais que chrétiens savent être une vile imposture, en contradiction avec les saintes Écritures.

 

Ecritures, nom féminin. Livres sacrés de notre sainte religion, à distinguer des écrits faux et profanes sur lesquels se fondent toutes les autres convictions.» (page 54)

 

L’explication par la psychologie et la psychanalyse

Un certain nombre de penseurs ont cherché à donner des explications psychanalystes et psychologiques aux mythes humains, se fondant sur des sortes d’universaux fœtaux. Ainsi pour François Dor :

 

«Les mythes du monde entier ne seraient rien d’autre qu’un souvenir de la mémoire inconsciente de la vie fœtale. Fort de sa nouvelle clé de lecture, il soutient que Noé serait le fœtus embarqué dans l’arche (la membrane amniochorionique) ; l’arbre de vie figurerait les villosités du placenta ; les serpents et dragons représenteraient le cordon ombilical ; l’expulsion du Paradis serait une figure de la naissance ; le déluge représenterait la perte des eaux amniotiques ; les pyramides, ziggourats et autres s’tu pas magnifieraient le nombril de l’embryon, etc.» (pages 46-47)

 
Mais les interprétations de Carl Jung sur les mythes ne sont guère plus fondées, «d’une naïveté et d’une ignorance confondantes». 
 

Pour en revenir à notre mythe original, à savoir le déluge, les psychanalystes ont rivalisé d’imagination :

 

«Selon Géza Róheim, l’image du déluge serait né des rêves masculins, quand la pression de l’urine ou l’érection matinale suggère des images de liquide jaillissant. Pour une jungienne comme Eleanor Bertine, les flots du déluge seraient les périls de l’inconscient risquant d’inonder l’esprit, l’arche figurant alors la capacité de surmonter cette épreuve…

 

… Pour Alan Dundes, le déluge exprimerait le désir inconscient de grossesse masculine propre aux sociétés matriarcales et l’expression du mythe compenserait symboliquement l’incapacité masculine à enfanter.»

 

Ainsi, pour les psychanalystes, «les mythes seraient à l’inconscient collectif ce que rêves et fantasmes sont à l’inconscient individuel.»

 

La réponse de Jean-Loïc Le Quellec à ces explications psychologiques et psychanalytiques repose sur l’absence de généralisation de tels mythes. Si ces mythes se fondaient véritablement sur un invariant psychologique propre à chaque homme, à chaque femme, on observerait ces mythes partout, chez tous les peuples. Un certain nombre de ces mythes ne seraient pas totalement absents de certaines zones de la planète, comme par exemple en Afrique, alors que l’Afrique regroupe pourtant de très nombreux mythes (au sujet des mythes du plongeon créateur ou cosmogonique que certains rapportaient à un archétype jungien).

 
Quelles autres explications ?

Pour conclure, les principaux mythes ne s’expliquent donc ni par un diffusionnisme de la mythologie chrétienne du fait des l’évangélisation des missionnaires chrétiens à compter du quinzième siècle, ni par une sorte d’explication psychanalytique se basant sur des invariants humains ou des archétypes de type jungien. Il n’existe ainsi qu’une seule autre explication au fait que l’on trouve reparti à peu près partout dans le monde un certain nombre de mythes qui se ressemblent, qui utilisent les mêmes structures narratives, qui reposent sur une sorte de même substrat.

 

Le fait que ces mythes retracent les pérégrinations des mouvements de population humaine, que les mythes aient suivi les migrations des populations. Ce qui signifie également que ces mythes aient aussi pu survivre dans les histoires racontées par les peuples, par les conteurs, depuis pratiquement 40.000 à 50.000 ans, sans disparaître, mais en évoluant parfois en s’imprégnant de certaines divinités, de certaines structures narratives. Le chiffre TROIS en Asie, le chiffre QUATRE sur le continent américain, le chiffre DEUX en Afrique. 

 

Lorsque l’on sait qu’une expérience amusante de psychologie sociale consiste à observer les déformations d’une histoire racontée au sein d’un groupe d’une vingtaine de personnes, sachant qu’au final, l’histoire racontée par la vingtième personne n’a souvent plus grand chose à voir avec l’histoire telle que racontée par la première personne, on ne peut que s’enthousiasmer et s’émerveiller que ces mythes et ces légendes aient pu survivre en gardant une même structure narrative au fil de dizaines de millénaires.

 

L’existence de très nombreux mythes et de très nombreuses variantes de ces mêmes mythes, comme la disparition et le remplacement de certains de ces mythes par d’autres mythes cosmogoniques (sur la création de la Terre, sur la création des hommes …) s’explique d’ailleurs par la succession de très nombreuses migrations qui se sont suivies au fil des millénaires, et tout particulièrement celles qui sont documentées dans l’histoire au fil des derniers millénaires. 
 

Des mythes s’écrivent encore aujourd’hui 

Les mythes ne font pas seulement partie du passé. Ils ne s’expliquent pas uniquement par la nécessité d’une pensée magique. Ils peuvent apparaître même dans un monde scientifique que le nôtre, que le monde occidental. Jean-Loïc Le Quellec donne ainsi l’exemple du mythe de la planète Gaïa en lequel un certain nombre d’écologistes, de personnes supposément savantes, d’experts, croient. Il donne l’exemple des nombreux mouvements New Age qui extrapolent autour de Gaïa. 

 

Jean-Loïc Le Quellec donne ainsi l’exemple de ce qui a été raconté autour de l’épidémie de Coronavirus. Un virus envoyé par la planète, par l’écosystème pour se venger de l’humanité, de l’homme. De ce franchissement des espèces par les virus comme sanction à l’encontre de notre folie. 

 
Que signifient donc les mythes ?

En lisant Jean-Loïc Le Quellec, on comprend ainsi que les mythes racontent plus l’histoire des migrations humaines qu’une histoire de nos origines ou de l’origine de l’homme. Les mythes nous racontent l’histoire que des sociétés se sont racontées sur leur origine, sur l’origine du Monde, sur l’origine de l’Homme, du premier homme ou de la première femme, ou du premier couple. Qu’il y ait ou non un fond de vérité dans les multiples mythes autour du déluge, il me semble que Jean-Loïc Le Quellec n’y croit pas.
 
Il critique toutes les théories selon lui abracadabrantes qui tentent d’expliquer ses mythes par une sorte d’histoire mythique originale, qu’il s’agisse d’extraterrestres, de continent perdu, ou autre. Il contredit les diverses théories psychanalytiques avancées comme listé ci-dessus. Il rit aussi du terme de pluies diluviennes ayant accompagné le déluge, en rappelant que dans des zones équatoriales, il pleut effectivement quarante jours de suite régulièrement, voire bien plus que quarante jours de suite. 
 

https://www.researchgate.net/profile/Jean-Loic-Le-Quellec/publication/342420933_2019_-_L%27intarissable_flot_de_theories_du_deluge_Le_Monde_des_Religions_32_50-53/links/5ef3794892851c35353bdb75/2019-Lintarissable-flot-de-theories-du-deluge-Le-Monde-des-Religions-32-50-53.pdf

 
Mais il ne répond pas pour moi à la question primordiale. N’y a-t-il pas eu dans un passé très lointain un événement si cataclysmique qu’il a marqué l’histoire d’un peuple si profondément, que cette histoire s’est transmise de générations en générations, puis a été raconté sous forme de mythe, d’histoire, de légende ancestrale, et qu’elle a suivi ce peuple tout au long de ses pérégrinations, de ses migrations, d’Afrique en Asie, d’Asie en Australie et en Indonésie, d’Asie en Afrique et d’Asie en Amérique. 
 

Ne serait-ce pas ce qui risquerait d’arriver si un hiver nucléaire éclatait aujourd’hui ? Les rares survivants d’un conflit atomique ne se raconteraient-ils pas encore dans plusieurs dizaines de milliers d’années l’enfer des explosions nucléaires, le feu qui envahit le ciel, les nuées qui masquent le soleil pendant des générations, la végétation et les animaux qui s’éteignent peu à peu, et les rares survivants qui quelques siècles plus tard, sortiront enfin de leur caverne pour reconquérir les ruines de notre monde, les ruines de nos cités d’acier, les ruines de notre civilisation technologique disparue ? Et si les mythes nous racontaient qu’une apocalypse de la sorte s’est déjà produite par le passé ? Parce qu’il existe des mythes approchants :

 

«Il y a longtemps, les trois tribus Miao ont créé un grand chaos, alors le Ciel a chargé Yu de les détruire. Le Soleil est apparu la nuit et, pendant trois jours, il a plu du sang. Un dragon est né dans le temple ancestral, et des chiens ont hurlé sur la place du marché. La glace se formait en été, la terre se fissurait et les sources jaillissaient. Toutes sortes de céréales poussaient sous des formes anormales, et les gens étaient terrifiés. Dans le palais noir, Gao Yang a donné l’ordre que Yu prenne personnellement le bâton d’autorité en jade du Ciel afin de lancer une expédition contre les Miao. Alors que des éclairs brillaient tout autour, un esprit au visage d’homme et au corps d’oiseau descendit avec un bâton de jade pour attendre Yu. Une flèche frappa le commandant des Miao, et leur armée fut plongée dans le chaos. Ils furent alors éliminés. Après avoir conquis les trois tribus Miao, Yu sépara ensuiet les montagnes et les rivières, sépara le haut du bas et traça clairement les quatre extrémités directionnelles du monde. Dès lors, ni les esprits ni les hommes ne violèrent les lois et le monde entier fut en paix.»

 

Mythe chinois du déluge de l’empereur Yu le grand, fondateur de la première dynastie Xia, d’après le cinquième chapitre du Mo zi (page 222-223).

  
Joyeux mythe de Noël à vous toutes et à vous tous … Et bonnes fêtes de fin d’année si je n’écris rien d’ici fin décembre 2023.

 

 

Saucratès

 

 

Bibliographie :

 

Jean-Loïc Le Quellec - Avant nous le Déluge ! L’Humanité et ses mythes - Éditions du  Détour - Novembre 2021

 

L’origine de l’humanité selon les mythes - Variations sur l’histoire de l’humanité - Yves Coppens - Ada Ackerman - Ugo Bellagamba - José Braga - Claudine Cohen - Laurent Genefort - Évelyne Heyer - Roland Lehoucq - Jean-Loïc Le Quellec - Marie-Christine Maurel - Marylène Patou-Mathis - Brigitte Senut - Jean-Sébastien Steyer - Nicolas Teyssandier - Valéry Zeitoun - La Ville Brûle - Octobre 2018

 

https://saucrates.blog4ever.com/les-mythes-a-lorigine-de-lhumanite 


25/12/2023
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Questions sur la protohistoire

Des questions que l’on peut se poser sur les plus anciennes civilisations

Par Saucratès

Saint-Denis de la Réunion, mardi 29 novembre 2023 

  

La notion de ‘Protohistoire’ a plusieurs sens selon les auteurs ou les dictionnaires. Pour certains, il s’agit de l’histoire des peuples sans écriture mais qui sont mentionnés dans les écrits d'historiens ou de chroniqueurs qui leur sont contemporains. Selon une définition plus récente, il s’agit de la période de la Préhistoire où les hommes vivent de la production agricole, quelles que soient leurs techniques d'outillage. Cette nouvelle définition élargit donc la protohistoire au Néolithique et aux âges des métaux.

 

 

Oublions le présent, ses guerres et ses conflits actuels, pour en revenir à un passé particulièrement passionnant, celui de l’origine de la civilisation humaine. Mais écrire sur ce passé préhistorique est presque aussi dangereux que de parler de l’actualité récente. Parce que ce passé est supposé être une matière réservée à une caste de scientifiques, de mandarins et de théologico-politiciens (car le féminisme en archéologie est une position doctrinale relevant de la politique) et que discourir sur ce passé est totalement interdit aux profanes et aux amateurs comme moi.

 

La période qui m’intéresse est pourtant celle qui précède l’apparition des grandes civilisations, sumériennes ou égyptiennes. Ces premières civilisations qui inventèrent supposément l’écriture, les grandes cités antiques, la civilisation telle qu’on l’entend aujourd’hui.

 

Ecrire sur ce passé n’est pas un exercice totalement inintéressant comme certains pourraient le penser. En discutant avec un ami, nous en sommes venus à réfléchir sur les hauts et les bas des civilisations humaines. Il me donnait l’exemple de la civilisation des grands temples khmers au Cambodge, sur sa magnificence entre le dixième et le douzième siècle de notre ère, et son effondrement par la suite. Mais l’histoire est riche de ses grandeurs et de ses décadences. Par exemple l’effondrement de la civilisation occidentale après la chute de l’Empire romain d’Occident à la fin du cinquième siècle de notre ère. Certains défendent l’idée que le moyen-âge européen n’a pas forcément été cette période d’obscurantisme. Certes, mais encore au dix-septième siècle de notre ère, il y a à peine quelques siècles, la Cour du roi à Versailles ne connaissait toujours pas les sanitaires, alors que les cités romaines étaient construites avec des systèmes d’aisance et d’assainissement, connaissaient l’hygiène et étaient toutes construites autour de thermes. Il faudra attendre les années 1900 pour que cela soit redécouvert en Occident.

 

De la même manière, on peut aussi citer l’exemple de la décadence de la Chine impériale. Cette civilisation millénaire si avancée sur le reste du monde pendant des siècles, qui a inventé la poudre à canon, qui connaissait les mathématiques et l’astronomie, mais qui s’est également effondrée jusqu’à sa conquête par les puissances occidentales. «Les Chinois surveillaient attentivement ce phénomène, jugé très important pour l'Empereur. Et gare à ceux qui échouaient dans leurs prédictions. En 2137 avant notre ère, deux astronomes de cour, les frères Hi et Ho, auraient eu la tête tranchée pour avoir échoué à prédire l'éclipse.» Et pourtant, lors de sa rencontre avec l’Occident, la Chine impériale 

 

On connaît tous l’histoire de cet astronome jésuite capable de prédire une éclipse de Lune alors que les astronomes chinois en sont désormais devenus incapables. C’était le 1er septembre 1646 et il s’agissait du père jésuite Johann Adam Schall von Bell (Tang Ruowang, né à Cologne en 1592, mort à Pékin en 1666). «Le 1er septembre 1644, il prédit une éclipse de soleil à la minute près – les astronomes chinois s’étaient trompés d’une demi-heure, et les astronomes musulmans d’une heure. À la fin de l’année, l’empereur Shunzhi nomme Schall à la tête du Bureau d’astronomie.» 

 

https://www.bienpublic.com/actualite/2014/08/10/l-astronome-et-l-empereur
 

Et pourtant, la rencontre aurait eu lieu quelques millénaires auparavant que l’histoire en aurait été inversée, si ce qui est dit de la tragédie des frères Hi et Ho ayant échoué à prédire une éclipse en -2137 est vraie … La première prédiction exacte d’une éclipse est imputée à Thalès de Milet en 585 avant notre ère, selon Hérodote. «Néanmoins, les astronomes doutent que Thalès ait réellement eu les moyens de faire une telle prédiction à son époque. C'est au IIè siècle de notre ère, avec le grec Ptolémée et son grand traité d'astronomie, que la connaissance précise des différents paramètres nécessaires pour prédire correctement une éclipse a été acquise.» 

 

Et on ne parle pas ici de la grandeur et de la décadence des grandes civilisations précolombiennes et andines, et de leur effondrement sous les coups de boutoir des armes des Conquistadors espagnols.

 

De multiples civilisations ont connu des hauts et des bas et certaines ont disparu corps et âmes. Rome a survécu huit ou neuf siècles. Les incas, les Mayas, les Aztèques ont survécu parfois à peine quelques siècles. La civilisation occidentale, née à peu près vers la découverte des Amériques, aux alentours de la fin du quinzième siècle, il y a un peu plus de cinq siècles, disparaîtra elle-aussi un jour. Mais en s’étant mondialisée, c’est l’ensemble de l’humanité qui risque de s’effondrer avec elle. Dans combien de décennies ou de siècles ? 
 

Est-il néanmoins possible que des civilisations précédent les premières civilisations antiques connues, à savoir l’Egypte, la Chine, les Sumériens ou celle de la vallée de l’Indus, aient pu s’effondrer et disparaître avant les premières d’écritures connues sans que l’on puisse en retrouver de traces archéologiques, soit parce qu’il est difficile de retrouver des traces archéologiques remontant à plus de 6.000 ans, soit parce que les endroits où ces civilisations archaïques ont disparu sous la surface des mers ou des océans ? Que retrouverait-on de nos villes et de nos constructions dans plus de 6.000 ans si le niveau de nos océans s’élevait encore de plus de 100 mètres ?

 

• La civilisation chinoise remonterait selon les légendes, au troisième millénaire avant notre ère, soit il y a environ 5.000 ans. Mais la culture du millet et du riz remonterait à -7.000 ans et -6.000 ans avant notre ère. 

 

• La civilisation égyptienne remonterait pour sa part à -3.150 ans avant notre ère avec l’unification politique des royaumes de Haut-Egypte au Sud et de Basse-Egypte au Nord. Mais selon Wikipédia, on estime que les premiers peuples à avoir occupé les rives du Nil remontent à -5.700 ans avant notre ère, avec les cultures Badari et Nagada, à une époque où le Sahara était encore vert (de -8.000 à -4.000 ans avant notre ère, avant sa brutale nouvelle aridification). 
 

• La civilisation sumérienne remonte à -3.500 ans avant notre ère mais, selon Wikipédia, les premières traces de peuplement en Basse-Mésopotamie remontent aux derniers siècles du septième millénaire avant notre ère (il y a 9.000 ans). «La question de savoir s'il y avait un peuplement antérieur échappe à la documentation archéologique (…) la remontée des eaux du Golfe en raison de la fonte des glaces à la fin de la dernière glaciation a recouvert des régions auparavant à sec et potentiellement habitées». 

 

• La civilisation de la Vallée de l’Indus, ou civilisation harappéenne, remonte selon les traditions soit à -2.600 ans avant notre ère, soit à -5.500 ans avant notre ère (implantation des premières tribus dans la vallée de l’Indus), soit à -7.000 ans avant notre ère avec le début de la phase de Néolithisation à partir du Baloutchistan voisin.

 

• Les civilisations Valvidia et Caral sont les plus anciennes civilisations amérindiennes connues, dont l’origine remonte entre -4.000 ans et -3.000 ans avant notre ère. 
 

• Çatal Höyük est une ville turque de l’époque néolithique dont l’occupation humaine remonte à -7.560 ans avant notre ère jusqu’à 4.340 ans avant notre ère. Il s’agit d’une ville en deux tells (Est et Ouest) abandonnée par la suite. On accède à des maisons sans porte ni fenêtre vers l’extérieur, auxquelles on accède par des échelles depuis les toits. 

 

• Enfin, la construction du temple de Gobekli Tepe en Turquie s’étend de -9.600 ans à -8.000 ans avant notre ère, avant d’être ensevelie par ses contemporains. De telle sorte que ce n’est qu’en 1994 qu’il a pu être redécouvert. Cela signifie que ce site a été construit et occupé il y a 11.600 ans BP (before présent) et se trouve être contemporain du début de l’holocène et de la fin du Dryas récent. 
 
https://www.caminteresse.fr/histoire/gobekli-tepe-les-5-mysteres-du-plus-ancien-temple-de-lhumanite-11146344/
 

https://static.blog4ever.com/2010/11/447196/CE308D59-B33D-4B18-B6F8-46F012F5A203.png

 

Vers -7.000 avant notre ère, il y a donc près de 9.000 ans, en plusieurs endroits du globe, partout pratiquement à la même époque, en Chine, en Égypte, en Mésopotamie, en Turquie, dans la vallée de l’Indus, dans les Andes en Amérique, des peuples inventent l’agriculture, la domestication végétale et animale, ce que l’on a appelé le phénomène de ‘Néolithisation’.

 

L’existence de Göbekli-Tepe présente un certain nombre de mystères, que ce soit dans la signification des pierres immenses et des gravures qui les recouvrent, du poids de ces pierres et de la distance à parcourir depuis la carrière où elles sont prélevées et découpées, du nombre élevé de personnes qui ont été nécessaires pour cette construction, et de la manière dont ces personnes pouvaient être nourries, au dixième et au neuvième millénaire avant notre ère, à une époque où l’agriculture n’est pas sensée exister, où l’homme n’est pas sensé savoir planter des céréales et les récolter.

 

Et surtout, Göbekli-Tepe est contemporain de ce que l’on appelle la fin du Dryas récent, cette période de 1.200 ans s’étendant de -12.850 ans à -11.650 ans avant le présent (soit de -10.900 ans à -9.700 ans avant notre ère), qui représente la dernière oscillation froide de la dernière période glaciaire avant l’Holocène. Les hommes auraient eu besoin de construire Göbekli-Tepe dès la sortie de ce dernier épisode glaciaire ? Pour témoigner de quoi ?

 

Un journaliste et archéologue américain, Graham Hancock, traque l’existence de civilisations disparues antérieures aux grandes civilisations que j’ai cité, traque des traces archéologiques qui dévieraient de la chronologie officielle des débuts de l’histoire et des civilisations, et il propose la théorie que ce monument de Göbekli-Tepe, comme les temples mégalithiques de l’île de Malte, auraient été construits comme témoignages d’un cataclysme cosmique ayant causé la survenue du Dryas récent.

 

https://trustmyscience.com/nouvelle-preuves-suggerent-impact-asteroide-a-provoque-changement-climatique-12800-ans/

 
Evidemment, ces théories peuvent paraître loufoques. Les preuves avancées par ces auteurs peuvent n’avoir aucune valeur. Le fait que Netflix propose le documentaire de Graham Hancock , «A l’aube de notre histoire», ne donne pas forcément une légitimité à sa thèse. Mais les découvertes scientifiques évoluent. Avant 1994, personne n’aurait imaginé que l’humanité aurait été capable de construire un site comme Göbekli-Tepe vers -9.600 ans avant notre ère. Que découvrira-t-on au cours des prochaines décennies ? Combien de nouveaux vestiges préhistoriques permettront-ils de revoir la chronologie de notre préhistoire ? Des lieux improbables que Graham Hancock décrit, l’un de ceux qui me surprend le plus est le site de Gunung Panang en Indonésie.

 

https://www.geo.fr/histoire/une-pyramide-decouverte-en-indonesie-pourrait-cacher-un-temple-vieux-de-milliers-dannees-193945 

 

Pour ma part, à la recherche moi aussi des traces de cette période, j’ai découvert que Platon, qui vécut de -428 à -348 ans avant  notre ère, fait remonter la disparition de l’Atlantide à 9.000 années avant l’époque de Solon (de -640 à -560 ans avant notre ère). Bien évidemment, on estime que l’Atlandide que Platon évoque est supposé être une contrée mythique, et qu’elle doit se rapporter à quelques événements et à quelques civilisations n’ayant rien à voir avec notre légende et à notre mythe actuel de l’Atlantide.

 
Et pourtant, cette date de 9.000 années avant l’existence de Platon, et l’époque de Solon, grand législateur athénien, ramène cette légende de l’Atlantide de Platon aux alentours de -11.600 ans BP (before present) environ. Soit une date là encore très proche du début de la construction de Göbekli-Tepe et de cette satanée supposée fin du Dryas récent, de ce début véritable de l’Holocène, de la brusque remontée des températures qui en a découlé et de la tout aussi brusque remontée du niveau des océans qui s’est produite à la même période. 

 

Cette description faite par Platon de l’Atlandide se trouve seulement dans deux dialogues de Platon, dans le dialogue du Timée, et dans le dialogue du Critias, où il y est indiqué cela : 

 

«Quelle preuve en avons-nous et qu’est-ce qui reste du sol d’alors qui justifie notre dire ? Le pays tout entier s’avance loin du continent dans la mer et s’y étend comme un promontoire, et il se trouve que le bassin de la mer qui l’enveloppe est d’une grande profondeur. Aussi, pendant les nombreuses et grandes inondations qui ont eu lieu pendant les neuf mille ans, car c’est là le nombre des ans qui se sont écoulés depuis ce temps-là jusqu’à nos jours, le sol qui s’écoule des hauteurs en ces temps de désastre ne dépose pas, comme dans les autres pays, de sédiment notable et, s’écoulant toujours sur le pourtour du pays, disparaît dans la profondeur des flots.» (page 23)

 

https://beq.ebooksgratuits.com/Philosophie/Platon-Critias.pdf

 

Tout ceci peut-il seulement être le fruit du hasard ? Si tout ceci est une invention, comment Platon peut-il fournir par hasard une date si proche du début de l’Holocène et de la fin du Dryas récent, épisodes qu’il ne pouvait connaître sauf à imaginer l’existence d’archives historiques antérieures à l’invention de l’écriture ? Si d’hasard et d’invention il s’agit, on parlerait alors d’une chance invraisemblable. 

C’est à peu près ce que nous raconte Jacques Collina-Girard, géologue et préhistorien à l’université de Provence. Selon ce qu’il écrit :

 

«L’Atlantide un mot écrit dans un texte très ancien (IV° siècle avant J.C) qui depuis a suscité bien des fantasmes à travers des articles, des romans, des films, etc… Cette Atlantide que les uns situent en Grèce, d’autres au Sahara et d’autres encore au centre de l’Atlantique a pourtant bien existé pour les géologues. Il s’agit d’une île située dans le détroit de Gibraltar, émergée lorsque le niveau marin était à 135 mètres au-dessous de son niveau actuel. Cette Atlantide géologique a été engloutie, 9600 ans avant J.C. La catastrophe a été associée à un séisme et à un tsunami contemporains d’une accélération de la remontée de la mer liée au réchauffement climatique post-glaciaire.» 

 

Environ 12.000 ans avant le présent (BP), un séisme quatre fois plus puissant que le séisme de Lisbonne de 1775 se serait produit à cet endroit, entraînant un abaissement de 30 mètres de cette partie du plateau géologique.

 
https://atlantico.fr/article/decryptage/atlantide-deluge-pourquoi-certains-mythes-sont-bien-plus-vrais-qu-on-ne-le-pense-gilles-lericolais-jacques-collina-girard-jean-loic-le-quellec

 

https://www.hominides.com/html/references/atlantide-retrouvee-collina-girard-0294.php

 

N’y a-t-il pas encore autre chose à découvrir dans les temps qui précèdent la période des berceaux de l’humanité aux alentours des -10.000 ans à -7.000 ans avant notre ère ? 

 

 

Saucratès 


31/12/2023
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Recherches sur la violence dans les sociétés

Recherches sur la violence dans les sociétés 

De la violence légitime et de l’Etat

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, mercredi 10 mai 2023

 
Une revue comme Franc Tireur peut déclarer sans crainte d’être contredite que la Biélorussie de Loukachenko a le triste privilège d’avoir un millier de prisonniers politiques emprisonnés. Qu’en est-il donc de la France ? Combien parmi les dizaines ou centaines de milliers d’opposants à Macron, de gilets jaunes, ont passé des mois en prison, ont été marqués, énucléés, condamnés, interdits de manifester, licenciés, combien ont eu leurs vies brisées ?

 

https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/23/est-il-vrai-que-800-gilets-jaunes-sont-en-prison-depuis-le-debut-des-manifestations_1799849/

 

Aucun de ceux-ci ne sont des prisonniers politiques me direz-vous ? Seulement des prisonniers de droit commun, arrêtés pour cause de violence, de violation d’interdiction de manifester, ou d’insultes à la personne du président. Mais la violence n’est-elle pas la seule réponse possible aux attaques du gouvernement ? Claquer le Président est-il un crime face à une telle violence institutionnelle ? Affronter la police est naturel lorsque vous vous faites gazer sans discontinuer par des CRS ou des gendarmes mobiles qui vous chargent. A croire que les journalistes qui condamnent la violence des manifestants n’ont jamais manifesté face à la police et ne se sont jamais fait gazer ? Pour ma part, lors d’une manifestation où j’ai subi des violences (gazage et charges) des forces de l’ordre, j’ai été à deux doigts de monter dans la benne d’un énorme camion pour foncer sur un cordon de CRS qui nous chargeait. A deux doigts seulement … 

 

Notre société française est donc violente, mais il s’agit du problème du monopole étatique de la violence publique. Le souci, c’est que dans notre pays, comme dans nombre de pays occidentaux, cette violence publique est confisquée par une élite qui contrôle tous les pouvoirs, politiques, judiciaires, policiers, et journalistiques. Contrairement aux États dits dictatoriaux, où des fractions de ces pouvoirs osent contester les élites au pouvoir, ont le courage de s’opposer, ont l’espoir de les renverser, dans les supposées démocraties, aucune fraction n’ose s’élever contre l’ensemble de l’élite, n’ose cracher dans la soupe, à moins que cette élite ne soit capable d’éliminer toute forme de contestation, de la faire taire, de la décrédibiliser totalement. A moins qu’il n’y est nul espoir de renverser un tel régime politique, supposé démocratique.

 

Je ne conclurais pas par la question idiote de savoir si la France a des prisonniers politiques. Les médias de tous les pays occidentaux ne le reconnaîtraient jamais. Ils ne reconnaissent l’existence de prisonniers politiques, ou de prisonniers d’opinion, que dans les seuls pays dictatoriaux. Mais les médias officiels d’aucun pays au monde ne reconnaissent l’existence de prisonniers politiques dans leur propre pays. Pas plus en Russie, en Iran voire en Corée du Nord si on y trouve des médias. Ceux que nos médias appellent prisonniers politiques y sont là-bas aussi incarcérés, emprisonnés pour des crimes de droit commun, comme Nelson Mandela par le passé. Et les principaux médias des pays occidentaux ne sont rien d’autres que des médias officiels des principaux pays occidentaux, des médias appartenant aux élites occidentales, persuadés de défendre le BIEN et de combattre le MAL, l’ENNEMI. Il n’y a donc rien à en attendre.

 

Les démocraties ne sont-elles rien d’autres que des dictatures où l’ensemble des élites corrompues participent et profitent collectivement du système politique et économique ?

 

Selon Max Weber, «un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l'usage légitime de la force physique sur un territoire donné». Cette idée de Weber est utilisée par chaque gouvernement dans le monde pour légitimer son propre emploi de la violence, des forces de sécurité et de maintien de l’ordre, contre son propre peuple, et pour criminaliser l’usage d’une quelconque forme de violence en réaction de la part de leurs opposants politiques.

 

Toute violence contre l’Etat est un acte criminel! Toute violence de la part de l’Etat et des supplétifs du pouvoir de l’Etat est légitime, dès lors que cet État se présente comme une démocratie libérale (ou non)! Dans ce cas, même Adolf Hitler lui-même, même les dignitaires nazis, ont dû pouvoir être capables de criminaliser ceux qui avaient tenté d’assassiner à plusieurs reprises Hitler.

 

Il n’y a ainsi nulle possibilité de trouver une réponse, une solution dans les écrits philosophiques à la question de l’usage légitime du pouvoir et de sa limitation, et du droit à renverser un pouvoir qui manifestement abuse de son pouvoir à son bénéfice et à celui d’une caste. Les élites ont beau jeu de répondre : pas dans une démocratie comme la France, pas lorsque le suffrage universel permet au peuple de choisir et de voter pour ses dirigeants, permet de résoudre pacifiquement les conflits politiques.

 

Soyons clair, face à une clique qui contrôle tous les pouvoirs, toutes les manettes, qui occupe toutes les strates et tous les pouvoirs dans la société, face à une telle conspiration, il n’y a plus aucun espoir. Si ce n’est le devoir de RÉSISTER.
 

 

Saucratès 


10/05/2023
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Évolution des sociétés - La violence comme principe explicatif

Évolution des sociétés

La violence comme principe explicatif

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, samedi 4 mars 2023


Après tous ces préparatifs (lire mes précédents articles ayant le même objet), on en arrive enfin au cœur du sujet.

https://saucrates.blog4ever.com/de-levolution-des-societes-retour-1

 

Comment peut-on expliquer les différentes formes de sociétés que l’on observe de part le monde et comment peut-on expliquer que si nous descendons tous de groupes d’homo sapiens sortis d’Afrique il y a quelques dizaines de milliers d’annees, ces groupes aient pu donner naissance à toutes ces sociétés qui se sont succédées ou qui continuent de cohabiter à l’échelle de la planète et au fil des siècles et des millénaires ? C’est forcément que quelque part, il existe un processus d’évolution qui a conduit à l’apparition de toutes les formes de sociétés qui existent aujourd’hui ou qui ont existé d’hier. Et nous sommes forcément passés d’une forme à l’autre.

 

On sera peut-être conduit à parler de certaines formes de sociétés humaines comme des impasses évolutives, comme on le dit pour la lignée des Homo sapiens, ou bien dirons-nous peut-être exactement le contraire, et ce sera peut-être notre société occidentale, en perpétuel déséquilibre, en perpétuelle transformation, qui s’avérera être une impasse évolutive ou un cul de sac évolutif. Mais ce sera dans un deuxième temps.

 

La violence comme seule réponse à un nouveau contact 

Ma première hypothèse portera sur la forme privilégiée des contacts noués entre peuples lors d’un premier contact. On lit souvent que les archéologues s’interrogent sur la forme qu’à pu prendre les contacts entre les Homo sapiens nouvellement arrivés en Europe et les Néandertaliens anciennement installés. Contacts pacifiques, échanges de techniques ou premier génocide de l’histoire ?

 

Toutes les expériences de contacts entre bandes inconnues d’humains se sont toujours produites de la même manière, par la violence, par le rapt et par la mort.

 

Quand les espagnols débarquent dans le nouveau monde et découvrent les civilisations des indiens, leur richesse en or et en argent, et leurs légendes, ils les soumettent militairement et ils tentent de leur apporter la lumière de leur foi, de leur religion. Erreur magistrale ; les indiens n’épargnent Christophe Colomb et ses soldats qu’uniquement parce qu’ils les prennent pour des envoyés des Dieux, en raison de leurs propres légendes sur Quetzalcóatl. L’histoire leur donnera tord.

 

L’expansion de l’Islam au cours des premiers siècles de son histoire se fait par la guerre qui les conduit jusqu’au cœur de l’Europe, en Espagne et jusqu’en France. 

 

Idem pour l’expansion européenne à partir du seizième siècle sur l’ensemble des continents ; on ne négocie et on ne ruse que lorsque l’adversaire est suffisamment fort et puissant. Seul le Japon se refermera et échappera à cette emprise, et se modernisera pour concurrencer militairement l’Occident et l’Europe.

 

Lorsque Pierre Clastres décrit les indiens Guayakis, il explique qu’ils ne croisent que très rarement d’autres tribus indiennes dans la forêt amazonienne pratiquement inaccessible, mais que lorsque cela arrive, ils font systématiquement la guerre à ces tribus croisées dans leur pérégrination, qu’ils tuent les hommes et capturent les femmes et les filles et qu’ils continuent leur périple. Le terme de Guayakis signifie pour eux ‘hommes’ et les autres peuples qu’ils rencontrent ne sont pas humains.

 

Les enquêtes des ethnologues disent exactement la même chose de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les tribus les plus reculées, qui n’ont jamais vus la civilisation, sont des tribus de cannibales et de mœurs guerrières. Les habitants des îles Sentinelles, dernier peuple supposément à rester à l’écart de la civilisation, agissent exactement de la manière et ils ont criblé de flèches un jeune idéaliste qui voulait venir à leur rencontre.

 

Selon moi, il n’y a pratiquement pas de premiers contacts entre deux peuples qui ne se soient pas produits de manière agressive. A l’exemple des Guayakis, et de manière plus générale, chez la majorité des peuples, seuls les membres de la tribu sont reconnus comme des ‘hommes’ et les autres n’ont pas droit à cette reconnaissance d’humanité, même s’il s’agit de tribus apparentées. Les Homo sapiens ont très certainement exterminé les Néandertaliens lorsqu’ils les ont rencontré, et ce n’est que grâce à l’immensité du territoire européen, aux très faibles populations d’Homo sapiens, et aux zones extrêmement inhospitalières de l’Europe au delà des zones méditerranéennes, que les Néandertaliens ont pu survivre une dizaine de milliers d’années à la rencontre avec Homo sapiens.

 

L’histoire se répétera-t-elle avec les migrations actuelles venant d’Afrique ou du Moyen-Orient débarquant en Europe, comme aux temps des Néandertaliens ? Ma vision est pessimiste, comme s’il n’y avait aucun espoir avec l’humanité. La guerre est son seul avenir et son seul passé. De même que le génocide. 


La violence comme principe explicatif de l’évolution des sociétés humaines

La violence et la guerre ne sont pas nées avec les sociétés européennes ou occidentales modernes, comme legs ou inventions des occidentaux. La violence et la guerre existent dans toutes les sociétés humaines depuis que l’histoire existe, ou que l’homme se rappelle son histoire. On la trouve au plus profond des tribus amazoniennes ou au fin fond de l’Irian Jaya. On la trouvait en Australie avant l’arrivée des européens. On la trouve dans l’histoire de la Rome antique ou de la Grèce antique. On la trouve dans les épopées égyptiennes, assyriennes ou mésopotamiennes. Et de manière pratiquement évidente, elle n’est pas née avec l’homme moderne, historique, mais date forcément au minimum de l’histoire de l’homo sapiens, de cet homme de Cro Magnon qui découvrit dans son périple mondial d’autres branches de l’humanité comme l’homme de Neandertal ou l’homme de Denisova.

 

Cette violence, cette capacité à faire la guerre à ses voisins, à la cité voisine, est également le principe explicatif majeure de l’histoire des peuples et des civilisations, que l’on parle des Hans en Chine, de l’Islam au Maghreb et en Afrique sub-saharienne, des tribus barbares en Europe ou des invasions Mongol. Mais l’expansion de chacun de ses peuples était contrarié par les limites des moyens de télécommunications de l’époque et des moyens de transports pour approvisionner des armées ou maintenir la main mise sur des sujets éloignés. Jusqu’à la survenue des occidentaux qui ont été capables de coloniser toutes les terres habitées ou émergées. 

Les seules limites à l’expansion des empires étaient des contraintes géographiques ou physiques. Des oceans, des déserts apparemment impraticables, des forêts vierges apparemment impraticables et leur faune inquiétante, ou des montagnes inaccessibles. Ce n’est que dans ces niches géographiques ou écologiques que des peuples premiers ont pu subsister face aux peuples envahisseurs, que leurs tribus ont pu survivre à l’écart des grandes civilisations. Dans les fortes vierges d’Afrique, d’Amazonie ou de l’Irian Jaya, dans les déserts d’Afrique ou d’Australie, dans les massifs montagneux de l’Himalaya et du Tibet. 

La distance joue aussi un rôle crucial dans l’effondrement des empires. Impossible pour l’empire d’Alexandre de rester uni après son décès. Idem pour l’empire Romain avant qu’il ne se décompose. Idem pour l’empire Égyptien, pour les Phéniciens ou pour les Almoravides. Ou l’empire du Songhai. Jusqu’à la venue des européens. Même si leurs empires se sont aussi tous effondrés et que l’on trouve désormais une multitude d’Etats indépendants (Australie, Afrique du Sud, États-Unis d’Amérique, Canada, Brésil, Argentine, Indochine …).

 
Ces contraintes physiques (forêts vierges, déserts, montagnes) permettent aussi, ou gênent aussi, le développement de ses peuplades, et permettent le maintien de leurs coutumes ancestrales. En disant cela, je me place à la fois dans la suite de la réflexion de Pierre Clastres sur les indiens Guayakis et plus largement d’Amazonie, mais aussi dans les traces de Heide Goettner-Abendroth dans sa réflexion sur la survivance des sociétés matriarcales. Parce qu’aux marges des grandes aires des grandes civilisations, on trouve une multitude de sociétés qui ont réussi à faire perdurer leurs coutumes ancestrales et leurs organisations tribales., soit en se réfugiant dans des contrées inaccessibles, soit par la ruse et la dissimulation. 

Pierre Clastres (mais aussi Etienne de la Boétie plusieurs siècles auparavant) développait aussi l’idée que l’isolement géographique et la dangerosité du milieu naturel permettait de se protéger de l’apparition du pouvoir, de l’UN. Un chef qui voulait continuer une guerre dont le reste de la tribu ne voulait pas, et qui s’entêtait, pouvait être exclu du groupe, de la tribu, et c’était pour lui la mort assurée. Idem pour les vieillards incapables de continuer à aider la tribu ou de suivre les déplacements. De la sorte, ces sociétés sans État, sans force autonome de coercition, purent survivre au fil des siècles, perdurer, sans basculer dans la civilisation, dans l’irruption du pouvoir de certains, du pouvoir de l’UN pour reprendre mon auteur fétiche, Etienne de la Boétie.

 

La violence explique tout

La violence et la guerre explique à la fois les expansions des grands peuples civilisateurs, ou éradicateurs, mais aussi la permanence de certaines sociétés premières qui échappèrent à la civilisation, à l’apparition du pouvoir, à l’apparition de la domination des uns sur les autres. Car c’est aussi la violence des rites d’initiation marquant les corps, et rappelant que tous sont égaux car ils ont tous été marqués de la même manière par les mêmes rites, la violence intrinsèque de ces sociétés premières à l’encontre de tous ceux qui voudraient chercher le pouvoir pour le pouvoir, la richesse pour la richesse, ou simplement ceux qui violent les coutumes ou les règles.

 

Et si on réfléchit bien, on se rend compte que c’est justement la grande évolution de notre société occidentale ou moderne. Jusqu’à présent, on avait l’impression que les jeunes étaient contraints par la société, par les usages, de se couler dans le moule social qu’avait conçu les anciens, les plus âgés. Et c’est cette évolution-là, à travers le jeunisme forcené de notre société, les multiples plaintes pour harcèlement moral, sexuel ou institutionnel qui se développent, qui gangrènent notre société, nos sociétés, que l’on aperçoit et dont on aperçoit le danger. Car une société qui se détruit à chaque génération ne pourra jamais survivre. 

(nota : évidemment on peut penser la même chose de mai 68 et des grandes avancées sociales, ou reculs, obtenus par des étudiants comme Cohn-Bendit).

 

 

Saucratès

 

 

Liste des quelques livres sur le sujet évoqué dans ces articles :

 

Johann Jakob Bachofen - Le droit maternel - Recherche sur la gynécocratie de l’Antiquité dans sa nature religieuse et juridique - 1996 - Éditions L’Age d’Homme, Lausanne … Titre original : Das Mutterrecht - 1861

 

Cornelius Castoriadis - La création humaine II - Ce qui fait la Grèce - 1. D’Homère à Héraclite - Séminaires 1982-1983 - Éditions La Couleur des Idées - Seuil, Paris

  

Bernard Chapais, Aux origines de la société humaine – Parenté et évolution - 2017 - Editions du Seuil, Paris

 

Pierre Clastres - La société contre l’Etat - Recherches d’anthropologie politique - 1974 - Les éditions de Minuit - Collection Critique

 

Richard Dawkins - Il était une fois nos ancêtres. Une histoire de l’évolution - 2007 - Éditions Robert Laffont, Paris

 

Heide Goettner-Abendroth - Les sociétés matriarcales - Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde - 2019 - Éditions Des femmes - Antoinette Fouque, Paris

 

Emmanuel Guy - Ce que l’art préhistorique dit de nos origines - 2017 - Éditions Flammarion - Au fil de l’histoire, Paris

 
Etienne de La Boétie - Discours de la servitude volontaire - 1576 - Collection Mille et une nuits n°76

 

Bronislaw Malinowski - Les Argonautes du Pacifique occidental - 1967 - Gallimard, Paris

 
Lewis Henry Morgan - La société archaïque - 1971 - Éditions Anthropos, Paris … Titre original : Ancient Society - 1877

 

Alain Testart – Le communisme primitif - Economie et idéologie - 1985 - Editions de la Maison des sciences de l’homme, Paris

 

Alain Testart – Eléments de classification des sociétés - 2005 - Editions Errance, Paris

 

Alain Testart – Avant l’histoire – L’évolution des sociétés de Lascaux à Carnac – 2012 – Editions Gallimard NRF – Bibliothèque des sciences humaines, Paris

 
Sources orientales - Tome 1 - La naissance du monde - 1959 - Éditions du Seuil, Paris


04/03/2023
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Évolution de l’homme et climat - Histoire des glaciations

Évolution de l’homme et climat

Histoire des glaciations

Par Saucratès 

Saint-Denis de La Réunion, jeudi 23 février 2023


L’histoire de l’humanité et des sociétés humaines est inséparable des évolutions climatiques des derniers millénaires et des dernières centaines de milliers d’années. Je ne parle pas véritablement de l’actuel réchauffement climatique qui monopolise les réflexions de tous les militants et activistes écologistes. Même si au fond, cette préoccupation ne fait que confirmer mon assertion sur le lien entre notre histoire et le climat. 

Je parle plutôt du fait que nos sociétés humaines sont inséparables de l’actuelle période interglaciaire dont la fin remonte à 12.000 ans. On note aussi que l’histoire des migrations humaines, les diverses sorties des hommes préhistoriques d’Afrique, les migrations en Amérique ou en Australie, sont également liées aux périodes glaciaires où les possibilités de déplacement entre plaques continentales étaient plus faciles.

 

Les quatre grandes glaciations du pléistocène, de -760.000 ans BP à aujourd’hui 

Les quatre grandes glaciations du pléistocène se nomme les glaciations de Günz, de Mindel, de Riss et de Würm, du nom d’affluents du fleuve Danube. Il s’agit des noms donnés aux glaciations alpines ; dans d’autres pays, sous d’autres contrées, elles portent des noms différents mais correspondent à des périodes de temps plus ou moins comparables. Les périodes glaciaires et interglaciaires n’ont pas eu en effet les mêmes effets sur tous les continents, l’Europe et l’Amérique du Nord dans l’hémisphère Nord étant gagnées par la banquise, tandis que le continent asiatique ou l’hémisphère Sud enregistrent des climats plus agréables. L’Afrique subit aussi les conséquences de ces évolutions climatiques avec des alternances de  Sahara vert et de grand aride. Cette chronologie est par ailleurs considérée comme obsolète, remplacée par une chronologie des stades isotopiques de l’oxygène (SIO) correspondant au rapport entre l’isotope 18 de la molécule d’oxygène et son isotope 16 (O18 / O16). Néanmoins, dans l’histoire de l’humanité, on utilise encore souvent les appellations alpines de ces glaciations.

 

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La plus ancienne de ces glaciations du pléistocène, dite glaciation de Günz, s’étend ainsi de -760.000 à -530.000 ans avant le temps présent (BP-before present). 

 

La deuxième période glaciaire du pléistocène, dite glaciation de Mindel, s’étend pour sa part de -475.000 à -370.000 ans BP. 

 

Entre les deux, la période de temps appelée «interglaciaire Günz-Mindel» correspondant ainsi aux années -530.000 jusqu’à -475.000 ans BP, qui présente des températures plus élevées et un réchauffement climatique planétaire.

 

La troisième période glaciaire du pléistocène se nomme glaciation de Riss. Elle s’étend de -350.000 à environ -120.000 ans BP, ce qui laisse la place pour une période interglaciaire dite Mindel-Riss entre -370.000 ans et -350.000 ans BP.

 

La dernière période glaciaire qui nous concerne plus précisément, est la glaciation dite de Würm (~Wisconin/Wechselien/Valdaï), qui s’étend de -115.000 à -11.700 ans BP. La période interglaciaire dite Mindel-Würm (aussi appelé Eémien) s’est étendue pour sa part de -120.000 à -115.000 ans BP.

 

Evidemment, chaque période glaciaire s’accompagne de phases de glaciation plus forte et de phases de moindre glaciation. La glaciation de Würm est ainsi divisée en quatre phases : Würm-I de -115.000 à -70.000 ans BP où les températures sont moyennement froides, Würm-II de -70.000 à -57.000 ans BP où les températures deviennent glaciales, Würm-III de -57.000 à -30.000 ans BP où les températures deviennent plus clémentes (à noter de -47.000 à -45.000 ans BP se trouve une brève période de réchauffement climatique dite interstade du Groenland 12), et enfin Würm-IV de -30.000 à -11.700 ans BP qui correspond au maximum glaciaire.

 

La période récente, le Dryas

Au sein de cette dernière période de la glaciation de Würm et de Würm-IV, la période s’étendant de -16.500 à 11.700 ans est appelé le Dryas (du nom d’une fleur, la Dryas octopetala) qui pousse dans les Alpes).

 

- Le Dryas ancien qui s’étend de -16.500 à -14.600 ans BP est une phase froide

- L’interstade Bölling qui s’étend de -14.670 à -14.000 ans BP enregistre un net réchauffement des températures

- Le Dryas moyen correspond à une brève phase glaciaire entre -14.000 et 13.900 ans BP.

- L’interstade Alleröd qui s’étend de -13.900 à -12.900 ans BP enregistre une moindre remontée des températures.

- Le Dryas récent s’étend de -12.900 à -11.700 ans BP et enregistre une chute drastique des températures (-7 degrés dans l’hémisphère nord).

- Le Dryas jeune s’étend enfin de -10.800 à -10.100 ans BP, marqué par une nouvelle période de refroidissement climatique.

 

À noter qu’à partir de -11.700 ans BP, on bascule dans l’holocène, qui s’accompagnera d’une remontée des températures et des océans de près de 120 mètres. 

 

L’évolution du climat africain pendant les glaciations

À noter que l’Afrique est affectée différemment par ces périodes glaciaires, même si elle est non concernée par l’évolution des glaciers, mais évidemment affectée par les abaissements et les remontées des océans. L’ensemble du quaternaire s’accompagne de phases arides et d’autres humides. Ainsi, au cours des derniers milliers d’années de la glaciation de Würm et du Dryas récent, la période africaine de -30.000 à -20.000 ans BP correspond à une phase humide, tandis que la période de -20.000 à 12.000 ans BP correspond à une phase d’extrême aridité (avec une phase extrême entre -16.000 et -14.000 ans BP). Les dunes du Sahara s’étendent très largement au-delà de leurs limites actuelles et «il est certain que, pendant plusieurs millénaires, le Sahara élargi a constitué une barrière autrement plus hostile pour l’homme que l’actuel Sahara». (Source: «Histoire générale de l’Afrique - Tome 1 - Méthodologie et préhistoire africaine», éditeur Présence africaine / Edicef / Unesco)

 

A partir de -12.000 ans BP, «les régions sahariennes de l’Afrique ont connu une extraordinaire extension des lacs depuis les côtes de l’Atlantique jusqu’à celles de la Mer Rouge». On observe ensuite des alternances de phases arides suivies de phases humides d’environ 1.000 à 1.200 ans. Ainsi, vers -8.000 ans BP, «le Sahara se couvre à nouveau de végétations et de multiples lacs s’y créent. Les troupeaux de grands herbivores quittent les zones tropicales où les forêts s'étendent, pour se diriger vers les savanes apparues dans les déserts du Nord et du Sud. Ils sont suivis par une population humaine de chasseurs-cueilleurs qui laissent des peintures et des gravures rupestres dans le Sahara. Le retour ultérieur du désert, à partir -5.000 ans BP jusqu’à -3.000 ans BP contraint cette population à migrer sur les rives du Nil, donnant naissance à l’Egypte antique. (Source Wikipédia).

 

Les diverses sorties d’Afrique des populations d’homo sapiens sont historiquement datées. Aux alentours de -100.000 ans BP ainsi que vers -50.000 ans BP, soit pour les deux au cours de ce que l’on appelle la glaciation de Würm.

 

La sortie du Dryas récent, vers -11.700 ans BP, correspond pour sa part à la construction supposée de Göbekli Tepe en Turquie, tandis que la fin du Dryas jeune correspond à peu près à son abandon également supposé vers -10.000 ans BP.

 

https://static.blog4ever.com/2010/11/447196/3555E339-ACBE-462D-8BB5-800E4D0BA9EB.jpeg

 

Récapitulatif : frise historique

Je retracerai dans la frise historique ci-dessous les principales dates évoquées précédemment :

 

de -760.000 à -530.000 ans BP, glaciation de Günz

de -530.000 à -475.000 ans BP, interglaciaire Günz-Mindel

de -475.000 à -370.000 ans BP, glaciation de Mindel

de -370.000 à -350.000 ans BP, interglaciaire Mindel-Riss

de -350.000 à -120.000 ans BP, glaciation de Riss

de -120.000 à -115.000 ans BP, interglaciaire Mindel-Würm (ou Eémien)

de -115.000 à -11.700 ans BP, glaciation de Würm

de -115.000 à -70.000 ans BP, Würm-I

de -70.000 à -57.000 ans BP, Würm-II

de -57.000 à -30.000 ans BP, Würm-III

de -30.000 à -11.700 ans BP, Würm-IV

de -30.000 à -20.000 ans BP, phase humide africaine

de -20.000 à -12.000 ans BP, phase d’extrême aridité

de -16.500 à -14.600 ans BP, Dryas ancien

de -14.670 à -14.000 ans BP, interstade Bölling

de -14.000 à 13.900 ans BP, Dryas moyen

de -13.900 à -12.900 ans BP, interstade Alleröd

de -12.900 à -11.700 ans BP, Dryas récent

à partir de -11.700 ans BP, Holocène 

à partir de -12.000 ans BP, phase humide saharienne

de -10.800 à -10.100 ans BP, Dryas jeune

 

Nota : Le graphique suivant (source Wikipédia) retrace les périodes glaciaires au cours des 450.000 dernières années, sur la base de prélèvements en Antarctique de stade isotopique de l’oxygène (Épica, projet européen de datation Antarctique - Vostok, projet russe).

 

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24/02/2023
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