Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Recherches sur la violence dans les sociétés

Recherches sur la violence dans les sociétés 

De la violence légitime et de l’Etat

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, mercredi 10 mai 2023

 
Une revue comme Franc Tireur peut déclarer sans crainte d’être contredite que la Biélorussie de Loukachenko a le triste privilège d’avoir un millier de prisonniers politiques emprisonnés. Qu’en est-il donc de la France ? Combien parmi les dizaines ou centaines de milliers d’opposants à Macron, de gilets jaunes, ont passé des mois en prison, ont été marqués, énucléés, condamnés, interdits de manifester, licenciés, combien ont eu leurs vies brisées ?

 

https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/23/est-il-vrai-que-800-gilets-jaunes-sont-en-prison-depuis-le-debut-des-manifestations_1799849/

 

Aucun de ceux-ci ne sont des prisonniers politiques me direz-vous ? Seulement des prisonniers de droit commun, arrêtés pour cause de violence, de violation d’interdiction de manifester, ou d’insultes à la personne du président. Mais la violence n’est-elle pas la seule réponse possible aux attaques du gouvernement ? Claquer le Président est-il un crime face à une telle violence institutionnelle ? Affronter la police est naturel lorsque vous vous faites gazer sans discontinuer par des CRS ou des gendarmes mobiles qui vous chargent. A croire que les journalistes qui condamnent la violence des manifestants n’ont jamais manifesté face à la police et ne se sont jamais fait gazer ? Pour ma part, lors d’une manifestation où j’ai subi des violences (gazage et charges) des forces de l’ordre, j’ai été à deux doigts de monter dans la benne d’un énorme camion pour foncer sur un cordon de CRS qui nous chargeait. A deux doigts seulement … 

 

Notre société française est donc violente, mais il s’agit du problème du monopole étatique de la violence publique. Le souci, c’est que dans notre pays, comme dans nombre de pays occidentaux, cette violence publique est confisquée par une élite qui contrôle tous les pouvoirs, politiques, judiciaires, policiers, et journalistiques. Contrairement aux États dits dictatoriaux, où des fractions de ces pouvoirs osent contester les élites au pouvoir, ont le courage de s’opposer, ont l’espoir de les renverser, dans les supposées démocraties, aucune fraction n’ose s’élever contre l’ensemble de l’élite, n’ose cracher dans la soupe, à moins que cette élite ne soit capable d’éliminer toute forme de contestation, de la faire taire, de la décrédibiliser totalement. A moins qu’il n’y est nul espoir de renverser un tel régime politique, supposé démocratique.

 

Je ne conclurais pas par la question idiote de savoir si la France a des prisonniers politiques. Les médias de tous les pays occidentaux ne le reconnaîtraient jamais. Ils ne reconnaissent l’existence de prisonniers politiques, ou de prisonniers d’opinion, que dans les seuls pays dictatoriaux. Mais les médias officiels d’aucun pays au monde ne reconnaissent l’existence de prisonniers politiques dans leur propre pays. Pas plus en Russie, en Iran voire en Corée du Nord si on y trouve des médias. Ceux que nos médias appellent prisonniers politiques y sont là-bas aussi incarcérés, emprisonnés pour des crimes de droit commun, comme Nelson Mandela par le passé. Et les principaux médias des pays occidentaux ne sont rien d’autres que des médias officiels des principaux pays occidentaux, des médias appartenant aux élites occidentales, persuadés de défendre le BIEN et de combattre le MAL, l’ENNEMI. Il n’y a donc rien à en attendre.

 

Les démocraties ne sont-elles rien d’autres que des dictatures où l’ensemble des élites corrompues participent et profitent collectivement du système politique et économique ?

 

Selon Max Weber, «un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l'usage légitime de la force physique sur un territoire donné». Cette idée de Weber est utilisée par chaque gouvernement dans le monde pour légitimer son propre emploi de la violence, des forces de sécurité et de maintien de l’ordre, contre son propre peuple, et pour criminaliser l’usage d’une quelconque forme de violence en réaction de la part de leurs opposants politiques.

 

Toute violence contre l’Etat est un acte criminel! Toute violence de la part de l’Etat et des supplétifs du pouvoir de l’Etat est légitime, dès lors que cet État se présente comme une démocratie libérale (ou non)! Dans ce cas, même Adolf Hitler lui-même, même les dignitaires nazis, ont dû pouvoir être capables de criminaliser ceux qui avaient tenté d’assassiner à plusieurs reprises Hitler.

 

Il n’y a ainsi nulle possibilité de trouver une réponse, une solution dans les écrits philosophiques à la question de l’usage légitime du pouvoir et de sa limitation, et du droit à renverser un pouvoir qui manifestement abuse de son pouvoir à son bénéfice et à celui d’une caste. Les élites ont beau jeu de répondre : pas dans une démocratie comme la France, pas lorsque le suffrage universel permet au peuple de choisir et de voter pour ses dirigeants, permet de résoudre pacifiquement les conflits politiques.

 

Soyons clair, face à une clique qui contrôle tous les pouvoirs, toutes les manettes, qui occupe toutes les strates et tous les pouvoirs dans la société, face à une telle conspiration, il n’y a plus aucun espoir. Si ce n’est le devoir de RÉSISTER.
 

 

Saucratès 



10/05/2023
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 49 autres membres