Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Pensées


Quelques pensées éparses sur les résultats des élections législatives de juin 2024

Suis-je hors sol ? Je ne me sens pourtant pas inquiet par les élections législatives qui se déroulent actuellement en France. Cette période est certes électoralement extrêmement interessante par toutes les possibilités ouvertes, qui selon moi tournent essentiellement autour des choix à venir d’Emmanuel Macron. Que fera-t-il le 7 juillet au soir ou le 8 juillet au matin ? 
 
Mais de là à crier au loup avec la meute (de brebis et de louves ?), je n’en vois pas l’intérêt. Onze millions de français votent actuellement pour un candidat du Rassemblement National ; je pense que c’est là le principal enseignement de ces élections législatives. C’est un chiffre énorme. Que feront ces français si on leur vole leur élections, si Macron leur vole leur victoire ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne rejoins pas aujourd’hui l’idée que ce parti politique soit systématiquement un parti de racistes, de xénophobes et d’antisémites. Je ne rejoins pas l’idée que le Rassemblement national, c’est Pétain et Hitler. Qu’on a déjà essayé l’extrême-droite en 1942. C’est une vision simpliste et dénaturée de la réalité et des aspirations du peuple français. 
 

Ces onze millions d’électeurs se trompent peut-être. Ce qui les attendra avec l’extrême-droite sera peut-être catastrophique, la démocratie française disparaîtra peut-être encore plus alors qu’elle n’est que moribonde aujourd’hui ? Nous aurons peut-être l’installation d’une dictature. Ou pas. Le Rassemblement national respectera peut-être nos institutions, les formes démocratiques presqu’autant que Macron, Hollande ou Sarkozy l’ont fait avant eux ! 
 
À vrai dire, la politique et le programme électoral du nouveau front populaire et celui de LFI me font bien plus peur que celui du Rassemblement national. Je n’ai pas de problème avec l’ordre ou avec la remise en cause de la laïcité pour rappeler les racines chrétiennes de la France, fille ainée de l’Eglise catholique. Je n’ai pas de problème avec l’idée de reprendre le contrôle de notre politique migratoire, ou bien le fait de ramener les règles de fonctionnement de la créature technocratique européenne dans certaines limites ; celle-ci n’a pas à légiférer ou réglementer l’ensemble de notre législation. Par contre, au-delà de l’intérêt de pouvoir bénéficier de la retraite à 60 ans, dont le coût financier sera forcément catastrophique pour nous, pour nos enfants et nos descendants, je ne cherche pas à faire de la France ce qu’ils nous promettent ; une France aux frontières ouvertes à l’immigration à outrance, une France où la police sera désarmée et où on ne pourra plus vivre en paix. Autant que l’on puisse encore y vivre en paix. Une France communautaire dont on peut tout aussi bien craindre l’absence de capacité à accepter le libre jeu de l’alternance démocratique.

 
Ce qui est selon moi tout aussi marquant, c’est la partition de la France en deux groupes irréductibles ; une région parisienne qui votent massivement pour LFI et ses pires sbires du Nouveau Front Populaire (Obono, Caron, Rousseau …) et en face, une France des campagnes, du nord, qui vote massivement pour le Rassemblement National. 

Ainsi cette image de la région parisienne, des circonscriptions de Paris, de la Seine-Saint-Denis, et du Val d’Oise, majoritairement rose ou rouge, où on trouve la majorité des élues de LFI et de EELV déjà élues députées à l’issue du premier tour des élections législatives 2024 (j’utilise le féminin puisque ce sont essentiellement des femmes - ou bien faudrait-il dire des louves alpha ?).

77437770-484A-4EDA-B0D9-65AF93DC4F66.png

 

Parmi ces députés déjà élus ou réélus, on trouve 

-          Carlos Bilongo dans le Val d’Oise (8è circonscription) - LFI

-          Eric Coquerel en Seine Saint-Denis (1ère circonscription) – LFI

-          Bastien Lachaud en Seine Saint-Denis (6è circonscription) – LFI

-          Aurélie Trouvé en Seine Saint-Denis (9è circonscription) – LFI

-          Nadège Abomongoli en Seine Saint-Denis (10è circonscription) – LFI

-          Clémentine Autain en Seine Saint-Denis (11è circonscription) – LFI

-          Sophia Chikirou à Paris (6è circonscription) – LFI

-          Rodrigo Arenas à Paris (10è circonscription) – LFI

-          Sarah Legrain à Paris (16è circonscription) – LFI

-          Daniel Obono à Paris (17è circonscription) – LFI

-          Aymeric Caron à Paris (18è circonscription) – LFI

-          Pourria Amirshahi à Paris (5è circonscription) – EELV

-          Eva Sas à Paris (8è circonscription) – EELV

-          Sandrine Rousseau à Paris (9è circonscription) – EELV

-          Fatiha Keloua Hachi en Seine Saint-Denis (8è circonscription) – PS

-          Emmanuel Grégoire à Paris (7è circonscription) – PS

-          Stéphane Peu en Seine Saint-Denis (2è circonscription) – PCF

 

Il est normal que Mélenchon croit avoir un destin national au milieu de cette litanie de noms dans ces circonscriptions de l’Est parisien, où le Rassemblement National ne récupère que quelques poignées de voix. 
 
Il est aussi normal que face à la déferlante des voix des électeurs du Rassemblement National, tout le monde en appelle au cordon sanitaire contre l’extrême droite. Macron se rappelle brutalement que s’il a été élu en 2017, c’était grâce aux voix de la Gauche ! Il n’est jamais trop tard pour se réveiller et se le rappeler. Mais au-delà des voix de la Gauche, il aurait été préférable qu’il mette en œuvre un programme de gauche, qu’il ne détruise pas les instances représentatives du personnel et les syndicats, qu’il ne repousse pas l’âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, qu’il ne pratique pas une politique ultra-libérale pendant les sept dernières années, et les deux années précédentes où il était le ministre des finances de Hollande, dans un gouvernement socialiste. Et enfin, qu’il ne jette pas l’armée contre les gilets jaunes qui osaient représenter la France des exclus de la mondialisation, la France des carrefours, qu’il ne jette pas l’armée contre les manifestants contre la réforme des retraites, et qu’il ne nous enferme pas pendant le confinement puis qu’il nous impose la vaccination sous peine de mort sociale. C’est beaucoup trop tard pour se rappeler qu’il était sensé être un homme de gauche il y a très longtemps. 

 
Il ne manquerait plus que Macron actionne l’article 16 de la Constitution et qu’il s’institue dictateur, s’asseyant sur le vote du peuple français, sous prétexte que le vote du peuple souverain ne lui plairait pas. C’est la France qu’il détruirait. 
 
Les heures qui nous attendent vont être sombres, car je ne crois pas en la capacité des fous d’accepter le verdict des urnes dès lors que le résultat ne leur agréait pas. Le peuple a le droit de s’exprimer tant qu’il vote convenablement. C’est la limite de ce que tous ces fous appellent la démocratie. Après, le futur nous dira qui avaient raison, des fous, macronistes ou LFI ou des aspirants fachos.

 

 

Saucratès


01/07/2024
0 Poster un commentaire

Pensées d’un samedi soir à une semaine des élections législatives

Se trouve-t-on dans une de ses drôles de périodes de l’Histoire où le monde risque de basculer ou bien se trouve sur le point de basculer irrémédiablement ? 

Personnellement, je n’y crois pas. D’abord, il ne s’agit que d’événements franco-français, qui ne concernent que nous. Vu hors de France, il ne s’agit que d’un épiphénomène minuscule, l’équivalent de ce que nous avons vécu lorsque Mme Meloni a remporté les élections législatives en Italie. 

Deuxièmement, parle passé, on nous a déjà dépeint le même type de situation cataclysmique, probablement à partir de 1965 ou du début des années 1970, au sujet de l’arrivée au pouvoir des communistes en France. Là aussi, l’élection d’un jeune polytechnicien, Valéry Giscard d’Estaing, a semblé constituer la solution pour bloquer l’arrivée au pouvoir des communistes. L’élection présidentielle puis les élections législatives de 1981 ont dû constituer un summum de la montée des périls, avec la nationalisation de toute une série de banques et d’industries dans le programme commun de la Gauche.
 
Et pourtant c’est arrivé. Et pourtant la Gauche, les socialistes et les communistes ont pris le pouvoir, et ils ont appliqué leur programme de congés payés, de généralisation des instances représentatives du personnel, et de nationalisations. Et notre monde actuel est l’héritier de cet événement fondateur, de cette alternance désormais normale de gouvernements de droite et de gouvernements de gauche. 

Nous sommes probablement arrivé aujourd’hui à un nouvel événement fondateur de notre système politique avec la probable arrivée de l’extrême-droite aux portes du pouvoir. De toute facon, si cela ne se réalise pas maintenant, le risque se réalisera à nouveau aux prochaines élections présidentielles en 2027 ou aux prochaines élections législatives. 

La période est donc certes importante, mais elle ne constitue pas cette montée des périls qu’on nous dépeint si complaisamment. Il nous faut réfléchir aujourd’hui en notre âme et conscience des conséquences de notre vote futur,

 

• qu’il concerne le maintien au pouvoir d’une majorité présidentielle qui nous a volé des années de vie et de retraite, qui applique un programme fiscal favorable aux très riches et aux milliardaire, et qui semble représenter une forme de continuité fiscale et sociale

 

• qu’il concerne le retour au pouvoir d’un nouveau front populaire, qui défendra peut-être l’octroi ou le maintien de certains droits sociaux, mais qui porte en germe une haine des riches, une haine des juifs et une vision punitive de l’écologie. Le retour des mêmes personnes qui ont amené dans leurs valises en 2012 le sbire Macron, ainsi que la centaine de députés qui ont trahi la Gauche ensuite pour rejoindre LREM, ceux qui ont voté la loi du mariage pour tous, la semaine scolaire sur six jours, la réforme des rythmes scolaires à l’école et au collège ? Ceux qui ont sur les mains le sang de Samuel Paty et de Dominique Bernard par la complaisance qu’ils manifestent vis-à-vis de l’islam et de l’islamisme ? 

 

• ou qu’il concerne l’arrivée au pouvoir d’un parti situé plutôt à l’extrême-droite de l’échiquier politique, dont on ignore beaucoup de choses : son action future envers la classe moyenne qu’il dit vouloir protéger et défendre, son action vis-à-vis des populations étrangères en France, les idées mêmes des personnes qui arriveront au pouvoir, sa capacité à dialoguer avec les organisations syndicales qui le combattent obstinément depuis des décennies, et enfin sa capacité à accepter les règles du jeu politique, la libre tenue d’élections dans le futur et l’acceptation de futures défaites électorales ?

 

Il s’agit certes d’un moment électoral important. Mais de toute façon, même si l’extrême-droite échoue en juillet 2024 à remporter ses élections législatives, son électorat ne risque-t-il pas  vraisemblablement encore de croître d’ici 2027 et les élections ultérieures ? Sauf à ce que l’on sorte de la politique qui nourrit le sentiment de rejet de toute une fraction de l’électorat français et qui nourrit le vote pour les extrêmes. Ou sauf à ce que le peuple français ne change viscéralement.

 

Ce moment approche à grand pas. Il aura lieu dimanche prochain, dans à peine une semaine pour le premier tour, et le dimanche d’après pour le second tour. Les journaux et les médias n’ont pas fini dans les prochains jours de chercher à nous bourrer la tête et à nous faire peur, pour appeler à voter pour leurs favoris. 

Voter pour les uns ou pour les autres, s’abstenir, c’est un choix crucial qui s’approche pour chacun d’entre nous, en notre âme et conscience. Personnellement, je ne pense pas que l’enjeu de ce scrutin soit aussi terrible que ce qu’on nous présente. Mais autant y réfléchir profondément, sur ce que l’on veut, sur ce que le futur de notre Nation pourra être.

 

 
Saucratès


22/06/2024
0 Poster un commentaire

Pensées sur la guerre

Pensées sur la guerre

Par Saucratès 

Saint-Denis de la Réunion, dimanche 2 juin 2024

 
L’actualité est riche de nombreuses catastrophes. Ces catastrophes sont d’abord les guerres qui se déroulent à quelques milliers de kilomètres de Paris, voire beaucoup plus proche. Il y a évidemment la guerre en Ukraine qui fait face à la Russie, et en regard de la présentation tronquée et partiale qui en est faite par les médias, bien sûr Le Monde mais également tous les autres, je ne peux pas simplement avoir peur de la Russie de Poutine, sans avoir encore plus peur, ou peur différemment, de ce que cela dit de notre propre système démocratique. Je ne peux pas accepter d’être simplement manipulé, aveuglé, et de croire tout ce que l’on peut m’intime de croire, d’avaler. 
 

Il y a aussi la guerre en Palestine, à Gaza, et même si les attaques d’octobre 2023 des palestiniens sont inqualifiables, abominables, je ne peux oublier que moi aussi, à leur place, je vouerais aussi une haine sans limite à un peuple ennemi qui extermine et agresse impunément depuis 1948 mon propre peuple, mes frères, mes amis, ma famille. J’ai un grand respect pour l’armée israélienne, pour Tsahal, mais je peux comprendre que leurs ennemis les haïssent. Personnellement, je leur en veux toujours pour un seul meurtre inqualifiable, l’assassinat de Rachel Corrie, cette jeune pacifiste humanitaire américaine écrasée par un bulldozer de l’armée israélienne, alors qu’elle s’interposait face à ce bulldozer pour empêcher la destruction de maisons palestiniennes, justement à Rabah, proche de la frontière de Gaza avec l’Egypte.

 
https://saucrates.blog4ever.com/le-debat-sur-israel-2

https://www.amnesty.org/fr/latest/press-release/2012/08/rachel-corrie-verdict-highlights-impunity-israeli-military-2/ 


Je ferais partie d’un peuple occupé militairement depuis 1948 par cet envahisseur, faisant régner un climat de peur permanente et maintenant mon peuple enfermé, affamé derrière des barbelés, que ne ferais-je pas pour me venger d’eux ? Si l’Allemagne nazie avait réussi à continuer d’occuper militairement la France, nous parquant dans des camps et nous colonisant militairement, nous français n’aurions-nous plus le droit de résister et de combattre ces occupants par des actes terroristes ? Combien d’années d’occupation militaires rendent-elles illégitime le droit à se défendre d’un peuple opprimé et occupé ? Au bout de combien d’années les français n’auraient-ils plus eu le droit de se défendre et de combattre par des actes terroristes (seule arme des faibles et des opprimés) la colonisation allemande nazie de leur patrie, de la France ? Pour moi, ce droit est inaliénabl, notamment pour le peuple palestinien.

 

Israël a planté les graines de la haine et ils les arrosent du sang des martyrs palestiniens depuis des décennies. Il faut être fou pour ne pas voir que tout ceci va se finir dans un bain de sang épouvantable. Et que ni même Dieu ni les américains n’y pourront rien.

 

Il y a enfin la guerre annoncée des élections européennes. La victoire potentielle de l’extrême droite française est présentée comme le préalable à une nouvelle catastrophe. Climatique essentiellement puisque leur victoire pourrait remettre en cause la politique climatique de l’Union européenne. Parlons-en de cette satanée politique climatique, et notamment l’interdiction de la vente de véhicules neufs à motorisation thermique à partir de 2035 (et ce que l’on sait moins, l’interdiction à compter de 2030 de mettre en service des bus à moteur thermique dans les transports de personnes). Évidemment, la moindre imprécision dans ces explications est immédiatement sanctionnée par nos médias si puissants, si sages, si intelligents. Si l’extrême-droite ne pense pas à préciser que seules les ventes de véhicules neufs à moteur thermique seront interdites, on les accuse immédiatement d’imprécision ! Évidemment, ce ne sont pas nos journalistes qui sont imprécis ; jamais. Il leur est si facile de corriger leurs articles ou de publier un démenti après coup.

 
Donc la victoire de l’extrême-droite française risque de mettre en pièce la politique climatique européenne. Mais c’est justement le problème de la démocratie que nos élites idéalisent à un tel point lorsque cela concerne les autres. Parfois, le peuple s’exprime, rarement, et désigne une majorité qui n’agréée pas aux élites en place. Parfois, le peuple prend des décisions que les élites n’approuvent pas. Je leur fais évidemment confiance pour évidemment retomber sur leurs pattes, pour servir les nouveaux maîtres avec autant d’empressement qu’ils avaient servi les précédents, pour faire passer les mêmes textes de lois et les mêmes projets de règlements qu’ils faisaient passer avec leurs maîtres précédents. En attendant, il serait bon qu’une évaluation des politiques de soutien au véhicule électrique soit conduite au niveau français ou européen pour que l’on sache combien de milliards d’euros ont été dépensés en vain par la France et l’Europe pour soutenir l’industrie japonaise puis Chinoise, au détriment d’une énorme partie de l’industrie européenne, tout particulièrement des constructeurs allemands dont les véhicules étaient majoritairement et lourdement taxés par la fiscalité du malus. Combien de milliards pour quelle réussite ? Et l’Europe n’est-elle qu’une abstraction si on peut détruire l’industrie d’un pays membre au bénéfice de la Chine ? 
 

Et si on s’autorisait à évaluer réellement les politiques de nos gouvernements, par un organisme véritablement indépendant, et non pas inféodé aux intérêts des puissants, du gouvernement et des lobbys comme la Cour des comptes.

 

Je vais donc en revenir succinctement à la guerre en Ukraine. Évidemment, la Russie de Poutine me terrifie avec la menace nucléaire qu’elle représente, face à la stupidité du président Macron qui joue le rôle du va-t-en-guerre avec ces idées farfelues et stupides. Il faut être fou ou inconscient pour exciter de cette manière la Russie de Poutine et son armement nucleaire. Évidemment, Macron se réfugiera suffisamment à temps dans son bunker souterrain en cas de frappe nucléaire. Puis on l’exfiltrera sans souci hors de la zone contaminée. Mais le peuple français ou parisien ? Il y pense cet abruti qui gesticule devant Poutine sur la scène internationale avec ces idées stupides et suicidaires ? Non, il s’en fout. Est-ce qu’il ne vise pas qu’une chose ? Se maintenir au pouvoir coûte que coûte au delà de son second quinquennat ?

 

Mais ce n’est pas tant cela qui m’exaspère. C’est la présentation permanente de l’Ukraine en royaume du bien, de Zelenski comme un héros, et de la Russie comme royaume du mal. Les russes qui combattent la guerre en Ukraine y sont présentés comme des héros, les opposants à Poutine ou à la guerre sont élevés par la presse européenne au rang de martyrs ou de prisonniers injustement emprisonnés, tandis que les ukrainiens qui n’appuient pas aveuglément et patriotiquement la défense de la patrie en danger sont affublés du terme de traîtres. 
 

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/30/guerre-en-ukraine-a-kharkiv-le-proces-d-un-informateur-recrute-par-les-services-russes_6236280_3210.html

 

Il me semble forcé que de chaque côté d’une guerre, les deux belligérants ont la même légitimité à poursuivre et condamner ceux qui ne serviront pas la cause patriotique. C’est l’horreur de la guerre de ne plus nous laisser maîtres de nos destins, de nos décisions, de nos vies. Mais de là à présenter les ukrainiens soupçonnés de connivence avec la Russie comme des traitres, et les russes combattant Poutine comme des héros, il y a un monde. Et puis surtout, la France n’est pas en guerre que je sache. Nos médias n’ont pas à servir d’outils de propagande contre la Russie. On doit pouvoir attendre de nos propres médias qu’ils nous informent impartialement de ce qui se passe ailleurs. Ou alors ils s’érigent en outils de propagande ukrainienne et ils abandonnent le titre de médias d’information s’ils ne sont pas capables de rester impartiaux dans ces conflits.

 

Parce que c’est exactement le même problème avec l’information sur la guerre à Gaza. Comment un journal supposément impartial a-t-il pu défendre aveuglément et sans aucune distance une partie israélienne et des dirigeants israéliens aujourd’hui soupçonnés d’actes de génocide ? On parle bien du Monde, le journal créé par Hubert Beuve-Méry ? Un journal qui défend des actes génocidaires parce que ces actes seraient légitimes ? Un génocide peut-il être légitime parce qu’il touche des palestiniens et qu’il est l’œuvre d’israéliens de confession juive ?  Est-ce tout ce qui reste de l’œuvre d’Hubert Beuve-Mery ? Et Le Monde qui se garde bien d’écrire la moindre ligne sur ces demandes infamantes du procureur de la Cour Pénale Internationale. Mon Dieu quelle horreur ! 

 
Il reste un dernier point à souligner. La justice pénale internationale va peut-être trop loin. Certes, la situation à Gaza est terrible à regarder parce qu’elle touche des civils contraints à fuir des combats ou à mourir sous les bombes. Mais on ne peut pas oublier que cette guerre est né d’actes tout aussi atroces, probablement bien plus atroces, des viols et des massacres de civils israéliens et de civiles israéliennes conduits par des attaquants palestiniens. Ramenons ces épisodes à la deuxième guerre mondiale lorsque les américains rasaient sous les bombes l’une après l’autre les villes allemandes (et françaises avant cela comme Cherbourg et Le Havre si je ne me trompe pas). Qu’aurait-on pensé si la CPI d’aujourd’hui et ses procureurs actuels auraient pu émettre des mandats d’arrêt internationaux contre les présidents et ministres américains de l’époque ? Dans les deux cas, des populations civiles bombardées pour atteindre des cibles supposément militaires. Dans les deux cas, on note l’utilisation des bombardements des populations civiles pour terroriser un pays, même si cette terreur est toute relative, contre un mouvement terroriste comme le Hamas, au milieu d’une population palestinienne terrorisée depuis 80 ans par Israël, ou contre un état totalitaire comme l’Allemagne nazie, pour lequel le sort de la population allemande ne comptait aucunement. Hannah Arendt écrivait notamment que les nazis prévoyaient le suicide de l’ensemble du peuple allemand en cas de défaite du régime nazi face aux russes et aux américains. Suicide qui n’a pas eu lieu.

 
Si la CPI avait existé en 1945, qu’aurait-elle dit, qu’aurait-elle fait face aux bombardements américains massifs en Europe, ou face aux bombardements atomiques américains à Hiroshima ou à Nagasaki ? Au fonds, quel est le sens de la CPI dans une guerre où l’objectif est forcément l’anéantissement du peuple adverse. La CPI n’a-t-elle un sens que dans un monde en paix ? 
 
 
Saucratès


02/06/2024
0 Poster un commentaire

Encore un merveilleux samedi soir sur cette Terre

Nous sommes le samedi 11 mai 2024. Un feu de bois brûle dans mon barbecue où dans quelques dizaines de minutes, je grillerais une entrecôte. Quelques voitures éparses circulent sur la route qui nous surplombe, moments entrecoupés de longs silences où je n’entends plus le bruit de la circulation. Les lampadaires de l’éclairage public qui nous surplombent éclairent les arbres et la végétation environnantes. Les flammes du feu de bois remplissent d’ombres mon jardin et leur lumière dansante éclaire fugacement les plantes environnantes. C’est une très belle soirée. 

 

Des nuages de fumée sont sculptés par les lampadaires environnants ; l’absence surprenante de vent laissant la fumée s’accumuler dans l’air, comme si tels des indiens des Plaines, ils cherchaient à communiquer quelques messages à de lointains interlocuteurs. Ces nuages de fumée qui s’amoncellent dans l’air environnant me rappellent aussi que les feux de bois sont considérés par les écologistes extrémistes comme des sources malvenues d’émission de gaz à effet de serre. Mais ce sont de si beaux moments, même en solitaire. À l’origine, on estime en effet que ce sont les feux de forêt des premiers hommes civilisés (drôle d’appellation) utilisés pour défricher des champs pour y planter leurs cultures qui furent à l’origine de l’anthropocène, et qui firent sortir le climat terrestre de l’alternance de cycles glaciaires et de cycles interglaciaires. 
 

Belle journée de samedi qui vient conclure une très belle et rare semaine ayant vu deux jours fériés se succéder. Très belle journée où nous avons pu rencontrer un certain nombre de personnes très sympathiques.

 

Mais des commerçants ont-ils le choix de ne pas paraître sympathiques ? Un salarié a-t-il le choix de ne pas paraître amical et sympathique aux yeux de son supérieur hiérarchique. Et le salarié qui ferait le choix contraire peut-il s’attendre à autre chose de la part de son supérieur hiérarchique qu’une guerre sans merci, qu’une guerre froide et un isolement si par malheur, il semblera impossible à son manager de le faire licencier ? Non évidemment. Un salarié n’a pas le choix. Le chef a toujours raison. Et dans le cas contraire, il faut appliquer la règle numéro un. Le client a aussi toujours raison. Et dans le cas contraire, c’est une vente qui ne se fera pas. 

 

Inversement, face à un vendeur extrêmement sympathique, un consommateur a-t-il le choix de ne pas acheter ? Probablement que si. Mais bien souvent, lorsqu‘un consommateur rentre dans un magasin, c’est déjà le signe que quelque chose l’intéresse. D’une certaine façon, le plus difficile est fait. Mais toute la qualité du commercial, du vendeur, est de transformer une potentialité de vente en vente effective. Certaines personnes doivent être plus facilement manipulables que d’autres, et qui face à un commercial sympathique et agréable, auront de la peine à ne pas lui acheter quelque chose. Ne se sentiront pas obligé de lui acheter la chose, le bien, le mets qu’il leur aura si bien vanté, si bien vendu, si bien présenté.

 
Au fond, il ne faut pas se départir de sa rudesse naturelle. Il ne faut pas paraître manipulable ou influençable. Il est plus sécuritaire de s’enfermer dans une apparence morose, morne, fermée plutôt que de se montrer ouvert aux autres, accessible. S’agit-il d’un de ces rares moments où je ne préfère pas m’isoler des autres. 

 
En somme, un beau samedi soir sur la Terre. Chez nous, l’été tire à sa fin, les températures décroissent peu à peu et l’air commence à se rafraichir, tout particulièrement le soir. Evidemment, ce n’est pas le cas en journée. Sous les tropiques, il est relativement rare que la température tombe sous les 25 degrés sous le soleil. Mais il en va autrement la nuit. Et ce soir, malgré les nuages de fumée striés de rayons de lumière des lampadaires à travers la végétation, il commence à faire bon ; certains diront sûrement qu’il commence à faire frais. Mais je n’oublie pas qu’ailleurs, de l’autre côté de la Terre, dans l’autre hémisphère, le printemps s’achève et l’été approche. Les beaux jours approchent. Ceux-ci n’ont pas la chance de vivre dans les beaux jours toute l’année. Malgré tout ce que l’on peut dire de merveilleux de La Réunion, je n’oublie pas que c’est d’abord cet endroit merveilleux où il fait bon vivre toute l’année durant. Un endroit si merveilleux qu’il y a désormais près de trente-six ans, je ne contrôlais plus ma joie d’y remettre les pieds, d’y revenir vivre. 

 

Saucratès


11/05/2024
0 Poster un commentaire

Nouvelles pensées d’un samedi soir

Nous sommes à nouveau samedi soir. Que dire ? Que raconter ? Il est simple de savoir sur quoi on veut écrire, il est plus difficile de savoir si cela a un intérêt, si cela a un sens, si cela a même une simple cohérence. Et surtout, il est difficile de savoir si on devrait écrire sur ce sujet et dire ce que l’on écrit. Ce doit être aussi difficile, et même beaucoup plus difficile, d’écrire un livre, de raconter une histoire, et de se demander apres chaque page écrite si cela ne fait pas évoluer le personnage, ou tel ou tel personnage, d’une manière qui ne serait pas la bonne. Après, personne ne jugera le personnage, selon la manière dont le narrateur le fera évoluer. Nul ne le jugera selon ce qu’il racontera, fera ou dira. Il s’agit d’un personnage de fiction. Il pourra être antisémite, raciste, assassin, extrémiste, ultra-libéral, que sais-je encore. Au pire, le lecteur pourra abandonner la lecture de son livre si l’évolution du personnage lui déplaît. Mais selon la manière dont le narrateur le présente au fil d’une page, au fil d’un chapitre, c’est toute l’histoire autour de ce personnage qui sera entraînée dans un certain sens, dans une certaine direction. 
 
Zakanf’t qui nous lit peut-être ce soir en sait probablement beaucoup plus que nous sur ce dilemme du narrateur. Elle qui représente justement parfaitement celle que l’on appelle le narrateur.

https://drive.google.com/file/d/1bs5FEqTmKZXoi_19GhygXTk442MSII5a/view

 
Même si le narrateur absolu, celui auquel je pense en prononçant ce mot de Narrateur, comme peut-être certains autres de mes lecteurs, c’est Proust. Proust qui a poussé le principe du narrateur à sa plus haute représentation (j’oublie peut-être Modiano dont j’adore les livres et qui définit parfaitement cette notion de narrateur-personnage, peut-être encore mieux que Proust si c’est possible). Mais derrière chaque personnage, quelque soit le livre, il y a un narrateur. Et demain, il risque d’y avoir une intelligence artificielle.

 

Donc que dire de mes écrits de la semaine dernière. Il y a tellement à dire sur le féminisme, comme sur les hommes, comme sur la violence masculine, comme sur ceux que l’on appelle parfois des héros, ceux qui se dressent face à la violence aveugle, face à la violence terroriste. Alors oui, je trouve problématique que l’on analyse une situation à travers uniquement un seul prisme, une seule définition, une seule interprétation. 
 
En fait, les penseurs, les journalistes, les universitaires féministes se trompent de cible et de théorie. En dépeignant l’homme, elles ne font que reproduire la thèse de Hobbes qui ecrivait des siècles avant que le féminisme soit inventé. L’homme est un loup pour l’homme, et aujourd’hui comme à cette époque ancienne, pour la femme. Mis ce que ces féministes oublient, c’est qu’il y a aussi de rares lions courageux qui affrontent ces loups, qui les combattent, qui se dressent parfois pour s’opposer aux loups. Le plus souvent des anonymes. Et parfois ils meurent aussi, ils échouent à s’opposer victorieusement. Ils n’en demeurent pas moins des lions, même si ces lions meurent sous les armes, sous les crocs des loups. Ce sont des hommes ou des femmes. Et c’est qui me gêne, me répugne dans le féminisme, cette facilité à expliquer le monde comme une opposition entre victimes et bourreaux fonction de leur sexe.
 

Alors oui, comme mon narrateur, je risque d’avoir donné définitivement une image déformée de mon personnage, de moi-même. Aujourd’hui, je souhaitais écrire sur un autre sujet : la laïcité.

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/17/l-interdiction-des-signes-religieux-ostentatoires-a-l-ecole-contredit-la-laicite_6228276_3232.html

 

Comme pour l’antisémitisme, comme pour l’opposition entre droite et gauche, je pense qu’il y a de multiples définitions de ce qu’est la laïcité. Il y a évidemment les définitions données par un quelconque haut conseil de laïcité. Il y a tous les laïcards (les partisans d’une laïcité intransigeante et excluante) pour lesquels la laïcité les oppose à tous ceux qui promeuvent l’enseignement privé catholique, alors que moi-même, je pourrais trouver tou aussi inquiétant les écoles coraniques et les lieux d’enseignement musulman comme Avaroes. Mais les laicards étant de gauche et cette gauche-là ayant pour seul adversaire le catholicisme et la droite, l’islam ne peut être un adversaire mais forcément un allié. 
 
Pour ma part, je pense que la laïcité telle qu’elle a été conçue au tout début du vingtième siècle, à une époque où nous vivions sous la loi des curés, n’a plus aucune légitimité, plus aucune valeur aujourd’hui. La laïcité n’a plus lieu d’être aujourd’hui comme dispositif cherchant à isoler l’Etat de la religion catholique.  A un moment quelconque du vingtième siècle, la religion catholique a cessé d’être un adversaire de  l’intelligence collective (mais comment oublier que même dans les temps les plus obscurs de l’humanité, de grands philosophes furent chrétiens comme d’autres furent musulmans), pour devenir un socle de la société, de la même manière que le judaïsme modéré ou l’islam modéré. Et là-dessus, je pense que l’Ile de la Réunion peut éclairer réellement éclairer le monde.

 
Utiliser le principe de la laïcité pour rejeter la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe est une terrible erreur. Une Europe qui se présente comme le cheval de Troie de je ne sais quelle idéologie mortifère et destructrice. Utiliser la laïcité pour interdire des crèches de Noel dans des lieux publics ou des lieux municipaux est une terrible tragédie. La France était la fille aînée de l’Eglise catholique et ce n’est pas parce que nous avons accueillis une forte minorité musulmane que nous devons renier nos racines et notre histoire, même si ces gens-là, mêmes présents depuis des générations, ne se reconnaissent pas dans cette histoire. J’ai vécu au Sénégal une histoire magnifique de royaumes que je ne connaissais pas, des Almoravides et des Almohavides. Et même si ce n’était pas mon histoire à moi, occidental, je l’ai appris et je me souviens toujours de bribes lointaines, plus de quarante à cinquante ans plus tard. Et comme je l’ai déjà dit, cela a nourri mon amour de l’anthropologie. 

 
Pour moi, la laïcité, ou l’interprétation de la laïcité telle qu’elle est utilisée aujourd’hui est une erreur et une abomination. Elle nourrit toutes les velléités séparatistes dans notre beau pays. Et elle ne nous permettra d’ailleurs probablement pas de résister à une prise de pouvoir de l’islamisme comme le raconte l’histoire de «Soumission» de Houellebecq. La laïcité est aujourd’hui pensée par ceux-là même qui préparent le règne de l’islamisme, ou bien par ceux qui cherchent à préserver le rôle de neutralité de l’Etat dans un combat perdu d’avance contre l’islamisme.

 
 

Saucratès 


20/04/2024
2 Poster un commentaire