Critiques de notre temps

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Economie monétaire

 

Réflexion une (1er novembre 2011)
Existe-t-il une sortie possible à la crise actuelle ?

 

La zone Euro est en crise depuis plusieurs trimestres, crise née d'une défiance des marchés financiers à l'égard des dettes publiques de quelques états du sud de l'Europe ... et de la montée des endettements des états rendus nécessaires par la crise financière des années 2007-2009 dite crise des subprimes. En focalisant l'attention des marchés financiers sur les excès d'endettement public, la crise grecque actuelle fragilise par ailleurs l'ensemble des états puisque rares sont les états qui aujourd'hui ne sont pas endettés (que ce soit les Etats-Unis, le Japon, la France voire même l'Allemagne ...).

 

Selon moi, la crise actuelle ... que certains oiseaux de mauvais augures appellent de tous leurs voeux depuis des années et qu'ils pronostiquent inlassablement ... illustre la fin d'un processus financier démarré dans les années 1970 avec la popularisation de la théorie monétariste de Milton Friedman et des théories néo-libérales, et leur mise en application dans le monde entier dans les années 1980 par le biais de la libéralisation et de la globalisation internationale des marchés financiers et des flux de capitaux.

 

Mais contrairement aux oiseaux de mauvais augures, je ne parle pas de la fin d'un cycle, mais de la fin d'une idéologie, d'une organisation des économies et des échanges financiers. Le libéralisme, le monétarisme, la libéralisation des échanges financiers ont certes permis de dégager des financements immenses aux bénéfices de certains états et de certaines firmes internationales, leur permettant de grandir ou de consommer toujours plus, mais ils ont aussi créé un marché financier hypertrophié qui spécule sur tout, des actions des entreprises aux dettes des états, en passant par le risque de défaut d'un état ou les matières premières, voire même les productions agricoles. Combien de temps faudra-t-il pour qu'ils spéculent aussi sur les humains ou sur la mort, en rétablissant l'esclavage ? Ils ont aussi créé de gigantesques établissements financiers ou de gignatesques banques qui gèrent ces flux et arbitrent continuellement d'une place à l'autre et d'un produit à l'autre.

 

Cette crise actuelle de la dette en zone Euro illustre que la financiarisation de l'économie telle qu'on l'a vécu depuis trois décennies a atteint une limite, et que des marchés non régulés brûlent toujours à certains moments ce qu'ils ont encensé précédemment, à d'autres moments ... Les marchés financiers sont tout simplement incapables de s'auto-réguler et ont des comportements aberrants, que ce soit à la hausse ou à la baisse ... Dans le cadre de la libéralisation des marchés financiers, les états développés ont utilisé les marchés pour financer leur endettement, créant un marché de titres suffisamment important et liquide pour qu'une politique monétaire puisse être impulsée facilement par la Banque centrale et qu'elle influe efficacement sur toute l'économie réelle.

 

Le monétarisme reposait sur l'hypothèse standard des économistes classiques selon laquelle la monnaie et la finance n'ont aucun effet sur l'économie réelle, et que leurs soubressauts ne peuvent que perturber son fonctionnement optimal. Mais la libéralisation des marchés financiers, nécessaires pour appliquer sa théorie monétaire, a conduit à des déséquilibres financiers gigantesques à l'échelle mondiale, avec des endettements exponentiels de certains et des excédents commerciaux records chez d'autres ... Le néo-libéralisme a également régné en maître sur l'économie réelle au cours de ces derniers décennies, détruisant les industries nationales considérées comme insuffisamment compétitives et cherchant à homogénéiser les conditions sociales vers un moins-disant minimaliste ...

 

Le monétarisme a ainsi abouti au final à une situation aberrante, contraire à ses propres préceptes, d'un creusement abyssal des dettes publiques et privées, dont l'éclatement a ensuite entraîné des soubressauts extrêmement violents au sein même de l'économie réelle. La crise financière actuelle peut simplement être analysée comme un nouvel échec du libéralisme économique et de la théorie néo-classique, comme la crise de 1929 avait déjà été l'échec de la théorie économique des classiques (je reviendrais prochainement sur cette idée). Il nous faudrait ainsi pouvoir redécouvrir un nouveau John Maynard Keynes (s'il existe) ou retrouver dans sa théorie économique la réponse à nos difficultés.

 

 

Saucratès



01/11/2011
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