Critiques de notre temps

Critiques de notre temps

Manipulation, désinformation et conspirationnisme

Saint-Denis de La Réunion, dimanche 5 avril 2020

 

Le monde, ou plutôt la société francaise, se partage en plusieurs groupes. D'un côté, il y a nos dirigeants, passés ou présents, se partageant entre ceux très proches du pouvoir politique au plus haut sommet, ministres, conseillers et membres des ministères, puis députés du Parti majoritaire, et les  autres élus nationaux, d'autant plus influents et informés qu'ils sont proches des plus hautes strates du pouvoir. Il y a aussi les spécialistes de tout et de rien, en tout genre, ceux autorisés à penser pour les autres, ceux titulaires de la reconnaissance de leurs pairs, ceux titulaires de la connaissance, autorisés à s'exprimer sur tel ou tels sujets. Ces specialistes en divers domaines sont en fait instrumentalisés par le pouvoir, par le gouvernement. Il y a des specialistes de l'éducation, de la santé et du Covid19, des incendies de monuments histoiriques dans le cas de l'incendie de Notre-Dame-de-Paris, de la politique monétaire ... etc ...

 

Et puis, de l'autre côté, il y a le reste du peuple, ou plutôt, deux fractions ou plusieurs fractions du peuple. D'une part, cette partie de l'opinion qui croit tout ce qu'on lui raconte, qui croit en la parole des spécialistes qui expriment doctement une vérité, cette fraction de l'opinion, supposément éduquée, intelligente, surtout parfaitement formatée, à laquelle on a appris à croire et à respecter aveuglément la parole scientifique. Cette partie de l'opinion là n'irait jamais remettre en cause la parole officielle. C'est cette même fraction de l'intelligentsia qui ferait d'excellents vecteurs de mouvements totalitaristes. D'autre part, il y a d'autres parties de l'opinion, de moins en moins réceptives aux discours officiels, de plus en plus rétifs à croire en la parole des scientifiques. Certains de ces groupes ont pu pourtant devenir les principaux soutiens de mouvements totalitaires à d'autres époques de l'histoire. La méfiance à l'égard des institutions pouvant devenir le terreau d'un extrémisme, pouvant être récupérés, et avoir été récupérés par des mouvements extrémistes, nazis ou collaborationnistes.

 

Et au milieu de ces diverses fractions, il y a les médias et les journalistes, sources d'informations mais aussi sélecteurs d'informations autorisées. Sans oublier les forces de l'ordre, policiers, gendarmes, militaires, qui sont chargés des basses oeuvres de ce gouvernement comme de ses prédécesseurs. Il s'agit d'ailleurs bien souvent des mêmes responsables politiques, qui ont juste changé de côté leurs vestes, au bon moment, comme le chantait Jacques Dutronc.

 

Cette description de notre société peut paraître schématique, manichéenne. Mais elle est conforme à ce qu'un journal Le Monde nous raconte lorsqu'il traite du complotisme et du conspirationnisme. Il suffit de relire certains des articles du Monde traitant des sujets du complotisme :

 

«C’est la conjugaison d’une très grande méfiance et d’un profond analphabétisme», se désespère Rudy Reichstadt (...). Une importante partie de la population n’a aucune conscience de son incompétence - c’est l'effet Dunning-Kruger - et les réseaux sociaux désinhibent beaucoup. Avant, on respectait davantage la parole des experts.»

 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/31/l-etrange-obsession-d-un-quart-des-francais-pour-la-these-du-virus-cree-en-laboratoire_6035093_4355770.html

 

«Respecter la parole des experts», «importante partie de la population [qui] n'a aucune consience de son incompétence» ou bien «profond analphabétisme» ; voilà comment les experts cités (un unique expert en fait, M. Rudy Reischstadt) par le Journal Le Monde décrivent une importante fraction de la population francaise ... En fait, c'est l'immense majorité de la population française, mais une immense fraction silencieuse, privée du droit de s'exprimer, que même les micro-trottoirs des journaux télévisés trient lorsque le discours ne colle pas à l'histoire que les journaux veulent raconter. 

 

Notre société est ainsi devenue une douce dictature (mot de mon fils et de mon épouse au petit déjeuner). L'information est masquée, corsetée, triée et autorisée, et aucun autre discours n'est autorisé à émerger. Cette crise épidémique du Covid 19 met parfaitement en lumière ce fonctionnement de notre société. Une immense fraction de la population confinée, des puissants et des membres du gouvernement pouvant agir et se déplacer comme ils le veulent, sans restriction, sans attestation, sans contrôle. Les discours des spécialistes sont répétés ad nauseam par les médias et les journalistes. Et on nous fait croire à une transparence des prises de décisions parce qu'elles sont disséquées, interpretées, répétées jusqu'à la nausée par les journalistes sans aucune voix discordante. Toute opinion divergente y est immédiatement taxée comme «théorie du complot», comme lors des précédents événements catastrophiques. 

 

Dans les entreprises, on va ou on a déjà sauté sur les assouplissements du droit du travail offertes par le gouvernement et par les ex-DRH qui nous dirigent, et sous prétexte de continuité du paiement des salaires, ou du maintien du paiement de l'avance des salaires dans le cas de chômage partiel, on va imposer aux organisations syndicales, sous prétexte de la poursuite du paiement des salaires, de signer des accords pour imposer la prise de congés pendant cette période de confinement, sous prétexte de préparer et de permettre la reprise de l'activité après le confinement (en clair, de faire en sorte que les salariés ne partent plus en congés après la reprise d'activité ... ou en autres termes, pour permettre de transformer ces jours de confinement en jours de congés pour en diminuer le côut pour les employeurs).

 

Dans le cas des masques, on voit bien que le pouvoir politique à instrumentaliser le discours des spécialistes pour leur faire dire que le port de masques par les citoyens n'avait aucun intérêt, que c'était une perte de temps, et que cela ne protégeait en rien les citoyens, simplement parce que la France a eu une gestion calamiteuse de ses stocks de masques et ne disposait plus de suffisamment de stocks de masques même pour les seuls personnels soignants ! Mais il ne faut pas non plus ignorer que les industries mondiales sont incapables de fournir le nombre de mes questions nécessaires pour les deconfinements de toute la population terrestre. On n'a pas de quoi fournir ne serait-ce que le minimum de 8 milliards de masques par jour pour tous les terriens déconfinés. Sans compter les centaines de millions de masques supplémentaires pour les personnels soignants, qui doivent les changer plusieurs fois par jour.

 

La position courageuse de quelques journalistes spécialistes de la santé (Marina Carrère d'Encausse et Arlette Chabot) qui mettent en cause le discours gouvernemental, et la pression exercée sur les comités scientifiques pour qu'ils valident ce discours extrêmement dangereux et sans aucun fondement, ne sont qu'une simple goutte dans l'océan médiatique. On peut juste en déduire que l'on peut faire dire ce que l'on veut aux soi-disant comités scientifiques ou aux soi-disant spécialistes de telle ou telle matière ou science !

 

https://www.valeursactuelles.com/societe/menti-sciemment-sur-lutilite-des-masques-avoue-la-medecin-et-journaliste-marina-carrere-dencausse-117807

 

Mais comme dirait ce cher M. Jourdain (pardon M. Rudy Reischstadt), «il faut respecter la parole des experts» !

 

Quels spécialistes lieront le manque de moyens de l'hôpital en France, le manque de lits de réanimation, avec la politique de restriction des dépenses médicales et les économies imposées au système hospitalier français depuis plus d'une décennie et sous plusieurs gouvernements de droite ou de gauche, en grands coups d'ONDAM ? Ces mêmes spécialistes n'hésitent pas à imputer aux années Berlusconi les déboires du système de santé italien. Mais lorsqu'il s'agit de comparer le nombre de lits de réanimation de l'Allemagne et de la France, ces mêmes spécialistes sont bizarrement beaucoup plus silencieux.

 

On peut également discuter de l'énumération mortifère réalisée par le gouvernement et par les médias sur les nombres de morts liés au Covid 19. Mais comment ne pas imaginer l'incompréhension de tous les citoyens français s'ils découvraient que la mortalité observée en France n'est pas différente de celle des années précédentes ? Qu'on n'est pas plus mort en France en mars 2020 qu'en mars 2018, malgré le décompte macabre journalier de la direction de la santé. 50.975 décès au 30 mars 2020 contre 50.539 décès en 2018 et 45.566 décès en 2019, année où l'épidémie de grippe saisonnière fut particulièrement peu virulente ... Les morts du fait du coronavirus sont contrebalancés par les morts économisées dans les accidents de la route, dans les accidents du travail, ou du fait de l'épidémie de grippe saisonnière que l'on s'est économisé. Mais tout ceci contrevient tellement à la logique ...

 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/04/03/coronavirus-visualisez-la-surmortalite-en-france-par-departement-depuis-le-1er-mars_6035485_4355770.html

 

 

Saucratès



05/04/2020
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